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Jeune footballeur pro, un travailleur pauvre?

Jeudi 12.06.2025
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© Jacob Lund / Adobe Stock

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© Jacob Lund / Adobe Stock

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Loin des projecteurs, de jeunes joueurs en Suisse vivent sous le seuil de pauvreté. Une analyse interroge la protection sociale accordée à ces travailleurs du sport dépendant de contrats précaires et instables.

Par Jonathan Mbondo, Master en travail social, assistant HES

La protection sociale par le travail rémunéré n’est ni une généralité systématique ni une réalité absolue (Kuehni et al., 2017). Qu’en est-il de la vulnérabilité des footballeurs professionnels en Suisse ? À travers son travail, Mbondo (2025) [1] analyse la précarité de certains contrats de footballeurs non-amateurs, et contribue à fournir au travail social des connaissances spécifiques pour saisir les enjeux propres à cette catégorie de travailleurs pauvres. Il met ainsi en lumière un champ où le travail précaire tend à être « normalisé » (Roderick, 2006).

Si l’émergence du football féminin ces dernières années est indéniable, la recherche, et de facto l’article, se concentre sur le football masculin, principalement touché par cet enjeu de professionnalisation. La tranche d’âge choisie, 18-24 ans, s’aligne sur les données de l’Office fédéral de la statistique.

Le football professionnel au prisme des inégalités

Le football professionnel, perçu comme un ascenseur social, révèle aussi des inégalités (Bourdieu, 1979). En Suisse, quels enjeux sociaux sous-tendent la distinction légale des joueurs non amateurs de celles et ceux chaussant les crampons pour le plaisir uniquement ? Une contradiction persiste entre le prestige du métier et la réalité vécue par certains footballeurs professionnels (Casanova et al., 2008). La réglementation salariale des contrats non amateurs, qui fixe un revenu minimum inférieur au seuil de pauvreté, constitue un premier facteur exposant les jeunes footballeurs professionnels à la précarité. L’origine sociale de ces personnes majoritairement issues des classes populaires représente un second facteur de ce même mécanisme (OCDE, 2019). Cette situation accentue les inégalités et peut pousser ces jeunes à renoncer à leurs droits en matière de santé et de protection sociale.

Le travail présenté dans cet article repose sur une étude exploratoire adoptant une approche qualitative, combinant deux sources de données (Olivier de Sardan, 1995). Une recherche bibliographique couvre la sociologie générale et spécialisée (sport, football, pauvreté, santé), ainsi que l’analyse des actes juridiques de l’Association suisse de football (ASF), de la Swiss Football League (SFL) et d’un contrat de travail d’un footballeur professionnel. Ces éléments sont croisés avec une analyse de données quantitatives afin de contextualiser la problématique dans l’environnement social suisse.

Précarité du statut non-amateur

En Suisse, le statut de joueur·se non-amateur·se est défini par l’ASF et la SFL. Dès 17 ans, un·e joueur·se peut être considéré·e comme professionnel·le lorsqu’il·elle perçoit une rémunération supérieure à ses dépenses effectives, majorée d’un forfait mensuel de 500 francs (art 138. Al.1 et art. 139 al. 1 du Règlement de jeu de l’ASF, 2019). Pour valider ce statut, le club et le·a sportif·ve concluent un contrat écrit d’une durée déterminée (art. 6 al. 1 du Règlement sur la qualification des joueurs de la SFL, 2016).

Les art. 5, 6 et 7 prévoient la possibilité, pour le club, de refuser toute activité lucrative annexe du joueur ou de la joueuse si elle interfère avec les activités du groupe, à l’exception d’un apprentissage professionnel. Le·a sportif·ve est également tenu·e de participer à toutes les activités du club et de se consacrer pleinement à l’amélioration de ses capacités physiques et mentales. Les art. 19 et 20 stipulent que le salaire est soumis aux cotisations sociales légales, et que les frais liés aux fonctions du·de la joueur·se sont remboursés selon les modalités contractuelles (Conditions générales, 2017) [2].

Contrats, instabilité et hiérarchies salariales

La réglementation du sport professionnel favorise les contrats à durée déterminée, justifiés par le cycle des compétitions et la brièveté des carrières. Cette pratique représente un réel risque d’accentuer les inégalités entre les jeunes athlètes et la population active. Ainsi, contrairement aux stables contrats à durée indéterminée prédominants dans d’autres secteurs, de nombreux·ses sportif·ves font face à une précarité professionnelle (Bertrand & Brandon, 2000).

Ces conditions contractuelles s’accompagnent d’importantes disparités salariales au sein même du football professionnel. Une minorité de joueur·euses concentre en effet la majorité des revenus élevés. Cette hiérarchisation résulte de multiples facteurs : individualisation des performances, valorisation de certains postes, célébration des virtuosités techniques individuelles (Schotté, 2022). Le contrat de P. Louis, 22 ans, issu d’un milieu défavorisé, footballeur professionnel de deuxième division suisse, en est un exemple : il est engagé pour quatre mois, avec une rémunération brute de 1’500 francs (communication personnelle, 20 décembre 2024). Ses conditions contractuelles sont largement inférieures au seuil de pauvreté, alors que le salaire moyen mensuel des footballeurs en Suisse atteint environ 26'000 francs (Rodriguez, cité dans Rihs, 2019).

Persistance d’un mythe de réussite

Considéré comme une « voie royale », le football professionnel ne garantit pourtant pas une réussite automatique pour les jeunes (Bertrand, 2012). S’il promet une mobilité sociale exceptionnelle pour certain·es, il peut aussi renforcer les inégalités pour d’autres (Bertrand, 2015). L’étude de Mbondo & Zagarri (2024) en Suisse romande montre que le football est majoritairement pratiqué par des jeunes issu·es des classes populaires et moyennes. Cet « habitus » reflète le schéma de l’espace des positions sociales de Bourdieu (1979), sans pour autant exclure de ce champ compétitif la présence d’acteur·ices issu·e·s de la classe bourgeoise.

Le contrat non amateur, bien que précaire, représente souvent l’aboutissement d’un important investissement personnel et familial, qui joue un rôle clé dans ce processus de socialisation professionnelle (Bertrand, 2012). Ce système sélectif façonne la vocation des joueur·ses, légitime l’exclusion des autres et perpétue la domination des institutions sportives (Privet, 2012). Pourtant, ces jeunes persévèrent, le travail étant une source d’identité et de dignité (Basinski, 2007). Certain·es s’accrochent également pour rompre la reproduction sociale, inspiré·es par des modèles ayant réussi (Dubéchot, 2020)

La pauvreté, une définition complexe

Pour comprendre la précarité des footballeur·ses, il faut la replacer dans le cadre définitoire de la pauvreté. Charbonnel (2014) distingue la pauvreté absolue (minimum vital), relative (revenu médian), en conditions de vie (privation de biens essentiels) et subjective (sentiment d’être pauvre). Ces quatre dimensions révèlent la complexité du phénomène et sa variation selon les populations et les contextes. Les données statistiques ci-dessous complètent cette analyse théorique, pour tenter de saisir pleinement cette réalité sociale multidimensionnelle.

L’analyse théorique peut se traduire en chiffres : en Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique (2024), sur 648’000 jeunes de 18 à 24 ans, 50'000 d’entre elles et eux, soit 8%, vivent dans la pauvreté. Parmi les 33’000 actif·ves professionnellement, 10% (3’300) sont pauvres, cependant, ces données ne permettent pas d’identifier les footballeur·ses à travers les catégories professionnelles. En 2022, le seuil de pauvreté se situait environ à 2’284 francs par mois pour une personne seule (OSF, s d).

Corps exploités, droits absents

Cette étude déconstruit le mythe du football comme vecteur de mobilité sociale ascendante. Elle montre que certains joueurs professionnels perçoivent des rémunérations variables inférieures au seuil de pauvreté, que les CDD sont fréquents et que l’instabilité qui en résulte affecte leur sécurité économique. Les résultats interrogent les dynamiques de stratification sociale dans le sport et appellent à repenser les dispositifs de protection sociale, leurs structures ainsi que l’emploi comme norme sociale (Jamet, 2002).

Les footballeur·ses sont confrontés à un paradoxe du « double corps » : leur corps est à la fois leur capital et leur outil de travail, mais ils·elles doivent ignorer la douleur, s’exposant à des atteintes que Viaud (2008) qualifie « d’érosion des corps ». Cette situation se révèle d’autant plus grave pour les footballeur·ses non-amateurs·es issu·es de milieux défavorisés, l’impact des maladies étant plus marqué pour cette classe sociale (Mäder, 2007). Ce travail précaire, par sa vulnérabilité et son instabilité économique, représente donc un facteur d’endettement pouvant également altérer leur santé (Henchoz et al., 2024).

Selon Bouffartigue (2016), la précarité salariale influence négativement les droits sociaux et la représentation collective, affaiblissant la résistance des travailleurs et travailleuses à l’exploitation et à la domination. Ainsi, ces footballeurs pourraient in fine ne pas recourir aux dispositifs d’aide sanitaire et sociale à disposition par manque de visibilisation et de thématisation de la problématique rencontrée par cette catégorie de la population (Warin, 2016).

Vers une protection sociale hors terrains?

Cette recherche explore les conditions socioprofessionnelles des jeunes footballeurs professionnels âgés de 18 à 24 ans. Fondée uniquement sur des analyses documentaires, elle comporte un risque de surinterprétation (de Bonville, 2006). Néanmoins, les résultats ouvrent des pistes de réflexion pertinentes pour le champ du travail social.

Les difficultés économiques reflètent les inégalités sociales. Reconnaître ce lien est essentiel pour promouvoir une société plus juste et démocratique, fondée sur l’égalité et la solidarité (Rodari, 2014). Il serait donc judicieux d’explorer plus en profondeur la problématique de la précarité touchant certain·es athlètes suisses, notamment dans le football féminin qui est en expansion.

Lier la protection sociale à l’individu plutôt qu’à l’emploi pourrait contribuer à réduire les effets de la précarité des footballeur·ses, compte tenu de la « volatilité de revenus » reflétant les contraintes contractuelles du football comme secteur d’activité (OCDE, 2019). De plus, une approche proactive permettrait d’identifier les situations de vulnérabilité potentielles. Un programme de prévention incluant d’autres sports [3], les politiques publiques et le travail social pourrait alors être mis sur pied, afin d’anticiper et d’atténuer les effets néfastes des bas revenus sur la santé mentale et physique de ces publics (Mäder, 2007).

Bibliographie

[1] Travail non-publié, réalisé dans le cadre du cours de Master en travail social de Caroline Henchoz, « sociétés et problématiques sociales ».

[2] Conditions générales (cg) du contrat de travail pour joueurs non amateurs des clubs de l’association suisse de football

[3] La création de dispositifs spécialisés doit accompagner ces explorations. En ce sens, le projet d'innovation sociale ProBridge vise à soutenir les jeunes athlètes romand·es qui ne parviennent pas à se professionnaliser, risquant des problèmes psychosociaux, de santé, et d'insertion


Lire également :

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Comment citer cet article ?

Jonathan Mbondo, «Jeune footballeur pro, un travailleur pauvre?», REISO, Revue d'information sociale, publié le 12 juin 2025, https://www.reiso.org/document/14246

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