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En trente minutes, les cinq formes principales de cette maladie sont expliquées dans un document audio. Avec des conseils à la clef.
La Ligue suisse contre le rhumatisme propose un podcast sur cette maladie qui touche plus de deux millions de personnes en Suisse. Le premier épisode donne la parole à la Dre Diana Dan, médecin spécialisée en rhumatologie au CHUV.
La spécialiste commence par expliquer la notion de rhumatisme, qui comprend plus de deux cents maladies, classées en cinq catégories : rhumatismes inflammatoires, des parties molles, du dos, des os et tissus conjonctifs, dus à la dégénérescence du cartilage.
Ces maux ne touchent pas que l’appareil locomoteur, mais également la peau, les yeux, entre autres organes. Elles peuvent se manifester par des douleurs mineures, mais aussi avoir des conséquences très invalidantes avec des déformations des articulations et des atteintes aux organes internes.
La médecin précise que l’entourage des malades n’est pas toujours conscient de la situation car souvent le rhumatisme ne se voit pas, bien qu’il puisse être très douloureux.
Le podcast, d’une durée d’environ 30 minutes, apporte un éclairage utile sur la question, tant pour les personnes atteintes, que leurs proches. Il fournit également des conseils pour prévenir certaines de ces maladies rhumatismales.
(YT)
La sociologie, ça sert à quoi ? La question a guidé la création d’une bande dessinée vouée à « démystifier » la discipline. Trois questions à l’un de ses auteurs, Thomas Jammet, adjoint scientifique à la HETS-Fribourg.
(REISO) Dans la genèse de l’histoire, le personnage explique vouloir créer une bande dessinée sur la sociologie pour que l’ouvrage soit lu. La sociologie est-elle donc si méconnue dans la population ?
(Thomas Jammet) Cette première scène expose en effet l’ambition de l’ouvrage et rappelle l’origine du projet, qui a amené deux « jeunes » sociologues à réfléchir à un moyen de promouvoir leur discipline d’une manière originale et accessible. Le fait est que la sociologie est largement méconnue du grand public. D’une part, les ouvrages et articles scientifiques publiés par des sociologues sont rarement lus au-delà du cercle (relativement fermé) des spécialistes de la discipline. D’autre part, dans de nombreux pays, dont la Suisse, la sociologie n’est pas enseignée au gymnase/lycée, et demeure donc mystérieuse pour les étudiant·e·s qui commencent leur cursus de formation. Plus largement, les connaissances produites par les sciences sociales sont souvent critiquées dans l’arène médiatique, au prétexte qu’elles excuseraient des comportements problématiques dont elles cherchent à comprendre et à expliquer les mécanismes. La bande dessinée nous est apparue comme un bon format pour favoriser l’accès aux savoirs sociologiques : le dessin de LDUD participe incontestablement à rendre les explications plus « parlantes » et permet d’introduire un humour visuel qui renforce l’autodérision dont font preuve les auteurs.
À quel point votre quotidien vous a inspirés dans la création des planches ?
Avec Daniel Burnier, nous avons cherché à ancrer les scènes dans le quotidien pour montrer la manière dont les questionnements des sociologues partent souvent de situations ordinaires, en apparence banales, qui permettent d’interroger diverses facettes de la vie sociale. De nombreuses scènes sont inspirées de situations vécues, que nous avons accentuées et déformées de manière humoristique. C’est notamment le cas de la scène où une journaliste pose des questions étranges sur les animaux de compagnie, ou encore de celle où les deux sociologues s’agacent devant les demandes de révision adressées à l’un de leurs articles.
Notre souhait est que cet ouvrage puisse donner envie à des gens d’en apprendre plus sur les sciences sociales et les questionnements auxquels elles invitent.
La plupart des scènes montrent surtout des événements courants de la vie quotidienne qui suscitent des interrogations chez une petite fille, auxquelles son papa sociologue cherche à répondre… de manière parfois un peu compliquée. Il faut dire aussi que certaines scènes se moquent (gentiment) des petits défauts des sociologues, qui tendent souvent à être très sérieux et peu intelligibles. Ce livre n’est pas un manuel illustré de sociologie, mais plutôt une lecture personnelle et décalée de sa pratique.
Qu’aimeriez-vous que les lectrices et lecteurs conservent en mémoire lorsqu’elles et ils referment votre bande dessinée ?
Notre BD a l’ambition d’être à la fois drôle et instructive. C’est la raison pour laquelle douze notes illustrées figurent à la fin de l’ouvrage, pour présenter une poignée de sociologues qui nous ont marqués ainsi que certaines notions importantes qui peuvent éclairer la compréhension de la société dans laquelle nous vivons. Notre souhait est que cet ouvrage puisse donner envie à des gens d’en apprendre plus sur les sciences sociales et les questionnements auxquels elles invitent.
(Propos recueillis par Céline Rochat)
Burnier D., Jammet T., et LDUD. « Au secours, mon papa est sociologue ! », Ed. Livreo-Alphil, 2022, 60 pages
Un rapport pointe du doigt la méconnaissance des professionnel·le·s confronté·e·s à ces demandeur·euse·s d'asile dont l'orientation sexuelle et affective est criminalisée dans leur pays d'origine.
L’Observatoire romand du droit d’asile et des étranger·e·s (ODAE) a constaté, dans son dernier rapport, qu’il n’existe pas de reconnaissance systématique du statut de réfugié·e en Suisse romande lorsque l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre, ou encore les caractéristiques sexuelles sont criminalisées dans le pays d’origine.
L’ODAE relate une méconnaissance et une absence de formation des professionnel·le·s en lien avec ces thématiques. Il note que les autorités, tout comme le personnel en charge de l’accueil ou de la santé, font souvent preuve de préjugés et de discriminations. L'Observatoire mentionne que les stéréotypes ont la vie dure et que le cadre dans lequel ces personnes sont accueillies n’est pas adéquat, entravant le bon déroulement de la procédure d’asile.
L’Observatoire relève également l’absence de chiffres et de recherches permettant de quantifier les discriminations et violences vécues. Cela a pour conséquence une invisibilisation des personnes de la communauté LGBTIQ+ qui requièrent l’asile et des discriminations lors de leur prise en charge.
Une série de mesure sont préconisées, comme une meilleure protection internationale via une reconnaissance du statut particulier de la personne LGBTIQ+ ; une adaptation des foyers d’accueil cantonaux qui devraient prévoir des hébergements privés ; une prise en charge des soins adéquate et adaptée aux besoins spécifiques de la personne ; un soutien financier à l’intention des associations qui déploient des ressources pour renforcer l’inclusion des migrant·e·s de la communauté, ainsi que la mise en place de statistiques spécifiques sur les demandes d’asiles des personnes LGBTIQ+.
(ODAE/YT)
Voir le rapport complet et les témoignages vidéos réalisés par l'ODAE
Co-auteur du livre Le cerveau pense-t-il au masculin ?, Pascal Gygax s'applique à démontrer au quotidien en quoi l'utilisation du langage inclusif et épicène n'a rien de futile, et contribue à une meilleure égalité des genres. Interview.
S'il déchaîne les passions et que d'aucuns n'y voient aucun intérêt, le langage épicène et inclusif s'inscrit pourtant comme un outil essentiel à une meilleure égalité sociale. Psycholinguiste et psychologue cognitif à l'Université de Fribourg, Pascal Gygax détaille en quoi l'utilisation d'un « masculin générique » pose des problèmes au cerveau humain en termes de représentativité des genres.
(REISO) Avant de commencer, mettons-nous d’accord : quelle sont vos définitions du langage épicène et inclusif ?
(Pascal Gygax) Le langage inclusif est une expression globale qui comprend tous les outils linguistiques se détournant de l’utilisation du masculin comme valeur par défaut. Par exemple, au lieu d’écrire Les lecteurs qui lisent ce texte vont remarquer qu’il est écrit en langage inclusif, on peut choisir Vous qui lisez ce texte allez remarquer qu’il est écrit en langage inclusif (ce qu’on appelle l’adressage direct), Les personnes qui lisent ce texte vont remarquer qu’il est écrit en langage inclusif (ce qu’on appelle le langage épicène), ou encore Les lectrices et lecteurs qui lisent ce texte vont remarquer qu’il est écrit en langage inclusif (ce qu’on appelle un doublet). Ces trois formes de langage inclusif sont possibles ici. Notez, pour la petite histoire, que l’expression écriture inclusive nous vient de théologiennes protestantes nord-américaines des années 1970 qui souhaitaient proposer des reformulations plus inclusives de passages de la Bible (par ex., parler de l’enfant de Dieu au lieu du fils de Dieu). Julie Abbou a d’ailleurs écrit un article passionnant sur l’histoire de l’expression.
D’aucuns estiment que l’utilisation exclusive du masculin dans son sens dit « neutre » suffit à inclure les représentations d’autres genres que les hommes dans le langage. Pourtant, les recherches montrent que ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ?
Il faut en effet comprendre que la forme grammaticale masculine, par son ambiguïté sémantique, pose des problèmes à notre cerveau. La forme masculine est ambiguë, car elle peut vouloir dire (1) un ou des hommes (sens dit spécifique), (2) une ou plusieurs personnes dont on ne connaît pas le genre (son sens dit neutre), (3) une femme et plusieurs hommes (un sens dit mixte, pour la forme plurielle), (4) un homme et plusieurs femmes (un autre sens dit mixte, pour la forme plurielle également) ou (5) un homme, une femme, et plusieurs personnes non binaires (encore un autre sens dit mixte, pour la forme plurielle également). Or notre cerveau rencontre souvent des difficultés avec n’importe quelle ambiguïté, et pour résoudre cette ambiguïté, il aura tendance à spontanément choisir le sens le plus simple et le plus fréquent, ici, masculin = homme. Pour résumer les cinquante ans de recherche sur l’interprétation du masculin, nous pouvons affirmer que la notion même d’un masculin générique, qui ne se référerait pas directement à un ou des hommes, est tout simplement incompatible avec la manière dont fonctionne le cerveau humain. Il est intéressant de constater qu’il n’existe pratiquement aucune controverse là-dessus dans les études empiriques sur le sujet. En terme sociologique, l’utilisation du masculin va donc nourrir un prisme masculin, ou androcentré, c’est-à-dire un prisme où les hommes sont constamment mis en avant et placés au centre de notre société, comme une valeur par défaut.
À la question « Le langage inclusif est-il essentiel ? », la réponse est donc simple : cela dépend de ce que vous souhaitez faire. Si sortir du prisme masculin – dans le travail social et les soins notamment, pour promouvoir une égalité entre les genres dans les pratiques – est une priorité, alors oui.
Parmi les réticences quant à l’adoption du langage inclusif, vous parlez de freins linguistiques et de freins sociétaux. Le sont-ils réellement ?
Arrêtons-nous d’abord sur l’aspect linguistique. Parmi les outils disponibles à un langage plus inclusif, nombreux sont ceux qui existent déjà en français, comme ceux déjà évoqués. Il n’y a là aucun frein linguistique. Par contre, certains outils sont nouveaux, à l’image des formes contractées (ou abrégées) des doublets, qui présentent parfois de nouvelles typographies, comme le point médian (par ex., les assistant·es social·es). On peut aimer, ou pas, ces nouvelles typographies, mais elles ne représentent qu’une petite partie de l’écriture inclusive, et ne sont pas forcément indispensables. On peut tout à fait écrire un texte en écriture inclusive sans points médians, comme le présent texte. À ce sujet, il s’agit de relever que ces formes ne sont pas si novatrices que ça, puisque le français accepte depuis longtemps l’utilisation de formes contractées ou abrégées, telles que par ex., M. et Mme Dupond, 300fr., ou le(s) verre(s). D’autres formes nouvelles se réfèrent à des notions que notre société a, jusqu’à maintenant, peiné à exprimer (et à accepter !), comme la non-binarité de genre. Ici, le français a besoin d’évoluer. Le « x » dans les formes contractées (l’assistant·e·x), ou certains néologismes (par ex., les collaborateurices) en font partie. Alpheratz [1], linguiste à la Sorbonne, a écrit un livre fascinant sur ces nouvelles possibilités lexicales, ainsi que sur des nouveautés grammaticales possibles.
Il existe effectivement un problème d’invisibilité pour toutes les personnes ne s’identifiant pas à la catégorie homme, et cela perdurera si nous continuons à asseoir notre langue sur le masculin. Maintenant, cette invisibilité se mêle à d’autres facteurs qui, ensemble, vont impacter la prise en charge de bénéficiaires de l’action sociale.
Mais justement, on trouve de nombreuses réticences à ces nouvelles formes linguistiques. Est-ce une forme d’incarnation du « c’était mieux avant » ?
En quelque sorte, oui. On entend souvent des arguments qui visent à protéger un français « pur », mais ce genre d’arguments vient souvent d’une mauvaise compréhension de l’évolution de la langue. Le français est une langue vivante, qui a toujours bougé, souvent d’ailleurs pour des raisons politiques. Par exemple, comme le montre Eliane Viennot, l’accord masculin par défaut s’impose (progressivement) car les grammairiens du 17ème siècle y voient le signal que « le mâle est plus noble que la femelle ». On entend aussi parfois que si l’Académie française ne valide pas ces nouveaux usages, ils ne devraient pas exister. Pourtant, cette institution n’a pas vraiment son mot à dire. Dans leur livre Le français est à nous !, où elles rappellent notamment la manière dont le français a toujours été politisé, Maria Candéa et Laélia Véron l’expliquent en détail. De fait, l’Académie française n’a qu’un seul mandat, celui de publier un dictionnaire des usages. Elle a essayé, en 1932, de publier une prise de position sur la grammaire française, mais a dû essuyer une vague d’indignation, tellement il y avait d’erreurs. C’est, en fait, assez normal, puisque l’Académie n’a (presque) jamais invité des spécialistes du langage. Notons également que son dernier dictionnaire date de 1935, ce qui n’est pas très récent ! Et dans sa nouvelle version annoncée pour parution prochainement, dont une partie est déjà accessible en ligne, on trouve des définitions assez anachroniques. Une ambassadrice, par exemple, n’y est (toujours) rien d’autre que la femme de l’ambassadeur…
Dans votre livre, les freins sociétaux sont notamment décortiqués dans un chapitre intitulé « Pourquoi tant de haine ? »...
Nous avons en effet intitulé ce chapitre de la sorte en référence aux nombreuses études scientifiques menées, par le passé et actuellement, sur ces freins sociétaux. En deux mots, les recherches montrent que trois facteurs semblent être déterminants dans notre rapport à l’écriture inclusive : le sexisme, le conservatisme, et la croyance dans un monde juste. Ce dernier facteur est particulièrement intéressant : il implique que certaines personnes pensent qu’il existe une sorte de force universelle et naturelle, seule responsable de la conjoncture du monde. Pour elles, l’écriture inclusive vient bouleverser ce monde juste. D’une certaine manière, ces personnes pensent que l’androcentrisme est dans l’ordre naturel des choses. On constate d’ailleurs que des partis politiques sont plus enclins à vouloir freiner toute forme d’écriture inclusive. Quelques politiciens en France ont même proposé des peines de prison pour toute personne utilisant un langage inclusif (j’imagine qu’ils pensaient au point médian, car il est écrit sur toutes les cartes d’identité françaises né(e) le, ce qui engorgerait sûrement les prisons…). Donc oui, il existe des freins sociétaux, principalement liés au conservatisme et au patriarcat, probablement. Mais comme déjà précisé, beaucoup de recherches sont encore en cours.
En étant invisible dans le langage, les femmes risquent-elles, notamment en matière de travail social ou de soins, d’être traitées ou prises en charge différemment que les hommes ?
C’est une vaste question. Ce qui est certain, c’est que le langage ne va pas à lui seul résoudre toutes les problématiques liées au travail social. De fait, aucune mesure isolée n’y parviendra. Néanmoins, il existe effectivement un problème d’invisibilité pour toutes les personnes ne s’identifiant pas à la catégorie homme, et cela perdurera si nous continuons à asseoir notre langue sur le masculin. Maintenant, cette invisibilité se mêle à d’autres facteurs qui, ensemble, vont impacter la prise en charge de bénéficiaires de l’action sociale. Comme pour bien d’autres domaines, le travail social — et de manière plus globale les politiques sociales — souffre d’androcentrisme, de stéréotypies et de rapports de pouvoir. La langue est une entrée intéressante pour réfléchir à ces questions, mais elle doit être complémentaire à beaucoup d’autres actions et réflexions.
En quoi la modification des habitudes de langage aujourd’hui, que ce soit à l’écrit et à l’oral, est-elle importante pour demain ?
On peut reformuler la question de la manière suivante : en quoi la déconstruction du prisme androcentré de notre société (dont l’histoire est très longue !) est-elle importante pour demain ? Et là, encore une fois, tout dépend de ce que l’on souhaite pour demain. Si notre intérêt porte sur une plus grande diversité des aspirations professionnelles des enfants et sur une vision plus égalitaire de toutes les catégories possibles de genre, par exemple, certaines habitudes langagières — mais pas seulement — méritent d’être modifiées, en tout cas d’être rediscutées. Ce qui est important ici, c’est que les enfants s’accommodent probablement assez facilement de différentes formes d’écriture inclusive, et même de modifications grammaticales plus inclusives et logiques. Par exemple, l’accord de proximité (le fait d’accorder au plus proche, comme dans l’expression « certaines régions et départements ») sera plus simple et plus logique pour des enfants, en tout cas plus logique que l’accord au masculin par défaut (par ex., « certains régions et départements »). Pour les filles, qui intègrent très vite que le masculin se réfère plutôt aux garçons (puisqu’on leur parle à elles au féminin), la notion du masculin qui l’emporte est quand même un peu étonnante.
Mais encore une fois, le prisme masculin semble également satisfaire une certaine partie de la population, qui souvent ne se rend pas forcément compte des rapports de pouvoir et de la notion même de privilèges.
(Propos recueillis par Céline Rochat)
Pour aller plus loin
Pascal Gygax et Sandrine Zufferey, co-auteur et co-autrice du passionnant livre Le cerveau pense-t-il au masculin ? — Cerveau, langage et représentations sexistes avec Ute Gabriel viennent de participer à deux épisodes du podcast Les couilles sur la table intitulés « Masculin neutre : écriture exclusive », tout juste publié sur la plateforme Binge audio. Créé en 2017, ce programme emmené par la journaliste française Victoire Tuaillon comptabilise plus de 15 millions d'écoutes. Il vise à questionner les masculinités et ses conséquences sur la société, grâce notamment à l’intervention de scientifiques.
Bibliographie
[1] Pour en savoir plus, voir son site, fascinant lui aussi https://www.alpheratz.fr/
À lire également :
La FARES a mandaté une enquête destinée à connaître davantage les conditions de vie des personnes de plus de 80 ans. Résultat ? La majorité d’entre elles et eux s’estime en bonne santé et la société doit se rapprocher de ce groupe d’âge.
Ils et elles vivent souvent dans un ménage privé, s’en sortent financièrement et beaucoup d’entre elles et eux fournissent des prestations bénévoles : on parle là de personnes de plus de 80 ans. Cependant, ce groupe d’âge n’apparaît que rarement dans le discours officiel, regrette la Fédération des Associations des retraités et de l’entraide en Suisse (FARES), qui estime même que « c’est plutôt une retenue silencieuse qui se produit ».
Afin de documenter cette situation, cette organisation de seniors a commandité un questionnaire sur les conditions de vie des plus de 80 ans en Suisse. Les réponses des quelque 1’134 octogénaires apportent ainsi un éclairage sur les conditions de vie de ces plus de 450'000 personnes en Suisse et contredit les clichés concernant les « personnes âgées ».
Si ce groupe d’âge est à peine présent dans les discours, il apparaît presque toujours en rapport avec la politique de la santé lorsque l’on en parle. Pourtant, les répondant·e·s se considèrent comme en bonne santé et se montrent actif·ve·s.
La FARES estime que cette situation est inhérente au fait que la société n’attend rien de ce groupe d’âge, ce que la fédération estime comme injustifié.
Pour la FARES, l’enquête révèle que la politique doit davantage se concentrer sur le grand âge que jusqu’à présent. Il est à ce propos important « de s’engager pas seulement pour le grand âge mais avec le grand âge », souligne Bea Heim, co-présidente de la fédération. Toutes les catégories d’âge, y compris celle des plus âgé·e·s, doivent être associées aux processus politiques. « Ils ne doivent pas être tenus à l’écart des administrations ou des associations, mais c’est leur engagement qui doit être utilisé », insiste l’ancienne conseillère nationale socialiste.
Forte de ces résultats, la FARES demande de mieux soutenir les personnes âgées qui sont dans des situations précaires, en facilitant l’accès aux prestations complémentaires et en combattant les discriminations. Selon Bea Heim, le monde politique doit mettre en place des bases légales contre les préjudices frappant les plus âgé·e·s. « Les nouvelles générations ne le font pas que pour les aînés, mais aussi pour eux-mêmes. Tous seront vieux un jour. »
(Source : FARES)
En Suisse, nombre d’enfants de parents séparés vivent tantôt chez l'un, tantôt chez l’autre. Un rapport documente le quotidien de ces familles. Il montre ce qui peut compliquer leur situation, mais aussi contribuer à les soutenir.
Les situations familiales après une séparation ou un divorce figurent parmi les thèmes prioritaires de la Commission fédérale pour les questions familiales. Afin de documenter le quotidien de ces familles, jusqu'ici resté dans l'ombre, cette instance a commandité une étude réalisée auprès de 2’868 mères et pères vivant séparément et de 244 enfants. Cette recherche présente entre autres les circonstances favorables à un arrangement familial multilocal, ainsi que les obstacles existants. Elle montre notamment que le bien-être des enfants se révèle surtout influencé par la qualité de la relation entre leurs parents et leur capacité à gérer les conflits et qu’il n’est pas moins élevé que celui des enfants dont les parents vivent ensemble.
S’appuyant sur les résultats de l’étude, la commission s’est penchée sur ce qui pourrait être amélioré dans le cadre juridique, mais aussi dans la vie quotidienne, pour soutenir au mieux ces familles. Elle adresse ainsi neuf recommandations, regroupées en trois thématiques, à différents acteurs et actrices, qui sont les suivantes :
Ainsi, selon elle, un droit de la famille adapté aux réalités actuelles doit s’affranchir du statut du mariage. Dans une famille recomposée, la responsabilité de la prise en charge doit également pouvoir être assumée par des tiers. La Commission fédérale pour les questions familiales invite par ailleurs les écoles et les structures extrafamiliales à communiquer avec les deux parents et enjoint les tribunaux et les autorités à mettre en œuvre de manière effective le droit de participation des enfants.
(Source : Commission fédérale pour les questions familiales)
Voir le rapport « Quand les parents ne vivent pas ensemble — Parentalité et quotidien des enfants »
Voir les neuf recommandations de la COFF
Lire l'article de la revue en ligne de l'Office fédéral des assurances sociales CHSS : « Comment équilibrer le quotidien familial après une séparation »
Une série dessinée réalisée en Bretagne pose un regard bienveillant sur la sexualité des seniors. Cet outil simple rappelle notamment les bienfaits des relations affectives et charnelles, même après 60 ans.
Incompatibles, l’âge et la sexualité ? Pour contribuer à déconstruire des préconçus liés à la vie affective et sexuelle des seniors, l’ireps Bretagne, Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé, a conçu une série dessinée et de vidéos intitulée « On ne finit jamais de fricoter, chroniques olé olé pour personnes âgées (mais pas que !)… ». Ces dix courts épisodes effleurent de manière thématique le corps, la famille, l’amitié, l’amour, la retraite, le désir, le plaisir, les séparations, les nouvelles relations et l’avis des autres. Et de rappeler aux lectrices et lecteurs que : « La sexualité est un facteur d’épanouissement. Ce serait dommage de s’en priver sous le seul prétexte qu’on est âgé. »
Un épisode est publié de manière hebdomadaire entre le 4 octobre et le 6 décembre 2022. Les dix volets sont réalisés et racontés par Hélène Pouille, facilitatrice graphique et Gérard Ribes, sexologue et auteur du livre Sexualité et vieillissement. Cette chronique repose également sur les apports amenés par les participant·e·s à des ateliers intitulés Les amours après 60 ans, animés plus tôt dans l’année par l’association Santé Bigoudène et par l’Ireps Bretagne.
Le contenu de ces épisodes contribue à rappeler des faits de base en matière affective et sexuelle, et représente une opportunité d’ouverture à la communication. Deux regrets, cependant, émergent à la lecture de ces ressources dont le titre attise la curiosité : le contenu aurait pu être un brin plus poussé — pour susciter davantage de réflexion en réponse à cette curiosité éveillée — et l’utilisation d’une iconographie et d’un langage plus inclusifs se serait avérée bienvenue.
(CROC)
Pour aider les enfants à prendre conscience des stéréotypes de genre contenus dans les contes, deux Britanniques ont renversé les rôles de douze récits traditionnels. Exit la princesse passive en attente d’être sauvée par son prince.
Pour mettre à mal les stéréotypes perpétués par les contes de fées, deux Britanniques ont développé un algorithme spécial qui inverse les codes de genre. Ainsi, dans Le bel au bois dormant : et autres contes où les princesses volent au secours de leur prince, Karrie Fransman et Jonathan Plackett proposent douze récits classiques « renversés » : s’il existe un personnage masculin dans l’histoire d’origine, le procédé le remplace et insère un personnage féminin, et vice versa.
Dans ces histoires, donc, le genre féminin supplante le genre masculin. « Il » devient « elle », « la belle au bois dormant » devient « le beau au bois dormant », et « la princesse au petit pois » devient « le prince au petit pois ». Malgré certains changements potentiellement déstabilisants, le texte dans son ensemble reste fluide. Aucun récit ni personnage n’a été réinventé, seuls les genres ont été intervertis et la symbolique du conte reste la même.
Le livre contient de belles dorures colorées. Les images peintes à l’aquarelle agrémentent chaque histoire de teintes différentes et forment un ensemble harmonieux. Les récits, comprenant plus de dix pages chacun, conviendront bien aux enfants à partir de 8 ans.
La revisite de ces contes bouscule les codes de notre jeunesse et fait réfléchir les petit·e·s sur la question du genre et de sa place dans les récits héroïques. La préface juste et fine sur la condition fille-garçon dans la société contemporaine est signée Marie Darrieussecq.
Il ressort de cette refonte un magnifique recueil de contes, où la princesse n’est plus seulement belle, fragile et passive, mais où elle fait preuve de courage et d’audace, et n’hésite pas à monter sur son destrier pour sauver son prince.
(Source : CREDE)
Le bel au bois dormant: et autres contes où les princesses volent au secours de leur prince, Fransman, K., Plackett, J. Paris: Stock, 2021, 192 pages
Spécialiste de l'âge avancé et de la prise en charge des malades Alzheimer, Marianna Gawrysiak publie un ouvrage basé sur son expérience et les témoignages recueillis auprès de personnalités de plus de 75 ans.
Recension par Jean Martin
C’est le livre d’une personne étonnante, une artisane de la relation et de la convivialité que viennent de publier les éditions de l’Aire. Née en 1961 dans une bonne famille de Budapest, Marianna Gawrysiak arrive en Suisse à 22 ans. Après une licence en psychologie, elle se spécialise au Centre interfacultaire de gérontologie de Genève, puis s’engage durant plus de trente ans à l’hôpital psychiatrique de Marsens. Elle s’attache aux problématiques liées à l’âge avancé et en particulier à la prise en soin des malades Alzheimer et de leurs proches — à l’éventail des situations lourdes, frustrantes souvent, dans lesquelles ils et elles se trouvent. On le sait, c’est un sujet majeur de santé publique, maintenant déjà, et de manière accrue à l’avenir.
Intéressée par les moyens modernes de communication, elle a développé un site internet sur lequel elle partage son expérience professionnelle et relationnelle [1]. Dans ces « Propos d’une gérontopsychologue » (sous-titre du site), elle parle de son travail et apporte des conseils. « Aux connaissances théoriques acquises au cours des études, écrit-elle, s’ajoute l’enseignement retiré chaque jour de mes rencontres avec des personnes âgées, de leurs histoires de vie, de leurs souffrances, mais aussi de leur courage. »
Parallèlement, Marianna Gawrysiak a développé un questionnaire qu’elle adresse à des personnalités (dont deux anciens membres du Conseil fédéral) ayant dépassé l’âge de 75 ans, sollicitant leur sentiment sur plusieurs aspects du fait de vieillir. Si ce questionnaire ne s’avère pas aussi connu à ce stade que ceux de Marcel Proust ou de Bernard Pivot, on ne sait pas de quoi l’avenir est fait...
C’est ce double contenu, enrichi au cours du temps, qui constitue l’ouvrage récemment publié, L’Avancée en âge ; Ses richesses, ses écueils. Les sujets sont variés, les approches diverses, toujours avec le souci d’être utile aux lecteurs et lectrices. Il est un éventail substantiel sur ce qui se joue dans l’âge avancé, les difficultés comme les joies. L’autrice aborde des sujets allant de l’amitié et l’amour à la créativité, de l’humour à la dépression, des chutes à la douleur et aux médicaments, en passant par les modes de vie sains. Le chapitre sur la santé mentale et la migration, insistant sur la nécessité d’une approche transculturelle (ethnopsychiatrie), est particulièrement touchant. Puis est traité le sujet délicat de la fin de vie, avec la problématique Exit dont il ne faut pas craindre de parler.
Au sujet des patients Alzheimer, Marianna Gawrysiak affirme : « Soutenir l’espoir, prendre ses distances avec toute prédiction/« condamnation » hâtive (…) Contre les clichés dévastateurs et majoritairement négatifs de la maladie d’Alzheimer, il est primordial de reconnaitre que les compétences affectives et intellectuelles perdurent durant des années chez les personnes diagnostiquées assez tôt ».
L’autrice délivre aussi ses règles de « bonne conduite » (!), pour maintenir son potentiel d’activité et de plaisir, et inclut des textes sur l’entrée et la vie en EMS, tel que « Mon EMS idéal ». Elle a inclus des chapitres culturels, comme celui consacré aux livres-témoignages et aux films qui ont mis en scène des personnes souffrant d’Alzheimer et leurs proches [2].
En tout, ce bouquin, se compose de textes bien informés, sur un mode pratique. Il est à la fois une lecture agréable voire distrayante, riche de vingt-huit séquences nourrissantes, bien écrites, avec en contrechant, à chaque fois, la réponse d’une personnalité au « Questionnaire » et un large panorama des enjeux dans une société vieillissante. Un ensemble, dit l’autrice, qui doit faire éviter « qu’on oublie ce que l’âge — et le grand âge — recèle de richesses, et même d’enchantements ».
Marianna Gawrysiak signe là le travail d’une passeuse de son expérience, de tonus et de plaisir à vivre, même quand c’est difficile, motivée par ce mot du comédien américain George Burns : « Je m’intéresse à la vieillesse, parce que c’est là que je vais passer le reste de ma vie ».
« L’Avancée en âge ; Ses richesses, ses écueils », Marianna Gawrysiak, Vevey : Éditions de l’Aire, 2022, 380 pages
[1] Voir le site de Marianna Gawrysiak
[2] On notera aussi que Marianna Gawrysiak a été la cheville ouvrière de la création et de la vie de l’espace culturel « Le Vide-poches » du Réseau fribourgeois de santé mentale.
L’Organisation mondiale de la santé a publié un résumé d’orientation de ses lignes directrices en matière de santé mentale au travail. Ce document émet notamment douze recommandations.
« Grâce à ces nouvelles recommandations de l’OMS, les lignes directrices devraient faciliter les actions menées au niveau national et sur le lieu de travail en matière d’élaboration de politiques, de planification et de prestation de services dans les domaines de la santé mentale et de la santé au travail. Ces lignes directrices visent à améliorer la mise en œuvre d’interventions fondées sur des bases factuelles en faveur de la santé mentale au travail. » C’est en ces termes, entre autres, que l’Organisation mondiale de la santé définit ses Lignes directrices de l’OMS sur la santé mentale au travail, récemment publiées.
Les douze recommandations contenues dans le résumé d'orientation concernent les interventions organisationnelles, la formation du personnel d’encadrement, la formation des travailleurs et travailleuses, les interventions individuelles, le retour au travail après une absence associée à des problèmes de santé mentale et, enfin, l’obtention d’un emploi à l’intention des personnes souffrant de problèmes de santé mentale.
Dans son introduction, l’OMS indique en outre qu’il est estimé que 15% des adultes en âge de travailler souffrent d’un trouble mental.
Interview d’Alexandre Lambelet, doyen de la filière Travail social de la Haute école de travail social et de la santé Lausanne, auteur du livre « Le défi de l’accompagnement des personnes âgées en institution ».
(REISO) Au niveau professionnel, tant d’un point de vue du travail social et que de celui de la santé, y’a-t-il de nouveaux défis en ce qui concerne l’accompagnement des personnes âgées en institution ?
(Alexandre Lambelet) Mon ouvrage s’intéresse en premier lieu au défi « ordinaire » de l’accompagnement des personnes âgées en institution. Pour ces personnes, cela signifie d’accepter, en échange d'une sécurité et de différentes aides, de voir certaines libertés limitées ou envies non réalisées. A l’inverse, c’est aussi trouver dans ces institutions un soutien pour réaliser des envies que la vie à domicile ne permettait plus. Pour les professionnel·le·s, le défi est de devoir simultanément aider les aîné·e·s pour les actes de la vie quotidienne tout en réussissant à proposer des activités significatives ou à recréer des liens, dans les limites des cadres légaux, administratifs ou financiers qui tendent à homogénéiser les pratiques. Plus largement enfin, c’est le défi pour chacun·e, professionnel·le·s, résident·e·s, famille, de faire face au vieillissement de la personne accueillie, qui plus est lorsqu’il s’accompagne de troubles cognitifs.
Les éléments que vous mentionnez ont déjà fait l’objet d’études et de recherches. Quelle valeur ajoutée apportez-vous avec cette publication ?
Cet ouvrage veut offrir différents outils pour mieux faire face à cet éternel défi. C’est ainsi, d’abord, une synthèse des savoirs que devraient détenir tout·e professionnel·le, me semble-t-il, au moment de s’engager dans un métier de l’accompagnement des personnes âgées, dans les institutions. Depuis 20 ans, beaucoup de travaux, de réflexions et d’expérimentations ont effectivement été écrits ou menés en Suisse et à l’international. Si une large littérature scientifique existe donc à ce sujet — tout comme les projets visant à proposer un accompagnement qui soit « centré sur les personnes » —, il manquait à mon sens une synthèse de ces connaissances facilement accessible aux professionnel·le·s qui travaillent auprès de ce public. Ce texte a pour but de les soutenir dans leurs réflexions sur l’accompagnement qu’elles et ils entendent proposer.
Les attentes des personnes âgées hébergées en institution évoluent avec la société. Selon vous, comment conjuguer leurs attentes et leurs besoins avec les exigences politiques et économiques actuelles ?
Sans nier les difficultés financières et les ressources budgétaires limitées avec lesquelles doivent faire face les institutions (et une enquête de l’Université de Bâle que je cite rappelle assez combien des « rationnement implicites » sont déjà évoqués par les professionnel·le·s quand ils et elles sont interrogé·e·s sur leur travail), mon livre émet l’hypothèse qu’avec les moyens aujourd’hui à disposition, une amélioration qualitative de l’accompagnement peut déjà être réalisée. Parce que des institutions, ici, en Suisse romande, le proposent déjà. La perspective qui sert de fil rouge à cet ouvrage, celle d’une approche centrée sur la personne, montre combien l’amélioration de l'accompagnement, si elle peut bénéficier de moyens financiers supplémentaires, est d’abord le résultat d’un « geste politique », pour reprendre une expression de Carl Rogers.
Selon vous, quelles sont donc les pistes pour améliorer cet accompagnement de manière significative ?
Il s’agit bien sûr de ne plus partir d’une offre préconçue, mais de questionner le type de « pouvoir » ou de « contrôle » que les professionnel·le·s désirent avoir ou au contraire restituer aux résident·e·s. C’est aussi avoir le souci de lutter contre le « risque asilaire », inévitablement présent dans toute institution. La recherche scientifique offre bien sûr des pistes, à travers des résultats probants quant aux effets bénéfiques ou négatifs de certaines formes d’accompagnement. Le livre en rend compte. De même, de belles expériences sont menées dans des EMS comme des réflexions très riches y sont développées. Il existe une intelligence collective dans les institutions qui se traduit par des pratiques concrètes dans l’accompagnement des résident·e·s et qui sont aussi valorisées dans cet ouvrage.
Il est indiqué de votre ouvrage que « Les perspectives qu’il offre permettent de (ré-)ouvrir des possibles pour faire face à ce défi qu’est l’accompagnement des personnes âgées en institution » : quels sont ces possibles ?
Je vais donner un seul exemple, celui de la place des proches. Cette question est difficile dans nombre d’institutions. Mais cette complication n’est-elle pas liée au fait que la répartition du pouvoir entre professionnel·le·s, résident·e·s et familles n’est pas clarifié, discuté ? Que l’intention des professionnel·le·s vis-à-vis de ces familles n’est pas assez explicitée ? Comme l’interrogeait une professionnelle d’un EMS vaudois, citée dans l’ouvrage : « Quand vient le moment de faire un soin, ou une activité avec M. Bolomey et que son épouse est présente, va-t-on dire : « Madame Bolomey, vous pouvez sortir pendant que l’on fait la toilette de votre mari ? » ou « Madame Bolomey, vous voulez nous aider à faire la toilette de votre mari ? » ». Voilà une question, qui, me semble-t-il rouvre des possibles, d’autres manières d’être en lien, en soin.
Si l’on vous comprend bien, cette publication a donc aussi pour objectif d’encourager les professionnel·le·s de l’accompagnement à prendre du recul sur leurs pratiques ?
En effet. Lorsque l’on est pris dans le quotidien de son activité, il est parfois difficile de penser à d’autres possibles, de questionner ses propres pratiques, ou de suivre l’actualité de la recherche. L’habitude devient parfois la norme. De mon côté, cela fait des années que je possède un petit carnet dans lequel je note, à chaque fois que je visite une institution, ce qui me semble être des bonnes idées ou des pratiques inspirantes. J’y compile ainsi des manières de faire ou des dispositifs qui permettent aux résident·e·s de gagner en autonomie, en pouvoir, en indépendance, qui les aident à mieux se situer dans l’espace, de mieux inscrire ce nouveau lieu dans leur histoire, ou je ne sais pas quoi encore. Je conçois mon travail de professeur en travail social non seulement comme celui d’un chercheur qui mènerait différentes enquêtes, mais aussi comme celui d’une personne dont le rôle est peut-être d’abord de faire circuler l’information, les idées ou les bonnes pratiques. Et j’espère que cet ouvrage y contribue.
(Propos recueillis par Céline Rochat)
« Le défi de l’accompagnement des personnes âgées en institution », Alexandre Lambelet, Ed. HETSL, 2022, 143 pages
Une conférence pour le vernissage de l'ouvrage
Vernissage de l’ouvrage le mardi 1er novembre à la HETSL, dès 18h30, en présence de François Matt, Directeur de l’EMS Le Home-Les Pins. Entrée libre, sur Inscription (sur cette page). Cet événement peut également être suivi par visioconférence.
Le vernissage est précédé, à 17h, d’une conférence intitulée « Une expérience piklérienne au home Les Charmettes à Neuchâtel : le soin, support de la relation avec les personnes âgées ». L’approche Pikler repose sur une vision forte de l’individu et sur quelques principes de base : il s’agit d’une éthique du sujet dont découle une éthique du soin. La méthode piklérienne dans les soins en établissements médico-sociaux montre combien cette approche questionne la manière dont les soins et l'accompagnement des actes de la vie quotidienne sont pensés et peuvent être réalisés, encourageant à percevoir ces activités non pas comme des nécessités fonctionnelles mais relationnelles. Les réflexions et discussions sur les pratiques à la lumière de l’approche Pikler ont pu montrer la plus-value de cette vision pour les résident·e·s et les soignant·e·s, mais également les difficultés auxquelles les professionnel·le·s sont confronté·e·s.
Cette conférence est donnée par Agnès Rákóczy, éducatrice de la petite enfance, et Alexandre Lambelet. Entrée libre, sur inscription (sur cette page). Il est également possible de suivre cette conférence à distance.
Afin de prévenir les infections et maladies sexuellement transmissibles, deux guides consacrés au safer sex sont réédités: l’un est destiné aux femmes/personnes ayant une vulve, l’autre aux personnes trans.
L’association Les Klamydia’s, qui s’occupe de la santé sexuelle des femmes qui aiment les femmes, réédite deux guides de prévention en matière de sexualité. L’un est destiné aux femmes/personnes ayant une vulve entretenant des rapports intimes avec des paires, l’autre s’adresse aux personnes trans.
Le premier document rappelle notamment que « le sexe entre femmes / personnes ayant une vulve n’est, hélas, pas inoffensif ». De nombreuses infections, telles que des mycoses, le papillomavirus, des chlamydias ou de l’herpès, peuvent être transmises durant ces relations sexuelles. Il transmet ainsi de manière factuelle des recommandations de préventions et des informations sur la sexualité entre femmes.
Le guide destiné aux personnes trans contient davantage d’informations. Outre les éléments factuels liés à la prévention des infections sexuellement transmissibles, il s’arrête également sur des notions plus globales, comme la contraception, le consentement, les substances psychoactives ou le suivi médical. Ce guide compile aussi les ressources d’aide et de soutien au niveau suisse.
(CROC)
« Brisons le silence ! » met en avant la parole des victimes de violences au sein du couple à travers de récits poignants, tirés de témoignages authentiques. Une démarche de prévention et de sensibilisation essentielle.
Sept épisodes pour sept récits glaçants. Sept histoires qui, bien que différentes, mettent en évidence des similitudes dans les situations de violences dans les couples. Au début, la gentillesse, le dévouement, puis, plus ou moins rapidement, la pression, les exigences, le dénigrement, l’éloignement social. Aux violences psychologiques suivent les coups. Les bleus. La peur. L’isolement. Les viols.
Porté par l’Association DécadréE, en partenariat avec plusieurs associations engagées dans la lutte contre les violences de genre, « Brisons le silence » est un projet de sensibilisation sur la multiplicité des violences au sein du couple. Que l’on soit jeune, plus âgé·e, issu·e de la migration ou Suisse·sse, chacun·e peut devenir victime d’un manipulateur, d’un pervers narcissique ou d’une personne violente. « Je n’aurais jamais pensé que cela puisse m’arriver à moi », témoigne ainsi l’une des femmes, « féministe et militante », qui se sentait pourtant « très alerte sur ces questions ».
Les sept capsules sont illustrées par autant d’artistes romand·e·s. De ces propos poignants ressortent encore d’autres constantes : la manipulation du bourreau qui cherche à inverser les rôles en se faisant passer pour la victime, l’emprise et la menace, mais aussi, pour les victimes, la nécessité de collecter des preuves (photos, témoins, dossier médical) pour se défendre, l’impératif de fuir pour sauver sa vie, la violence psychologique encore beaucoup trop souvent niée par la justice.
Mais de chaque récit émerge aussi l’espoir : s’en sortir est possible, de l’aide existe. « Au centre d’accueil, ils m’ont dit que j’avais le droit de ne pas rentrer et qu’ils avaient une chambre pour moi », se souvient l’une des témoins. Qui précise ensuite : « Je n’ai pas honte. La honte, c’est à lui de la porter. » Et cette autre personne de rappeler que les victimes ne sont jamais responsables et qu’elles ne se résument pas à ce qu’elles ont subi : « cette période de violences, c’est un événement ponctuel de ma vie, mais ce n’est pas moi. »
Pour accompagner les vidéos, des ressources pédagogiques sont proposées aux professionnel·le·s du travail social, de la santé et de l’enseignement sur le site internet dédié. Des conseils sur la sécurité en ligne et des adresses utiles y figurent également.
(Céline Rochat)
Pour un parent dévouant sa vie à son enfant handicapé, la perspective de mourir est source d’inquiétude. Un documentaire émouvant dévoile le quotidien d’une institution qui offre l’opportunité d’une fin de vie rassurante.
C’est un film touchant, entraînant le public entre éclats de rires et grosses larmes que livre le réalisateur Martin Blanchard. Diffusé sur Arte et accessible en rediffusion, Mon enfant après moi plonge dans le quotidien de couples « parent âgé-enfant adulte en situation de handicap » qui vivent ensemble à la Maison d’accueil familial du Boistissandeau, en France.
Le documentaire débute dans l’appartement d’Annie. À 74 ans, cette dynamique retraitée s’occupe seule de Marie-Madeleine, 33 ans, atteinte de trisomie 21. La jeune femme, adoptée à trois mois, ne parvient pas à se libérer du « stress » conséquent à son agression, subie dans l’institution où elle résidait auparavant. Inquiète à l’idée de laisser sa fille seule et désemparée à son décès, Annie cherche longuement une solution d’hébergement pour elles deux. À la découverte de l’existence du Boistissandeau, c’est sans tergiverser qu’elle propose à Marie-Madeleine de déménager en Vendée.
Dans cette structure unique en son genre, ouverte en 2007, chacun·e dispose d’une chambre individuelle et des espaces communs. Anne, 84 ans, et son fils Arnaud, 50 ans, resté lourdement handicapé après l’opération d’une tumeur cérébrale à 4 ans, y habitent aux côtés de Pascal, 63 ans, et de sa maman Odette, 103 ans. Après avoir retrouvé la joie de vivre et passé du bon temps auprès des autres résident·e·s, cette truculente centenaire, bien que « peinée de laisser son enfant », décède en paix grâce à ce contexte rassurant. « Je suis soulagée de le savoir bien encadré », témoigne-t-elle peu avant de s’endormir.
Comme d’autres binômes, mère et fils avaient rejoint le Boistissandeau pour casser la solitude pesante de longues journées, passées sans croiser âme qui vive : « c’était plus possible pour nous de rester où on était », rapporte Pascal. Il précise : « Un jour, on voulait ouvrir le gaz. On voulait mettre fin à nos jours, ma mère et moi. Car y’a pas pire que la solitude ». Pour les parents, savoir leur enfant entre de bonnes mains et avoir pu l’accompagner à se sentir bien dans un lieu où il·elle poursuivra seul·e son chemin représente un soulagement qui vaut le sacrifice de l’indépendance. « J’ai eu beaucoup d’énergie et j’en ai encore, témoigne pudiquement Anne. Mais je ne me vois pas séparée de mon fils, même si cela suppose de vivre en collectivité, avec beaucoup d’autres personnes handicapées ».
Je ne me vois pas séparée de mon fils, même si cela suppose de vivre en collectivité, avec beaucoup d’autres personnes handicapées.
Avec sensibilité et finesse, le réalisateur montre le soulagement de parents ayant consacré leur vie à s’occuper de leur enfant. Il sublime les contacts humains retrouvés, l’esprit autorisé à se décharger petit à petit d’une responsabilité assumée si longtemps seul·e. Porté·e par des images cadrées à juste distance, on ressent le chagrin, l’angoisse, l’isolement mais aussi l’espoir, la joie d’être ensemble, ainsi que l’immense bienveillance des professionnel·le·s de la structure. Et l'on perçoit l’amour infini de ces duos singuliers : « On est tous les deux, on va s’en sortir », promet Michèle, 78 ans, à sa fille Armelle, 56 ans, rejetée par le reste de sa famille en raison de son handicap mental et effrayée à l’idée de perdre sa mère.
Au-delà d’être si touchant, Mon enfant après moi questionne. Ce documentaire ouvre des perspectives et des réflexions à entreprendre quant aux formes d’habitat offertes aux personnes en situation de handicap accompagnées durant toute leur vie par leur(s) parent(s). Pour permettre aux un·e·s et aux autres de vivre ensemble jusqu’au bout, et aux aîné·e·s de partir l’esprit serein.
(Céline Rochat)
Dix-sept documentaires sur les mutations de la société
Pour la quatrième année, Arte prend le temps de se pencher sur des histoires singulières à la portée universelle qui racontent les mutations profondes en jeu dans nos sociétés modernes. Dans un monde où tout s’accélère, où du chaos de l’actualité découlent des images tournées hâtivement, la collection documentaire La vie en face s’intéresse à des enjeux intimes, en prenant le temps. Le temps d’être au plus près d’hommes et de femmes, de leur donner la parole là où rarement on la leur laisse, de les laisser vivre devant la caméra.
Cette collection accessible en rediffusion raconte sans fard ces existences, une poignée de vies face à de grands défis contemporains, qu’il s’agisse de sexualité ou de son absence, de la souffrance des mondes paysan et maritime, des aidant·e·s et des emplois précaires et sous-payés, de la violence ou de ses repentis, du désir d’enfant en passant par la complexité de se construire entre deux cultures ou de trouver des solutions pérennes pour son enfant handicapé.
(Arte.tv)
Éditée par l’Hospice général, l’édition 2022 du guide destiné aux personnes au budget serré ou à celles adeptes du « seconde main » vient de paraître.
C’est une entière mise à jour que l'Hospice général vient d’opérer sur sa brochure « Adresses futées pour budget serré ». Ce guide pratique regroupe toute une série de bons plans et adresses pour manger, s'habiller ou se divertir à moindre frais à Genève.
Éditée cette année sous forme de dépliant, cette version plus pratique se destine aussi bien aux personnes en difficulté qu’aux « consom’acteurs » et « consom’actrices » qui cherchent à lutter contre le gaspillage. Ce document est également disponible en format pdf.
(Source : Hospice général)
Pour clore ses activités, le Centre suisse de compétences pour les droits humains présente des idées, des recommandations et des exemples pour améliorer la protection des droits humains sur quatorze thèmes actuels en Suisse.
Les initiatives populaires portant atteintes aux droits humains doivent-elles être déclarées nulles ? Faut-il instaurer un devoir de diligence en matière de droits humains pour les entreprises suisses ? Comment les femmes du domaine de l’asile victimes de violence peuvent-elles être mieux soutenues ? Pourquoi, pendant la pandémie de coronavirus, tant de personnes ont-elles renoncé à recourir à l’aide sociale — alors qu’elles y auraient eu droit — et que faire pour que cela se passe différemment lors d’une éventuelle prochaine crise ? Voici quelques-unes des questions auxquelles répond la publication finale du Centre suisse de compétences pour les droits humains (CSDH), intitulé Renforcer les droits humains en Suisse ; Nouvelles idées pour la politique et la pratique.
Quatorze thématiques relatives aux droits humains figurent au centre de cet ouvrage : une attention particulière est portée à la protection des groupes vulnérables, au rôle des droits humains pendant la crise du coronavirus, à la responsabilité des entreprises ainsi qu’à la relation entre démocratie, État de droit et droits humains.
Avec près de 130 recommandations adressées aux pouvoirs législatif, aux autorités ou à d’autres acteur·trice·s, les auteurs et autrices du livre présentent une série de mesures concrètes et réalisables pour renforcer les droits humains en Suisse. Des cas pratiques illustrant les problématiques et de bonnes pratiques identifiées dans diverses villes, cantons ou pays montrent qu’une meilleure réalisation des droits humains est possible.
Après onze années d’activités, le CSDH en tant que projet pilote fermera ses portes le 30 août 2022 pour laisser la place à une Institution nationale des droits humains (INDH) permanente.
(Source : Centre suisse de compétence pour les droits humains)
La version imprimée du livre peut être commandé sur le site des éditions buch & netz.
La brochure Nightlife décrit l’importance d’apporter un encadrement spécifique à la consommation de substances. Destinée aux professionnel·le·s, elle met en évidence le sens de l’intervention et les ressources de Suisse romande.
S’il est évident que l’on peut sortir et s’amuser sobrement, se divertir et faire la fête rime toutefois souvent avec consommation. Dans 87% des cas, les personnes interrogées consomment des boissons alcoolisées ou prennent des substances « pour faire la fête, célébrer un évènement ». L’alcool reste la substance la plus consommée (79% du temps) [1]. Afin de décrire l’importance d’apporter un encadrement spécifique pour prévenir et éviter les dommages en cas de consommation de substances, la Plateforme Nightlife [2] du Groupement romand d’étude des addictions publie la Brochure Nightlife, premier document de ce genre en Suisse, selon le GREA.
La fête pose en effet plusieurs enjeux. Au-delà de la joie et du plaisir, ces moments recèlent aussi une part de risques, raison pour laquelle des professionnel·le·s expérimenté·e·s et des pair·e·s mobilisent leurs savoirs et expériences. Présence aux stands d’informations, distribution de matériel de réduction des risques (préservatifs, pailles, etc.), aménagement d’espaces de tranquillisation, mise à disposition de drug checking mais également labellisation des fêtes sont autant d’outils et de mesures qui aident à prévenir et éviter les dommages et qui sont fournis par les institutions et associations actives dans le milieu du monde de la nuit. Ce travail complémentaire qui aide à fixer un cadre (labels, bracelets, etc.) tout en appelant à la responsabilité individuelle (conducteur sobre, auto-évaluation, etc.) reste souvent méconnu aussi bien du grand public que des politiques. Présenté dans ce nouveau document, il implique des acteurs et actrices engagées et nécessite plus que jamais l’attention des politiques sociosanitaires et des moyens financiers.
Cette publication vise aussi à renforcer la coopération et les échanges entre acteurs et actrices. En effet, comme le souligne Roxane Mégevand, coordinatrice de Nuit blanche à Genève, « les enjeux des professionnel·le·s du milieu festif ne sont pas toujours les mêmes que ceux des autorités politiques et sanitaires, il est donc nécessaire d'apprendre à travailler ensemble ».
Si le Covid-19 a modifié les paramètres d’intervention, il n’a pas changé le sens et les valeurs. Pour Alexandre Terreaux, intervenant à REPER et directeur d’AdO, il reste nécessaire de construire une communauté d’intérêts et de valeurs : « Élaborer un discours et des représentations communes est primordial, et le débat d'idée est important, car il permet d'avancer en co-construisant ». Cette publication représente donc un premier pas vers cette vision unifiée du Nightlife. D’autres actions communautaires pourront voir le jour ces prochains mois et années, comme la mise sur pied de colloques spécifiquement dédiés au Nightlife, afin de le faire mieux connaître et le diffuser.
(Communiqué de presse / CROC)
[1] Marthaler, M. Cannabis, cocaïne, ecstasy et Cie. Rapport 2022. Infofrog, Centrale nationale de coordination des addictions. Berne, 2022.
[2] Une communauté de professionnel·le·s de la prévention et de la réduction des risques des milieux festifs de Suisse romande
La Suva lance une campagne de prévention destinée particulièrement aux apprenti·e·s. Selon ses chiffres, elles et ils sont 25'000, chaque année, à être victimes d’un accident du travail.
Utiliser les équipements de protection nécessaires, respecter les règles vitales, ne pas consommer d’alcool avant le travail ou poser des questions en cas de doute : à l’heure où de nombreux·ses apprenti·e·s ont entamé leur cursus de formation, la Suva rappelle les « Dix étapes pour un apprentissage en toute sécurité ». Les brochures informatives à ce sujet sont déclinées en deux versions, l'une pour les apprenant·e·s, l’autre pour les formatrices et formateurs.
Sur la page internet dédiée à cette campagne de prévention, la Suva précise que « chaque année, une personne en formation sur huit est victime d’un accident professionnel et deux perdent la vie. Le risque d’accident est près de deux fois plus élevé chez les apprentis que chez les autres travailleurs ». Ces chiffres élevés s’expliquent par de nombreux éléments, notamment le manque de connaissances des risques ou des gestes des jeunes en formation. D’autre part, certain·e·s se surestiment alors que d’autres, plus timides, n’osent pas poser des questions. La caisse d’assurance mentionne également que le comportement des supérieur·e·s n'est pas toujours exemplaire et que leurs consignes sont parfois lacunaires.
Pour aider les apprenti·e·s à se positionner en cas de situation problématique, la Suva a développé la carte STOP. Complétée avec le formateur ou la formatrice en début de cursus, « elle symbolise le droit et l’obligation de dire STOP en cas de danger ».
(CROC)
Voir la brochure pour les apprenti·e·s
Voir la brochure pour les formateurs·trices
(Une version imprimée peut être commandée gratuitement via ces liens)
Utilisé majoritairement de manière récréative, l’oxyde nitreux comporte aussi des risques pour la santé et le vie humaine. Une fiche d’information fait le point.
Alors qu’un accident de la route à l’issue fatale a été imputé à l’usage de gaz hilarant, en novembre 2021 à Bâle, la Centrale nationale de coordination des addictions, Infodrog, vient de publier une fiche d’information pour les professionnel·le·s en contact avec des consommateurs·trices de protoxyde d’azote. Des décès aux circonstances identiques ont également été enregistrés aux Pays-Bas et en France ces dernières années.
Si le document mentionne que « en Suisse, la consommation semble être marginale », il est clairement précisé que les données statistiques manquent et qu’un monitorage plus précis devrait être effectué.
En Europe, plusieurs pays ont pris des mesures d’interdiction de vente aux mineur·e·s, y compris par internet. « Aux Pays-Bas, l’augmentation de l’usage concerne les 16-24 ans et on constate un faible niveau de sensibilisation aux risques liés à un usage prolongé ou intensif de gaz hilarant ainsi qu’une présentation tardive pour une prise en charge médicale après avoir ressenti des effets secondaires », indiquent les auteurs et autrices.
Comme pour chaque fiche, celle-ci détaille les risques encourus par la consommation de la substance et des recommandations de prévention.
(CROC)
Pour répondre aux besoins des personnes queer âgées de 16 à 25 ans, des professionnel·le·s de santé mentale et sexuelle ainsi que des jeunes concerné·x·es ont élaboré l’ouvrage La sexualité au plur-IELS.
Une mine d’or pour les jeunes qui se questionnent sur leur identité de genre ou qui se posent des questions concrètes en matière de sexualité trans et non binaire. Le guide La sexualité au plur-IELS, fraîchement publié par la Fondation Agnodice, s'attaque au manque de « liens entre la santé sexuelle et les transidentités », ainsi que l’écrivent les auteurs et autrices de l’ouvrage en introduction. Pour répondre aux besoins de cette population, identifiés lors d’une enquête menée auprès des jeunes trans et non binaires de 16 à 25 ans, Adèle Zufferey et Justine Laura Cuendet, toutes deux psychologues et sexologues chez Agnodice, ont travaillé avec cinq jeunes concerné·x·es participant au groupe Cosmose, un espace de partage inclusif sur la santé sexuelle et affective créé par et pour des personnes trans*.
Tout au long des 26 pages, les lectrices et lecteurs trouveront des informations et des réponses aux questions qu’elles et ils peuvent se poser. Dysphorie, puberté, hormonothérapie, gynécologie et transition ou encore modes relationnels et orientations figurent comme chapitres de ce document, rédigé dans un langage clair et accessible. Les pages sont agrémentées de jolies illustrations colorées, signées de l’artiste romand·e Louiza Becquelin.
En plus d’aborder ces multiples sujets, le guide propose un lexique ainsi qu’une riche et précieuse section « ressources » documentaires.
S'il est conçu pour un public touché directement par les questions de non-binarité et de transidentité, ce document peut également devenir un outil précieux pour toutes celles et ceux qui s’intéressent aux questions de genre et/ou qui se trouvent dans l’entourage de personnes queer. D'autre part, en plus de revenir sur certaines notions basiques, comme le consentement ou la prévention et la contraception, cet ouvrage apportera à l’ensemble des lecteurs et lectrices des connaissances favorables à la tolérance envers toutes celles et ceux qui ne s’inscrivent pas dans un strict cadre hétéronormé.
(Céline Rochat)
Un projet participatif a abouti à la création d’un « serious game », Ils s’aiment... et plus si affinités, pour évoquer la vie sexuelle et affective. Cet outil, accessible en Suisse, est proposé en langage facile à lire et à comprendre.
Associez un objectif « sérieux », soit celui « d’améliorer les compétences comportementales du joueur ou de lui faire acquérir des connaissances », avec un moyen ludique et vous obtenez un « serious game ». C’est ce qu’a développé, en France, l’association spécialisée dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap mental Adapei papillon blanc Alsace et almedia. Grâce à un financement participatif et après quatre ans de travail, le jeu Ils s’aiment, et plus si affinités est désormais en ligne. Onze personnes en situation de handicap ont participé à la conception puis au développement de ce jeu depuis 2018.
Accessible gratuitement, également depuis la Suisse, cet outil vise à proposer à des personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle légère à modérée des mises en situation concernant les relations amoureuses. Les buts sont donc de « démystifier la thématique de la vie affective, relationnelle et sexuelle, d’acquérir des notions de base autour de la thématique et de capitaliser de l’expérience au travers de simulations virtuelles », ainsi que le détaille le livret d’accompagnement de la plateforme. Et de préciser : « Cet outil a été pensé avec la volonté de favoriser l’autodétermination des personnes en situation de handicap dans la réalisation de leur vie affective, relationnelle et sexuelle. »
Les joueurs et joueuses plongent dans un univers proposé en langage facile à lire et à comprendre (FALC). Ils et elles peuvent sélectionner un avatar homme ou femme, hétéro ou homosexuel·le. A travers quinze saynètes graphiques, divers thèmes sont abordés sous plusieurs angles, comme les émotions, la vie de couple, l’intimité, les MST, la grossesse, la contraception, la parentalité ou l’autodétermination. Les scènes contiennent quatre types de jeux interactifs : des quizz, des « glisser-déposer », des choix de l’image correcte ou des détections d’un élément dans le décor. Les concepteurs et conceptrices recommandent d’accompagner la·e joueur·se lors des premières utilisations.
Le livret d’accompagnement du jeu prodigue en effet des conseils de soutien et d’animation à celles et ceux qui entourent les personnes en situation de handicap. Il est par exemple suggéré de regarder les scènes avant d’accompagner quelqu’un·e et d’organiser le jeu dans un lieu calme offrant l’intimité nécessaire à l’utilisateur·trice pour s’y plonger.
(Céline Rochat)
Sur la route, la conduite des jeunes générations représente un important enjeu de santé publique. Dans Les jeunes au volant, sociologues et pédopsychiatres se penchent sur cette thématique, qui reste encore peu étudiée.
Recension par Jean Martin
Les risques qu'une partie notable des jeunes prennent sur les routes et les dommages subséquents représentent un sujet important de santé publique. En France, les 18-24 ans composent 8% de la population, mais rendent compte de 16% des mort sur les routes.
Cet ouvrage est issu d'une large enquête qualitative auprès de conducteurs·trices de 18-25 ans en France, menée à l'initiative de David Le Breton, sociologue universitaire connu. Dans la première partie, celles et ceux qui ont mené la recherche en présentent les résultats principaux, selon la séquence des éléments pertinents : apprentissage, obtention du permis, type de conduite (urgence à conduire, risques et excès, sentiment de liberté). D’une manière générale, ce travail fait découvrir des jeunes lucides sur les avantages et les inconvénients de la voiture. Le sociologue note : « Le jeu avec la mort repose sur une part d’ambivalence mêlée d'une méconnaissance du danger (...) Vécu comme une gêne intolérable, le code de la route est l'objet d'une permanente réinterprétation qui élargit d'autant la marge d'imprévisibilité » (p. 13).
Dans la section sur les compagnons numériques de la route, tels que la radio, le smartphone ou le GPS, on peut lire : « Choisir ces compagnons, c'est choisir de se sentir moins seul, de rester connecté (...) les avantages qu'ils donnent entrent en tension avec la nécessité d'une constante concentration. » Les chercheur·se·s ont également voulu connaître l’évaluation que font les jeunes des campagnes de prévention, découvrant une population active et riche d’un esprit critique. « Globalement, nos observations témoignent d'une jeunesse réflexive sur les campagnes de prévention (...) Non seulement ils analysent les campagnes actuelles mais ils proposent aussi des solutions ». Ces premiers chapitres fourmillent de citations des réponses des enquêtés.
Dans la seconde partie, des auteurs et autrices spécialisées (universitaires de sciences humaines et trois pédopsychiatres) prennent du recul et commentent les résultats dans des contributions substantielles. Parmi elles et eux, Hervé Marchal porte un regard ethnosociologique sur le rapport à l’automobile des jeunes : « La personne jeune au volant est non seulement dans son propre monde, elle est aussi et surtout son propre monde ». Il analyse également les conséquences de l’habitat du conducteurs·trices et note que « Jeunes des villes ou des champs : de multiples effets à prendre en compte ». Leila Jeolas se concentre sur des jeunes accros à la vitesse dans son pays, le Brésil, et du phénomène des courses illégales de voitures et de motos, ainsi que de la casse y relative. En matière de genre, Yoann Demoli discute les relations différentes des jeunes filles et des garçons à l'automobile. Des données qui retiennent l’attention sont celles sur l'influence du comportement au volant des parents sur celui des jeunes conducteurs. Et sans surprise, celle-ci est grande !
Dans le dernier chapitre, tout à fait stimulant, l'historien Mathieu Flonneau s’interroge : « Que reste-t-il du rêve automobile ? », à l'aide de notations historiques et littéraires. Il termine avec cette citation de Blaise Cendrars (1945) : « Prendre la route. Rouler à tombeau ouvert, au cœur de la solitude, au volant de mon engin, foncer droit devant moi, déchirer le monde en deux comme on déchire un prospectus ».
Travail pionnier dans ce domaine, Les jeunes au volant intéressera les professionnel·le·s aussi bien que les responsables des publics concernés, ainsi que les milieux de l'éducation à la santé et de la prévention. Sans oublier, il va de soi, les parents.
Les jeunes au volant, David Le Breton (dir. publ.), Toulouse : Éditions érès, 2022, 264 pages
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Le dernier Nouvelles Questions Féministes dénonce l’invisibilité dont les femmes âgées font les frais et montre comment la société les condamne à n’avoir « pas le droit à la parole, à la sexualité et à une vie décente ».
« Vieilles, où serons-nous ? », s’interrogent Clothilde Palazzo-Crettol, Farinaz Fassa, Marion Repetti et Vanina Mozziconacci dans l’édito du dernier Nouvelles Questions Féministes. Les autrices y résument les enjeux de la vieillesse au féminin, analysés dans les sept articles réunis dans le Grand Angle et le Champ libre de ce numéro intitulé « Vieilles (in)visibles ».
Les contributions questionnent donc la disparition des vieilles — terme assumé et revendiqué, avec celui de vieillarde, par les autrices de cette entrée en matière — en tant que sujet collectif de la vie sociétale. « Cette manière de (ne pas) voir les vieilles empêche de les envisager comme sujettes actives, pensantes et vivant leur vieillesse comme un moment significatif de la vie à l’instar des autres périodes », affirment-elles. S’appuyant sur les apports du dossier, elles mettent en exergue combien la vieillesse, notamment féminine, reste pensée selon des normes de jeunesse.
« Vieille (in)visibles » éclaire de manière essentielle le devenir des femmes avec l’avancée de la vie, le poids de l’âgisme et son cortège de discriminations. Les différents textes analysent la sexualité invisible, les inégalités économiques ou la réception genrée de l’aide à domicile. Deux contributions offrent aussi des perspectives pour une vieillesse épanouie : opportunités d’émancipation grâce à la parité de participation et à la création artistique. Finalement, l’article d'Annick Anchisi, dans le Champ libre, invite à un décentrement du regard à travers le parcours d’une infirmière sociologue.
Dans l’édito, les autrices soulignent combien « le doublet invisibilité/visibilité des vieilles témoigne de la difficulté à penser en même temps vieillesse au féminin et pouvoir sur soi, sur sa vie et sur la vie de manière générale ». Ce paramètre s’exprime notamment par le fait que « les vieilles restent trop absentes de certains champs des études féministes francophones ».
Ainsi, pour le plus grand regret des coordinatrices du dossier et du lectorat, le numéro ne comporte aucun texte sur les femmes âgées puissantes, sur les discriminations en matière de logement, de santé ou d’accès à certains soins qui marquent la vieillesse des femmes ou sur les femmes âgées non-hétérosexuelles. « Tout se passe comme si, premièrement, l’expérience et le pouvoir étaient si antithétiques à la vieillesse au féminin qu’on ne parvient pas à les envisager conjointement ; deuxièmement, comme si l’articulation travail-famille occupait toute la scène, évacuant les vieilles, qui n’ont plus personnellement la responsabilité de l’élevage des enfants, hors du panorama des inégalités ; et troisièmement, comme si la vieillesse était une déviance, suffisante en soi pour qu’on ne puisse pas penser des vieilles à d’autres injonctions et assignations. »
Notons encore que les « femmages » placés en fin d’ouvrage distinguent deux figures de renom : la sociologue française Andrée Michel, pour son féminisme international contre le militarisme et la guerre, et bell hooks, une féministe africaine-américaine révolutionnaire décédée en décembre dernier, dont les travaux sont « source d’inspiration et de courage ».
(Par Céline Rochat)
« Vieilles (in)visibles », Nouvelles Questions Féministes Vol. 41, No 1, Fassa Recrozio et al. (dir), éd.. Antipodes, 2022, 232 pages
Le livre Microtransitions à la crèche s’adresse aux équipes éducatives pour les aider à organiser au mieux ces passages délicats d'une activité à l'autre.
Gérer des dizaines de jeunes enfants toute la journée n’est pas une mince affaire et certains moments peuvent être plus délicats que d’autres. C’est du moins le constat que les autrices de Microtransitions à la crèche ont posé.
Comment organiser au mieux les transitions entre le repas, la sieste, le changement de couches, les sorties en extérieur, entre autres, sans tensions, en limitant l’agitation des plus jeunes et le stress des adultes ? L’ouvrage prodigue des conseils pratiques, comme utiliser des chansons pour marquer certaines transitions, éviter les changements d’équipe lors de ces dernières, aménager des lieux d’ancrage confortables pour permettre aux enfants d’attendre leur tour de manière agréable plutôt qu’entre deux portes, entre autres.
Les autrices, Dorothee Gutknecht, professeure à l’Université protestante des sciences appliquées de Fribourg-en-Brisgau et Maren Kramer, titulaire d’une maîtrise en éducation de l’efnance et directrice de crèche, proposent un livre très complet où les conseils côtoient des explications sur le développement de l’enfant et ses capacités à comprendre certaines consignes et à acquérir certaines compétences.
(YT)
Microtransitions à la crèche, comment aménager les moments intermédiaires dans le quotidien, de Dorothe Gutknecht et Maren Kramer, Ed. Loisirs et pédagogie, 2021, 96 pages
L’Organisation mondiale de la santé vient de publier cinquante recommandations pour que les avortements puissent avoir lieu sans compromettre la santé des femmes.
Chaque année dans le monde, plus de 25 millions d’interruptions de grossesse ont lieu de manière non sécurisées, mettant en péril la santé — parfois la vie — des femmes et jeunes filles qui y ont recours. Ces avortements se déroulent la plupart du temps dans des pays ayant une législation restrictive. Afin de présenter l'ensemble des recommandations et des déclarations de bonnes pratiques relatives à l'avortement, l’Organisation mondiale de la santé vient donc de publier, en anglais, ses recommandations en la matière.
Bien que les contextes juridiques et politiques, ainsi que les prestations proposées aux femmes, varient d'un pays à l'autre, les cinquante recommandations décrites visent à permettre une prise de décision fondée sur des données probantes en matière de soins de qualité en cas d'avortement. Ils doivent être sûrs, rapides, abordables, non discriminatoires, respectueux, centrés sur la patiente, équitable et sûrs.
Alors que l’État de l’Oklahoma a signé au début du mois de mai une des lois les plus restrictives en matière d’avortement aux Etats-Unis et que des manifestations pour le droit à l’IVG se sont déroulées dans plusieurs villes américaines, le document de l’OMS tombe à point nommé pour rappeler qu’interrompre une grossesse de manière clandestine et non médicalisée peut engendrer de graves conséquences.
Lorsque l'interruption de grossesse est pratiquée selon une méthode recommandée par l'OMS, adaptée à l'âge gestationnel et par une personne possédant les compétences nécessaires, les risques pour la santé de la femme sont très faibles. Malheureusement, les estimations mondiales montrent que 45% de tous les avortements ne remplissent pas ses conditions.
(OMS/YT)
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