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Les résultats de l’enquête menée auprès de 1’700 institutions qui occupent environ 20’000 personnes dans des postes relevant du travail social sont sortis. Parmi les établissements interrogés : des institutions accueillant des enfants, des personnes en situation de handicap ou de dépendances ou souffrant de troubles divers, des centres de loisirs et d’animation, des services sociaux, des lieux d’insertion professionnelle, d’accueil de la petite enfance ainsi que des structures parascolaires. Les points forts de l’enquête.
- L’éducation préscolaire constitue toujours un bastion féminin à 96% où domine le temps partiel et où l’on compte 72% de personnes disposant d’un diplôme professionnel.
- Dans le service social, les femmes forment également une large majorité stable de 73%, les personnes avec un diplôme professionnel sont 62%.
- L’animation socioculturelle a vu ces dernières années la présence féminine s’accroître à 62 %. Le taux de personnes avec un diplôme professionnel s’élève à 80 %.
- Les éducateurs en institutions spécialisées accroissent leur présence alors que les éducatrices, qui rentrent plus tôt et plus nombreuses dans la profession, diminuent de 59 % à 57 % sur neuf ans. Les personnes avec un diplôme professionnel représentent 72% dont 2% disposent du CFC d’assistantes et assistants socio-éducatifs, part qui devrait augmenter au cours des prochaines années.
- La profession de maître socioprofessionnel reste très masculine. Les femmes, qui occupent essentiellement les temps partiels, diminuent de 36 à 35 % sur la durée prise en compte par l’enquête. La part des personnes avec un diplôme professionnel est de 66%.
A noter que, pour accomplir leurs missions, les institutions du travail social engagent généralement des collaboratrices et des collaborateurs diplômés et contribuent à leur formation ; mais le besoin de personnes qualifiées dépasse le nombre de diplômes professionnels délivrés, quel que soit le niveau de formation. La croissance du nombre d’emplois, prévue dans une précédente enquête début 2000, s’est poursuivie ces dernières années et les employeurs interrogés prévoient qu’elle va se prolonger en 2010.
Présentée lors du Colloque FORs (Organisation romande pour la formation professionnelle dans le domaine social) le 17 novembre 2009, cette enquête a été menée par des chercheuses et des chercheurs de la Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) sous la responsabilité de Pascal-Eric Gaberel de la Haute école de travail social et de la santé (EESP Vaud). Elle intervient au moment où les premiers titulaires du CFC d’assistant socio-éducatif entrent sur le marché de l’emploi.
Le système de santé suisse est aux urgences… Le professeur Stéphane Rossini passe en revue les problèmes structurels qui ont généré cette gabegie. D’abord, les responsabilités sont diluées et très mal coordonnées entre la Confédération, les cantons et les communes. Ensuite, les lois se sont confusément empilées les unes sur les autres au fil des décennies. De plus, les primes sont déterminées sans prendre en considération la situation économique de l’assuré et chaque canton adopte sa propre pratique de réduction pour les personnes à faible revenu. N’en jetez plus ! Tous ces dysfonctionnements aboutissent à des inégalités de traitement, à des injustices dans l’accès aux soins, à des comportements irrationnels coûteux. Un exemple parmi tant d’autres : il est plus avantageux pour une personne de rester à l’hôpital que de séjourner dans un home.
Dans sa synthèse de dix pages (disponible ci-dessous), Stéphane Rossini décrit cinq grands axes de réforme. Ils s’articulent autour de plusieurs principes de base, notamment la justice sociale, l’égalité de traitement, la régulation du service public plutôt que le renforcement de la libéralisation qui instaure des concurrences parfois néfastes. L’auteur met les médecins au cœur de toute la stratégie. Ils ont un rôle déterminant « dans la lutte contre la surconsommation, contre les interventions inappropriées, contre le gaspillage. »
Un Secrétaire d’Etat et un pool des hauts risques
En plus des mesures pour harmoniser les lois, les modalités de financement et d’assurance, l’auteur propose la création d’un poste de Secrétaire d’Etat à la santé et la protection sociale qui aurait un rôle de rassembleur. Des mesures intéressantes et novatrices sont également suggérées pour la médecine de pointe, le secteur hospitalier ou la régulation des progrès technologiques.
Stéphane Rossini souligne l’importance d’une parfaite coordination des soins pour une prise en charge rigoureuse et optimale des patients. Il imagine aussi un « pool des hauts risques » qui serait financé par tous les assureurs en fonction du nombre de leurs assurés. Ce pool serait un élément-clé contre la déplorable chasse aux bons risques à laquelle se livrent les assureurs. Il répondrait également à cette donnée méconnue : « Environ 10% des patients, souffrant notamment de maladies graves ou chroniques, induisent plus du trois-quarts des coûts des assurances maladie. »
Le professeur et conseiller national souligne la dimension sociale de tout l’édifice et donne des pistes pour renforcer la solidarité, lutter contre le dumping des caisses ou contre les effets pervers des franchises élevées. Et il propose un objectif : « Aucun ménage ne devrait allouer plus de 8% de son revenu pour s’assurer contre la maladie. »
Retrouver l’envie d’agir
Contrairement aux déclarations tonitruantes de certains qui ne pensent qu’à réduire les coûts de la santé, Stéphane Rossini vise un objectif autrement plus ambitieux : « des soins de qualité, en quantité et à des coûts adéquats ». C’est probablement ce noble but qui rend les réformes proposées plus cohérentes et stimulantes pour tous les acteurs concernés : autorités, institutions hospitalières ou de soins, assureurs, assurés, médecins, vous, moi… Au lieu de dénoncer les coupables de la hausse des coûts de la santé, cette vision stratégique et sociale nous met tous, à égalité, devant les vrais défis. Bref, elle donne envie d’agir ensemble et non plus les uns contre les autres.
Marylou Rey
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Les lois sur l’assurance chômage ne se contentent pas de discriminer les femmes, elles renforcent les inégalités devant le travail.
Les normes juridiques appliquées dans l’assurance chômage renforcent les inégalités de genre de deux façons et à deux moments distincts. D’abord, la loi considère globalement que seul le travail salarié, par opposition au travail domestique et/ou éducatif, est digne d’être vraiment indemnisé. Ensuite, elle se méfie de toutes les variétés de temps partiel qui sont le lot presque exclusif des femmes et des mères en particulier. Sophistiqués, les mécanismes de discrimination agissent dès l’affiliation à l’assurance, puis une nouvelle fois lors de l’indemnisation de l’assurée qui doit remplir des conditions plus strictes que celles imposées aux assurés. Dans le dernier numéro de « Nouvelles Questions féministes »*, la chercheuse Carola Togni pose cinq jalons historiques de cette discrimination si persistante.
1. 1924-1933 : la norme du travail masculin
Introduite en 1924, la première loi fédérale sur l’assurance chômage se borne à octroyer des subventions aux caisses privées et publiques existantes. Ces caisses sont principalement organisées par les syndicats et les membres s’y affilient sur une base volontaire. Or les syndicats de l’époque considéraient souvent les femmes comme des concurrentes déloyales (notamment à cause des bas salaires qu’elles recevaient !) et elles sont donc peu nombreuses à s’affilier. Cette première loi précise que, pour avoir droit aux indemnités, la personne doit pouvoir prouver un travail régulier et subir une perte sur le gain « normal »… Malgré ces restrictions, la disposition légale a un effet positif : la part des femmes dans les effectifs des caisses passe de 17% en 1924 à 25% en 1933. Chiffre encourageant qu’il faut pourtant immédiatement nuancer puisque, dans le même intervalle, la proportion de femmes parmi les personnes indemnisées diminue de 30% à 20%.
2. 1934-1950 : l’exclusion des femmes mariées
Une ordonnance de 1934 vient remettre l’église au milieu du village… Désormais, seule une personne par famille a le droit de toucher des indemnités de chômage. Et le texte précise : « Cette personne est celle qui pourvoit en majeure partie aux dépenses du ménage ». Les choses se gâtent encore plus en 1942 : les femmes mariées ne sont plus assurables que si le revenu de leur mari se révèle insuffisant pour l’entretien de la famille. La majorité des cantons fixent alors le barème au niveau ridicule de 350 francs par mois, alors que le salaire d’un ouvrier auxiliaire sans formation s’élève au minimum à 362 francs. Autant dire que les femmes mariées sont exclues de l’assurance.
3. 1951-1974 : l’exclusion de professions féminines et du temps partiel
La loi de 1951 supprime les discriminations envers les femmes mariées… mais exclut les employés d’hôtel et de restaurant, les infirmiers privés et les employés de maison, toutes professions évidemment occupées par des femmes.
4. 1975-1996 : les inégalités survivent aux réformes
Ce n’est qu’en 1976 que l’assurance chômage devient obligatoire pour toutes les personnes salariées. Mais là encore, le Conseil fédéral s’empresse de mettre les points sur les « i » et d’exclure les personnes qui n’ont pas une activité professionnelle régulière. En 1982, légère ouverture pour les femmes séparées, divorcées, mariées à un homme devenu invalide et pour les veuves. Si elles sont « contraintes » de reprendre une activité lucrative et ne trouvent pas de travail, elles n’ont pas besoin d’avoir cotisé pendant le délai ordinaire pour obtenir les indemnités. L’auteure précise toutefois : « Le travail salarié des femmes mariées reste, dans la vision du législateur, une "contrainte" et non un droit. » Ce n’est finalement qu’en 1995 que la loi reconnaît la période éducative comme période de cotisation. Une générosité à nouveau relative puisque les femmes doivent prouver une « nécessité économique » à leur travail, nécessité évaluée sur la base des revenus du conjoint.
5. 1999-2008 : persistance et renforcement des discriminations
Avec la période d’austérité budgétaire, en 1999, le Parlement rogne de moitié les indemnités aux personnes qui font valoir la période éducative de leurs enfants. Deux ans plus tard, cette « période éducative » est carrément rayée des textes. Cette révision renforce aussi l’exigence de régularité de cotisation pour ouvrir un droit aux prestations. Quant aux conditions d’accès aux indemnités, elles sont toujours, voire de plus en plus, restrictives à l’égard des mères qui ont des enfants en bas âge. Leur « aptitude au placement » est refusée si elles n’ont pas de place de garde ou si elles ne sont pas disponibles toute la journée… En général, aucune preuve n’est exigée des pères. D’ailleurs, on ne les soupçonne pas d’être inaptes au placement.
Ignorant superbement ces arguties législatives, l’Enquête suisse sur la population active considère « sans emploi » les personnes entre 15 et 74 ans qui sont activement à la recherche d’un emploi et sont disponibles pour travailler. Elle ne tient pas compte des conditions d’accès aux indemnités introduites par les dernières révisions légales. Et que découvre-t-elle en 2008 ? La Suisse compte davantage de femmes que d’hommes sans emploi, mais davantage d’hommes que de femmes indemnisés par l’assurance chômage ! Une situation absurde et discriminatoire qui, pour l’instant, ne semble pas émouvoir la majorité du Parlement…
Marylou Rey
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