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La chute de la biodiversité menace la santé

Mercredi 11.09.2024

Après La fabrique des pandémies, la réalisatrice Marie-Monique Robin se penche à nouveau sur la question de l’influence du mode de vie contemporain sur la santé dans Vive les microbes.

Recension par Jean Martin, médecin de santé publique, ancien médecin cantonal vaudois

vive les microbes recension jean martin reiso 400© M2R FilmsLa question de la biodiversité ne se résume pas simplement à une préoccupation des amoureux des petites fleurs ou de la faune. Les recherches scientifiques récentes montrent combien son affaiblissement a des conséquences très larges, en particulier pour la santé.

Après la réalisation de La fabrique des pandémies [1], en 2021, la journaliste et réalisatrice française Marie-Monique Robin s’est à nouveau saisie de cette thématique dans le documentaire Vive les microbes [2]. Elle s’y concentre sur le rôle essentiel joué par le microbiote — en réalité les microbiotes (intestinal, nasal, cutané) —, soit les milliers de milliards de bactéries que chaque humain·e héberge. Un ensemble de microorganismes extrêmement diversifié que le mode de vie contemporain appauvrit gravement.

Le documentaire se saisit d’un exemple frappant : depuis des années, les pédiatres remarquent de manière empirique qu’il existe beaucoup plus d’asthme et autres allergies chez les enfants des villes que chez les campagnards. La réalisatrice part ainsi en Franche-Comté voisine et dans les pays anglo-saxons, à la rencontre de médecins et autres chercheur·ses qui le démontrent scientifiquement. Le contraste se révèle très clair : les jeunes qui vivent dans un milieu près de la nature, exposé·es à de multiples bactéries, champignons, « poussières », ainsi qu’aux animaux, enregistrent une fréquence d’allergies beaucoup plus basse que chez les enfants citadins.

Si l’attention à l’hygiène a évidemment permis de grands progrès depuis plus d’un siècle, une certaine obsession pour la propreté, la crainte de se salir les mains, d’être au contact de la terre et de la saleté a affaibli la collectivité. Les preuves s’accumulent que l’absence de biodiversité végétale et animale dans les milieux urbanisés provoque un appauvrissement des microbiotes et de leur composition/diversité. Le bétonnage, l’hyper-hygiénisme, l’aseptisation des logements et des aliments industriels contribue à l’affaiblissement du système immunitaire et fait le lit des maladies chroniques, notamment les maladies métaboliques qui représentent aujourd’hui un grand souci (obésité, diabète, affections cardio-vasculaires...) pour la santé humaine.

Les faits apportés par la recherche sur les effets défavorables, pathogènes, de notre manière de vivre sont clairs. Si on veut croire que l’importance fondamentale d’un milieu biologique diversifié, animal et végétal, dans nos multiples activités et domaines, sera reconnue, on craint les puissances économiques et les lobbys qui ne montrent guère d’enthousiasme devant le besoin de changer leurs pratiques voire leurs principes. Tout le monde n’a en effet pas d’intérêt à les faire connaître et à en tirer les conséquences. Or, il s’agit de croire ce qui est scientifiquement démontré, et d’agir.

[1] La fabrique des pandémies montre comment, dans le monde entier, la disparition des modes de vie traditionnels, la montée de l'agriculture industrielle et l'urbanisation galopante ont été étroitement liées à l'émergence de la pandémie de coronavirus.

[2] Diffusion le 8 octobre 2024 sur Arte, date de diffusion sur la RTS encore non-communiquée.

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