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Datant de 2016, la brochure Les troubles bipolaires. Comprendre la maladie et trouver de l’aide vient de reparaître dans une version actualisée. Une nouvelle section aborde notamment la question des psychédéliques.
L’association romande pro mente sana vient de publier une version actualisée de son guide sur les troubles bipolaires. Ce document a pour objectif de permettre au grand public d’améliorer ses connaissances liées à ces troubles : si le terme « troubles bipolaires » est généralement familier, des savoirs plus précis sur ses aspects, son vécu, les traitements proposés pour y faire face ainsi que son évolution possible demeurent souvent peu connus. Chacun·e pourra donc y trouver des informations pour découvrir ou approfondir les notions inhérentes à cette maladie.
Cette ressource, signée de la psychologue Ariane Zinder-Jeheber, est une actualisation de la première édition de 2016. Outre la mise à jour de la bibliographie et des sites internet, cette version inclut les nouvelles recherches, notamment l’identification en 2019 par une équipe internationale, de vingt nouvelles régions du génome qui sont impliquées dans les troubles bipolaires. Les travaux d’une start-up française, qui ambitionne pouvoir détecter la bipolarité par une prise de sang, y sont mentionnées. Les dernières recommandations thérapeutiques de la Société suisse des troubles bipolaires, datant de 2019, y sont intégrées.
Une nouvelle section est dédiée à la psychothérapie assistée par des psychédéliques. La brochure s'arrête aussi sur l’impact potentiel de l’utilisation excessive des réseaux sociaux sur le bien-être psychologique, s’appuyant sur une recherche menée auprès de 230 étudiant·es de l’Université de l’Iowa.
Le chapitre s’intéressant à l’impact des troubles bipolaires sur les proches contient de nouvelles informations. On note par exemple l'ajout de statistiques sur les difficultés relationnelles et professionnelles des personnes bipolaires, ainsi que de nouveaux témoignages de proches et de personnes bipolaires.
De manière générale, la brochure de 2024 adopte un style plus concis et met l’accent sur les témoignages de personnes vivant avec un trouble bipolaire. Elle insiste également davantage sur l’importance de la prévention, de la gestion des symptômes et de la recherche d’un soutien adapté.
(CROC, avec pro mente sana)
Une étude révèle l’impact dévastateur des conditions de vie des enfants à l’aide d’urgence. Soutenue par humanrights.ch, la CFM appelle à des réformes pour protéger leur santé mentale et assurer leur développement.
La Commission fédérale des migrations (CFM) vient de publier une étude alertant sur la situation des enfants vivant sous le régime de l’aide d’urgence en Suisse. En complément, un avis de droit de l’Université de Neuchâtel indique que leurs conditions de vie ne respectent ni la Constitution fédérale suisse ni la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
L’étude menée par le Marie Meierhofer Institut für das Kind (MMI) dresse un tableau préoccupant de leur santé mentale et de leur développement, exacerbés par des conditions d’hébergement inadaptées et des situations traumatisantes. Selon cette recherche, plus de 700 enfants sont concernés, dont plus de la moitié vivent depuis plus d’un an dans des structures collectives éloignées et surpeuplées. Cette promiscuité, associée à l’exposition à des violences et à l’isolement social, génère des troubles psychiques graves chez ces jeunes, nuisant à leur développement et à leur bien-être. Le manque d’accès à des soins médicaux continus et psychologiques, particulièrement cruciaux dans des situations de détresse psychique, est également un point soulevé dans ces études.
Cette étude du MMI propose des adaptations pour une meilleure protection des enfants à l’aide d’urgence :
La recherche met en évidence l’absence de soutien éducatif adéquat pour les jeunes et les enfants, notamment pour les moins de quatre ans qui sont souvent sous-stimulés, compromettant leur développement. Pour les adolescent·es, l’interdiction de poursuivre une formation après la neuvième année scolaire limite drastiquement leurs perspectives d’intégration.
L’analyse juridique conduite par l’Université de Neuchâtel, sur mandat de la CFM, estime donc que, contrairement aux exigences des textes légaux suisses et internationaux, « le développement physique, mental et social ainsi que la santé des enfants sont insuffisamment protégés ». Cet avis de droit stipule également que : « dans le cadre des enfants, le droit à l’aide d’urgence et à la dignité humaine suppose de délivrer une garantie allant au-delà du minimum purement biologique et de prendre en compte les dimensions sociale et culturelle ainsi que le développement de l’enfant (physique, mental, social) en tant que besoins spécifiques liés à l’âge pour pouvoir exercer d’autres droits fondamentaux (formation, développement psychique, participation sociale). »
L’organisation humanrights.ch a réagi à la publication de ces études. Elle soutient fermement les conclusions de la CFM et appelle à une réforme profonde de l’aide d’urgence qui puisse garantir les droits fondamentaux des enfants et des jeunes. Elle insiste sur la nécessité de placer les droits et le bien-être des enfants au centre des décisions migratoires. Les professionnel·les du travail social sont invité·es à participer activement à ces réformes, afin de garantir que les enfants réfugiés bénéficient d’un environnement digne et protecteur, en adéquation avec les standards internationaux de protection de l’enfance.
(Source : communiqués de presse, CFM et humanrights.ch)
Lire l’enquête systématique sur la situation en Suisse « Enfants et adolescents à l’aide d’urgence dans le domaine de l’asile », CFM, Berne, sept. 2024, 76 pages
Lire l’avis de droit et étude de conformité à la lumière de la Constitution fédérale suisse et de la Convention relative aux droits de l’enfant « Le régime d’aide d’urgence et les droits de l’enfant », UNINE (mandat CFM), sept. 2024, 32 pages
Après La fabrique des pandémies, la réalisatrice Marie-Monique Robin se penche à nouveau sur la question de l’influence du mode de vie contemporain sur la santé dans Vive les microbes.
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique, ancien médecin cantonal vaudois
La question de la biodiversité ne se résume pas simplement à une préoccupation des amoureux des petites fleurs ou de la faune. Les recherches scientifiques récentes montrent combien son affaiblissement a des conséquences très larges, en particulier pour la santé.
Après la réalisation de La fabrique des pandémies [1], en 2021, la journaliste et réalisatrice française Marie-Monique Robin s’est à nouveau saisie de cette thématique dans le documentaire Vive les microbes [2]. Elle s’y concentre sur le rôle essentiel joué par le microbiote — en réalité les microbiotes (intestinal, nasal, cutané) —, soit les milliers de milliards de bactéries que chaque humain·e héberge. Un ensemble de microorganismes extrêmement diversifié que le mode de vie contemporain appauvrit gravement.
Le documentaire se saisit d’un exemple frappant : depuis des années, les pédiatres remarquent de manière empirique qu’il existe beaucoup plus d’asthme et autres allergies chez les enfants des villes que chez les campagnards. La réalisatrice part ainsi en Franche-Comté voisine et dans les pays anglo-saxons, à la rencontre de médecins et autres chercheur·ses qui le démontrent scientifiquement. Le contraste se révèle très clair : les jeunes qui vivent dans un milieu près de la nature, exposé·es à de multiples bactéries, champignons, « poussières », ainsi qu’aux animaux, enregistrent une fréquence d’allergies beaucoup plus basse que chez les enfants citadins.
Si l’attention à l’hygiène a évidemment permis de grands progrès depuis plus d’un siècle, une certaine obsession pour la propreté, la crainte de se salir les mains, d’être au contact de la terre et de la saleté a affaibli la collectivité. Les preuves s’accumulent que l’absence de biodiversité végétale et animale dans les milieux urbanisés provoque un appauvrissement des microbiotes et de leur composition/diversité. Le bétonnage, l’hyper-hygiénisme, l’aseptisation des logements et des aliments industriels contribue à l’affaiblissement du système immunitaire et fait le lit des maladies chroniques, notamment les maladies métaboliques qui représentent aujourd’hui un grand souci (obésité, diabète, affections cardio-vasculaires...) pour la santé humaine.
Les faits apportés par la recherche sur les effets défavorables, pathogènes, de notre manière de vivre sont clairs. Si on veut croire que l’importance fondamentale d’un milieu biologique diversifié, animal et végétal, dans nos multiples activités et domaines, sera reconnue, on craint les puissances économiques et les lobbys qui ne montrent guère d’enthousiasme devant le besoin de changer leurs pratiques voire leurs principes. Tout le monde n’a en effet pas d’intérêt à les faire connaître et à en tirer les conséquences. Or, il s’agit de croire ce qui est scientifiquement démontré, et d’agir.
[1] La fabrique des pandémies montre comment, dans le monde entier, la disparition des modes de vie traditionnels, la montée de l'agriculture industrielle et l'urbanisation galopante ont été étroitement liées à l'émergence de la pandémie de coronavirus.
[2] Diffusion le 8 octobre 2024 sur Arte, date de diffusion sur la RTS encore non-communiquée.
Les lois qui régissent les relations entre patient·es et professionnel·les de la santé restent méconnues. Un document propose une synthèse actualisée sur les droits et devoirs des personnes usagères du système de santé.
Les cantons latins ont collaboré pour mettre à jour et compléter la brochure « L’essentiel sur les droits des patients ». Disponible gratuitement, elle comprend désormais treize chapitres abordant des sujets allant du consentement au secret professionnel, en passant par le droit à être accompagné·e ou encore les directives anticipées.
Chaque thème se décline en trois aspects : un résumé des droits des patient·es, une partie « En pratique », pour favoriser la compréhension de la loi, et une rubrique « Bon à savoir », proposant des réponses aux questions les plus fréquentes. La version 2024 compte trois nouveaux chapitres portant sur l’accompagnement en fin de vie, le dossier électronique du patient et les devoirs des patient·es.
Un index permet d’accéder directement aux différents sujets spécifiques. À la fin de la brochure, chaque canton présente les adresses des organismes qui délivrent des informations complémentaires ou des conseils, de même que les voies de médiation ou de recours à disposition.
Une bonne information sur les droits et devoirs renforce la relation qui lie patient·es et professionnel·les de la santé, améliorant ainsi la qualité des soins. Cette transparence permet à son tour le développement d’un cadre thérapeutique qui peut contribuer à rendre maladie et traitements plus supportables.
Les personnes vivant en Suisse rencontrent leur médecin de famille une à trois fois par année, en moyenne. Elles peuvent également bénéficier de soins dentaires, hospitaliers et à domicile. Des prises en charge en établissements médico-sociaux ainsi que pour personnes en situation de handicap ou de dépendance complètent les prestations à disposition.
Si les contacts avec les professionnel·les de la santé sont fréquents, les lois qui reconnaissent des droits aux patient·es et les régissent restent encore souvent peu connues. Pourtant, une personne bien informée est mieux à même d’évaluer sa situation et de faire valoir son point de vue, participant ainsi en connaissance de cause aux traitements proposés et améliorant la qualité de la relation thérapeutique.
Si les patient·es disposent de droits qu’il convient de mieux faire connaître, la brochure relève qu’elles et ils ont aussi des devoirs. Parmi ceux-ci figure de suivre le traitement accepté et d’informer les professionnel·les concerné·es des éléments importants au sujet de leur santé. Le respect de ces devoirs contribue également à la qualité des soins.
(NIB avec CLASS)
Les différentes versions cantonales de la brochure « L’essentiel sur les droits des patients » sont disponibles en téléchargement et en commande, pour la version papier, sur les sites internet des cantons de Berne, Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Tessin, Valais et Vaud.
Deux rapports fédéraux présentent des pistes destinées à améliorer la gestion des pandémies et autres crises futures du point de vue des personnes vivant en EMS et de la santé mentale de la population.
Entre 2021 et 2023, plusieurs études visant à examiner les conséquences de la pandémie sur les personnes âgées et celles résidant dans des EMS ont été déployées. Si ces travaux montrent que la majorité des personnes âgées ont bien surmonté la pandémie, ils soulèvent aussi la question de la liberté individuelle et de l’autodétermination. Dans son rapport basé sur les résultats de ces études, publié le 4 septembre 2024, le Conseil fédéral constate toutefois qu’il n’a pas été possible d’aménager les mesures de protection des personnes âgées et des résident·es des EMS de manière proportionnée dans toutes les phases de la pandémie. Pour les personnes vivant en institution en particulier, ces mesures ont pu être source de souffrance.
Le rapport cite quatre enseignements clés qui seront importants pour gérer les futures pandémies :
Un second rapport mentionne que « la majorité de la population suisse est sortie de la pandémie en bonne santé mentale », tout en soulevant également qu’« il n’est pas possible de chiffrer précisément l’étendue des conséquences imputables à la pandémie sur la santé psychique en tenant compte de la diversité de la population, car les études réalisées sont trop hétérogènes ». Il ressort néanmoins que certains groupes de population ont été plus affectés psychologiquement que d’autres, en particulier les jeunes, les personnes vivant seules, celles se trouvant dans une situation financière difficile et celles atteintes de maladies psychiques ou physiques. Leur détresse psychologique reste parfois élevée même après la pandémie.
À ce titre, le document du Conseil fédéral explique que les aspects psychosociaux devront être pris en compte le plus tôt possible dans la gestion des crises futures. En outre, il importe de renforcer globalement la santé mentale individuelle.
L’Exécutif recommande des mesures pour gérer les crises et les événements, mais aussi la promotion de la santé et la prévention, l’intervention précoce et l’accessibilité des offres de soutien. Certaines recommandations visent notamment à garantir une meilleure protection de la santé mentale des enfants, des adolescent·es et des jeunes adultes, par exemple dans le contexte de la formation et en dehors. Il convient aussi de promouvoir les compétences numériques afin de réduire les effets néfastes des contenus numériques, comme la discrimination ou le harcèlement.
(Source : communiqué de presse)
Rapport « Conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les personnes âgées et les personnes résidant dans des institutions médico-sociales », Berne, 2024, 58 pages
Rapport « Quel est l’état de la santé psychique en Suisse et comment la renforcer pour surmonter les crises futures ? Enseignements tirés de la pandémie de COVID-19 », Berne, 2024, 35 pages
Jusqu’au 6 septembre, la campagne «Allaiter au travail» attire notamment l’attention des employeurs sur leur devoir d’information et d’assistance en lien avec l’allaitement ou l’expression du lait au travail.
Dans la période qui précède et qui suit l’accouchement, les employeur·ses doivent remplir un devoir d’assistance à l’égard de leurs employées. Ils et elles doivent les soutenir et veiller, par des mesures particulières, à ce qu’elles puissent travailler d’une manière qui ne préjudicie ni elles, ni leur bébé. Afin de rappeler ces obligations légales, la Confédération déploie, entre le 2 et le 6 septembre 2024, la campagne « Allaiter au travail ».
Si une collaboratrice souhaite continuer, après son congé maternité, à allaiter son enfant ou à tirer son lait, elle peut le faire sur son lieu de travail. Les employeur·ses sont tenu·es d’aménager du temps et des lieux adéquats à cet effet (c’est-à-dire une pièce protégée des regards et présentant de bonnes conditions hygiéniques), ainsi que d’informer les employées de leurs droits. Les mères qui allaitent lors de leur retour au travail ont droit à des aménagements pour allaiter ou tirer leur lait. Durant la première année de vie de l’enfant, la collaboratrice bénéficie d’un temps de travail rémunéré pour le faire (fixé, selon l’entreprise, par le règlement, le contrat de travail, le droit cantonal du personnel ou l’art. 60 OLT 1.)
Pour soutenir ce travail d’information, la Confédération met à disposition des employeur·ses un poster informatif et personnalisable ainsi qu’un accroche-porte facilement transportable. Le poster permet aux entreprises d’informer les femmes concernées de leurs droits et des possibilités qui s’offrent à elles dans l’entreprise pour allaiter ou tirer leur lait. L’accroche-porte sert à signaler de manière commode les pièces utilisées comme salles d’allaitement et garantit aux mères intéressées du calme et de l’intimité. Ces deux supports peuvent être commandés gratuitement.
(Source : Confédération)
Selon le cinquième rapport sur la santé, des enjeux émergents ou en augmentation témoignent de l’évolution sociétale et environnementale en matière de santé mentale ou de disparités sociodémographiques.
Suivant le rythme de l’enquête suisse sur la santé (ESS) de l’Office fédéral de la statistique, l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) réalise tous les cinq ans différents produits pour les rapports cantonaux sur la santé. Les rapports de base, désormais sous forme de pages internet dédiées, et les brochures sur la santé offrent aux cantons et à la population suisse une présentation large des données de l'ESS, rapidement accessible, visuelle et facile à comprendre.
Ces statistiques donnent ainsi un bon aperçu de thèmes tels que l'état de santé général, les comportements liés à la santé, la santé au travail et le recours aux prestations de santé. Les indicateurs présentés montrent l'évolution dans le temps et permettent des comparaisons intercantonales et sociodémographiques. Par conséquent, les deux produits permettent également de suivre les effets des mesures de politique de santé ou d'en déduire de nouvelles mesures de promotion et de prévention de la santé.
La radiographie de l’état de santé physique et psychique de la population vaudoise rapporte qu’une part significative de la population vaudoise estime bonne ou très bonne sa qualité de vie (87,3%) et son état de santé (84%). La qualité de la dernière consultation chez le médecin est également plébiscitée (95%).
Toutefois, les champs d’action restent nombreux. Certains enjeux émergents ou en augmentation sont liés à l’évolution sociétale et environnementale. Ainsi, la hausse des problématiques de santé mentale va de pair avec les changements dans le monde du travail et les risques psychosociaux qui y sont associés (stress, insatisfaction, difficulté à concilier travail et famille, etc.). Dans le contexte de la sédentarisation des sociétés, le taux de Vaudois·es pratiquant suffisamment d’activité physique est en hausse, mais reste encore sous la moyenne suisse.
En parallèle ressort une augmentation de l’usage problématique d’internet, tout comme de la consommation de substances addictives. Les changements climatiques et le contexte de crises successives entraînent également des risques pour la santé, notamment mentale. La population vaudoise présente enfin de fortes disparités sociodémographiques. Or ces écarts peuvent influencer le maintien en santé comme l’accès aux soins.
Dans son communiqué, le Canton rappelle par exemple que le guide cantonal de repérage et d’intervention précoce, fraîchement paru, est destiné aux professionnel·les en matière d’addictions. Ce document propose des outils pour reconnaître le plus précocement possible les premiers signes et indicateurs de problèmes liés à l’addiction, de clarifier le besoin d’agir afin de trouver des mesures adaptées et de soutenir les personnes concernées.
Dans le canton de Genève, 86,8% de la population estime avoir une bonne ou très bonne qualité de vie (91,8% au niveau suisse), un taux enregistrant une très légère inflation depuis 2012, où il se situait à 88,3%. À l’inverse, 85,5% des Genevois·es estiment être en bonne santé (84,9% au niveau national), alors qu’ils et elles n’étaient que 77,4% en 2012.
De manière générale, les indicateurs liés à la santé mentale suivent la même tendance que dans le canton de Vaud. Ainsi, seuls 41,9% de la population indiquent ressentir une énergie et une vitalité forte (45,3% au niveau suisse), contre 45,7% en 2017. Les symptômes de dépression (13,2% en 2022, 9% en 2012), la détresse psychologique (24,5% en 2022, 22,9% en 2012), ainsi que les troubles du sommeil (42,4% en 2022, 29,2% en 2012) s’avèrent également en augmentation. La hausse la plus marquée est liée au sentiment de solitude, qui s’élève à 11,3% en 2022 (6,4% au niveau national), alors que celui-ci était de 8,4% en 2012. En revanche, le sentiment de maîtriser sa vie est passé de 27,9% en 2012 à 33,4% en 2022 (27,9% au niveau suisse).
En ce qui concerne le domaine travail et santé, la conciliation entre le travail et les obligations familiales se révèle toujours ou la plupart du temps compliquée pour 15,2% de la population en 2022, un taux qui ne se situait qu’à 8,2% en 2012. Davantage de personnes affirment ressentir du stress (21,9% en 2022, 20% en 2012), alors que le taux de discrimination est stable (18,5% en 2022, 18% en 2012).
Finalement, la tendance d’augmentation du recours aux soins se confirme. Les consultations chez le médecin de famille ont passé de 69% en 2012 à 71,1% en 2022 et les consultations chez un médecin spécialiste de 44,2% à 52,5%. Comme dans le canton de Vaud, la patientèle se montre particulièrement satisfaite de ces deux types de consultation (96,8%, respectivement 93,1%).
(CROC, avec communiqué et Obsan)
Lire le rapport complet pour le Canton de Vaud
Accéder aux chiffres du Canton de Genève
Voir le Guide cantonal de repérage et intervention précoce
(mise à jour, 03.09.2024)
Afin de mieux faire connaître la contribution d’assistance, le Canton de Neuchâtel publie un dépliant sur cette prestation de l’assurance-invalidité. Diverses entités peuvent accompagner les démarches correspondantes.
Élaboré en collaboration avec des organismes de soutien et des personnes expertes déjà bénéficiaires de la contribution d’assistance, le document vise à mieux faire connaître cette prestation. Il fournit des informations concrètes telles que les critères pour en bénéficier, les conditions d'engagement comme assistant·e personnel·le ou les montants liés à la prestation. Le dépliant contient en outre une liste d’associations partenaires disposées à apporter le soutien nécessaire dans les démarches en vue d’obtenir la CDA.
Prestation de l’assurance-invalidité, l’entrée en vigueur de la contribution d’assistance date de 2012. Elle permet à une personne bénéficiaire d’une allocation pour impotence qui vit ou souhaite vivre à domicile d’engager un·e ou plusieurs assistant·es personnel·les pour lui fournir le soutien dont elle a besoin. Elle constitue ainsi une aide importante pour rendre possible le choix de vivre à domicile. La personne bénéficiaire de la contribution d’assistance devient employeuse des assistant·es personnel·les. Pour faciliter les démarches et la gestion quotidienne, différents mécanismes et offres de conseil existent mais restent toutefois insuffisamment connus.
Intitulé Contribution d’assistance, Pour qui ? Pour quoi ?, le dépliant est le fruit d’un travail collaboratif entre le service d’accompagnement et d’hébergement de l’adulte, l’Office AI du canton de Neuchâtel, des organismes de soutien et des personnes auto-représentantes bénéficiaires de la prestation depuis plusieurs années. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action cantonal en matière d’inclusion des personnes vivant avec un handicap. Son but consiste à favoriser l’autodétermination des personnes quant au choix du mode et du lieu de vie.
(Source : communiqué Canton de Neuchâtel)
Consulter le dépliant en ligne (également disponible en version imprimée). Une synthèse des informations figure également sur le site du Service d’accompagnement et d’hébergement de l’adulte.
L’utilisation à risque des écrans subit une hausse. Adolescent·es et jeunes adultes constituent une population particulièrement vulnérable. Un rapport analyse le phénomène et formule des recommandations.
Selon l’Enquête suisse sur la santé 2022, 6,8% de la population âgée de 15 ans et plus, soit environ 500’000 personnes, se trouve concernée par un usage problématique ou à risque des écrans, hommes et femmes confondus. En 2017, ce phénomène touchait 4,8% de la population. Les taux les plus élevés sont observés chez les 15-24 ans (22%) et les 25-34 ans (près de 12%), avec une prévalence plus importante chez les femmes.
Cette tendance s’est accentuée pendant la pandémie de Covid-19, période marquée par des confinements et une utilisation accrue des médias numériques pour le travail et l’éducation. Bien que la consommation d’écrans touche toutes les tranches d’âge, l'attention se concentre principalement sur les enfants et les adolescent·es, identifié·es comme populations vulnérables.
Le Groupement romand d’étude des addictions (GREA) et le Fachverband Sucht publient le dernier rapport de synthèse du groupe d’expert·es mandaté par l’Office fédéral de la santé publique pour sonder, documenter et évaluer les évolutions dans le domaine de l’utilisation des écrans. Portant sur les années 2021 à 2024, ce document compile les observations sur la prévention et l’accompagnement relatifs aux comportements en ligne, basées sur la littérature et les données épidémiologiques récentes en Suisse. Il énonce également des recommandations pour gérer les défis associés, en mettant l’accent sur les jeunes. Enfin, on note que la formulation « utilisation problématique ou à risque des écrans » remplace désormais le terme « cyberaddiction ».
Les expert·es constatent que les marchés des jeux vidéo et des réseaux sociaux ont beaucoup évolué depuis le dernier rapport de synthèse daté de 2020. L’industrie des technologies numériques et de la communication utilise des mécanismes psychologiques (« addiction by design ») pour générer des revenus, notamment via les microtransactions et l’engagement continu des utilisateurs et utilisatrices.
Les frontières entre jeux vidéo et jeux de hasard ou d’argent s’estompent progressivement tandis que les applications de shopping se « gamifient ». Le groupe d'expert·es note également une augmentation des problèmes liés à la pornographie et aux paris sportifs en ligne. En conséquence, il relève la nécessité pour les jeunes et moins jeunes d'être accompagné·es dans la gestion de ces offres numériques.
Face à ces défis, les spécialistes proposent des recommandations stratégiques pour aborder la question de la consommation problématique et à risque des écrans. Parmi les mesures suggérées figurent :
(Source : communiqué GREA)
Télécharger le rapport (en allemand)
La série de podcasts Ça nous arrive met en lumière différents enjeux du passage à la vie adulte. À travers des témoignages, elle illustre certaines difficultés rencontrées et propose des ressources pour y remédier.
Devenir adulte, payer ses premières factures ou s’engager dans différentes causes, autant de sujets vécus par les 18-25 ans et évoqués dans la première saison de Ça nous arrive, une série de podcasts produite par ontécoute.ch. À travers ce projet, l’Association romande CIAO partage des témoignages de jeunes adultes concernant leurs débuts dans la vie adulte, les éventuelles difficultés rencontrées ainsi que des ressources clé.
Les cinq premiers épisodes, réalisés par Maé Biedermann, abordent tour à tour la complexité du système administratif, l’engagement pour des causes, le passage à la vie d’adulte, les violences psychologiques au sein de la famille ainsi que la cohérence cardiaque, un outil facile à mettre en oeuvre lors de situations stressantes du quotidien. Chaque épisode comprend également des ressources auxquelles les jeunes peuvent faire appel s’ils ou elles se retrouvent dans les circonstances évoquées.
Comme le souligne Elsa Baader, co-responsable du projet, « certaines étapes sont marquantes et clairement identifiables (le passage à la majorité, notamment), d’autres paraissent plus anodines, mais elles restent tout aussi importantes dans la manière de se percevoir en tant qu'adulte. L’objectif du podcast est de les mettre en lumière. » Sa collègue Laura Krenzi abonde, « les 18-25 ans peuvent vivre ce passage à l’âge adulte comme un chamboulement. Il s’agit de révéler les ressources dont elle et ils disposent sans parfois en être conscient·es tout en rappelant la possibilité de demander du soutien. Les témoignages montrent également qu’ils et elles ne sont pas seul·es, d’où le titre de la série ».
Disponible sur toutes les plateformes d’écoute, ce projet a été développé avec l’objectif d’offrir un nouveau format au public du site ontécoute.ch.
L’association romande CIAO
Active depuis une trentaine d’années dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention, l’association romande CIAO met à disposition les compétences de professionnel·les sur ses sites ciao.ch et ontécoute.ch, pour répondre aux besoins d’information et d’orientation des jeunes romand·es de 11 à 25 ans sur les thèmes de la santé au sens large.
(Source : communiqué de presse CIAO)
Ecouter le podcast
Appel à témoignage — Afin de préparer la prochaine saison de Ça nous arrive, ontécoute.ch est à la recherche de jeunes adultes souhaitant participer au podcast en témoignant d’un sujet qui leur tient à cœur en lien avec la vie adulte. Les personnes intéressées peuvent prendre contact par e-mail.
En fournissant faits et chiffres pour contrecarrer les préjugés sur l’employabilité des réfugié·es, une brochure contribue à favoriser leur embauche. Des conseils pratiques complètent la démarche.
L’association Vivre Ensemble et sa plateforme asile.ch proposent un fascicule intitulé Réfugié·es & emploi — Au-delà des idées reçues, qui répond notamment à des questions telles que : ai-je le droit d’engager cette personne ? La procédure est-elle compliquée ? Une personne admise provisoirement ne risque-t-elle pas de repartir ? Qu’a fait cette personne durant les années qui n’apparaissent pas sur son CV ?
Le document vise à confronter certains préjugés à la réalité au moyen d’informations factuelles et chiffrées. Il clarifie aussi les démarches éventuelles ainsi que le droit au travail selon les différents statuts. L’objectif consiste à favoriser l’emploi en orientant et donnant des outils concrets permettant l’embauche de personnes réfugiées. Conçue en premier lieu pour les entités employeuses et les responsables RH, la brochure s’avère également utile aux actrices et acteurs de l’insertion professionnelle ainsi que pour le grand public.
Afin d’interroger les représentations quant aux qualifications et compétences des personnes réfugiées, le document propose notamment un quiz portant sur des idées reçues qui participent à l’exclusion durable du marché de l’emploi de personnes pourtant majoritairement en âge de travailler et désireuses de le faire. Par le questionnement d’une part, la mise à disposition de faits et chiffres d’autre part, cette brochure vise à faire tomber certaines barrières et à dépasser les préjugés.
Généralement, les personnes en quête de protection manifestent dès leur arrivée en Suisse le souhait de travailler ou de se former. Leur intégration et leurs conditions de vie en dépendent. Si des obstacles administratifs et légaux existent au départ, essentiellement pour les demandeurs et les demandeuses d’asile (permis N), d’autres barrières peuvent freiner l’accès au marché de l’emploi, quel que soit le statut.
Les obstacles sont souvent liés à une méconnaissance des réalités administratives telles que la signification des différents permis en matière de droit au travail, la durabilité du séjour, les démarches à effectuer, la reconnaissance des diplômes et capacités. D’autres fois, ce sont des stéréotypes ou des représentations biaisées qui interviennent, par exemple sur les compétences et expériences des personnes concernées.
Vivre Ensemble rappelle que l’Agenda intégration suisse (AIS) fixe des objectifs clairs à la Confédération et aux Cantons pour l’accès des personnes issues de l’asile au marché du travail. L’un d’entre eux formule que « sept ans après leur arrivée en Suisse, la moitié des réfugié·es et des personnes admises à titre provisoire sont durablement intégrées dans le marché du travail ».
Les statistiques mettent en lumière l’existence d’une conséquente marge de progression restant à exploiter. À fin 2023, 4% des demandeuses et demandeurs d’asile travaillaient (permis N), 45% des titulaires d’un permis F et 48% des personnes détentrices d’un permis B. Dans ce contexte, il apparaît pertinent de (se) questionner (sur) les freins et opportunités en matière d’emploi, au bénéfice tant des personnes réfugiées que de l’économie et de la société en général.
Association Vivre Ensemble et plateforme asile.ch
Spécialisée dans l’information sur l’asile, l’association Vivre Ensemble mène de nombreuses actions en Suisse romande visant à documenter, sensibiliser et relayer l’actualité et les activités réalisées sur le terrain de la migration en Suisse. Reconnue d’utilité publique, l’association est romande, avec un siège à Genève.
La plateforme asile.ch est le site web de Vivre Ensemble. Elle constitue un outil pour atteindre les objectifs de l’association : documenter et faire connaître la réalité de l’asile en Suisse et donner voix aux personnes réfugiées ou en quête de protection ainsi qu’à celles et ceux qui s’engagent à leurs côtés.
(NIB avec Association Vivre Ensemble | plateforme asile.ch)
Consulter la brochure en ligne ou la commander.
En complément de la brochure, la rubrique « Réfugié·es & emploi » de la plateforme asile.ch propose des explications sur le droit au travail selon le type de permis, une série de podcasts avec des témoignages d’entités employeuses et d’employé·es issu·es de l’asile ainsi que les contacts utiles par canton pour toute question relative à l’engagement d’une personne issue de l’asile.
Dans son rapport statistique 2023, Dettes Conseils Suisse met en évidence les mécanismes qui péjorent et prolongent l’endettement. En préparation, la révision de la loi sur la poursuite induit des bénéfices partagés.
Une fois endettées, de nombreuses personnes en Suisse ne parviennent plus à sortir de la spirale infernale. La statistique annuelle de Dettes Conseils Suisse fournit une vue d’ensemble des débiteurs et débitrices qui demandent conseil, ainsi que des causes et conséquences de l’endettement. La publication de ces chiffres constitue aussi l’occasion pour l’association faîtière de rappeler la nécessité d’agir politiquement pour mettre un terme à la spirale des dettes. Cette perspective comporte le double avantage de bénéficier aussi bien aux individus concernés qu’aux collectivités.
Plus l’endettement dure longtemps, plus les personnes s’enfoncent dans les dettes. Cela se constate tant au montant absolu qu’au rapport entre les dettes et le revenu, appelé taux de surendettement. Plus celui-ci est élevé, plus le remboursement des dettes devient difficile, voire impossible.
En Suisse, contrairement à d’autres pays, les dettes subsistent jusqu’à la fin de la vie. Qu’elles aient été contractées à la suite d’un coup du sort ou d’une gestion dite « téméraire », la loi helvétique ne prévoit pas de délai de prescription pour les dettes. A titre de comparaison, il en va différemment en droit pénal : la peine maximale pour homicide et blessures graves est de dix ans. Les délits économiques comme l’abus de confiance et l’escroquerie ou le chantage sont, quant à eux, punis de cinq ans maximum. Dette Conseils Suisse rappelle l’importance pour toute personne condamnée de pouvoir se réinsérer dans la société et constate que cela s’avère plus difficile pour les personnes endettées.
Comme le démontrent de nombreuses études, les personnes surendettées sont en moins bonne santé et courent un risque accru de désintégration professionnelle, familiale et sociale. L’État assume alors une part importante des charges qui en résultent. S’y ajoutent des coûts d’opportunité, c’est-à-dire des revenus fiscaux et des primes non perçues ainsi que des dépenses de consommation non effectuées, en raison de la non-utilisation du potentiel des personnes concernées. Les montants correspondants ne sont pas quantifiés à ce jour.
Ainsi, les personnes en quête de conseils doivent en moyenne près de 22’500 francs à l’administration fiscale. Plus le taux d’endettement est élevé, plus ce montant dû est important. Autre exemple, les cantons sont légalement tenus de racheter aux caisses maladie les actes de défaut de biens pour les primes impayées à 85% de leur valeur.
Dettes Conseil Suisse en appelle aux actrices et acteurs politiques : les personnes endettées ont besoin de perspectives. Une sortie de la spirale de l’endettement doit être rendue possible. Des mesures sont actuellement sur la table au niveau national. Le Conseil des États et le Conseil national ont chargé le Conseil fédéral de présenter un projet de loi visant à intégrer à l’avenir les impôts courants dans le calcul du minimum vital en matière de droit des poursuites. Fin 2024, le projet de révision de la loi sur la poursuite devrait être prêt, comprenant la création d’une procédure d’assainissement avec libération de la dette résiduelle.
Des mesures de prévention efficaces seraient également souhaitables, souligne l’association faîtière. Outre le niveau du comportement individuel, il apparaît pertinent de mieux prendre en compte les aspects structurels qui conduisent à l’endettement, car porteurs d’importantes opportunités. Dans ce contexte, de nouvelles perspectives sont favorables aussi bien aux personnes endettées qu’aux collectivités.
Dettes Conseils Suisse
Créée en 1996, Dettes Conseil Suisse (DCS) est l’association faîtière qui regroupe toutes les entités sans but lucratif qui s’occupent de désendettement en Suisse. Ses membres offrent, dans tous les cantons, des conseils spécialisés et de l’accompagnement aux personnes à risque d’endettement ou déjà surendettées. Les membres s’obligent à appliquer les lignes directrices de DCS pour la pratique du désendettement.
(NIB avec Dettes Conseil Suisse)
Télécharger le rapport Stopper à temps la spirale de l’endettement. Statistiques des organisations membres pour l’année 2023.
Lire également :
En été 2023, une enquête a été menée auprès des plus de 50 ans pour documenter leurs connaissances sur les risques pour la santé et les mesures à prendre, la perception d’être affecté par la chaleur ainsi que la mise en œuvre de mesures de protection.
Un sondage représentatif auprès de 1'800 personnes de plus de 50 ans a été réalisé durant l’été 2023 sur le thème de la chaleur et de la santé. Développée sur mandat de l’Office fédéral de la santé publique et de l’Office fédéral de l’environnement, cette enquête est une première à l’échelle nationale. Les résultats sont désormais résumés dans le rapport « Compétence en matière de chaleur de la population 50+ en Suisse : connaissances, préoccupations, agir à l’été 2023 ».
L’accent est mis sur l’importance des mesures de prévention des effets de la chaleur sur la santé et sur l’adaptation à l’augmentation de l’exposition à la chaleur. Afin de renforcer les compétences de la population et surtout des groupes vulnérables en matière de canicule, il est recommandé de communiquer plus activement et de manière plus ciblée des mesures peu connues, mais efficaces. Il s’agit par exemple d’adapter l’alimentation, l’habillement et la dose de médicaments, ou encore d’être attentif à son entourage pendant les journées chaudes.
(Source : Gérontologie.ch, Confédération)
Vers le rapport, « Compétence en matière de chaleur de la population 50+ en Suisse : connaissances, préoccupations, agir à l’été 2023 »
Afin de protéger la santé des personnes LGBTIQ et lutter contre les discriminations, le Canton de Neuchâtel annonce trois mesures phares, dont le renforcement de la sensibilisation et la prévention.
En novembre 2021, Conseil d’État neuchâtelois était chargé de dresser un bilan de la situation des personnes LGBTIQ (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenre, intersexes et queer) dans le Canton de Neuchâtel et de proposer des mesures de prévention concrètes contre les discriminations à leur encontre. Afin d’envisager les mesures à mettre en œuvre, un grand nombre d’entités publiques et parapubliques, d’actrices et acteurs du terrain, ainsi que des spécialistes travaillant au sein d’autres collectivités publiques romandes ont été consultés. Les personnes directement concernées ont également été invitées à s’exprimer en participant à une enquête d’envergure. Le bilan ainsi dressé montre que, dans le Canton de Neuchâtel comme ailleurs, les personnes LGBTIQ sont exposées à des violences et discriminations, en particulier les jeunes.
Les violences et discriminations à l’égard des personnes LGBTIQ ont gagné en visibilité au cours de ces dernières années, mais leur dénonciation ne les a pas fait diminuer. Les personnes LGBTIQ continuent d’y être largement exposées, dans leurs interactions sociales, familiales ou professionnelles, de même que sur les réseaux sociaux. Cela entraîne des conséquences néfastes sur leur santé physique, psychique et sexuelle. En termes de santé et de sécurité, elles font ainsi face à des facteurs de risque accrus alors même qu’elles bénéficient de facteurs de protection restreints.
À la lumière des données disponibles au niveau national et cantonal, de l’enquête menée dans le canton de Neuchâtel et des recommandations formulées par le Conseil fédéral, il apparaît nécessaire que l’État agisse pour réduire les risques et renforcer la protection des personnes LGBTIQ. Trois champs d’action prioritaires ont été identifiés :
Ces mesures ont été présentées à la presse le 10 juillet 2024, parallèlement à la présentation des résultats de l’enquête ayant conduit à la mise en place de ces mesures.
(Source : communiqué de presse)
Voir le Rapport sur l’enquête « situation des personnes LGBTIQ dans le canton de Neuchâtel »
L’Artias a traduit ses trois vidéos expliquant les principes de l’aide sociale, comment les montants sont calculés, ainsi que les droits et devoirs des usagers et usagères. Ces capsules sont à disposition des services sociaux.
Sur mandat du Groupement romand des affaires sociales (GRAS) et sur une idée originale de la Conférence suisse des institutions d’actions sociales (CSIAS), l’Artias (Association romande et tessinoise des institutions d’action sociale) a organisé la production de trois vidéos romandes d’information sur l’aide sociale en 2023 déjà. Celles-ci ont pour but d’expliquer, en quelques minutes et dans les grandes lignes, le fonctionnement de l’aide sociale dans les cantons romands.
Désormais, ces films sont disponibles en portugais, en ukrainien et en arabe, alors que d'autres traductions sont à venir. Ces productions sont destinées à toute personne souhaitant s’informer à ce sujet. Tous les services sociaux qui souhaitent les utiliser (pour une diffusion interne ou une publication sur leur site internet) peuvent les télécharger sur le site de l’Artias.
(Source : Artias)
Lien pour télécharger les vidéos
Dans «Vieille peau», la comédienne vaudoise Charlotte Dumartheray s’interroge sur l’automne de la vie en donnant la parole aux personnes concernées.
Il existe déjà beaucoup de textes ou d’émissions qui abordent la vieillesse et ses conséquences, que ce soit d’un point de vue scientifique, médical ou sociétal. Vieillir heureux, vieillir en bonne santé, bien vieillir : les injonctions demeurent nombreuses sur le sujet. La particularité du podcast « Vieille peau », réalisé par la comédienne lausannoise Charlotte Dumartheray, réside dans son angle d’approche, où les intervenant·es ne sont ni gériatres, ni spécialistes du troisième âge ou sociologues.
C’est la parole des personnes concernées que l’on entend : des femmes qui se posent des questions sur leur apparence, des hommes qui passent par la chirurgie esthétique, une centenaire qui passe en revue sa vie et notamment ses trois mariages. Ainsi, l’apparition des cheveux blancs, la ménopause (précoce), l’âgisme ou la retraite font partie des thèmes abordés dans les sept épisodes de « Vielle peau ». L'épisode le plus long (51 minutes) traite la question des relations intimes : « Recémment j’ai réalisé que j’avais clairement intégré que le sexe était une affaire de jeunesse. Qu’on ne pratiquait pas la capoeira au lit jusqu’à 120 ans. Mais pourquoi l’idée que la sensualité, la sexualité est si difficilement compatible dans mon imaginaire avec l’âge qui avance ? ». Cinq femmes livrent leur témoignages pour tenter de faire tomber les tabous régnant encore en matière de sexualité des seniors.
La réalisatrice de 36 ans s’inspire de sa propre vie, de ses interrogations sur le vieillissement pour en parler avec humour, sans pour autant contourner les problèmes et angoisses liés à ce temps de la vie. Finalement, la description du podcast résume parfaitement son contenu : « Épisode après épisode, sa formule à base de récits intimes et témoignages exclusifs apporte tous les éléments nécessaires pour faire face au culte de la jeunesse et contrer ses représentations, boostant le moral et la réflexion. » Une émission qui permet de se souvenir que, quel que soit l’âge que l’on a, on est toujours le ou la vieille de quelqu’un·e !
(Yseult Théraulaz)
L’Hospice général met à jour et enrichit sa brochure Adresses futées pour budget serré. Ce guide pratique recense bons plans et bonnes adresses pour se nourrir, s’habiller ou se divertir à moindres frais à Genève.
Depuis sa création, il y a quatorze ans, cette brochure répond à une question récurrente : comment vivre dans l’une des villes les plus chères du monde quand on dispose de moyens limités ? Mesure phare d’information sociale et de prévention, le dépliant Adresses futées pour budget serré est devenu au fil des ans l’une des publications de l’Hospice général les plus consultées.
Le guide recense une multitude d’adresses utiles à Genève, notamment celles d’organismes sociaux à but non lucratif, classées par catégories : alimentation, seconde main et brocantes, consommation alternative, culture et loisirs, transports et vacances, beauté et soins ou encore conseils pour mieux gérer son budget. Initialement pensé pour les personnes en difficulté financière, ce dépliant répond également aux préoccupations des personnes « consom’actrices » soucieuses de l’environnement.
La version imprimée de l’édition 2024-2025 de Adresses futées pour budget serré est à disposition dans tous les lieux d’accueil de l’Hospice général, auprès de services et de partenaires tels que Caritas, Carrefour-Rue & Coulou, le Centre social protestant, la Croix-Rouge genevoise, l’Espace Ville de Genève, SOS Femmes, Réalise, ainsi qu’auprès des services sociaux communaux. Une version numérique est disponible en ligne.
En plus de constituer une ressource précieuse, cette brochure se veut participative. L’Hospice général invite les personnes intéressées à partager leurs remarques ou suggestions d’ajouts afin de l’enrichir.
(Source : communiqué de presse)
Consulter la brochure Adresses futées pour budget serré
Contact pour les remarques et suggestions : unité Actions pour l’information, la prévention et l’intégration, Hospice général
Selon la troisième édition du Baromètre national de l’égalité, les hommes suisses estiment que l’égalité est atteinte en Suisse dans presque tous les domaines, alors que les femmes ont un avis opposé.
Les jeunes hommes estiment que le statut de l’égalité en Suisse est beaucoup plus avancé, comparativement aux femmes de la génération Z et aux hommes des générations plus anciennes. Ces différences ne se limitent pas seulement à l’appréciation de l’égalité, mais se manifestent également dans la satisfaction concernant la conciliation entre vie professionnelle et vie privée ainsi que dans leur expérience en matière de discrimination et de situations abusives.
Ces constats sont issus du troisième Baromètre de l’égalité, publié aujourd’hui par la Conférence suisse des délégué·es à l’égalité (CSDE). L’objectif de ce sondage est de recueillir les opinions et les expériences des personnes nées entre 1997 et 2007 sur les questions d’égalité, ainsi que leurs attentes quant à d’éventuelles mesures politiques, sociales et sociétales dans ce domaine, et de les comparer à celles des générations précédentes.
Le troisième Baromètre national de l’égalité dresse par ailleurs les constats suivant :
L’enquête représentative en ligne, réalisée par Sotomo à la demande de la CSDE, a eu lieu en octobre 2023. Elle a été menée auprès de 2’500 personnes âgées de 16 ans et ans et plus dans toute la Suisse. Après pondération statistique des données, l’échantillon représente la population suisse en termes de région linguistique, de genre, d’âge, de niveau de formation et d’orientation politique.
(Source : communiqué de presse, CSDE)
Pour de plus amples informations : Baromètre national de l’égalité 2024
La prévention, la formation et la recherche en santé doivent davantage se pencher sur les besoins spécifiques aux femmes, selon le Conseil fédéral.
S’il y a bien un domaine dans lequel l’égalité entre hommes et femmes reste béante, c’est celui de la santé. Certes, toutes et tous doivent être soigné·es avec les mêmes outils et la même implication, mais les femmes ont des besoins différents de ceux des hommes [1]. Tout d’abord, les unes comme les autres ne sont pas touché·es de la même manière par les maladies. Elles et ils n’adoptent pas non plus les mêmes comportements, ne présentent pas toujours les mêmes symptômes et sont donc exposé·es à des risques différents. « Par exemple, les expertes et experts estiment qu’en Suisse, il faut en moyenne 6 à 9 ans pour diagnostiquer une endométriose. Un tel délai peut entraîner la formation de tissu cicatriciel, ce qu’il faut absolument éviter ». De même, « Les femmes présentant des douleurs dans la poitrine sont 2,5 fois moins souvent adressées au service de cardiologie que les hommes. De manière générale, les maladies courantes sont également moins souvent diagnostiquées chez les femmes. Et ce, bien qu’elles présentent des évolutions similaires, voire plus graves. » [2].
La prise en charge médicale actuelle demeure trop souvent centrée sur le standard masculin. Fort de ce constat, le Conseil fédéral a adopté en mai dernier un rapport mettant en évidence la nécessité d’agir dans ce domaine. Il a mandaté plusieurs services fédéraux pour mettre en œuvre des mesures dans la recherche, la prévention et la formation.
Parmi les bureaux chargés de se pencher sur cette question, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) devra examiner les possibilités pour intégrer davantage les aspects du sexe et du genre dans la mise en œuvre des stratégies Prévention des maladies non transmissibles et Addiction, entre autres tâches.
Le Conseil fédéral souhaite également agir sur le lieu de travail. Pour cela, il a mandaté le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes et le Secrétariat d’État à l’économie pour actualiser les supports de prévention contre le harcèlement sexuel dans le milieu professionnel.
Quant à l’Institut suisse des produits thérapeutiques Swissmedic, il est chargé de contrôler s’il est nécessaire de mieux tenir compte des facteurs liés au sexe et au genre dans la recherche clinique et d’intégrer ces aspects dans les organes et les directives importants.
Mieux soigner les femmes en fonction de leurs caractéristiques biologiques, notamment, est désormais un enjeu de santé publique important.
(Yseult Théraulaz)
[1] A ce sujet, lire notamment : Alyson McGregor, Le sexe de la santé ; Notre médecine centrée sur les hommes met en danger la santé des femmes. Toulouse : éditions érès, 2021, 260 pages ou le compte-rendu paru sur REISO en mars 2022.
[2] Voir la fiche d'information « Comment mieux prendre en compte les besoins des femmes en matière de santé », OFSP, mai 2024, 3 pages.
Dans une émission diffusée sur La Première, la sociologue à la HETS-Genève Anne Perriard partage les résultats de sa recherche menée avec Laurence Bachmann, sur le potentiel de cette méthode d’écoute et de compréhension.
La communication non-violente, développée dans les années 1960 aux États-Unis, offre une approche unique pour écouter et comprendre autrui. Mais comment fonctionne-t-elle vraiment ? En cette période marquée par des conflits omniprésents, une anxiété environnementale grandissante et des échanges houleux sur les réseaux sociaux, quels enseignements pouvons-nous tirer de cette méthode ?
Les sociologues Laurence Bachmann et Anne Perriard de la Haute École de travail social (HES-SO) de Genève se sont penchées sur ce sujet, explorant son potentiel de transformation individuelle et collective dans un projet de recherche, financée par la FNS.
Ce programme de recherche vise notamment à expliquer le succès du développement personnel en l’analysant de l’intérieur. Il s’appuie sur une enquête empirique portant sur la technique de la communication non violente (CNV). L’enquête qualitative mixte comprend une analyse des techniques de soi décrites dans des ouvrages, des observations participantes dans des stages ou ateliers proposés en Suisse romande et en Californie, ainsi que des entretiens avec des animateurs·trices de stage, des participant·es aux stages, mais aussi des personnes réfractaires à la CNV.
Outre la compréhension des outils de la CNV, le projet vise à identifier les formes de pouvoir liées à la CNV et, finalement, à analyser la complexité des expériences de la CNV par une analyse transversale. En adoptant une approche compréhensive permettant de saisir les processus d’appropriations de ces techniques, cette recherche produira une analyse scientifique de techniques de développement personnel et des processus de transformations qu’elles engendrent, souvent perçus comme de la « magie » par ses adeptes ou de la « manipulation » par ses réfractaires. Dans la continuité des précédents travaux menés par les scientifiques, ce programme soulignera aussi la portée politique de la transformation de soi soutenue par ces techniques.
Le 23 avril, Anne Perriard a participé à l’émission radio Tribu de la RTS, où elle partage sur la communication non-violente et ce qu’elle peut apporter.
(Source : HETS Genève)
Ecouter « Tribu » (RTS La Première)
Le projet «Tissons la toile : un modèle de coordination de proximité pour lutter contre l’isolement social des seniors» montre l’importance de l’échelon communal dans le maintien de liens sociaux pour les seniors.
Dans le contexte du vieillissement de la population et dans la perspective du maintien à domicile, le risque d’isolement social des seniors devient un enjeu prioritaire. Pour prévenir ce risque, il faut agir dans la proximité sur le lien social : le tisser, le renforcer et le maintenir pour faire société en impliquant l’ensemble des actrices et des acteurs concerné∙es.
Menée conjointement par la Haute école de santé et la Haute école de travail social de Genève, dans une volonté d’articulation santé-social, sur mandat et en partenariat avec la Plateforme du réseau seniors Genève, une recherche-action a eu comme objectif d’expérimenter, à l’échelle du quartier de Champel, des modalités de coordination de proximité afin de lutter contre l’isolement social des seniors. La force du dispositif se trouve dans l’intégration, aux côtés des professionnel∙les, des actrices et acteurs informel∙les du quartier qui détiennent une part essentielle de l’expertise de proximité (les commerces, le voisinage, etc.). L’originalité du projet réside dans la création d’un modèle de coordination portant spécifiquement sur la prévention et la lutte contre l’isolement social.
Le projet s’inscrit dans un contexte genevois particulièrement propice. La lutte contre l’isolement social ne peut être menée et dupliquée qu’à une échelle locale, comme celle d’un quartier où les actrices et les acteurs de proximité peuvent s’identifier, tisser des partenariats et des liens de confiance durables et finalement se coordonner. Menée durant deux ans, la recherche montre l’importance de partir du local et de l’existant, car chaque quartier bénéficie d’une riche offre d’actions, de prestations, d’actrices et d’acteurs qui lui est propre. Par conséquent, l’échelon communal est identifié comme le niveau idéal pour pouvoir agir dans la proximité : la commune est experte de son territoire, elle connaît ses habitant∙es et les accompagne dans toutes les étapes de la vie.
(Source : HETS-GE)
En savoir plus (rapport de synthèse et rapport complet de la recherche action)
L’économiste anglaise et autrice Kate Raworth a parlé de son modèle du «donut» le 19 février dernier à l’Université de Lausanne. Retour sur une soirée aux réflexions incontournables pour assurer le «vivre ensemble» futur.
Par Jean Martin
Le modèle du « Donut » développé par Kate Raworth entend assurer pour tou·tes une existence digne, située entre un plancher social indispensable, répondant aux besoins fondamentaux, et un plafond déterminé par la durabilité écologique. Dans l’activité d’une société, il s’agit donc de respecter les limites planétaires pour ne pas dépasser ce plafond.
Le 19 février, l’économiste anglaise a tenu une conférence à l’Université de Lausanne, dans le cadre de la série de conférences Dubochet. Joignant les actes à la parole, Kate Raworth a présenté par vidéo, évitant ainsi un vol supplémentaire, un exposé novateur, éclairant. L’éloignement n’a rien enlevé à la vivacité du propos de cette personnalité charismatique, sérieuse et souriante, ni au débat qui a suivi. Pour cette deuxième partie, Camille Gilloots, du Centre de compétences en durabilité de l’UNIL, et Julia Steinberger[1], une autrice principale du dernier Rapport du GIEC, étaient également conviées.
L’autrice de l’ouvrage La théorie du donut : l’économie de demain en 7 principes [2] insiste sur l’importance de remplacer le sacro-saint PIB comme étalon de la performance économique, dont elle souligne l’inanité dans les circonstances actuelles [3]. Comme le modèle (néo-)libéral dont il est issu, le PIB — qui comptabilise comme productives, par exemple, les ressources dédiées à la limitation et au traitement des pollutions et autres externalités négatives de l’activité humaine — ne répond pas aux exigences de transparence et surtout de pertinence de notre temps anthropocène. Kate Raworth fustige le fait que la grande majorité des Facultés d’économie et Business Schools restent accros aux lois du marché à l’ancienne, au mantra de l’offre et de la demande, alors qu’il s’agirait de les revisiter en fonction du « donut ». Contre-proposition à la pensée dominante, l’autrice de 53 ans parle de son modèle comme d’une « boussole pour la prospérité ».
À propos des échanges dans un monde globalisé, elle évoque l’« esclavage moderne importé », avec notre exploitation des ressources, humaines et d’autres natures, par rapport au pays du Sud, exploitation qui ne donne pas suffisamment d’attention à l’empreinte carbone liée à ce phénomène. À ses yeux, l’unique mandat de l’économie devrait d’être au service des humains et des sociétés. Face aux doctrines économiques (qui sont une science humaine !) basées pour une part sur des croyances, il importe de prendre conscience que nos façons de penser et cadres de référence ont été formatés par les théories et pratiques du siècle dernier. Son credo : « Nous devons mettre en place un dispositif économique pour le XXIe siècle ».
L’oratrice revendique une société qui avance sur plusieurs fronts vers des modalités de « gouvernance et prise de décisions participative », moyens alternatifs et complémentaires aux rouages de la démocratie parlementaire. Elle cite la mise en place d’Assemblées citoyennes, qui apportent des éclairages différents sur les problématiques qui leur sont soumises, permettant de sortir du cadre (think out of the box), comme l’a montré en France la Convention citoyenne sur le climat. Une expression revient à plusieurs reprises : « Nous voulons de nouvelles manières d’être et de faire qui soient “régénératives’ », c’est-à-dire résilientes et susceptibles de se renouveler sans épuiser les ressources.
En fin de soirée, ce 19 février à Lausanne, ont été présentées les démarches pratiques de l’UNIL dans le sens du donut, pour répondre à la question « Comment guidons-nous toute une communauté académique sur le chemin d’un lieu de vie juste et sûr ? ». L’institution lausannoise a mentionné la création de son Assemblée de la transition, composée de soixante personnes tirées au sort dans la communauté universitaire, qui a siégé un an. Rendu en septembre 2023, son rapport [4] détaille 28 grands objectifs et 146 pistes d’action. (https://wp.unil.ch/assemblee-transition/le-rapport/). Aux côtés de nombreuses initiatives à l’international promouvant le donut dans des milieux et contextes divers, l’économiste anglaise a jugé très encourageant ce qui se fait à Lausanne.
[1] Kate Raworth a d’ailleurs fait référence aux travaux majeurs de Julia Steinberger et de ses collègues sous le titre « Living Well Within Limits ».
[2] Kate Raworth, La théorie du donut : l'économie de demain en 7 principes, Ed. Plon, 2018, 432 pages
[3] Elle suit ainsi Robert F. Kennedy, précurseur qui, peu avant son assassinat en 1968, avait vivement critiqué le PIB : « Pourtant, le produit national brut ne permet pas d'assurer la santé de nos enfants, la qualité de leur éducation ou la joie de leurs jeux. Il n'inclut pas la beauté de notre poésie, l'intelligence de notre débat public. Il ne mesure ni notre esprit, ni notre courage, ni notre sagesse, ni ce que nous apprenons. Il mesure tout en somme, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue ».
[4] Lire le rapport de l’Assemblée de la transition de l’UNIL
Les stigmatisations dont restent victimes les mères travailleuses du sexe sont nombreuses. Carine Maradan, collaboratrice scientifique du réseau national de défense des droits et intérêts des travailleur·se·x·s du sexe, décrypte les enjeux.
[1] a publié un magazine sur le travail du sexe et la maternité. Dans ce numéro, la stigmatisation dont les femmes travailleuses du sexe (TdS) font l’objet est pointée à plusieurs reprises. Pourquoi l’inconscient collectif considère, encore aujourd’hui, qu’une travailleuse du sexe ne peut pas être une bonne mère ?
(REISO) Carine Maradan, en fin d’année dernière, ProCore(Carine Maradan) Comme l’explique la chercheuse Giovanna Gilges, les images de la « sainte » et de la « putain » sont diamétralement opposées dans nos imaginaires, empreints de religion et de morale. Dans la même idée, une femme ne peut pas être à la fois « mère » et « putain ». Les stéréotypes en lien avec le travail du sexe ont la vie dure. La vision que la société a du travail du sexe est souvent très limitée : une femme qui travaille la nuit dans un « bordel », qui consomme de l’alcool et des drogues. On n’attribue généralement pas aux TdS la capacité de s’organiser et le sens des responsabilités. Je me rappelle d’une femme qui me disait qu’elle était plus présente et disponible pour sa famille en travaillant dans la prostitution qu’en faisant des ménages. Ces propos restent encore difficilement acceptables pour une majorité. À cause du stigmate de la « pute », il est impossible d’être vue comme une « bonne mère ».
Dans une interview, une travailleuse du sexe bulgare parle de l’image qu’elle souhaite donner à sa fille, et de la façon dont elle veut la protéger de ce qu’elle vit par son travail. Est-ce que leur travail et les représentations qui y sont liées sont une pression importante qui pèse sur les épaules de ces femmes ?
Vraiment. La stigmatisation est souvent intériorisée. Des TdS ont honte d’exercer cette profession qui leur permet pourtant de vivre et de subvenir aux besoins de leurs proches. Elles vivent avec la peur d’être « outée » sur internet ou dans l’espace public. La révélation de leur activité peut avoir de graves conséquences pour elles comme la perte de leur logement ou même de la garde de leurs enfants.
Certaines témoignent avoir commencé le travail du sexe après la naissance d’un·e enfant, afin de pouvoir subvenir à ses besoins. Est-ce une situation fréquente ?
Il est difficile de répondre à cette question. Nous n’avons pas de données statistiques, mais comme pour toutes les autres femmes, subvenir aux besoins de ses enfants est une des motivations des TdS à avoir un travail rémunéré. Des personnes choisissent le travail du sexe comme projet temporaire. D’autres car elles n’ont pas beaucoup d’autres options sur le marché par manque de formation, d’expérience professionnelle ou de réseau en Suisse, à cause de leur situation administrative ou leur statut de mère célibataire… Toutes les situations personnelles sont bien entendu différentes.
Le travail du sexe est à la fois une cause, une conséquence et un risque de pauvreté pour les femmes.
Vous soulevez la question de la précarité de ces mères, très souvent issue de la migration. Pourquoi les travailleuses du sexe migrantes sont-elles particulièrement concernées par la pauvreté ?
De manière générale, les femmes migrantes sont surreprésentées dans la population précaire. De plus, les TdS migrantes sont victimes de discriminations multiples liées au sexisme, au racisme, au classisme et à la putophobie. Leur accès à des prestations sociales, aux soins et à la justice s’avère difficile malgré le soutien d’associations spécialisées. Si elles ne sont pas hautement qualifiées, elles ne sont susceptibles de trouver du travail que dans des secteurs mal payés comme le travail du care, le nettoyage ou encore le travail du sexe. Comme mentionné dans le magazine, le travail du sexe est à la fois une cause, une conséquence et un risque de pauvreté pour les femmes.
Une chercheuse évoque les difficultés que rencontrent ces personnes lorsqu’elles se séparent, faisant face aux préjugés de juges souvent « paternalistes et sexistes ». En tant que Réseau national pour les droits des travailleur·se·x·s du sexe, entendez-vous mener des actions pour faire évoluer les mentalités ?
Un de nos objectifs 2024 est justement de développer des lignes directrices contre la stigmatisation des TdS à l’attention des autorités (santé, justice, police, migration, etc.). Des TdS participeront à des ateliers pour apporter leurs expériences et leur expertise. Lors de la publication de ce guide, nous proposerons des temps de sensibilisation aux administrations. Nous espérons que le milieu judiciaire sera sensible à notre offre.
Finalement, le magazine se concentre sur les mères travailleuses du sexe, et ne parle pas de la question de pères travailleurs du sexe. Est-ce parce qu’ils n’existent pas ?
Ils existent, mais sont minoritaires. Nous avons fait le choix rédactionnel de mettre en lumière les mères pour plusieurs raisons. Aujourd’hui, le souci parental et le travail du care incombent encore majoritairement aux femmes. Des enjeux spécifiques sont liés aux conditions de vie et au statut de mère célibataire. Finalement, nous trouvions important de relayer des voix féminines rarement entendues dans l’espace public et médiatique comme celle d’une mère TdS avec un parcours migratoire.
(Propos recueillis par Céline Rochat)
Lire le magazine « Travail du sexe ; La mère, la sainte et la putain », ProCoRe, 2023, 24 pages
[1] ProCoRe est le réseau national qui défend les droits et les intérêts des travailleur·se·x·s du sexe en Suisse. Association d’utilité publique, basée sur les droits humains, politiquement et confessionnellement neutre, ProCoRe s’engage pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleur.euse.x.s du sexe et lutte également contre l’exploitation, la traite des êtres humains et la stigmatisation du travail du sexe. Elle reconnaît le travail du sexe comme un fait social et comme un travail.
Dans son premier bulletin de l’année, l’Académie suisse des sciences médicales s’intéresse à l’apport de l’intelligence artificielle (IA) dans la pratique de la médecine, et plus particulièrement en oncologie.
« ll existe (...) des domaines de la médecine dans lesquels le besoin d’assistance par l’IA pour le traitement des données est déjà élevé, et où les capacités humaines ne suffisent plus. » Ces propos d’Andreas Wicki, de l’Université de Zurich, figurent dans un article publié dans le premier bulletin de l’année de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM). L’oncologue y décrypte les apports actuels de l’intelligence artificielle à la pratique de la médecine, notamment là où de nombreuses données doivent être traitées, à l’image de la radiologie et de la génétique, en plus de l’oncologie.
Détaillant d’abord les développements scientifiques engendrant une explosion des données disponibles en cancérologie, le professeur estime que « sans IA, nous ne pourrons pas progresser dans ce domaine à une vitesse raisonnable. Nous devons réfléchir aux instruments d’IA les plus utiles, parmi la palette disponible, pour développer peu à peu des modèles prédictifs qui permettent de prendre des décisions thérapeutiques basées sur des données et des règles. » Puis de mentionner les défis à relever : « Quel que soit l’usage fait de l’IA en oncologie, nous devons prouver par des méthodes scientifiques robustes que son utilisation améliore le sort des patient.e.s atteint.e.s d’un cancer ».
Si le traitement à proposer à un·e personne malade sera toujours plus personnalisé grâce à l’aide de l’IA, il n’est aujourd’hui pas question de laisser à une machine quelque aspect thérapeutique décisionnel. Andrea Wicki précise : « En ce qui concerne le choix thérapeutique, je me suis (...) toujours imaginé que nous allions passer de directives rigides, établies à partir d’études particulières pour toute une population de patient.e.s, à des prédictions dynamiques, basées sur des études et des données, et conçues pour chaque patient.e de manière individuelle. »
Le deuxième article de ce bulletin qui aborde la thématique présente ce que le Swiss Personalized Health Network (SPHN) a mis en place pour constituer une « base solide pour les développements émergents de l’IA dans le domaine de la recherche et des soins médicaux ». Ce texte attire notamment l’attention du lectorat sur le fait que « la qualité des modèles d’IA et la pertinence de leurs résultats ne sont que le reflet de la qualité des données mises à disposition de l’algorithme pour son entraînement. »
FInalement, dans son édito, Henri Bounameaux, président de l’ASSM, insiste sur la nécessité de s’emparer des questions et défis liés à l’IA, quels que soient les termes choisis par certain·es pour décrire l’outil (intelligence augmentée plutôt qu’artificielle). Une réflexion sur l'usage de ces machines est aujourd’hui impérative, « ne fût-ce que pour désarmer les craintes de ceux qui anticipent la prise de pouvoir des robots sur l’homme. » L’ancien doyen de la faculté de médecine de l’Université de Genève conclut par un constat général : « L’IA sera ce que nous en ferons. Une évolution avec ses aspects positifs comme (...) en oncologie, et négatifs comme son impact sur l’environnement, son intrusion dans la sphère privée et les risques avérés de son utilisation criminelle (...) »
(Céline Rochat)
Voir le bulletin de l'ASSM 01/2024 contenant l'article « L’intelligence artificielle en oncologie: son potentiel pour le choix des thérapies »
Un ouvrage collectif s’interroge sur les normes morales qui guident l’intervention sociale contemporaine, en se basant sur des recherches sociologiques menées dans différents domaines et contextes nationaux.
(REISO) Jean-Pierre Tabin, l’ouvrage que vous avez contribué à diriger porte sur « la nouvelle morale de l’intervention sociale ». Sur quoi se base cette « nouvelle morale » ?
(Jean-Pierre Tabin) À l’origine, la politique sociale reposait sur la charité et la compassion. Elle s’appuie aujourd’hui sur de nouvelles normes morales qui se réfèrent parfois au bien commun, parfois à la justice sociale, ou encore à la réduction des inégalités, à la dignité, etc. À partir de ce constat, la question que nous nous posons dans ce livre est de savoir comment ces nouvelles normes morales sont appropriées ou réinterprétées par le personnel du travail social et de l’intervention sociale.
Au terme des recherches contenues dans ce recueil, quels sont les nouveaux défis auxquels l’intervention sociale doit faire face ?
Les analyses proposées dans les quatorze chapitres de ce livre montrent que les personnes en charge de l’intervention sociale ne sont pas toujours en accord avec les normes morales imposées, ni entre elles, ni sur le plan de la légalité, ni avec les institutions pour lesquelles elles travaillent. Les chapitres documentent plusieurs défis : l’impossibilité d’effectuer un travail en adéquation avec les normes morales de l’institution qui les mandate, l’existence de normes contradictoires, ou de normes en opposition avec les valeurs du travail social, etc.
Les politiques sociales à éviter sont celles qui remettent en question le sens du travail effectué, obligent à des bricolages individuels ou collectifs.
Les textes compilés dans ce livre sont issus de recherches menées dans des contextes nationaux très diversifiés. S’il fallait retenir les points forts de l’une ou l’autre politique pour créer une « politique sociale idéale », quels éléments prendriez-vous où ?
Les contextes sont variés, puisque les recherches non seulement se déroulent dans des contextes nationaux différents (France, Suisse, Canada, Maroc), mais encore dans des domaines très différents de l’intervention sociale (vieillesse, enfance, sans-abrisme, services scolaires, chômage, etc.). Les politiques sociales à éviter sont celles qui remettent en question le sens du travail effectué, obligent à des bricolages individuels ou collectifs, parfois en marge de la légalité, et conduisent à l’épuisement professionnel faute de pouvoir penser l’action de manière cohérente.
Vous concluez la présentation de cet ouvrage par l’affirmation : « ce livre invite à ne pas conclure trop vite sur l’émergence d’une nouvelle morale de l’intervention sociale, mais à prendre en compte les tensions normatives et les dilemmes pratiques qu’elle rencontre aujourd’hui. » Quels sont les éléments à lever pour qu’émerge cette nouvelle morale de l’intervention sociale ?
Il paraît plus précis de s’interroger sur les normes morales en tension et leurs métamorphoses, ainsi que sur les rapports de domination qui font que certaines s’imposent au détriment d’autres. Lorsque ces normes entrent en contradiction avec la pratique, il y a des tensions. La non-prise en compte des normes morales des publics concernés est un autre problème qu’il faudrait reconnaître, car c’est une dépossession de la capacité individuelle à décider quel est son propre intérêt.
(Propos recueillis par Céline Rochat)
« La nouvelle morale de l’intervention sociale et ses apories ». Maryse Bresson, Yvette Molina, Jean-Pierre Tabin (dir). L’Harmattan, 2024, 252 pages