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Lorsqu’une plainte est déposée pour abus sexuel ou viol, la parole de l’un et la parole de l’autre se confrontent. Il est rare que le non-consentement soit établi, plus rare encore que le viol soit reconnu.
Dans l’émission Forum sur RTS, Myrian Carbajal a introduit la notion de redevabilité. Au-delà de la question de l’âge de la majorité sexuelle (fixée à 16 ans en Suisse), la chercheuse, co-auteure de la recherche «Sexe, relations... et toi?» et professeure à la Haute école de travail social de Fribourg, estime en effet que la question de fond est celle de la définition du «consentement sexuel». Cette question exige des réponses plus complexes qu’un simple oui ou non car différentes motivations interviennent pour «consentir» à une relation. Ce verbe signifie d’ailleurs approuver, acquiescer, mais aussi concéder, se résigner. Il appartient donc au juge de tenir compte de l’environnement, des particularités des comportements sexuels des jeunes, des pressions sociales et des normes de genre qui influencent ces comportements.
La logique de la redevabilité est souvent à l’œuvre : une personne se sent redevable d’une autre parce qu’elle lui a offert une sortie en discothèque, un cadeau, un refuge dans une situation difficile, une écoute attentive lors d’un moment de doute ou de dépression. Cette redevabilité est étroitement liée aux normes de genre qui font que les jeunes hommes et les jeunes femmes n’ont pas la même place, les mêmes rôles ni les mêmes attentes concernant la sexualité.
Ces déséquilibres, souligne Myrian Carbajal, existent jusque dans les campagnes de prévention contre les violences sexuelles. Les affiches s’adressent uniquement aux femmes qui sont encouragées à être «responsables» et à dire non quand elles ne souhaitent pas une relation sexuelle. Cette injonction à la responsabilité concerne pourtant tout autant les hommes, grands absents de la prévention.
Au final, au lieu de décider si il y a eu «consentement» et si il y a eu «contrainte», il s’agirait pour les juges d’apprendre à décliner les réponses sur une échelle de la redevabilité avec une série d’échelons entre le «oui» et le «non».
Cette notion de redevabilité complète celle des rapports de pouvoir que les juges devraient aussi soigneusement investiguer dans les situations qui opposent un professeur et son élève, un chef et son employée, un directeur et une femme de ménage, un producteur de cinéma et une actrice.
Marylou Rey, rédactrice en chef de REISO
Ce deuxième numéro du Journal de la recherche de la HETS Fribourg met la focale sur le pôle « Handicaps, vulnérabilités et pouvoir d’agir », pôle historique de l’école.
Le spectre de l’autisme fait l’objet d’une attention particulière. La HETS-FR a contribué en 2017 à la sensibilisation des terrains par des conférences, interventions et formations continues destinées à des professionnel-le-s évoluant dans divers contextes en Suisse romande (notamment service de psychologie scolaire, entreprises d’intégration professionnelle, structures résidentielles, scolaires et éducatives).
La question de l’orientation et de l’insertion professionnelle dans des contextes inclusifs va être particulièrement développée en 2018, avec un colloque le 18 juin 2018 réunissant des conférencier-ère-s internationaux/ales et des professionnel-le-s de toute la Suisse, présentation. L’objectif sera de mettre en évidence ce qui facilite l’insertion et le maintien dans l’emploi des adolescent-e-s et adultes sur le spectre (y compris syndrome d’Asperger). Des expériences innovantes et des dispositifs soutenant les projets professionnels des personnes visant un emploi en milieu ordinaire seront présentés et discutés.
Le Journal de la recherche présente également les recherches sur l’autodétermination des personnes avec une déficience intellectuelle et sur les parents migrants d’enfants avec handicap. Il est complété par la liste bibliographique des publications, rapports et communications des collaborateur·trice·s.
Les dépenses de l’aide sociale au sens strict – appelée aussi aide sociale économique – ont progressé en 2016 de 3,9% en termes nominaux pour atteindre 2,7 milliards de francs.
Evolution sur trois ans. La hausse avait été de 2,1% en 2015 et de 5,6% en 2014. L’accroissement des dépenses est dû, comme l’année précédente, en partie à l’évolution du nombre de personnes assistées. Les dépenses se sont élevées à 9961 francs par bénéficiaire en moyenne, soit une augmentation de 1% par rapport à 2015.
Prestations sociales globales. Par rapport aux dépenses totales de toutes les prestations sociales, qui se montaient en 2015 à 162 milliards de francs selon les Comptes globaux de la protection sociale (CGPS), l’aide sociale au sens strict représentait une part de 1,7%.
Aide sociale au sens large. La Confédération, les cantons et les communes ont dépensé 8,2 milliards de francs pour l’aide sociale au sens large, dont 59,9% (4,9 milliards de francs) pour les prestations complémentaires à l'AVS et à l'AI et un tiers pour l'aide sociale au sens strict. Le reste des prestations de l’aide sociale au sens large (aides aux personnes âgées ou invalides, aides aux chômeurs, aides à la famille, avances sur pensions alimentaires et aides au logement) ne représentaient ensemble que 6,8% des dépenses. Ce groupe de prestations n'est pas octroyé dans tous les cantons, et il arrive certaines années que des prestations nouvelles soient introduites ou que des prestations existantes soient supprimées.
Parts des contributions financières. En 2016, 44,6% des dépenses de l’aide sociale au sens large ont été financées par les cantons, 36,8% par les communes et 17,9% par la Confédération.
Directeur des EMS de Lancy, Laurent Beausoleil écrit : «Au nom d’une prise en charge efficace, nous dérivons parfois dans une institutionnalisation excessive des personnes et nous les isolons dans un environnement stigmatisant.» Ce constat est un des moteurs du projet ADRET à Lancy présenté dans ce livre.
«Nous voulons permettre aux personnes de tout âge de ne pas (plus) vivre en ghetto, en encourageant les interactions sociales, notamment intergénérationnelles», précise Maria Bernasconi, présidente de la Fondation communale pour le logement de personnes âgées (FCLPA) qui conduit le projet. «En consacrant un certain temps aux personnes âgées, sur le principe ‘1m2 d’espace pour une heure de soutien par mois’, les jeunes obtiennent un logement à prix réduit.»
Convaincu qu’une société solidaire et conviviale exige d’autres manières de cohabiter, le projet ADRET veut développer des activités et des échanges intergénérationnels : une chèche, un restaurant, un salon lavoir, des locaux d’activités socioculturelles, l’accès aux transports publics et aux services et commerces de proximité. Les structures sont conçues pour évoluer en fonction des désirs et de l’état de santé des locataires.
Ce livre expose les enjeux liés à l’entrée dans la société de longue vie, à l’accroissement du nombre de personnes en situation de retraite et qui vivront encore longtemps une vie active ainsi qu’à l’importance avérée de la qualité des relations entre les générations, d’une manière plus générale à la promotion des solidarités sociales en milieu urbain. L’ouvrage présente également les principes innovants de ces 150 logements et les instruments prévus pour envisager son fonctionnement.
L’Université de Fribourg a analysé les interventions du Centre d’écoute et d’assistance KESCHA et recommande davantage de ressources, de médiations et d’interventions de crise de la part des Autorités de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA).
En une année, près de 1100 personnes concernées se sont tournées vers le Centre d’écoute et d’assistance KESCHA à la recherche d’un conseil juridique ou d’un soutien psychologique, soit près de 0.8% de toutes les mesures suivies par les APEA. En Suisse, 132 000 personnes sont concernées par des mesures de protection, dont 42 000 enfants et 90 000 adultes.
Selon l’évaluation, 59% des cas concernent la protection de l’enfant. Sur ce point, deux tiers des problèmes trouvent leur source dans les conflits entre les parents, et un quart des situations concernent un placement extrafamilial.
Les personnes ayant recours aux services ont souvent une confiance faible ou inexistante dans les institutions impliquées et ne se sentent pas suffisamment prises au sérieux dans leurs besoins et dans ceux de leurs proches. L’évaluation montre aussi que la perception négative qu’a le public des APEA (en particulier en Suisse alémanique) a des effets défavorables sur la collaboration.
L’enquête et l’évaluation des professeur·e Dominik Schöbi et Alexandra Jungo se conclut sur trois recommandations à l’attention des APEA, des curatelles, des cantons et des communes : attribuer davantage de ressources, permettre davantage de médiations dans les procédures et prévoir des postes d’intervention de crise pour les cas particulièrement compliqués et émotionnels.
La revue suisse de pédagogie spécialisée consacre son premier numéro 2018 à l’éducation précoce. Au sommaire du dossier :
Les Centres sociaux protestants (CSP) de Suisse romande rencontrent de nombreuses personnes qui renoncent à se soigner. Leur campagne annuelle 2018 est centrée sur cette situation alarmante.
En Suisse, le niveau de vie est élevé, la qualité des soins excellente et l'assurance maladie obligatoire. Comment se fait-il dès lors qu'en matière de renoncement aux soins, notre pays arrive en deuxième position sur le plan international derrière les Etats-Unis? En réalité, la Suisse est le pays où les frais médicaux non remboursés sont les plus élevés.
Les failles du système. La cherté des primes, la part élevée de frais médicaux non remboursés (frais dentaires, lunettes, appareils auditifs entre autres), les subsides insuffisants, la grande complexité du système, le manque de moyens et de réserves personnelles : les failles du système de santé ne sont pas nouvelles, mais elles se creusent au lieu de se combler.
La garantie de l’accès aux soins est pourtant un enjeu central des politiques sociales et de santé. Sur ce point, le Conseil fédéral s’est d’ailleurs fixé un objectif pour 2019 : «L’ensemble de la population doit avoir accès à des soins médicaux complets et de qualité.» Or, c’est l’inverse qu’observent les Centres sociaux protestants. Leurs constats sur le terrain confirment les dernières études statistiques: le renoncement aux soins pour des raisons de coûts touche désormais entre 10 et 20% de la population suisse.
Les ménages concernés. Parmi les personnes qui renoncent à des soins, une sur trois appartient à un ménage ayant un revenu mensuel inférieur à 3000 francs. Les renoncements aux soins sont ainsi devenus courants chez les personnes qui n’ont pas les moyens d’assumer la part à leur charge, qui ont des arriérés de paiement auprès de leur médecin et n’osent pas y retourner, ou encore celles qui pensent - à tort - ne plus être couvertes par l’assurance. Et cela y compris parmi les personnes qui bénéficient d’un subside.
L’effet pernicieux. Sans grande surprise, les personnes les plus concernées sont les plus précaires et celles dont l’état de santé n’est pas bon. Il existe un lien à double sens entre l’état de santé et le renoncement aux soins : d’une part, le fait de se priver de soins influe négativement sur la santé ; d’autre part, les personnes qui renoncent à des consultations médicales ou dentaires pour raison financière ont un état de santé moins bon que les autres.
Les recommandations. Les CSP recommandent de simplifier le système, d’améliorer la couverture de l’assurance maladie, de supprimer l’héritage de dettes d’assurance maladie, de bannir les doubles affiliations et d’éviter soigneusement d’augmenter encore la responsabilité individuelle des assuré·e·s.
La campagne de dons. Les donateurs des CSP sont fidèles mais prennent de l’âge. Afin de solliciter les plus jeunes générations, la campagne 2018 innove avec un code Twint sur les affiches qui permet aux personnes qui disposent de cette application de faire un don spontané de 5 ou 10 francs.
Source : CSP
Ce guide de bonnes pratiques attire l’attention sur les multiples facettes du racisme et des discriminations raciales dans le monde du travail.
La brochure sensibilise à ces situations souvent invisibles, parfois involontaires, mais dont nous pouvons tous et toutes être l’acteur·trice. Elle présente les formes de discrimination dans la formation et lors du recrutement, ainsi que sur le lieu de travail. Elle rappelle les informations de base sur la norme antiraciste du Code pénal ou la jurisprudence.
La brochure développe ensuite des pistes de solutions, des informations utiles et des bonnes pratiques en Valais. Cette boîte à outils est destinée à l'usage de tous, en particulier aux employeurs et aux employés valaisans.
L’Association Dialogai a mis en ligne les résultats des recherches menées depuis l’an 2000 sur la santé des hommes gay et bisexuels de l’arc lémanique.
Le site rassemble les données accumulées lors d’enquêtes menées au fil des années depuis l’an 2000. Réalisée en collaboration entre acteurs de terrain et chercheurs, cette recherche-action communautaire a recueilli des données sur la santé globale des hommes gays de l’arc lémanique. Elle permet de fixer des priorités fondées sur leurs besoins réels et de réaliser des projets d’intervention pour y répondre.
Le site présente l’origine de la démarche, la vision, la méthode et les outils, les résultats des recherche et les projets de collaboration mis en place afin de servir de référence aux communautés gay et LGBT, à leurs associations et aux autres acteurs impliqués en Suisse et à l’étranger.
Synoptique, un mandala des résultats présente de façon résumée les réponses à plusieurs centaines de questions apportées par plus de 1300 hommes gays et bisexuels de Genève et de l’arc lémanique. Ces réponses ont été recueillies dans le cadre des discussions en groupe focus, par l’enquête de base et lors de deux enquêtes complémentaires sur la santé mentale et la suicidalité.
Les priorités identifiées dans les résultats des recherches ont servi à mettre en place des projets d’intervention dont la plupart sont encore actifs aujourd’hui ; ils sont également présentés sur le site.
Bien vieillir… Évidemment chacun le souhaite pour soi-même et pour ses proches. Mais l’idéologie du «Bienvieillir» vient manipuler nos esprits pour nous faire accepter une normalisation de nos comportements au moment de l’avancée en âge.
L’injonction concerne notre rapport à la médecine aussi bien que nos rapports à l’alimentation, à la consommation… Cette normalisation réduit au silence et culpabilise les «vieux» devenus «une charge», un poids économique. La peur de la mort et la peur de la dépendance servent de terreau à cette idéologie du «Bienvieillir» qui remplit alors sa fonction d’asservissement quasi volontaire…
Michel Billé est sociologue, spécialisé dans les questions relatives aux handicaps et à la vieillesse, président de l’Union nationale des instances et offices de retraités et personnes âgées, et membre du Conseil scientifique Sciences Humaines de France Alzheimer.
Didier Martz est philosophe, auteur et conférencier, animateur de cafés et de goûters de philosophie, chroniqueur et musicien pour enchanter le monde (Reims).
Ces auteurs ont également participé au Dictionnaire impertinent de la vieillesse
Écrit à la première personne du singulier, comme autant de petites histoires qui font la grande Histoire, ce livre est signé Jean Zermatten, en collaboration avec Christophe Boulé, Philip D. Jaffé, Zoe Moody, Jean-Henry Papilloud et Paola Riva Gapany.
L’ouvrage présente treize portraits de Valaisannes et de Valaisans qui ont éclairé leur temps. Il donne également des repères chronologiques pour chaque grande période et est illustré par de nombreuses photos d’enfants.
Réalisé par l'Institut international des droits de l'enfant, en collaboration avec le Centre interfacultaire en droits de l'enfant de l'Université de Genève; la Haute école pédagogique du Valais; la Haute école de travail social et la Société d'histoire du Valais romand, ce petit volume marque l’aboutissement du projet de recherche mené à l'occasion du Bicentenaire de l'entrée du canton du Valais dans la Confédération.
Destiné avant tout aux enfants, l’ouvrage fait suite aux trois volumes de L’Enfant en Valais 1815-2015
Réflexion de Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
« Je m’intéresse à la vieillesse, parce que c’est là que je vais passer le reste de ma vie»… Je paraphrase le comédien américain George Burns. Le fait est que, participant à des discussions sur le grand âge, notamment la toujours plus grande quantité et qualité de soins que demandent les seniors, je me dis que c’est de moi qu’on parle. Je rassemble ici quelques sources différentes (lectures, conférences, rencontres) que j’ai appréciées et qui me font réfléchir.
«Time». L'édition du 26 février 2018 présente un dossier sous le titre « How to live longer better ». Extraits : « La mort est vue souvent comme une bonne chose pour une société qui aspire à être créative ; si votre temps est compté, vous réalisez plus.» « Les personnes âgées sont plus centrées sur le présent. » « Une étude de 2017 a comparé les mots positifs et négatifs dans des blogs de personnes en phase terminale et d’autres qui ne l’étaient pas. Les mourants étaient plus positifs. » Dans le même ordre d’idée, le prof. G.D. Borasio dit que les personnes en fin de vie se montrent plus altruistes.
Erik Erikson. Selon le psychologue Erik Erikson, en avançant en âge, ce n’est plus réaliser et amasser des choses qui est le plus important, mais bien les donner plus loin. « L’idée d’une génération remplaçant l’autre devient un tampon contre l’anxiété. » Il faut apprendre, convenions-nous il y a peu avec un confrère retraité, à prendre le temps de faire les choses, ou de ne pas les faire. Apprendre aussi à accepter l’inachevé dans notre parcours, quel qu’il soit.
C.G. Jung. J’assistais récemment à une réunion lors de laquelle un orateur a parlé des vues de C.G Jung sur la dernière partie de la vie. Il s’agit de retrouver ou développer des choses qu’on a négligées. Cela parlera à celles et ceux qui ont été pris entièrement ou presque par leur travail durant des décennies. En rapport avec nos réussites d’adultes, de professionnels, il a cité cette formule zen : « Celui qui a atteint son but a manqué tout le reste » ! Ouvrir la porte à la sérénité et trouver du sens, un chemin, au-dedans de soi-même plutôt qu’à l’extérieur. Quelque chose de nouveau se construit. «Redonner du goût à l’attente», a dit quelqu’un. Cette démarche, précisait-il, ne demande pas de se débarrasser de sa persona, de son image sociale construite antérieurement.
Jacques Besson et Viktor Frankl. Le psychiatre Jacques Besson, de Lausanne, a réfléchi sur la verticalité, sur « le divin dans l’homme ». Et sur le temps, aux multiples définitions. Etre attentif et saisir le kairos (le moment important et opportun, parfois point de basculement décisif), plutôt que rester fixé sur le chronos (le temps linéaire, celui de la montre). Il parle de Viktor Frankl dont l’expérience en camp de concentration lui a montré que les personnes ayant survécu avaient développé une vie intérieure leur permettant de «trouver du sens». Comme lui et comme en témoignent des soignants, des travaux en nombre croissant illustrent que la narratologie, c’est-à-dire leur permettre de parler, est d’un grand bénéfice pour les personnes âgées, pour (re)trouver et (re)donner sens aux jours.
Théologie et sociologie. Ne pas croire, bien sûr, qu‘il y a une seule doctrine juste en ces matières. Les idées changent, au gré d’acquis scientifiques aussi. Une gérontologue-théologienne a relevé que, au milieu du XXe siècle avait été développé, à propos des vieux, le modèle de l’activité à maintenir, puis celui du vieillissement réussi, en s’efforçant de prévenir, de s’adapter et de s’autonomiser. Aujourd’hui elle suggère de retrouver la noblesse de la notion d’accomplissement. Comme dernière étape de l’âge qui avance, elle a évoqué celle de la résilience, comprise comme l’apprentissage à croître à travers les déclins (les déficits, les déchirures). Elle a cité aussi le sociologue F. Höpflinger, de Zurich : « Nous avons appris à rester jeunes plus longtemps, nous n’avons pas appris à aimer la vieillesse. »
Croître à travers les déclins, aimer la vieillesse… Idéalement, c’est à quoi nous devons nous préparer.
Ce nouveau site internet a été ouvert fin 2017. Il détaille les bases des actions de prévention menées par la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe).
Le site référence les connaissances et bonnes pratiques en matière de prévention. Résultat d’une collecte de savoirs et d’expériences mis en œuvre sur le terrain, il détaille les valeurs qui balisent les pratiques de prévention au sein de 47 centres et 13 équipes de travail social hors murs de la FASe. Il donne accès à des ressources, par exemple à des résumés d’actions menées sur le terrain.
Le public cible de ce guide est constitué par les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux, en particulier ceux et celles gravitant dans le monde de l’animation socioculturelle. Pour les responsables des services sociaux des communes, ou d’autres partenaires, cet outil peut par exemple les aider à mieux comprendre le travail de prévention mené dans le cadre de l’animation socioculturelle.
De quelle prévention parle-t-on? Il s’agit globalement de prévenir la rupture sociale, ce qui est la mission centrale de la Fondation. Les actions visent divers domaines de prévention : la consommation d’alcool et de psychotropes, l’alimentation plus saine ou encore les discriminations de genre. La plateforme répond aussi à des questions de méthode. Quand démarrer un projet ? Sur quelles bases et quelles observations le fonder ? Quelles sont les valeurs sine qua none à respecter ?
Le développement social connaît un regain d'intérêt et de pertinence en raison de l'évolution profonde des problématiques sociales et de la remise en cause des interventions traditionnelles des politiques sociales. Cet ouvrage collectif interroge les nouvelles dynamiques du développement social et du travail social collectif en France face aux défis sociaux d'aujourd'hui en tirant profit d'un regard croisé avec l'expérience du Québec. Loin de révéler un Québec en pointe et une France en retard, il souligne la similitude des processus et des enjeux et il permet une clarification des concepts et des pratiques (intervention collective, empowerment, participation citoyenne...). L'ouvrage est construit autour de quatre questions structurantes : le rôle de l'Etat et la contribution des politiques sociales au développement des territoires ; l'ouverture des pratiques professionnelles du champ social à l'intervention collective ; le renforcement de la société civile et de la participation citoyenne ; l'enjeu d'une conception stratégique de la politique sociale, qui n'est pas simplement une dépense et une charge, mais un instrument dynamique de construction du bien commun local.
Ce livre s’adresse aussi bien aux universitaires et aux étudiants qu’aux travailleurs et intervenants sociaux, aux cadres et dirigeants territoriaux, aux associations et aux responsables politiques, à tous ceux qui sont sensibles à une approche transformatrice des questions sociales.
Cyprien Avenel est sociologue, chercheur associé à l’École urbaine de Sciences Po Paris et enseignant à la Chaire de travail social et d'intervention sociale du Conservatoire national des arts et métiers de Paris.
Denis Bourque est professeur titulaire au Département de travail social de l’Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en organisation communautaire.
Selon les estimations, 148 000 personnes atteintes de démence vivent actuellement en Suisse. En raison du vieillissement de la population, leur nombre devrait doubler d’ici à 2040. Cette fiche donne les chiffres principaux sur la maladie d’Alzheimer, sa prévalence en Suisse et trois scénarios pour l’avenir.
A l’occasion de la Journée des malades, le 4 mars 2018, sur le thème « Prendre le temps : pour toi, pour moi, pour nous », Alzheimer Suisse rappelle la décision du Conseil fédéral de février 2017 visant à accorder davantage de temps aux proches exerçant une activité professionnelle, aujourd’hui majoritaires : un temps précieux pour les soins, mais aussi pour reprendre des forces.
Forte de 21 sections, l’Association apporte une aide quotidienne aux proches aidants avec ses offres de répit à domicile, visites et vacances, ainsi que des soutiens financiers. A l’occasion des 155 Cafés Alzheimer par an, les personnes concernées passent ensemble quelques heures de détente. Les proches échangent aussi expériences et conseils au sein de 127 groupes d’entraide.
Source : Alzheimer Suisse
Ce jeu de société est organisé comme un jeu de l’Oie. Il a été mis au point pour sensibiliser le public de 8 à 14 ans par Synapsespoir, l’association valaisanne de proches de personnes souffrant d’une schizophrénie.
«Ça percute dans ma cahute» a été conçu pour aborder de manière ludique le thème de la santé mentale en famille, dans les écoles, les groupes de jeunes, lors d’activités proposées par des professionnels de la santé, en milieux hospitaliers…
Ce jeu éducatif et de prévention aborde un sujet encore très tabou dans notre société et empreint de fausses croyances tenaces qui ne correspondent plus aux connaissances actuelles avancées par les neurosciences. Parmi ses objectifs:
Coût : 35 fr.
Commande à Association Synapsespoir - Rue du Château de Montorge 4 - 1950 Sion, ou par mail à
A signaler aussi, la brochure conçue par la même association : «La maman de Tom et Lola ne va pas bien», un petit livre pour expliquer les schizophrénies aux enfants. Lecture accompagnée conseillée. Février 2016, 20 pages. Disponible gratuitement en format pdf
Ce guide cahier aborde le thème sensible de la violation de la sphère personnelle et des abus sexuels commis dans les milieux sportifs et de loisirs. Il est destiné aux institutions d’accueil, d’animations sportives et culturelles qui engagent des moniteurs et des bénévoles.
L’ouvrage aborde les notions d’intimité, de distance physique et décrit les diverses formes d’abus sexuels dont les enfants peuvent être victimes. Un chapitre est consacré au moment où un enfant se confie et aux étapes à suivre pour garder la confiance de l’enfant tout en agissant de manière adéquate et concertée avec l’équipe et la hiérarchie. Les textes sont illustrés de nombreux exemples.
Marco Tuberoso, responsable prévention de l’Association ESPAS, psychologue FSP, propose dans ce cahier des outils pratiques, des repères, des pistes d’actions et de prévention, tant pour les moniteurs que pour les responsables d’activités de loisirs.
Dans la préface du psychiatre Patrick Lemoine: « Cet ouvrage est complètement original et apporte un éclairage nouveau à la difficile question de la position existentielle des aidants. Ni métier, ni bénévolat, leur mission est à haut risque, leur désarroi n’est pas une fiction […] Le conseil de l’auteur est simple et lumineux : chercher à adopter une juste et salutaire distance professionnelle afin de ne pas s’épuiser, pour être des facilitateurs de vie et de soins. Cette manière d’être ressemble à une mystique existentielle et demande un ’chavirement’ dans sa manière d’être. »
André Marro, enseignant universitaire à Nice, est paléo-anthropologue et formateur, surtout dans le domaine médico-social, en sciences et techniques de communication (tout en ayant « un goût certain pour le silence »).
Son ouvrage s’ouvre sur la « Posture de l’aidant face au mystère de la souffrance et de la fin de vie ». Les aspects de la souffrance sont évoqués par sa métaphysique, des textes français récents sur la fin de vie (loi Leonetti, rapport Sicard de 2012), la distance professionnelle et sociale (proxémie), les mécanismes de défense que les soignants tendent à mettre en place dans leur relation avec les malades. Puis sont abordées diverses techniques de « pleine conscience », méditation, marche consciente, zen, yoga, les états de conscience modifiés et l’énergie vitale.
La deuxième partie consiste en « Réflexions anthropo-philosophiques ». L’auteur précise : « Si la vie a du sens, elle se devine au cœur de l’étonnement d’exister. Le seul choix possible est de tenter de comprendre la meilleure manière d’exister […] Tout dans l’univers, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, est oscillation. D’un côté, nous avons un goût certain pour l’imagination, de l’autre nous manions la froide pensée et la réflexion rationnelle. » Après la voie théologique qui discute les croyances religieuses depuis la préhistoire et leurs mécanismes puis la voie matérialiste ou positiviste, la voie médiane ou de spiritualité laïque cite notamment Spinoza, Nietzsche, Bergson ainsi que les philosophes grecs. Cette partie qui met l’accent sur notre nature, existence et essence, est sans références directes aux soins prodigués aux malades. On y cherche, dit l’auteur, « à amenuiser la dimension inconsolable et inquiète de notre espèce en errance face à son irrévocable condition mortelle ». Quelques extraits.
Si l’ouvrage évoque un peu la pratique au lit du patient en fin de vie, l’essentiel est fait de réflexions sur la condition, non pas de malade, mais de soignant/aidant ; sur sa posture et la lutte contre l’épuisement. Les soins aux malades n’apparaissent guère et on comprend l’auteur dans son préambule disant : « Cet ouvrage peut être considéré comme un manuel pour les soignants comme pour tous ceux qui cherchent leur véritable liberté. » Il eût été judicieux d’indiquer qu’est peu traitée l’activité quotidienne aux côtés de personnes vivant l’ultime étape de leur vie. En fait, le sous-titre actuel de l’ouvrage aurait pu avantageusement être choisi comme son titre.
La Suisse compte 1,8 million de personnes handicapées. L’apport économique des proches soignants et aidants est considérable, au point que notre système de santé ne pourrait tout simplement plus s’en passer.
Mais lorsqu’il s’agit d’ausculter leur réalité quotidienne et de prendre en compte leurs propres besoins de soutien, ils passent au second plan. La présente édition de «Handicap & politique» donne la parole à ces mères, enfants et conjoints qui atteignent souvent leurs limites. Analyses et témoignages.
Source : Agile
Les chômeurs de plus de 55 ans ont beaucoup de difficultés à retrouver un emploi. Un nouveau modèle a été développé par la CSIAS pour remédier à cette situation.
L’aide sociale. Entre 2010 et 2016, le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale de plus de 55 ans a augmenté de plus de 50 %, alors que la proportion des 55-64 ans dans la population totale n'a augmenté que de 12%. Le soutien de l'aide sociale débute au moment où le processus de désintégration professionnelle est déjà bien avancé et le retour sur le marché régulier du travail s’avère souvent impossible.
L’assurance-chômage. Selon la CSIAS, il serait nettement plus judicieux de veiller à ce que les personnes de plus de 55 ans n’arrivent plus en fin de droit à l’assurance-chômage. Selon le modèle développé, ces personnes devraient rester affiliées à l’assurance-chômage jusqu’à l’atteinte de l’âge de la retraite et continuer à être placées sur le marché du travail par les Offices régionaux de placement.
Cette solution permettrait une meilleure et plus rapide réinsertion sur le marché de l’emploi et déchargerait par ailleurs l’aide sociale. La réglementation proposée profitera aux personnes ayant travaillé au moins 20 ans, qui perdent leur emploi à partir de 55 ans et restent inscrites auprès des ORP à des fins de placement. Pour ces personnes, le modèle de la CSIAS prévoit un soutien par l’assurance-chômage conformément à l’approche des prestations complémentaires. La CSIAS part du principe que le modèle proposé n’engendre pas de coûts supplémentaires.
La Plateforme d’information humanrights a documenté les conditions d’accueil des requérant-e-s d’asile mineur-e-s non accompagné-e-s (RMNA) qui déposent une demande d’asile en Suisse, soit plus de 2000 demandes en 2016. Le canton de Genève en comptait 195 au 1er mars 2017.
Fin novembre dernier, des enseignant·e·s et des travailleurs et travailleuses sociales ont écrit leurs inquiétudes sur les modalités de l’accueil : environ 1 éducateur pour 20 jeunes, un lieu (le Foyer de l’Etoile) mal conçu pour des jeunes, des punitions inadaptées, une scolarisation insuffisante, etc. La task force mise sur pied par le Conseil d’Etat en 2013 parvient à des conclusions proches. Des améliorations ont été introduites mais le problème reste grave et reconnu par le Conseil d’Etat. Le gouvernement a notamment calculé que le forfait global versé par la Confédération était de loin insuffisant pour couvrir les frais d’accompagnement demandé par la même Confédération.
Le dossier établi par humanrights donne de précieuses informations comparatives sur les expériences des cantons de Vaud et du Valais en matière d’accueil des RMNA, sur le contenu de diverses conventions et sur les responsabilités des Etats envers ces enfants et adolescent·e·s. Il met également à disposition les liens à tous les documents utiles sur ce thème.
L’objectif de ce guide est de soutenir les petites et moyennes communes dans le développement et la mise en œuvre de concepts et de stratégies dans le domaine de l’encouragement précoce. Le projet « Les communes en tant que plateforme stratégique et réseaux dans le domaine de l’encouragement précoce » est mis en œuvre conjointement par le Programme national contre la pauvreté et l’Association des communes suisses, en collaboration étroite avec l’Union des villes suisses et d’autres partenaires.
Sur la base d’une enquête en ligne recensant les offres, les concepts et les stratégies disponibles dans les communes, l’OFAS a établi un état des lieux des bases techniques et stratégiques de l’encouragement précoce.
Le guide est disponible en format pdf. Il sera également diffusé dans le cadre de séminaires régionaux organisés à l’intention des petites et moyennes communes.
Ndlr : à noter, en page 26, une liste de 16 exemples de stratégies communales d’encouragement précoce, tous de Suisse alémanique. Que faut-il en conclure ?
Le premier numéro 2018 de Procap Magazine se penche sur les transports publics.
Offrir aux personnes avec handicap des transports publics sans obstacles est l’un des objectifs de la loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand). Alors que chacun doit pouvoir voyager sans obstacles en Suisse d’ici à 2023, les sociétés de transport accumulent les retards.
Dans ce numéro, Procap examine où en sont les adaptations requises et interroge des usagers avec handicap et des spécialistes sur les principaux problèmes encore à résoudre. Le magazine conte aussi des histoires à succès : celle d’une compagnie ferroviaire régionale formant régulièrement son personnel à l’accueil des passagers avec handicap et celle d’une société de transport qui, par conviction, a offert son aide pour adapter une halte importante.
Les solutions existent, pour peu que chacun y mette du sien. L’association de et pour les personnes avec handicap en Suisse en est sûre : les transports sans obstacles ne bénéficient pas aux seules personnes avec handicap, mais aussi aux autres groupes d’usagers et aux sociétés de transport. Source : Procap
Cette carte interactive permet de comparer les prestations sociales des pays européens dans deux analyses différentes: par rapport au nombre d’habitants et par rapport au PIB.
Comparées aux cinq pays les plus peuplés d’Europe, les dépenses sociales de la Suisse sont relativement élevées si elles sont exprimées par habitant. Légèrement supérieures à celles de l’Allemagne et de la France, elles devancent clairement celles du Royaume-Uni, de l’Italie et de l’Espagne notamment.
La part des prestations sociales dans le PIB indique le poids relatif des prestations sociales par rapport à l’économie du pays. Exprimées dans cette unité de mesure, les dépenses sociales suisses sont inférieures à celles de quatre des cinq pays retenus: le niveau élevé du PIB par habitant de la Suisse en est aussi la raison.
La place d’un détenu ne semble jamais la bonne dans l’imaginaire collectif. Face à la même infraction, certains estiment qu’une peine d’emprisonnement ne sera jamais assez longue, quand d’autres l’estimeront inutile. Comment appréhender la réponse carcérale et surtout pour qui : les victimes ou leurs auteurs ? Punir les uns, protéger les autres ? Réinsérer et préparer la sortie ?
Mais comment vit-on dans une prison ? Quels sont les droits et les devoirs d’un détenu ? D’un surveillant ? De l’administration pénitentiaire ? D’un travailleur social ?
L’auteure introduit le lecteur dans l’univers carcéral et raconte la manière dont elle exerce sa fonction d’assistante sociale dans le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Dans un récit à la première personne, elle brosse le portrait de détenus qui demandent son aide. Elle montre comment elle contribue à créer un espace de sécurité psychique propice à la réflexion sur le passage à l’acte délictueux, à maintenir les liens avec les proches et avec l’extérieur de la prison (aide aux démarches administratives, et autres).
Charline Olivier a été assistante sociale pendant douze ans dans un centre d’action sociale d’un quartier sensible. Après avoir exercé des missions pour le tribunal et la gendarmerie, elle a travaillé deux ans dans un service pénitentiaire d’insertion et de probation, dans une prison d’hommes à Rennes. Elle travaille aujourd’hui dans une association auprès de personnes sortant de prison.
Face au régime d’austérité annoncé pour 2025 déjà, une pétition a été lancée par cinq organisations actives dans le domaine des addictions.