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Le troisième rapport national sur le personnel de santé montre que l’effort mis sur la formation, ces dernières années, a payé. Un écart conséquent persiste entre l’offre et les besoins de relève projetés pour les infirmier·e·s
L’Observatoire suisse de la santé (Obsan) a publié son troisième rapport national sur le personnel de santé. Ce dernier présente un état des lieux de l’effectif en soignant·e·s dans les institutions suisses (hôpitaux et cliniques, établissements pour personnes âgées et services d’aide et de soins à domicile). Il établit des projections concernant l’offre et les besoins de relève en personnel de soins et d’accompagnement pour la période 2019-2029.
Grâce aux efforts mis dans la formation, la publication fait état d’une augmentation du nombre de titres délivrés dans le domaine des soins et de l’accompagnement pour la période 2012-2019.
La situation actuelle du recrutement dans les professions de la santé reste cependant tendue. Comme indiqué au chapitre 12 du rapport : « le domaine le plus touché [est] celui des soins stationnaires de longue durée. D’une manière générale, on constate que plus le niveau de qualification requis est élevé et plus il est difficile de trouver du personnel. »
Les résultats présentés dans cette publication montrent qu’il est nécessaire de poursuivre les efforts engagés dans la formation. Il faut également agir sur d’autres fronts, comme le maintien et le déploiement du personnel.
(YT)
Lire également : « Nouveau programme de réinsertion pour infirmier·e·s », REISO, revue d'information sociale et santé publique, publié le 9 novembre 2021
Plusieurs associations françaises ont collaboré pour proposer un ouvrage destiné aux professionnel·le·s de l’aide à domicile. Ils et elles y trouvent des outils pour aider les enfants vivant avec une personne handicapée.
La situation des proches aidant·e·s est loin d’être simple, et cela quel que soit l’âge de la personne qui, jour après jour, apporte du soutien à un membre de la famille. Cependant, lorsque l’on est un·e adolescent·e, voire un·e enfant, la tâche peut s’avérer encore plus compliquée et avoir de lourdes conséquences sur le futur des deux personnes.
Fort de ce constat, le groupe français Handéo, actif dans l’aide à domicile de personnes handicapées a publié un guide pratique en collaboration avec quatre associations spécialisée dans le handicap. Intitulé « Repérer les jeunes aidants pour mieux les accompagner », il s’adresse aux personnes qui seraient amenées à interagir avec des jeunes aidant·e·s et leur famille.
En France, 700'000 personnes de moins de 18 ans seraient concernées par une situation d’aidance d’un·e proche, selon une estimation. Le guide fournit des pistes concrètes pour améliorer le quotidien de ces jeunes et livre aussi des témoignages de situations réelles.
(YT)
Jusqu’au 19 janvier, des capsules vidéo diffusées sur les réseaux sociaux visent à encourager les personnes concernées par le mobbing à réagir à temps. Un projet initié par un groupe de jeunes Vaudois·es, en collaboration avec CIAO.
Qu’est-ce que le mobbing ? Comment réagir face à une situation de harcèlement ? Quelles ressources peut-on mobiliser en cas de problème ? Voilà autant de questions abordées dans de courtes vidéos, diffusées entre novembre et janvier sur les réseaux sociaux.
Cette campagne de sensibilisation est le fruit d’un partenariat entre les membres de la Voix de la diversité, un groupe de jeunes Vaudois·es soutenu notamment par la Commission fédérale des migrations, et l’association CIAO.
Destinées à un public âgé de 15 à 20 ans, les vidéos-témoignages d’apprenti·e·s, issu·e·s de plusieurs domaines professionnels, illustrent sans détours les difficultés rencontrées par ces jeunes. Pour ce faire, les productions se concentrent sur les messages. Ceux-ci s'affichent sur fond noir, au fur et à mesure que la voix du ou de la témoin, détaille son expérience vécue. Pour trouver des solutions et de l’aide, la Voix de la diversité présente également les avis de trois experts : un psychologue, une avocate et un commissaire en apprentissage.
Le message est clair : il ne faut pas se laisser faire et des ressources existent pour se protéger contre le mobbing ou le combattre.
(YT)
L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies aborde, dans plusieurs ouvrages en anglais, toute une série de questions afin d’aider les praticien·ene·s à s’attaquer au problème de consommation.
Quelles sont les options de traitement les plus efficaces pour les problèmes liés au cannabis ? Comment réagir aux nouvelles tendances en matière de consommation de cocaïne ? Comment aider à prévenir l'usage non médical des médicaments ? Ce sont là quelques-unes des questions abordées dans une nouvelle collection de mini-guides en anglais lancée par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).
S'appuyant sur une revue globale de la recherche et sur l'étude de 29 pays, ces ouvrages sont conçus pour aider les praticien·ne·s et les décideurs et décideuses politiques à s'attaquer aux conséquences négatives de la consommation de drogues.
Publiés en quatre volées entre octobre 2021 et début 2022, ces mini-guides se concentrent tour à tour sur les modes d'utilisation, les effets nocifs, les contextes et les groupes vulnérables. La volée d'octobre sur les modes d'utilisation contient six ouvrages d'ores et déjà disponibles.
(YT)
En France, un réseau régional de cancérologie a établi une fiche de bonnes pratiques à l’intention des soignant·e·s en matière d’onco-sexologie. Le but ? Apporter des clés pour soutenir les patient·e·s dans leur vie intime.
Douleurs intimes, troubles du désir, manque d’estime de soi, problèmes de lubrifications ou d’érection : telles sont, entre autres, les difficultés auxquelles sont régulièrement confrontées les personnes qui suivent un traitement contre le cancer. Afin de leur garantir une prise en charge optimale, qui tienne compte également de leur sexualité, le réseau régional de cancérologie Paca-Corse a établi une fiche de bonnes pratiques destinée aux soignant·e·s.
Ce document vise à aider les soignant·e·s à aborder ce sujet intime, notamment grâce à une brève check-list de cinq questions. Cette publication s’inspire d’un référentiel « Préservation de la santé sexuelle et cancers », émis par l’Institut National du Cancer en juin 2021.
En osant poser quelques questions simples à la personne malade ou au couple qu’elle forme, le·a thérapeute contribue à éviter d’importantes souffrances et à prévenir des conséquences à long terme sur la fonction sexuelle et sur le couple.
Rappelant que les patient·e·s n’évoquent généralement pas spontanément le sujet de leur sexualité, il est précisé : « Pour tou·te·s les patient·e·s et pour tous les cancers, la prise en soins de la santé sexuelle doit être abordée tout au long du parcours de soins (de l’annonce à l’après cancer, y compris en phase palliative) quels que soient le genre, l’orientation sexuelle et le contexte social du patient. »
Présentée sous forme d’infographie, cette fiche contient enfin des liens vers d’autres ressources et outils complémentaires.
(YT)
Lien vers la fiche de bonnes pratiques : « Sexualité et cancer : une prise en charge spécifique de la santé sexuelle »
Trois questions à... : Caroline Jacot-Descombes, co-autrice de l’ouvrage Droits humains et éducation sexuelle, paru aux éditions IES.
L’éducation sexuelle telle que pratiquée dans les écoles résulte d’une construction sociale et historique émanant de différents cadres normatifs. Ces derniers sont eux-mêmes issus de cadres moraux et religieux, ainsi que de paradigmes et approches développés par des disciplines telles que la médecine sociale, la santé publique, l’éducation ou la psychologie. Dans quel cadre normatif l’éducation sexuelle se déploie-t-elle aujourd’hui ? Les droits sexuels, qui peuvent constituer un nouveau cadre de référence, sont-ils empoignés et actualisés par les personnes concernées ?
Paru à la rentrée aux éditions IES, l’ouvrage Droits humains et éducation sexuelle propose une analyse socio-historique de l’éducation sexuelle. Il rend compte de la richesse et de la diversité des pratiques de cette matière, tout en donnant la parole à des jeunes, à des parents et à des professionnel·le·s. Enfin, il analyse la place et le regard porté sur les droits sexuels en matière d’éducation sexuelle. Le point en trois questions avec Caroline Jacot-Descombes.
(REISO) Éducation sexuelle hier, éducation sexuelle aujourd’hui : les buts sont-ils toujours les mêmes ?
(Caroline Jacot-Descombes) Les buts de l’éducation sexuelle d’aujourd’hui ont évolué avec notre société (par ex. droits de l’enfant) et avec les objectifs de la santé publique et de l’éducation scolaire et familiale des enfants et des jeunes. Au début du 20ème siècle, l’éducation sexuelle poursuivait souvent des buts moraux : il s’agissait de réguler la sexualité des futur·e·s adultes, leur procréation et lutter contre les maladies vénériennes. Aujourd’hui, les objectifs de l’éducation sexuelle sont, au niveau de l’Etat, la prévention et la lutte contre les violences sexuelles, la prévention des infections sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées. A cela s’ajoute un but de promotion de la santé sexuelle dont l’objectif est d’outiller les enfants et les jeunes, pour que cette génération puisse vivre sa sexualité de manière auto-déterminée, avec plaisir et dans le respect des droits sexuels.
Que peut-on dire de l’évolution des cadres normatifs en matière d’éducation sexuelle ?
Les cadres normatifs évoluent mais souvent se juxtaposent. Aujourd’hui, le cadre normatif qui prédomine est celui de la santé publique. Il donne les objectifs à atteindre par l’éducation sexuelle pour que la population se protège contre les infections sexuellement transmissibles, des grossesses non voulues et soit protégée contre les violences sexuelles. Un nouveau cadre normatif est proposé depuis quelques années avec l’approche des droits humains. Il met l’accent sur des grands principes tels que la non-discrimination, l’auto-détermination et l’égalité. Le cadre basé sur une morale sexuelle, aujourd’hui souvent appelée « basé sur l’abstinence » n’est plus présent dans les écoles publiques en Suisse, mais demeure une référence dans certaines familles et dans des offres d’éducation sexuelle privées.
Comment une approche basée sur les droits humains influence-t-elle l’évolution de l’éducation sexuelle ?
L’approche basée sur les droits humains permet de proposer une éducation sexuelle à l’ensemble des enfants et des jeunes quelle que soit leur histoire, leur culture familiale, leur identité, leur croyance ou leurs préférences. Cette approche vise à enseigner les droits sexuels et développer les compétences psycho-sociales des enfants, dans le but qu’ils et elles puissent les utiliser et les respecter. L’approche selon les droits permet une conception inclusive de l’éducation sexuelle.
(IES/propos recueillis par CROC)
Une étude mandatée par la Confédération a examiné la valeur des formations sur le marché du travail suisse et son évolution au fil du temps. Elle s’est également penchée plus particulièrement sur la formation professionnelle.
Les résultats d’une étude portant sur le marché du travail en Suisse montrent que le succès rencontré dans le milieu professionnel a évolué parallèlement pour différents diplômes, au cours des 20 à 25 dernières années. L’analyse, menée par la Haute école fédérale en formation professionnelle à Zollikofen pour le compte du Secrétariat d’Etat à l’économie, a permis de constater que la formation professionnelle de base reste déterminante sur le marché du travail suisse.
Sur la durée, les personnes possédant une formation professionnelle de base présentent des taux d’emploi plus élevés et un chômage moindre. En outre, la formation professionnelle de base préserve davantage contre les salaires bas par rapport à la formation générale. Pour atteindre les échelons supérieurs de la répartition salariale, suivre une formation de degré tertiaire est généralement une condition sine qua non.
Il apparaît enfin que les chances de trouver un emploi rémunéré associées à un titre de formation n’exercent qu’une influence limitée sur la satisfaction subjective d’une personne par rapport à sa situation professionnelle. Cela suggère que les indicateurs objectifs du marché de l’emploi tels que le risque de chômage ou le taux salarial n’autorisent aucune appréciation complète de la valeur individuelle des diplômes de formation.
Publiée en allemand, cette étude contient un résumé en français, en italien et en anglais.
(Source : SECO)
Lien vers le rapport de l’étude « La valeur des formations sur le marché du travail suisse »
Dans la web série documentaire « Parlez-moi d’amour », deux générations se livrent autour de la thématique de l’amour. Entre ouverture à l’autre et à soi-même se tissent des échanges tout en finesse.
Qu'est-ce que l'amour ? Avantages comparés de la lettre d'amour et du message digital ? L'amour peut-il perdurer au-delà de la mort ? Comment pardonner lorsque l'on a été trompé·e ? Dans la web série documentaire « Parlez-moi d'amour », des résident·e·s d'un EMS fribourgeois et trois adolescents abordent ensemble ces sujets. Avec délicatesse et authenticité, ils et elles se livrent, s'interpellent, se découvrent, se souviennent ou se projettent.
Chef d'orchestre du projet, le cinéaste Baptiste Janon raconte comment l’aventure est née : « Au départ, ces jeunes s'étaient inscrits à un atelier cinéma. La proposition était de travailler sur l'intergénérationnel. Mais les histoires qu'ils racontaient relevaient passablement de clichés. Quant à moi, j'aime puiser la matière première sur le terrain, dans le réel, de façon documentaire, même en vue d'une fiction. » Entre les préconçus des adolescents et les aspirations artistiques du réalisateur émerge ainsi l'idée de rencontrer des personnes âgées, afin de nourrir l'imaginaire des jeunes. Et la magie opère : « Alors que les aîné·e·s étaient simplement invité·e·s à raconter leur vie, ils ont en fait beaucoup parlé d'amour. C’était extrêmement fort. Les personnes âgées se sont ouvertes de façon phénoménale. » Restait à trouver un financement pour ce qui est devenu un projet parallèle à l'atelier cinéma. Ce fut chose faite, notamment en remportant l'appel à projet du festival Vision du Réel.
Durant six mois, à raison d'une fois par semaine, les jeunes impliqués dans le projet échangent deux heures durant avec quelques résident·e·s, elles et eux aussi librement engagés dans l'expérience. Baptiste Janon anime les échanges, soigneusement préparés en amont : « Les épisodes étaient pré‑écrits mais ils ont été modifiés à la suite des rencontres. En effet, les jeunes tout comme les personnes âgées se sont emparés du dispositif ». C'est peut-être de là que vient, au visionnement de la web série, cette sensation de recevoir de précieuses confidences en toute simplicité.
Entre authenticité et finesse, chaque épisode laisse comme une impression de toucher à l'essentiel. Ainsi du thème de la mort, par exemple, présent dans plusieurs épisodes. En écho au récit d’une aînée qui se remémore le décès de son mari, un jeune livre son propre désarroi : « En pensant par exemple à ma copine, m’imaginer qu’elle puisse partir comme ça, d’un jour à l’autre… Ça serait comme un vide énorme, je sais pas comment je pourrais vivre avec ça, recommencer une nouvelle vie avec quelque chose d’essentiel en moins ». Bien plus légère, l’évocation des découvertes autour des premiers baisers : « J’entendais parler de langues fourrées, je croyais que c’était une pâtisserie… j’avais 27 ans. » A nouveau plus pesante, la question du mensonge : « En nettoyant les habits militaires de mon mari, je découvre une lettre d’amour d’une autre femme. Ça m’a fait quand même un coup. » Un jeune s’étonne du pardon accordé au mari par l’épouse trompée. Et nous revoilà au cœur du thème de la série, avec la réponse donnée dans un souffle : « Et par amour, qu’est-ce qu’on ne fait pas ? ».
(Nicole Berger)
Lien vers la websérie ; huit épisodes de trois minutes. Production : Association des Maxi Beaux Arts (Fribourg) dans le cadre du concours de web séries documentaires du festival Vision du Réel (Nyon), en partenariat avec la Fondation Leenaards et le Service de la prévoyance sociale de l'Etat de Fribourg.
L’application Experts App offre aux responsables de la formation d’apprenti·e·s des articles les aidant à soutenir la santé mentale des jeunes en formation. Le13 octobre, un tchat en direct y portera sur le thème de l’alcool.
Former un·e apprenti·e, ce n’est pas uniquement lui transmettre des connaissances métier. C’est aussi, parfois, le·a soutenir durant son adolescence et son entrée dans le monde des adultes, une étape qui peut se révéler compliquée. Pour donner des outils aux formateurs et aux formatrices, Promotion Santé Suisse a développé un site internet, Friendly work space Apprentice.
Les informations contenues sur cette plateforme se répartissent en trois rubriques : « Prévenir », « Agir » et « Informer ». Dans cette dernière, quatre thèmes (« Conduite d’apprenti·e·s », « spécificités de l’adolescence », « Tâches et stress » et « Motivation et performances ») contribuent à renforcer les connaissances théoriques des formateurs et formatrices.
Pour l’ensemble des sujets abordés, des ressources complémentaires, en supports documentaires, en interviews de spécialistes ou en points de contact sont proposées. Notons encore que des analyses de cas concrets sont publiées et que des rencontres entre formateurs et formatrices sont organisées régulièrement. En raison de la situation sanitaire, celles-ci se déroulent actuellement en ligne.
En plus du site internet, une application « Experts App » fournit régulièrement des contenus sur la santé mentale des adolescent·e·s, ainsi que sur la santé au travail et dans les loisirs. En plus des articles accessibles en tout temps, l’application héberge, tous les deux mois, des sessions de tchat avec des expert·e·s, grâce auxquelles les responsables de formation peuvent adresser leurs questions directement à des professionnel·le·s. La prochaine session, qui s'intéressera à la question de l'alcool, se déroulera le 13 octobre, de 13h à 17h.
(croc)
Un ouvrage de référence centré sur les jeunes trans et non-binaires vient de paraître. Cette publication interdisciplinaire, qui vise à collecter les réflexions les plus récentes en la matière, est une première en français.
Une introduction, dix-huit chapitres et une conclusion pour plonger de manière scientifique dans le cheminement des jeunes trans et non-binaires. Près de 400 pages pour réfléchir à la communication visant à favoriser l’inclusion des jeunes trans, se questionner sur un code éthique en matière de recherche concernant les personnes et les communautés transgenres, ainsi que pour interroger diverses notions juridiques. Mais aussi pour découvrir des textes évoquant divers aspects du travail social et de la prévention, ainsi que de approches thérapeutiques en psychothérapie et en médecine. Les récits se basent sur des pratiques majoritairement issues du Canada et de la Suisse, dont la majeure partie des auteurs et autrices sont issu·e·s.
Avec Jeunes trans et non binaires ; de l’accompagnement à l’affirmation, les éditions du remue-ménage publient un premier ouvrage de référence, en français, centré sur les jeunes trans et non-binaires. Destiné aux parents, au personnel du milieu scolaire, des services sociaux ou de santé, ce livre est recommandé par la Fondation Agnodice, dont la co-fondatrice Denise Medico a codirigé la publication. Adèle Zufferey, psychologue de la Fondation, témoigne des « Approches de groupe en méthodologie autogérée entre parents d'enfants trans » et Erika Wolkmar, directrice d’Agnodice, s’exprime dans la conclusion aux côtés de Gabrielle Bouchard, du Centre de lutte contre l’oppression des genres au Québec.
Mentionnons encore les contributions de Jacques Thonney, médecin psychiatre et psychothérapeute à la Fondation de Nant, ancien responsable de la section Eugène Minkowski du Département de psychiatrie du CHUV, au sujet de « L’accueil des jeunes trans en institution psychiatrique ». Raphaël Wahlen, pédiatre à la Division interdisciplinaire de santé des adolescents (CHUV), évoque quant à lui les « Enjeux médicoéthiques posés aux médecins lors de la prescription de traitements d’affirmation de genre à des jeunes trans et non binaires ».
Cet ouvrage interdisciplinaire défend « une approche dite «transaffirmative», qui repose sur une vision non binaire du genre, non pathologisante, respectant l’autodétermination et l’expertise des personnes sur leur vie ». Il vise à « fournir des fondements théoriques et pratiques sur le sujet, dans le but d’accompagner et d’améliorer la qualité de vie de ces jeunes. »
(croc)
Jeunes trans et non binaires ; de l’accompagnement à l’affirmation, Annie Pullen Sansfaçon et Denise Medico (ed.), Ed. du remue ménage : Montréal, 383 pages
Deux textes expliquant les objets soumis au vote le 26 septembre prochain ont été traduits en langage facile à lire et à comprendre. Une première initiative en Suisse romande, bénévole, qui marque un pas vers l’autodétermination et le vivre ensemble.
« Tout n’est pas encore parfait, notamment en termes de mise en page, mais le contenu a la vertu d'exister et de permettre aux publics concernés d'accéder à ces informations. » Nicole Berger, travailleuse sociale et rédactrice en langage facile à lire et à comprendre (FALC), se réjouit de la publication de deux textes, sur la plateforme infoeasy, au sujet des prochaines votations du 26 septembre.
Si une partie de la population visée par cette traduction en FALC ne dispose pas du droit de s’exprimer dans les urnes, le travail de vulgarisation n’en demeure pas moins essentiel : « Ces textes apportent de précieuses ressources aux personnes en situation de handicap et favorisent leur intégration dans la société », se réjouit Nicole Berger. Et de poursuivre : « Les résident·e·s qui rentrent le week-end dans leur famille et qui peuvent participer aux discussions sur les sujets sociétaux ressentent une grande fierté. Ils et elles se sentent intégré·e·s. »
Cette forme de démocratisation de l’information concourt donc à l’autonomisation des personnes en situation de handicap. Des textes officiels traduits en FALC leur donnent accès à une matière factuelle. Ainsi, elles et ils ont l’occasion de se forger leur propre opinion. « Les personnes en situation de handicap qui savent lire et surfer sur internet y cherchent parfois des informations. Elles se tournent alors vers ce qu’elles peuvent comprendre. Souvent, malheureusement, ce sont des informations simplistes et tronquées. » Et de citer des affiches populistes publiées durant les campagnes de votation, qui ne s’emparent que d’une (infime) partie d’un sujet pour influencer l’avis du public. En FALC, il n’est nullement question de tronquer le message, mais d’en simplifier la teneur : les verbes sont des verbes simples, comme être ou avoir, et les phrases sont très courtes.
Du côté des professionnel·le·s du travail social, ces publications s’avèrent également être des outils bienvenus. « Lorsque je suis dans ma fonction de travailleuse sociale, je n’ai pas le temps de préparer moi-même de tels documents. Or, il est utile de pouvoir en bénéficier car ils aident à répondre à la demande des résident·e·s ou d’initier une discussion. » Elle rêve ainsi de financements fédéraux qui contribueraient à la diffusion régulière de contenus accessibles à chacun·e. « Nous avons quatre langues nationales, pourquoi ne pas traduire également et automatiquement les messages en FALC ? »
« Ce langage sert également aux aîné·e·s, à la population allophone, ou même à celles et ceux qui peinent à comprendre un article de presse. »
La dynamique et enthousiaste rédactrice rêve que le langage FALC s’installe comme un automatisme, une normalité. « Lorsque les premières informations fédérales sur le Covid sont sorties, l’an passé, elles ont été traduites en FALC. » Une démarche réjouissante, utile à une multitude d’individus : « Ce langage sert également aux aîné·e·s, à la population allophone, ou même à celles et ceux qui peinent à comprendre un article de presse. »
Et lorsque l’on en vient aux objets de votation, cette traduction se révèle d’autant plus pertinente, ainsi que l’a prouvée une expérience privée vécue par Nicole Berger : à une de ses amies qui peinait à comprendre la démarche, elle a fait lire la version FALC sur le Mariage pour tous. Elle sourit : « Ma copine a réagi immédiatement par un « Eh bien, ça me donne envie de voter ! ». Cette femme n’a pas de handicap ni de trouble du langage, mais elle n’apprécie pas de lire les dizaines de pages compliquées qui accompagnent chaque bulletin de vote. Je crois que dans ce cadre, le langage FALC est particulièrement utile pour tout le monde. »
(Céline Rochat)
Lien vers le texte sur le Mariage pour tous en FALC
Lien vers le texte sur l’Initiative 99% en FALC
Une journaliste française a questionné l’émergence de nouvelles pandémies en interrogeant une soixantaine de scientifiques internationaux. Résultat ? La sauvegarde de la biodiversité relève d’un impératif pour la santé planétaire.
Par Jean Martin
Marie-Monique Robin est une journaliste et réalisatrice française qui s'est fait connaître par des recherches sur les pesticides et l’agroécologie. Elle vient de publier un livre remarquable, qui ouvre des perspectives majeures en rapport avec la pandémie actuelle.
Entre mai et juillet 2020, cette autrice a contacté soixante scientifiques de haut vol, sur les cinq continents. Son but ? Préciser ce que les données scientifiques avérées permettent de savoir de l'émergence probable de nouvelles pandémies. Le constat s'avère passionnant, éclairant... et inquiétant.
Dans le monde entier en effet, des études montrent que la disparition des moyens de subsistance traditionnels de nombreuses populations sont étroitement liés aux problèmes actuels. L'agriculture industrielle et l'urbanisation galopante dévastent les territoires encore vierges : ces mutations ont accru les contacts et conflits entre humains et beaucoup d'espèces animales sauvages, porteuses de centaines de virus. Selon toute probabilité, le Covid pourrait être la première de plusieurs (beaucoup ?) pandémies. Dans la foulée, Robin affirme : « Si nous ne revoyons pas de toute urgence notre rapport à la nature, nous vivrons dans une ère de confinement chronique. »
La journaliste fait référence notamment aux travaux de Jakob Zinsstag, professeur à l’Institut tropical et de santé publique de Bâle. Ce dernier a développé le concept de « One Health », qui considère ensemble les questions de médecine humaine et vétérinaire [1] - un concept à l’évidence essentiel dans la pandémie Covid. Est décrit aussi le programme « Planetary Health », initié par Lancet [2], qui défend également une approche holistique des défis actuels. Et Robin d’ajouter : « Il est temps que les pouvoirs publics comprennent que la santé humaine dépend de celles des écosystèmes et des animaux. »
La notion de « services écosystémiques » a émergé dans les années 2000 à la suite d’une initiative de l’Unesco, comme une stratégie de gestion intégrée des terres, des eaux et des ressources vivantes. Il s’agit de considérer les bénéfices que les personnes et sociétés obtiennent du bon fonctionnement des écosystèmes. C’est une réflexion qu’il importe de développer aussi à propos de la pratique médicale et du système de santé (c’est le cas par exemple au sein de Unisanté, à Lausanne).
Un chapitre est consacré à « l’effet dilution ». On a montré que les organismes dangereux ont d’autant moins d’opportunités de déclencher une crise sanitaire s’ils existent dans un biotope largement diversifié (pages 136-143). C’est un enseignement majeur : loin d’être seulement sympathique pour celles et ceux qui aiment la nature, la biodiversité a été – et devrait rester – des « homogénéisations » délétères et tous azimuts que vit/subit notre monde.
Dans ce sens, on notera le chapitre où Marie-Monique Robin traite des allergies. Elle s’arrête sur le fait reconnu que la partie de l'humanité vivant dans des environnements très propres, parfois quasi aseptisés, développe beaucoup plus d'allergies que les personnes exposées au contacts avec les animaux, la nature, la terre, voire la poussière ou la saleté : « Quelle ironie, nous sommes confrontés à deux menaces : une de pandémies de maladies transmissibles dues à des pathogènes émergents et l’autre faite de maladies non-transmissibles liées à la disparition de pathogènes. »
La journaliste évoque encore le « paradigme de Stockholm » (pages 229-235). Celui-ci rompt avec la théorie dominante selon laquelle l’association hôte-pathogène est très stable au cours du temps. En réalité, beaucoup d’organismes ont la capacité d’acquérir de nouveaux hôtes rapidement en cas de bouleversements tels que le dérèglement climatique (c’est l’ecological fitting). Ainsi des pathogènes qui étaient initialement des « spécialistes » peuvent devenir des « généralistes » et leur potentiel de dommages s’élargit d’autant.
Les données présentées représentent une mise au point solide sur des réalités éco-biologiques qui sont à l’origine du phénomène Covid. Et on reste songeur en constatant que tant d'élites politiques, économiques, intellectuelles, regardent ailleurs alors que les faits avérés sont là, disponibles pour qui veut bien s'y intéresser.
[1] Jakob Zinsstag et al. One Health: The Theory and Practice of Integrated Health Approaches. CABI Books, 2020.
[2] Lancet Commission on Planetary Health. The Lancet, vol. 386, 14 novembre 2015.
Un document élaboré par l’Association faîtière suisse pour l’animation socioculturelle enfance et jeunesse offre aux professionnel·le·s des bases et des outils spécifiques pour inclure les droits des plus jeunes dans leur travail.
« Jusqu'à présent, les professionnel·le·s de l’animation socioculturelle enfance et jeunesse manquaient de bases et d'outils spécifiques pour aborder et promouvoir les droits de l'enfant sur le terrain », affirme l’Association faîtière suisse pour l’animation socioculturelle enfance et jeunesse (DOJ/AFAJ). Afin de remédier à cette lacune, celle-ci vient de publier ses Recommandations – Droits de l’enfant dans l’animation socioculturelle enfance et jeunesse. « Cette publication comble le fossé entre la théorie et la pratique, et offre aux professionnel·le·s de l’animation socioculturelle enfance et jeunesse des idées et des instructions pratiques pour mieux comprendre et mettre en œuvre les droits de l’enfant. »
Ces lignes directrices ont été élaborées en collaboration avec le Réseau suisse des droits de l'enfant, punkto Eltern, Kinder & Jugendliche et la Fondation Pro Juventute Suisse. Elles contiennent des informations de base et des suggestions pour la mise en œuvre et sont disponibles en trois langues : français, allemand et italien.
Ce document facilite l’accès à la Convention relative aux droits de l'enfant et contribue au développement professionnel des animatrices et animateurs en établissant des liens méthodologiques. Après une première partie théorique consacrée à la Convention relative aux droits de l'enfant et à son contenu, le deuxième volet traite des possibilités de mise en œuvre pratique. Par ailleurs, cette publication fournit de nombreuses sources d'informations complémentaires.
Les recommandations en ligne se trouvent sur le wiki de l’AFAJ. Les suggestions d'ajout et d'amélioration sont les bienvenues à l'adresse .
(Source : DOJ/AFAJ)
Premier canton romand à rejoindre la plateforme suprarégionale d’information « Ma Place », le Valais met à disposition des personnes en situation de handicap un outil favorisant leur auto-détermination et leur liberté de choix.
Depuis cet été, les prestations des institutions spécialisées valaisannes sont publiées sur www.maplace.ch. Sept autres cantons, alémaniques, utilisent également cet outil numérique. Appliquant des critères d’accessibilité élevés, cette plateforme a pour vocation de fournir des informations actualisées aux personnes en situation de handicap ainsi qu’à leurs familles et répondants légaux.
Ce site a été développé par l’Association zurichoise des prestataires de services pour personnes en situation de handicap (INSOS Zurich). En collaboration avec les autres cantons, il a été retravaillé et adapté pour répondre aux exigences d’une utilisation intercantonale. Dans l’esprit de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, il vise à promouvoir l'autodétermination et la liberté de choix des personnes en situation de handicap en leur fournissant les informations nécessaires à l’exercice de leurs droits.
Par son accessibilité, cette plateforme constitue un moyen simple de trouver une offre qui correspond aux besoins et de choisir, dans un catalogue complet, les prestations souhaitées. Les places sont réparties par type de handicap (cognitif, psychique, physique, etc.) et selon le type de prestation, tel que le logement, les centres de jour, les ateliers, le soutien socio-éducatif à domicile et l'intégration professionnelle en entreprise. De manière plus fine, le type d’hébergement, le champ d’activités, leur localisation géographique tout comme les places vacantes sont précisés. Ces options garantissent ainsi aux utilisateurs et utilisatrices de trouver une gamme de prestations adaptées. Afin d’assurer son accessibilité et en complément du français et de l’allemand, le site est également disponible en langage simplifié ainsi qu’en langue des signes française et alémanique.
La participation valaisanne à cette plateforme met en lumière la diversité de l’offre de prestations sur le territoire cantonal. Pour garantir l'actualisation des données et des prestations disponibles, les institutions spécialisées mettent régulièrement à jour les places disponibles. Cet instrument s’ajoute aux prestations de soutien gratuites, offertes notamment par Emera Conseil social qui reste responsable de l’évaluation des demandes de placement et poursuit ses prestations d’accompagnement pour la co-construction d’un projet de vie et la recherche de prestations adaptées.
(Source : Etat du Valais)
Une consommation inadéquate de médicaments a engendré plusieurs dizaines de décès d’adolescent·e·s ces dernières années. Une nouvelle brochure d’Addiction Suisse informe et donne des pistes pour aborder le dialogue.
Anodin, un sirop pour la toux ? Pas tant que ça. Comme l’indique Addiction Suisse, « les médicaments pouvant engendrer une dépendance sont facilement accessibles. » Pour les jeunes, il suffit d’ouvrir l’amoire à phramacie familiale et de se servir de médicaments qui contiennent, malgré leur accès en vente libre, des substances dangereuses, surtout lorsqu’elles sont mélangées à d’autres produits. Ils peuvent aussi en obtenir facilement aujourd’hui sur les réseaux sociaux ou auprès de leur cercle d’ami·e·s. Certain·e·s s’approvisionnent en pharmacie, sur le marché noir ou sur internet.
La consommation de médicaments psychoactifs a souvent lieu dans un contexte festif, en compagnie de personnes du même âge. Elle échappe généralement au contrôle des parents, qui sont surpris et consternés lorsqu’ils ont connaissance de cette pratique. Les benzodiazépines (tranquillisants), la codéine ou le dextrométhorphane (sirop contre la toux) ainsi que les antidouleurs contenant des opioïdes sont les produits les plus utilisés.
Pour encourager et faciliter le dialogue, les adultes trouveront de précieux outils dans une brochure développée par Addiction Suisse. L’organisation y recommande par exemple de ne pas formuler de reproches dans la communication avec les adolescent·e·s, mais d’exprimer son inquiétude et d’adopter une position claire : se livrer à des expériences avec des médicaments est trop dangereux.
Cette publication informe également sur les médicaments concernés, les motifs de consommation et les risques. Elle propose des pistes utiles pour prévenir ou gérer les problèmes, comme la conservation des médicaments hors de la portée des enfants et des adolescent·e·s. Un autre aspect important est l’attitude des adultes face aux médicaments. En font-ils usage facilement ? Des suggestions pour répondre aux motivations des jeunes sans avoir recours aux médicaments sont énoncées, par exemple en explorant d’autres façons de faire face à la pression de la performance ou aux sentiments négatifs. L'exploration de sensations fortes dans le cadre des loisirs est également suggérée.
Un autre dépliant, beaucoup plus succinct, est destiné aux ados. Il peut servir de base pour entamer un échange. Comme la brochure, il peut être distribué par l’école, lors de soirées de parents ou dans les services spécialisés.
Si les parents ont un rôle important à jouer, les autorités ne doivent pas rester inactives. Des mesures s’imposent au niveau politique et juridique. Addiction Suisse demande que tous les médicaments contenant de la codéine et du dextrométhorphane ne soient remis que sur prescription médicale. Par ailleurs, l’ordonnance sur les tableaux des stupéfiants ne devrait plus prévoir d’exception aux mesures de contrôle les plus strictes pour ce type de produits. La consommation augmente et peut avoir une issue fatale.
En Suisse, selon l’enquête Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) de 2018, 4.5% des garçons et 4.1% des filles de 15 ans ont déjà pris au moins une fois des médicaments dans l’intention d’en ressentir les effets psychoactifs. Chez les garçons, cela représente une nette augmentation par rapport à 2006.
Le mauvais usage de médicaments recèle de multiples dangers, comme une propension accrue à prendre des risques, des accidents et le développement d’une dépendance. Il peut aussi avoir un impact négatif sur la vie sociale. La consommation simultanée avec d’autres substances (alcool, cannabis ou autres drogues) est particulièrement dangereuse. Elle augmente le risque d’événements graves, voire de décès à la suite de problèmes cardiovasculaires et d’arrêt respiratoire. En Suisse, ce problème a été à l’origine de plusieurs dizaines de morts chez les jeunes ces trois dernières années.
(croc / Addiction Suisse)
Lien vers la brochure Médicaments, en parler avec les ados ; Brochure pour les parents
Lien vers le dépliant pour les jeunes Tranquillisants Antidouleurs Somnifères « Lean » Mélanges
Une équipe interdisciplinaire de la Haute école de gestion Arc et de la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HES-SO) met en ligne un site Internet voué à lutter contre la précarité dans les cantons romands.
« Ai-je le droit à des prestations sociales ? » ou encore « A quoi bon solliciter une aide, si au bout de toutes les démarches je n'ai droit à rien ? » Pour éviter que les personnes qui se posent ces questions renoncent à solliciter des prestations auxquelles elles auraient droit, la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HES-SO) et la Haute école de gestion Arc ont développé un outil numérique, facile d'accès. Cet instrument novateur, qui garantit l'anonymat des utilisateurs et utilisatrices, vise très clairement à limiter le non-recours aux prestations sociales.
Ainsi, il suffit de quelques clics sur jestime.ch pour apprécier son droit à recevoir des prestations sociales. En introduisant un minimum d’informations, les adultes domiciliés dans un canton romand peuvent facilement évaluer leur droit avant d’envisager une demande formelle aux institutions concernées. Il suffit de se munir de sa déclaration d’impôts et de répondre aux questions posées. Sur cette base, chacun·e est orienté·e vers les prestations dont il·elle pourrait bénéficier en fonction de sa situation personnelle. En plus, une évaluation du montant auquel il·elle pourrait prétendre est réalisée.
jestime.ch fournit aussi des liens vers les services officiels et les organismes de soutien. De cette manière, les individus sont informés de leurs droits, ainsi que des démarches à entreprendre et des endroits où obtenir de l’aide.
Ce projet s’adresse au grand public, mais aussi aux institutions de l’action sociale qui peuvent l’utiliser dans leurs permanences. Il a bénéficié pour son développement de la collaboration des services sociaux cantonaux concernés, de Caritas, des CSP, de Pro Infirmis et de Pro Senectute. Ce projet est inscrit dans le Centre suisse de compétence en recherche sur les parcours de vie et les vulnérabilités LIVES. « Les droits sociaux sont très complexes et il peut être difficile de les comprendre. Faute d’information, trop de personnes ne touchent pas de prestations sociales. Jestime.ch propose une solution facile d’accès », déclare Jean-Pierre Tabin, professeur à la HETSL.
De son côté, le professeur de la HEG Arc Cédric Gaspoz est depuis longtemps sensible à la problématique de la non-utilisation des prestations sociales. « Au travers de ce projet, se réjouit-il, l’équipe de recherche a pu mettre ses compétences en informatique de gestion au service des systèmes d'aide à la décision dans une démarche d’innovation sociale ».
En Suisse, nombreux·ses sont celles et ceux qui ne sollicitent pas les prestations sociales auxquelles elles et ils ont droit. Selon une enquête de 2019, cela concerne par exemple à Berne environ un quart des potentiel·le·s bénéficiaires de l’aide sociale. Ce manque de recours aux prestations s'explique principalement par un manque d’information, la complexité des dispositifs sociaux et le caractère stigmatisant de certaines prestations. Le non-recours produit des inégalités sociales entre les personnes faisant valoir leurs droits et les autres. Il génère également un coût lié à l’aggravation de problématiques qui ne sont pas prises en charge. Finalement, il questionne l’efficacité des politiques sociales comme le bon dimensionnement budgétaire de ces prestations.
(Source : HETSL)
Un rapport publié par l’Académie nationale de médecine, en France, pointe la nocivité de la pollution lumineuse sur la santé publique.
Des enseignes lumineuses, des lampadaires, des panneaux indicateurs rétro-éclairés, partout, tout le temps. Si l’omniprésence de la lumière se révèle être - notamment - un désastre écologique, les chercheur·se·s de l’Académie nationale de médecine viennent de mettre en avant les effets néfastes de cette pollution lumineuse sur la santé humaine.
La lumière artificielle constitue en effet, selon leurs travaux, « un agent polluant délétère pour la rétine ». Cette toxicité est due à la bande bleue du spectre visible, élément fortement présent dans les LED. Celle-ci perturbe le métabolisme des cônes et bâtonnets de la rétine, augmentant considérablement les risques de maladies dégénératives de l'oeil, notamment la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ce risque est encore augmenté par des facteurs d’hérédité.
D’autre part, le rapport pointe les effets négatifs que l’exposition nocturne à la lumière artificielle engendre sur l’horloge interne. « La lumière inhibe la sécrétion de mélatonine et est capable d’avancer ou de retarder l’horloge selon l’heure d’exposition », détaille le document. Les travailleur·se·s posté·e·s de nuit y sont particulièrement sujet·te·s. « L’incidence de cancer du sein, 50 à 200% plus élevée chez les infirmières exposées à la lumière artificielle, est rapportée à l’inhibition de la mélatonine, la privation de sommeil et la désynchronisation. L’exposition des adolescents aux écrans fait aussi question car les LEDs des appareils émettent une lumière bleue, dont l’impact sur l’horloge est considérable. Les désynchronisations chroniques des travailleurs de nuit comme celles des adolescents doivent être considérées comme des préoccupations importantes de santé publique », écrivent les auteurs et autrices de ce rapport.
Ce document est conclu par une série de recommandations émises à l’intention de divers publics. Ainsi, il est préconisé, pour les pouvoirs publics, d’inclure la pollution lumineuse dans la liste des agents perturbateurs endocriniens, d’émettre diverses réglementations autour de l’usage de la lumière bleue ou encore d’introduire une éducation aux dangers des écrans auprès des élèves.
Les industriels et travailleur·se·s de nuit se voient recommander de ne pas enchaîner plus de trois nuits de suite et de favoriser un moment de sieste pendant les services nocturnes. Enfin, une distance suffisante aux écrans, l’utilisation de filtres contre la lumière bleue, la limitation du temps de consommation de médias électroniques et la pratique d’activités physiques régulières sont notamment conseillées aux parents, aux adolescent·e·s et aux malvoyant·e·s.
(CROC)
Lien vers le rapport « Pollution lumineuse et santé publique »
Les jeunes « qui veulent apprendre à gérer les situations difficiles » trouveront de nombreuses informations dans la brochure Prends soin de toi ! éditée par l’Université de Zurich, avec le soutien de l’OFSP.
C’est une véritable boîte à outils que le Département de psychologie appliquée de l’Université de Zurich a publié à l’intention des adolescent·e·s. Les 24 pages de Prends soin de toi ! commencent par déconstruire treize idées reçues au sujet de la santé psychique, du suicide, des addictions, de la dépression ou de la psychothérapie. Diverses activités « anti-stress » sont ensuite proposées aux lectrices et aux lecteurs « qui veulent apprendre à gérer des situations difficiles ».
L’intérêt de cette brochure, financée par la Confédération et soutenue par Promotion Santé Suisse, réside dans le fait que les sujets développés s'avèrent profondément en phase avec l’âge du lectorat-cible. Ainsi des pages sur les chagrins d’amour, de la séparation des parents ou des cyberaddictions. Ces thématiques sont complétées par un chapitre sur la perte et la mort.
Pour chaque thème, les autrices et auteurs commencent par détailler le sujet, présentent les réactions psychologiques et/ou psychosomatiques possibles, donnent des recommandations pour vivre les événements et indiquent des ressources gratuites vers lesquelles les adolescent·e·s peuvent se tourner. Certains sujets sont également accompagnés d’un test, comme celui intitulé « Es-tu dans une relation malsaine », qui aide à prendre conscience de l’état de sa relation amoureuse.
A la suite des différentes thématiques, la section « Aider les autres » apporte des indications à celles et ceux dont les ami·e·s traversent une période difficile. Enfin, les faits sur la confidentialité dans le système de santé, ainsi que les droits et les devoirs des adolescent·e·s par rapport aux corps soignant et médical complètent de manière utile cette publication.
Les informations contenues dans Prends soin de toi ! sont concrètes et fournissent aux lecteurs et lectrices des outils utiles au quotidien. Un bémol est néanmoins à relever pour cette version en français : la traduction n’est pas toujours des plus heureuses et la compréhension de certains éléments peut s’en trouver compliquée. Espérons que ce ton parfois peu direct, semblant éloigné du langage utilisé par les adolescent·e·s, ne les empêche pas de se référer à cette boîte à outils.
(Céline Rochat)
Télécharger la brochure Prends soin de toi !
Un projet pilote déployé durant cinq ans dans le canton de Berne montre que l’insertion professionnelle des personnes réfugiées est améliorée grâce à la mise en place de mesures de soutien. D’autres bénéfices sont aussi relevés.
Entre 2015 et 2020, la Direction de la santé, des affaires sociales et de l’intégration du canton de Berne a mené à bien un projet pilote de cinq ans visant à favoriser l’insertion professionnelle des personnes admises à titre provisoire et des personnes ayant le statut de réfugié·e. Celui-ci a été mené en collaboration avec une initiative d’entrepreneurs bernois, un gestionnaire de fortune indépendant et avec Caritas Berne. Un bureau d’étude de politique du travail et de politique sociale a assuré l’accompagnement scientifique du projet et réalisé son évaluation.
« Social Impact Bond » a vu le jour grâce à une coopération entre des fournisseurs de prestations sociales, des investisseurs privés et l’État. Durant la phase pilote, 98 personnes, dont 16 apprenti·e·s, ont trouvé un emploi sur le marché du travail primaire. La grande majorité des participant·e·s ont atteint le but de s’insérer professionnellement au cours de la première année. Ces succès reposent sur des bilans individuels objectifs associés à un coaching, à la recherche de solutions pragmatiques et à une étroite coopération avec les employeurs et employeuses.
Le projet est un succès : il a permis des intégrations sur le marché du travail primaire et donc des économies pour l’aide sociale. En plus, il est à l’origine d’un dialogue intersectoriel.
(Source: Canton de Berne)
Lien vers le rapport complet (en allemand)
La Conférence en matière de protection des mineurs et des adultes a émis des recommandations au sujet de l’organisation des services de curatelles professionnelles. Le renforcement de services en amont des curatelles y figure.
Les curateurs et curatrices accompagnent et soutiennent, sur mandat des autorités de protection de l’enfant et de l’adulte, les individus ayant besoin de protection. Sur les 97’000 personnes majeures et 36’000 mineur·e·s placé·e·s sous curatelle en Suisse, 60% des adultes et 90% des enfants sont pris en charge par des curateurs et curatrices professionnel·le·s [1].
Afin d’optimiser les structures organisationnelles de ces services, la Conférence en matière de protection des mineurs et des adultes (COPMA) a émis dix recommandations pour un meilleur soutien des personnes ayant besoin de protection. Celles-ci visent à améliorer leur accompagnement en optimisant les conditions de travail des curateurs et curatrices professionnel·le·s.
Les recommandations requièrent que l’organisation des services des curatelles professionnelles soit revue et, le cas échéant, adaptée. Les exigences toujours plus importantes impliquent la mise en œuvre des ressources professionnelles et temporelles nécessaires, notamment par une organisation optimale.
Un autre point concerne les services en amont tels que les centres de consultation parents-enfants, les services de conseil à la jeunesse, le travail social scolaire et la gestion volontaire du revenu et des biens. Les communes sont invitées à renforcer ces mesures afin de soulager les services des curatelles professionnelles. Ils pourront ainsi se concentrer davantage sur leurs dossiers qui exigent d’importantes ressources en temps.
Des cercles de qualité réguliers sont également conseillés pour assurer une bonne collaboration entre les autorités de protection de l’enfant et de l’adulte et le service des curatelles professionnelles. Selon Kathrin Schweizer, présidente de la COPMA, « le succès des mesures s’évalue principalement par la qualité de la relation entre les curateurs nommés et les personnes concernées. L’établissement d’une relation de confiance joue un rôle central ».
La Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales a participé à l’élaboration de ces directives. Sa présidente Nathalie Barthoulot, membre du gouvernement cantonal jurassien, rapporte que « les recommandations sont très utiles. Elles fournissent des valeurs de référence à différents niveaux : structure organisationnelle, exigences relatives à la formation ou grille quantitative. Après la professionnalisation des autorités de protection de l’enfant et de l’adulte, il est judicieux de mettre l’accent désormais sur cette organisation partenaire importante ».
La nécessité d’agir pour améliorer des services de curatelles professionnelles a été confirmée grâce à une large consultation des cantons, des organisations faîtières des communes et des villes, des organisations cantonales des communes et des services des curatelles professionnelles eux-mêmes. Afin de garantir que le soutien aux personnes ayant besoin de protection puisse être assuré avec le professionnalisme et les ressources temporelles nécessaires, des exemples de bonnes pratiques ont été recueillis dans les cantons et des recommandations en ont été tirées.
La COPMA encourage les cantons et les communes à évaluer l’organisation structurelle des services des curatelles professionnelles et à les adapter si nécessaire. Si les cantons et les communes déterminent eux-mêmes le rythme et les priorités de la mise en œuvre des recommandations, l’objectif est qu’elles deviennent la norme dans toute la Suisse d’ici 10 à 15 ans.
(Source: Conférence en matière de protection des mineurs et des adultes)
Consulter la brochure des recommandations (37 pages)
Consulter la fiche d’information contenant les dix recommandations
[1] Chiffres fournis par la Conférence en matière de protection des mineurs et des adultes le 5 août 2021 (COPAMA)
Un ouvrage récemment paru lève le voile sur des facettes méconnues de l’histoire des homosexualités en Suisse. S’il se fonde principalement sur le droit pénal, civil et militaire, il vise à « restituer une histoire sociale plus vaste ».
« Une contribution importante à la recherche sur l’histoire des minorités sexuelles en Suisse. » C’est en ces termes que le professeur Andreas R. Ziegler qualifie l’ouvrage de Thierry Delessert dans la préface qu’il signe. Publié par les éditions Seismo, Sortons du ghetto ; Histoire politique des homosexualités en Suisse, 1950-1990 « fournit à la fois des illustrations et des bases pour une meilleure compréhension sur les logiques de discrimination, d’exclusion et de rejet des LGB », complète-t-il.
Docteur en sciences politiques et historien à l’Université de Lausanne, Thierry Delessert propose effectivement une plongée riche et largement documentée dans l’histoire des homosexualités en Suisse. A travers un axe de lecture principalement orienté autour de notions judiciaires, l’auteur s’intéresse aux vécus historiques des homosexuel·le·s à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il s’arrête sur les révisions du droit pénal et analyse largement, dans les quatrième et cinquième chapitres, les politisations homosexuelles au cours des années 70 puis la problématique de la dépénalisation de l’homosexualité. Il pousuit son analyse jusque dans les années 90, au moment où la « débauche contre nature » est totalement dépénalisée (1992).
Inscrit dans une « perspective constructiviste du pouvoir et du genre », ce livre est un résultat de la recherche postdoctorale de Thierry Delessert, financée par le Fonds national suisse pour la recherche scientifique.
(croc)
Ouvrage disponible à la vente ou en accès libre sur le site de l'éditeur
Sortons du ghetto ; Histoire politique des homosexualités en Suisse, 1950-1990. Thierry Delessert, éditions Seismo, 2021, 280 pages.
Le Canton de Fribourg vient de publier une brochure pour aider les personnes dont l’âge avance à réfléchir aux besoins de sécurité dans leur logement. D’autres documents existent pour construire des bâtiments adaptés à une mobilité réduite.
La perte d’autonomie liée à l’avancement en âge implique souvent de devoir changer de logement. Pour aider les personnes concernées à mener une réflexion sur leurs besoins en matière d’habitat, le Canton de Fribourg vient de publier une brochure de 48 pages. Celle-ci met en lumière les éléments essentiels à vérifier lors de la recherche d’un nouveau domicile.
Il s’agit par exemple d’éliminer les sources de danger, de trouver un logement pourvu de suffisamment de lumière et d’un certain nombre de facilités. Les objets ou vêtements rangés dans des meubles, par exemple, doivent être atteignables sans recours à un escabeau. La stabilité des tables et des chaises est essentielle. L’aménagement de la cuisine doit également être adapté.
Cette brochure se base sur différents chapitres, parmi lesquels :
En outre, un chapitre contient les adresses utiles et un autre compile diverses références bibliographiques en la matière.
Cette brochure « Un logement pour des besoins qui évoluent » est un outil utile pour l’accompagnement de personnes âgées ou en situation de handicap. Elle a été élaborée dans le contexte de la mise en œuvre de la politique cantonale fribourgeoise en faveur des personnes âgées Senior+.
Un document élaboré par le Centre spécialisé suisse « Architectures sans obstacles » est également disponible sur internet. Ses directives contribuent à la construction de logements adaptés aux seniors ou aux personnes en situation de handicap. Outre des principes fondamentaux, il contient de manière exhaustive tous les éléments à prendre en compte lors de l’élaboration de tels logements.
(croc / Etat de Fribourg)
La dernière publication de la Collection Médecine Société déploie les enjeux du don d’organe de façon approfondie. Elle répond ainsi à un besoin d’information du grand public pour changer ses représentations.
C’est à une traversée sociohistorique du don d’organes et de la transplantation qu’invite la dernière publication de la Collection Médecine Société. L’imposant ouvrage de 394 pages en parcourt les enjeux historiques et sociopolitiques en Suisse, de 1945 à 2020. Les auteurs et les autrices, réunis sous la direction de Raphaël Hammer, Vincent Barras et Manuel Pascual, fondent leur analyse sur une grande variété de matériaux.
Don et transplantation d’organes en Suisse : Enjeux historiques et sociologiques (1945-2020) s’impose ainsi en ouvrage de référence. Il relève à quel point les changements et les développements ont été nombreux durant le siècle précédent. Les avancées médicales en la matière continuent d’avoir un effet domino sur l’organisation hospitalière, la mobilisation associative, dans la recherche en éthique et en sciences sociales. Depuis 2009, la Suisse connaît une médecine hautement spécialisée et c’est aux cinq hôpitaux universitaires et à l’hôpital cantonal de Saint-Gall que sont attribuées les transplantations.
En Suisse, la pénurie de greffons représente une préoccupation de santé publique majeure. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à la fin de l’année 2019, on comptait 1’415 personnes en attente d’une transplantation d’organe. Selon « Swisstransplant, Preliminary statistics », 70% concernaient une greffe rénale, 14% une greffe hépatique, 6% une greffe cardiaque, 4% une transplantation du pancréas et 3% des poumons.
Pour saisir la complexité qui sous-tend ces chiffres, la perspective sociologique et historique s’avère importante. Ainsi, les auteurs et autrices rappellent que la greffe, jusque dans les années 1960, demeurait une technique médicale expérimentale, une sorte de pratique ésotérique.
Selon l’anthropologue Margaret Lock, spécialiste du sujet, il n’existe pas de consensus autour du don d’organes. Il y aurait même une crise de confiance du public. Si celle-ci ne s’organise ni en manifestation, ni en association, et encore moins en discours qui remettraient en question le don d’organes, elle n’en demeure pas moins une résistance qui influence l’expérience concrète du transfert d’organes.
Divers travaux scientifiques suggèrent que les donneur·se·s vivant·e·s, les proches de donneur·se·s et les receveur·se·s influencent de façon prépondérante le don d’organes. C’est leur manière d’investir les parties du corps qui va souvent le mettre à mal.
Le monde médical, dans sa vision matérialiste des organes, semble être en décalage par rapport aux conceptions intimes que ressent le public à l’idée de léguer des parties de son corps ou de celles de ses proches. Il y a donc lieu d’enquêter sur l’aspect émotionnel et symbolique de la greffe, dont les enjeux représentent des ressources et des contraintes.
Donner un organe peut être perçu comme un acte de grande générosité, mais ce n’est pas une évidence. Les discours qui valorisent l’altruisme pour le don d’organes n’obtiennent pas forcément de résultats escomptés. Les milieux populaires s'y montrent les moins réceptifs. Les discours publics ambiants mettent peu en avant les aspects plus sensibles tels que l’efficacité de la greffe, la mort cérébrale, l’acceptabilité de l’acte de prélèvement sur une personne décédée ou les limites de la transplantation.
Pour sortir de la fausse question du pour ou contre la greffe d’organe, les scientifiques appellent à développer un débat social. La mise en circulation d’information, la construction d’un dialogue peuvent préparer un terreau à la culture de la transplantation. Après les avancées médicales, légales, organisationnelles, la mise doit se faire à l’heure actuelle sur la création de sens. Don et transplantation nécessitent la construction de représentations de la part de la société. Ainsi, appréhender les enjeux de société relève de la nécessité. Cette appréhension pour saisir un sujet aussi complexe appelle à un travail politique, entendu dans un sens large.
En Europe, l’Espagne fait figure d’exemple. La population espagnole n’est pas plus altruiste qu'ailleurs. Toutefois, le pays bénéficie d’une véritable politique en la matière et par conséquent, d’une organisation hospitalière. Une étude réalisée aux Etats-Unis montre que la disposition au don d’organes ne se réduit pas aux représentations symboliques d’une population, à ses aspects culturels, mais est le produit d’une multitude d’éléments qui composent la chaîne complexe des dons d’organes.
Pour conclure, il faut encore noter que la confiance du public à l’égard des greffes dépend aussi des scandales éthiques dans le milieu médical. La Suisse en reste épargnée.
(LC)
Ouvrage disponible en Open Access ou sur le site web de l'éditeur.
Une Fédération régionale de promotion de la santé, en France, a publié un vademecum sur le porno et la sexualité des jeunes. Un document enrichi d’autres références bibliographiques, qui valorise l'éducation et la formation.
Le porno est-il un incontournable dans la sexualité des jeunes ? C’est la question que se sont posée les auteurs et autrices du vademecum éponyme, publié en février 2021 par Fédération régionale des acteurs en promotion de la santé du Centre-Val de Loire, en France.
Pour tenter d’apporter une réponse, les rédacteurs et rédactrices commencent par définir et contextualiser la notion même de « pornographie ». Outre des chiffres, ils et elles s’arrêtent par exemple sur les codes de la pornographie et l’hypersexualisation, ainsi que sur la stratégie du porno-chic. La deuxième partie est consacrée à la « vie affective et sexuelle, adolescence et « porno », s’intéressant notamment à l’identité sociale et à l’image du corps, aux relations « garçons-filles », aux comportements à risques, aux violences sexuelles ou à l’addiction.
Tout au long de leur document, les auteurs et autrices prennent le parti de « dédiaboliser » la consommation de la pornographie – devenue si facile d'accès avec les moyens numériques – au profit d’un meilleur accompagnement psychoaffectif des jeunes. « Il faut chercher à comprendre pourquoi la pornographie intéresse la jeunesse, pour comprendre que les mesures punitives ne suffisent pas à remplacer une éducation à la vie affective et sexuelle », estiment-ils en ouverture du deuxième chapitre. Pas question toutefois d’en banaliser l’accès. Il est ainsi rappelé que la pornographie et l’hypersexualisation menacent tant les filles que les garçons quant à leur identité sociale et à leur estime de soi.
Dans la conclusion, les quatre signataires avancent qu'il « nous semble qu’un véritable levier à considérer est l’intégration de la question des supports pornographiques et de leurs enjeux au sein des actions d'éducation à la vie affective et sexuelle et des programmes d'accompagnement à la parentalité. » La formation des accompagnant·e·s des parents et des jeunes revêt donc un caractère essentiel.
Sans être exhaustif, ce vademecum propose, pour chaque thématique, des références pour aller plus loin. A noter également que le portail de cette entité française contient une riche documentation en matière de promotion de la santé, au sujet de quinze thématiques, parmi lesquelles figurent « compétences psychosociales », « éducation aux médias », « éducation thérapeutique du patient », « inégalités sociales de santé », « littératie ensanté », ou « santé-environnement ».
(croc)
Lien vers le portail Promotion santé de la Fédération régionale des acteurs en promotion de la santé du Centre-Val de Loire
Le groupe de travail national « Femmes migrantes & violences conjugales » a émis un rapport dans lequel il constate que les femmes migrantes victimes de violences conjugales manquent de protection en Suisse.
La législation actuelle et son application poussent les victimes ayant un statut précaire à rester auprès de leur conjoint violent. C’est le constat du groupe de travail « Femmes migrantes & violences conjugales » dans son rapport publié en juin à l’attention du Groupe d’expert·e·s sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Ce document a été émis en parallèle au premier rapport de la Suisse sur la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul. Ce groupe de travail compte notamment des représentant·e·s du CSP Vaud, du Bureau information femmes Vaud, du Centre Suisses-Immigrés Valais et de l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers.
En cas de violences conjugales, la Loi fédérale sur les étrangers et l’intégration permet de prolonger l’autorisation de séjour de certaines victimes étrangères lorsqu’il y a rupture de la vie commune dans les trois années qui suivent leur mariage. Mais, selon le rapport émis par le groupe de travail, la loi ne remplit pas sa mission initiale car elle ne protège pas réellement contre les violences conjugales les conjointes étrangères venues en Suisse par regroupement familial. Pour le groupe de travail, le champ et les conditions de son application s'avèrent trop restreints.
Dans la pratique, affirme ce même groupe de travail, les dispositions légales et la jurisprudence sont appliquées de manière restrictive, voire arbitraire. Les exigences en matière de preuve de la violence sont trop élevées. Les autorités migratoires ne reconnaissent en effet, souvent, les violences qu’en cas de condamnation de l’époux à la suite d’une plainte pénale. Les attestations des psychologues, médecins et services spécialisés sont mises en doute et le fait d’avoir été reconnue comme victime au sens de la loi fédérale sur l'aide aux victimes d'infraction (LAVI) ne permet pas non plus de se faire reconnaître systématiquement comme victime.
Toute une série d’actes de violence ne sont, de plus, que trop peu pris en compte, comme les violences psychiques ou les actes commis après la séparation du couple. Ces faits s’inscrivent en parfaite contradiction avec l’art. 3 de la Convention d’Istanbul.
Ce rapport formule encore un autre constat : la formation et la sensibilisation du personnel amené à traiter les situations de migrantes victimes de violences conjugales sont clairement insuffisantes. Méconnaissances des dynamiques liées aux violences conjugales, ignorance des vulnérabilités particulières liées à la précarité du statut et à l’exil, pratiques de condamnation pour séjour illégal de certaines victimes sans statut légal lorsqu’elles font appel à la police : ces éléments empêchent le processus de reconstruction et entraînent des phénomènes de victimisation secondaire.
L’art. 59 de la Convention d’Istanbul prévoit une protection et l’octroi d’un permis autonome pour toutes les victimes dont la résidence dépend de celle de leur conjoint. Or, au moment de la ratification, la Suisse a émis une réserve à cet article, s’arrogeant ainsi la possibilité de ne pas l’appliquer, ou partiellement. L’octroi d’une autorisation de séjour est en effet uniquement accordé aux époux·ses de ressortissant·es suisses et de titulaires d’un permis C. La loi fédérale sur les étrangers et l’intégration instaure ainsi une discrimination entre victimes en fonction du statut du conjoint.
La législation actuelle ne permet pas non plus de protéger sans risque d’expulsion les migrantes sans statut légal et les femmes étrangères vivant en concubinage. De nombreuses victimes n’osent ainsi pas quitter leur conjoint par peur de perdre leur permis de séjour et/ou de se faire expulser. Pour celles qui voient leur permis renouvelé, la peur ne faiblit pas : le fait de toucher une aide sociale reste un motif de révocation du permis et certaines victimes reçoivent des menaces de non-renouvellement dès l’année suivante, alors que leur dépendance à l’assistance publique est étroitement liée aux séquelles des violences subies.
Entre autres recommandations, le groupe de travail « Femmes migrantes & violences conjugales » demande donc à la Suisse d’assurer que les renseignements fournis par les services spécialisés dans le domaine des violences conjugales soient systématiquement pris en compte comme preuves de violences, d’assurer une meilleure formation des professionnel·le·s en contact avec les victimes, de lever la réserve à l’art. 59 de la Convention d’Istanbul et d’ouvrir le droit prévu à l’art. 50 de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration à toutes les personnes étrangères victimes de violences conjugales, quel que soit leur statut et celui de leur conjoint. Enfin, le groupe recommande de ne plus permettre que le seul recours à l’aide sociale amène par la suite un retrait du permis des victimes.
(ODAE / CSP / croc)