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Les djihadistes rentrés de Syrie sont incarcérés, les enfants sont suivis par des services psycho-sociaux, les jeunes mineurs sont sous la main de la Justice (PJJ) et les jeunes radicalisés suivis. Mais cela ne résout pas le problème.
Les raisons psychiques, psychologiques et psycho-sociales qui les ont embarqués dans cette idéologie mortifère ne sont pas encore identifiées ni prises en charge. Ce qui veut dire que si on ne les identifie pas d'urgence et si on ne met pas en place des systèmes de guérison de ces abîmes qui ont conduit ces jeunes vers l'enfer, le risque est grand qu'ils ne sortent jamais véritablement de ces systèmes de pensées et, pire, qu'ils replongent à l'occasion d'un évènement déclencheur.
C'est à cela que s'attelle Alain Ruffion. Spécialiste des faits de radicalisation, homme de terrain, il propose dans ce livre passionnant une enquête via le parcours de 350 jeunes suivis pour radicalisation.
Au-delà des données et des analyses qui racontent une jeunesse ainsi qu'un fonctionnement familial et sociétal, ce livre est un formidable tableau de la faille anthropologique qui menace dorénavant chaque nouvelle génération qui se frottera aux rites anti-initiatiques que l'auteur dévoile.
Il est temps de s'emparer des clés d'analyse et de compréhension que ce livre propose. Ce diagnostic clinique et sociétal sera suivi par des propositions novatrices en matière de prévention dans le tome II «Les orphelins de la République : les voies de la résilience».
Essai «Les orphelins de la République. Les failles qui mènent nos adolescents aux radicalités», Alain Ruffion, Editions La Boîte à Pandore, 2019, 255 pages
Sur mandat de la CSIAS, l'assistant social et cinéaste Giorgio Andreoli a réalisé un film sur la santé et la maladie des personnes touchées par la pauvreté.
Le film donne la parole à cinq personnes concernées. Elles racontent comment joindre les deux bouts, par exemple en tant que mère de quatre enfants - dont un gravement handicapé. Elles relatent des histoires de maladie et le retour progressif au travail, ainsi que le divorce et d'autres événements déclenchant non seulement des drames mentaux, mais aussi physiques et existentiels.
Le film met en lumière dans quelle mesure la situation financière influence subtilement la santé physique et mentale et vice versa.
En langue allemande avec des sous-titres français.
Documentation pour la rencontre organisée par la Fondation pour la formation des aînées et des aînés de Genève avec Nicolas de Tonnac.
Nicolas de TonnacParalysé par un accident à l’âge de 15 ans et depuis lors en chaise roulante, médecin psychiatre aux HUG retraité, Nicolas de Tonnac a écrit un récit autobiographique: «Chacun porte en soi une force insoupçonnée» (Albin Michel, 2018). Il y relate son expérience et sa compréhension des mécanismes physiologiques, psychologiques et comportementaux de sa résilience face à son handicap.
Dans le document joint, Hans Peter Graf a choisi des extraits de ce livre afin d’expliquer plus en détail en quoi le témoignage d’un homme cloué depuis plus de cinquante ans à sa chaise roulante peut être porteuse pour les personnes âgées qui ne sont pas dans sa situation mais qui vont faire face à leur vieillissement. Le psychiatre relate en effet comment il a appris à accepter, à vivre et à se construire avec sa paraplégie en adaptant non seulement son environnement, mais ses attitudes, son mode et son projet de vie.
Certes le vieillissement, loin d’être un «accident» ou un «handicap», est un élément incontournable parfaitement naturel de la vie. Or, ce vieillissement ne se présente ni se vit de la même manière par les uns et les autres. La documentation ci-dessous le rappelle avec une brève analyse de l’évolution des statuts de santé par classe d’âge. Le document présente également une bibliographie commentée sur la littérature scientifique et propose une série de lectures.
«Jeudi de la FAAG», avec Nicolas de Tonnac, le 16 mai 2019 de 14h30 -16h30 à Genève, Auditorium de l’UOG, place des Grottes 3, flyer
Recencion par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Martin Winckler est un médecin français, Marc Zaffran selon l’état-civil, né en 1955 à Alger. Etudes en France puis médecin généraliste au Centre-Ouest du pays, travaillant aussi dans un centre de consultation pour femmes. Il se consacre maintenant à la réflexion et l’écriture, y compris sur les réseaux sociaux et des blogs. Il vit au Québec depuis plusieurs années. Ses romans sont marqués par son expérience professionnelle et humaine, avec une dimension biographique. Il pose ainsi un regard critique et documenté sur la situation médicale française (1).
Le livre. Ce dernier ouvrage met en scène le souhait de Winckler d’une meilleure considération des femmes dans les manières d’être, de réagir, d’être soignée et de soigner. Il décrit un hôpital différent et son école de professionnel-le-s de santé, en 2039. Le Centre hospitalier holistique de Tourmens (ville imaginée et lieu de l’action de plusieurs de ses livres), ou CHHT, et son Ecole des soignantes sont régis par une approche égalitaire et inclusive. Elle se traduit par l’emploi systématique du féminin pour les deux sexes. Je propose de ne pas se laisser désarçonner par cette convention et de persévérer dans la lecture.
Une cinquantaine de courts chapitres, ainsi qu’une vingtaine de brèves et fortes rubriques qui, à elles seules, méritent la lecture. Quelques exemples rassemblés sous le titre « Je suis celles… ». Je suis celle à qui la mère donne un biberon de lait frelaté et offre le sein à son frère jumeau en pensant que lui, au moins, survivra; plus tard je serai celle à qui sa mère ne pardonnera pas d’avoir survécu. Je suis celle qu’on excise pour qu’elle ne déshonore pas sa famille. Je suis celle qu’on vend en esclavage, qu’on échange contre l’accès à un point d’eau. Si ces situations concernent des populations précarisées dans d’autres régions, l’auteur consacre aussi de nombreux « Je suis celles... » à notre société occidentale.
Paradigme. Dans ce roman, le CHHT et l’Ecole ont été mises en place en 2024 grâce au soutien d’un maire progressiste. Changement de paradigme : le corps et la physiologie des femmes deviennent les domaines scientifiques de référence. Partant du principe que si l'on répond de manière appropriée aux besoins des femmes, négligées depuis des millénaires, on saura répondre aux besoins de tous. Cela étant, toute personne doit être soignée et/ou formée avec le même respect, la même écoute, quelles que soient ses origine, genre, préférences... Le narrateur, même s’il s’appelle Hannah, est un des hommes, minoritaires, du Centre hospitalier.
Partenariat. Un point fort est le partenariat soignantes-soignées. Ces dernières participent activement à la formation : « En dehors du CHHT, on continue à instrumentaliser les personnes sous prétexte de former les soignants. C’est pourquoi l’Ecole a mis en place des programmes de soignées-formatrices. Quand les soignées forment, il est impossible de leur manquer de respect. » Dans le pôle Psycho : « Des patientes nous arrivent de partout en France, non parce qu’on les sélectionne mais parce qu’elles nous choisissent. Ici, elles ne courent pas le risque d’être attachées, assommées de neuroleptiques ou soumises à des techniques expérimentales discutables. » On trouve aussi des comédiennes-formatrices (homologues des ‘patients simulés’ dans nos facultés, trente ans avant l’époque contée par ce livre…).
L’hôpital. Il comporte six pôles : Enfants, Physio (femmes), Andro (hommes), Aînées (personnes âgées), Psycho, Urgences. Les activités, entretiens, recherches, dilemmes des soignant-e-s nous y emmènent. On retrouve la docteure Jeanne Atwood, chirurgienne gynécologue dans « Le Chœur des femmes », devenue une des forces vives de l’institution. « Elle soutient la démédicalisation de l’accouchement, a fait bannir la chirurgie arbitraire des personnes intersexuées, a milité contre la psychiatrisation et le harcèlement administratif des personnes transgenres, et participé à la création d’une cellule d’accueil et de soutien pour les victimes de violence. » Expérience aux Urgences : « Je ne m’en rendais pas compte, mais un brancard, c’est comme un livre dont on lirait des pages au hasard. Chaque personne transbahutée y appose un épisode de sa vie. Et tous ces bouts de vie nous parlent du monde. »
Déontologie. Extraits de la Charte de l’Hôpital et de l’Ecole : « 1) Je suis patient-e et je suis ton égal-e. Je te choisis pour me soigner ; 2) Tu mettras en œuvre ton savoir et ton humanité en prenant garde, en tout temps, à ne pas me nuire ; 3) Tu respecteras ma personne dans toutes ses dimensions ; 5) Tu partageras avec moi, sans réserve et sans brutalité, les informations dont j’ai besoin, tu ne me maintiendras pas dans l’ignorance, tu ne me mentiras pas ; 7) Tu te tiendras à mes côtés et tu m’assisteras face à la maladie et à toutes les personnes qui pourraient profiter de mon état ; 8) Tu tiendras à jour tes connaissances, tu me protégeras des marchands ; 10) Tu veilleras à ta propre santé, tu refuseras de te vendre.»
Sens de soigner. Dans la foulée, le narrateur parle du sens de soigner : « Soigner, c’est nettoyer des escarres sans avoir l’air dégoûté, soigner c’est donner à manger à quelqu’un qui tremble trop pour tenir sa cuillère, soigner c’est retourner trois fois en un quart d’heure pour retaper un oreiller ; soigner, c’est tenir la main pendant qu’un autre suture, ponctionne, injecte, sonde, accouche… ; soigner c’est hocher la tête pour dire je suis avec vous ; soigner c’est avoir envie de prendre dans ses bras sans pouvoir le faire (déontologiquement), mais trouver un geste pour dire la même chose (…) »
Réactions. L’acceptation du modèle de Tourmens « ne s’est pas faite en un jour ; beaucoup de gens ont rué des quatre fers à l’idée de perdre leurs privilèges dans ce pays qui idolâtre les titres de noblesse qu’on appelle des diplômes. Notre réforme a plutôt valorisé l‘initiative, l’engagement et l’expérience (…) Grincements de dents quand les mandarins ont découvert que le programme de l’Ecole s’intitulait ‘Manifeste pour une médecine féministe, holistique et communautaire’. »
Directives anticipées. « En 2027, toute la population a reçu une invitation à remplir un formulaire NPR (ne pas réanimer) et à y adjoindre des directives anticipées et le nom d’une personne de confiance. Le formulaire pouvait être rempli en ligne, mais on pouvait aussi être aidée au bureau de poste, à la mairie, dans les écoles. » Le CHHT est ouvert à l’assistance au suicide : « La loi est très claire [on est en 2039], cette possibilité devrait être ouverte partout, mais il y a encore beaucoup d’hostilité et de peur. Cela étant, les riches n’ont jamais aucun mal à mourir à l’heure de leur choix, dans le lieu qu’ils ont choisi. Les pauvres, c’est une autre paire de manches. » Toujours cette loi d’airain : selon que vous serez puissant ou misérable…
Narration. Importance de la narration dans les soins : « Les histoires portent en elles des expériences et des enseignements, des questions et des certitudes, des avertissements et des idées. Les histoires nous émeuvent et nous rendent fort et nous empouvoirent [traduction de l’anglais ‘empower’ !] Les histoires nous rappellent qui nous sommes et nous encouragent à devenir ce que nous voulons être. »
Le vieux que je suis (J.M.) a retrouvé avec plaisir un passage rappelant ses études de santé publique il y a un demi-siècle: « Un groupe de soignants avaient lu René Dubos [microbiologiste français qui a fait une brillante carrière aux Etats-Unis, 1901-1982], le théoricien de l’écologie. Ils avaient compris qu’une maladie est le résultat d’un ensemble d’interactions entre humains et environnement. Pour que la tuberculose soit endémique, le bacile de Koch ne suffit pas ; pour une épidémie de choléra, un microbe dans l’eau ne suffit pas. Il faut des individus fragilisés par la sous-alimentation et les mauvaises conditions de vie. »
Dans les dernières pages, un poème rappelle le primum movens de l’Ecole, l’ignorance/négligence des contributions des femmes : « Je connais le nom des héros mais pas celui de leurs sœurs, je vibre au fracas des combats mais pas au murmure des partages, j’entends la voix des soldats, je ne vois pas les mains qui soignent. »
En résumé, un livre pour réfléchir, mesurer des enjeux, émouvoir, encourager, se distraire aussi. Sur une cause qu’il est si important de défendre. A ce propos, il faut voir « Female Pleasure », le film de la Suissesse Barbara Miller, sorti en mars. Formidable.
1. Martin J. «Là où certains médecins pourraient faire beaucoup mieux» ; à propos de l’ouvrage « Les brutes en blanc - La maltraitance médicale en France », de Martin Winckler. Bulletin des médecins suisses 2017, 98, 974-976.
En Suisse, nombre de publications ont déjà porté sur les inégalités entre femmes et hommes sur le marché du travail ainsi que sur la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. En revanche, la construction de ces inégalités au moment où les jeunes élaborent leurs projets professionnels est beaucoup moins documentée.
Cet ouvrage présente les résultats d’une enquête réalisée dans plusieurs cantons suisses auprès d’élèves de 13 à 15 ans. Il montre comment ces filles et ces garçons ont déjà intériorisé la différenciation et la hiérarchisation des rôles sexués, y compris dans le choix de leur profession future.
Le livre permet de prendre conscience de l’ampleur de ce phénomène et de son inscription précoce dans l’éducation. Les auteur·es souhaitent ainsi promouvoir un large débat sur les conséquences de la construction des inégalités de genre dès les jeunes années.
Lire aussi : «Quand filles et garçons aspirent à des professions atypiques», REISO, Revue d’information sociale, mis en ligne le 25 mars 2013
En septembre 2014 à Genève, l'association Carrefour-Rue a inauguré «Eureka», son premier hameau de studios mobiles pour personnes sans domicile. L'année suivante, «Noé» a vu le jour et prochainement, «Ulysse», un troisième lieu d'habitation du même type, va s’implanter.
Noël Constant, président et fondateur de l'association Carrefour-Rue, a pris ce pari fou qu'en installant temporairement des sans-abri dans des containers aménagés en lieux d'habitation, il allait redonner de l'espérance à des hommes et à des femmes qui n'avaient que celle de survivre dans la rue.
Vingt et un témoignages de résidents, aux paroles souvent dures, toujours bouleversantes, témoignent de la justesse de son intuition. Ils sont la preuve qu'avec un toit et une adresse, on peut se sortir des pires situations et redevenir un citoyen à part entière.
Tout individu, quel que soit son âge, peut se prévaloir des droits fondamentaux et des droits humains. Les personnes âgées se heurtent cependant souvent à des obstacles qui les empêchent d’en bénéficier pleinement. En outre, il n’est pas rare que ni elles-mêmes ni leur entourage ne soient conscients que ces droits existent et qu’il n’y a aucune raison de s’accommoder systématiquement de limitations de l’autonomie ou de mesures qui défavorisent les aîné-e-s.
Le propos du présent guide est de sensibiliser l’opinion à l’importance des droits fondamentaux et des droits humains des personnes âgées. Expliquant dans un langage clair les principales notions indispensables à la compréhension du cadre légal, il illustre par des exemples les atteintes possibles à ces droits et les mécanismes qui permettent, sinon de les prévenir, du moins d’en limiter l’impact.
Ces cas d’étude se rapportent à quatre domaines : travail ; vie privée et famille ; logement et vie quotidienne dans les homes ; et enfin, santé. Ils ont pour vocation de permettre aux institutions et aux personnes (professionnel-le-s et bénévoles) en contact avec les personnes âgées d’identifier dans leur travail les questions qui touchent aux droits fondamentaux et d’éviter toute atteinte à ces derniers.
Clostère est un centre d’aide d’urgence en Suisse. Ses habitants vont et viennent dans les longs couloirs où se distribuent des chambres de quatre personnes. La distribution de nourriture à heures fixes ponctue des journées qui s’étirent dans l’attente et l’angoisse d’un renvoi. À l’entrée, des gardes fouillent les sacs et contrôlent les identités. Clostère n’est pas une exception, mais un lieu aujourd’hui ancré dans la normalité avilissante de la politique d’asile suisse. Dès 2008, l’extension de la suppression de l’aide sociale à toutes les personnes déboutées du droit d’asile se matérialise par l’ouverture de centres d’aide d’urgence, où seul le minimum vital est délivré. Les personnes n’ayant pas suivi l’ordre de quitter le territoire y sont soumises à un contrôle quotidien.
À partir d’une approche ethnographique, Giada de Coulon retrace les journées des habitants de Clostère au fil des aléas de la régulation intensive de leur vie par les autorités suisses. Le livre se tisse autour de récits poignants et instructifs de femmes et d’hommes immobilisés des années entières, conservant l’espoir d’être un jour régularisés. L’illégalité régulière est une tentative de nommer l’essence de ce paradoxe: la vie des personnes logées dans des foyers d’aide d’urgence prend forme au cœur d’un appareil administratif qui a comme raison d’être leur disparition du territoire suisse. Ce livre rend hommage à celles et ceux qui refusent de disparaître.
Ce document synthétise les présentations tenues dans le cadre de la journée de réflexion du 27 mars 2019 organisée par la Haute école de travail social et de la santé · EESP · Lausanne sur le thème «Promouvoir l'innovation dans les soins à domicile». Programme de la journée sur cette page du site de l’EESP.
Avec les résumés des présentations:
Cette synthèse est le fruit des notes personnelles de son auteur, que l’EESP avait invité comme modérateur de la journée. Le contenu n’engage en aucun cas les personnes et institutions citées.
Editeur : HévivA, Association vaudoise d’institutions médico-psycho-sociales, Renens.
Auteur des résumés : Camille-Angelo Aglione
Créer une équipe pilote
En prolongement de cette journée d'étude, une rencontre a lieu le jeudi 9 mai 2019 de 18h00 à 19h30 à la Haute école de travail social et de la santé | EESP | Lausanne. Y seront discutés tous les aspects concrets liés à la mise sur pied d’équipes pilotes.
Cette invitation est destinée aux praticiens et praticiennes des soins intéressés à monter une équipe auto-organisée de soins à domicile et à expérimenter la méthode agile d’accompagnement. Elle s’adresse aussi aux personnes désireuses de contribuer par un apport propre au développement du projet. En savoir plus et s’inscrire sur cette page.
Télécharger le document word, 24 pages
Depuis deux décennies, la maladie d’Alzheimer en France suscite des inquiétudes multiples, mobilise les politiques et renouvelle les pratiques professionnelles : diagnostic, accompagnement, équipes spécialisées… S’appuyant sur une enquête sociologique approfondie, Aude Béliard propose un pas de côté par rapport aux représentations communes. Elle révèle des différenciations sociales, peu visibles dans les discours publics et pourtant bien réelles. L’écriture, proche du terrain, livre des observations, des récits, fait entendre la voix des acteurs. L’enquête donne directement accès à deux univers : celui des relations familiales bouleversées par la maladie – où le lecteur croisera peut-être des scènes familières – et celui des consultations hospitalières – où il comprendra le travail et l’engagement des soignants, mais aussi leur perplexité face aux situations complexes des patients et de leurs proches.
En décalage par rapport aux discours publics et aux idées reçues, l’auteure montre que l’expérience vécue de la maladie d’Alzheimer est sociale parce qu’elle est déterminée par les cadres collectifs, les mots, les manières de penser et de faire qui ont été construits autour de cette maladie dans nos sociétés. Sociale également parce tous les malades et toutes les familles ne la vivent pas de la même manière.
Aude Béliard est sociologue. Formée aux sciences sociales à l’Université Paris 8 et à l’Ecole normale supérieure de Paris, maîtresse de conférences et chercheuse
« Le discours de la crise de la masculinité est fondamentalement misogyne, puisque ce qui est féminin est présenté comme un problème, une menace, un élément toxique qui plonge le masculin en crise, qui le mue en son contraire : le féminin. »
Une crise de la masculinité, dit-on, sévit dans nos sociétés trop féminisées. Les hommes souffriraient parce que les femmes et les féministes prennent trop de place. Parmi les symptômes de cette crise, on évoque les difficultés scolaires des garçons, l’incapacité des hommes à draguer, le refus des tribunaux d’accorder la garde des enfants au père en cas de séparation, sans oublier les suicides. Pourtant, l’histoire révèle que la crise de la masculinité aurait commencé dès l’antiquité romaine et qu’elle toucherait aujourd’hui des pays aussi différents que le Canada, les États-Unis et la France, mais aussi l’Inde, Israël, le Japon et la Russie. L’homme serait-il toujours et partout en crise ?
Dans ce livre, Francis Dupuis-Déri propose une étonnante enquête sur ce discours de la « crise de la masculinité », dont il retrace l’histoire longue et ses expressions particulières selon le contexte et les catégories d’hommes en cause, notamment les « hommes blancs en colère » ainsi que les Africains-Américains et les « jeunes Arabes ». Il analyse l’émergence du « Mouvement des hommes » dans les années 1970 et du « Mouvement des droits des pères » dans les années 1990 et leurs échos dans les réseaux chrétiens et néonazis. Il se demande finalement quelle est la signification politique de cette rhétorique, qui a pour effet de susciter la pitié envers les hommes, de justifier les violences masculines contre les femmes et de discréditer le projet de l’égalité entre les sexes.
Les conseiller·ère·s d’État des cantons latins en charge de la santé s’engagent pour promouvoir le don d’organe. Malgré une augmentation du nombre de donneurs, la Suisse continue à faire face à une importante pénurie.
Les sept ministres s’expriment avec une touche personnelle dans de brèves vidéos.
Esther Waeber
Kalbermatten (VS)
En Suisse, plus de 1'400 personnes sont en attente d’un organe. Tous les cinq jours, un patient décède faute d’avoir pu être transplanté à temps. L’amélioration du don d’organes passe par plusieurs actions, tant fédérales que régionales. Les ministres des cantons latins en charge de la santé, réunis dans la Conférence latine des affaires sanitaires et sociales (CLASS), ont décidé de soutenir le don d’organes depuis plusieurs années. Ils ont donné mandat au Programme latin de don d’organes (PLDO), organisme regroupant tous les hôpitaux des cantons latins impliqués dans le don, de mettre sur pied, depuis 2018, des programmes de promotion du don auprès de la population. La CLASS a également soutenu la réalisation de nouveaux programmes de don d’organes et de tissus dans certains hôpitaux. Ce mandat est accompagné d’un financement particulier.
Pour intensifier la lutte contre la pénurie d’organes et dans le prolongement de la récente campagne de sensibilisation de l’Office fédéral de la santé publique, des clips vidéos sont désormais diffusés sur les sites internet des cantons et du PLDO.
Source : CLASS et PLDO
L'Hospice général publie son premier rapport annuel entièrement numérique. Avec des vidéos, des graphiques, des statistiques, des tableaux, etc.
Plus riche que le rapport papier, ce nouveau support en ligne réunit le « rapport d’activités » et les « statistiques et indicateurs » 2018. Plus d’une centaine de graphiques interactifs et de tableaux déroulants permettent de découvrir en quelques clics toutes les facettes de l’institution genevoise.
L’audiovisuel figure également en bonne place. Le directeur général Christophe Girod ainsi que les responsables de chaque domaine d’activités font une brève présentation vidéo des enjeux de l’année. Les contenus des rubriques sont accompagnés des graphiques essentiels et illustrés par des photographies.
L’Hospice général précise que cette option numérique répond à une décision du Conseil d’Etat de renforcer le processus de numérisation et s’inscrit dans un grand mouvement d’innovation qui concerne tous les domaines de l’institution: de l’e-dossier à la mise en place de l’accompagnement social adapté en intégrant pleinement les bénéficiaires et des nouveaux centres d’hébergement conçus pour les migrants au développement du bénévolat et des partenariats.
Quelques chiffres clés de l’Hospice général
Le dernier numéro d’ActualitéSociale, le magazine de l’Association suisse du travail social AvenirSocial, est consacré au métier de maître et maîtresse socioprofessionelle, profession qui a fêté son cinquantième anniversaire en 2018. Avec des analyses et des témoignages.
Dans l'éditorial de ce numéro, Anne-Christine Sahli, responsable de formation à Arpih Ecole supérieure à Yverdon, écrit que la mission des MSP relève de la construction de ponts. «Ces professionnel·le·s œuvrent à bâtir des passerelles plurielles et complexes visant à favoriser l’accès au travail pour des publics vulnérables, éloignés du premier marché de l’emploi de façon durable ou temporaire. Cette mission les place au centre des mutations et des enjeux socio-économiques actuels.»
Parmi ces mutations, la numérisation et l’automatisation sont analysées par Olivier Grand, responsable du Domaine Travail social de la HES-SO. «Les actuelles entreprises sociales à vocations industrielles, actives dans la sous-traitance, qui emploient des personnes en situation de handicap, accuseront une nouvelle baisse des commandes si elles ne se diversifient pas. Si la proximité peut encore être aujourd’hui un argument de vente, il sera demain plus difficile de la faire valoir alors que d’autres entreprises locales entièrement automatisées offriront des produits hautement concurrentiels.» A ses yeux, ce secteur va donc devoir s’orienter vers les services, la restauration et l’hôtellerie par exemple.
Stéphane Girod, directeur d’Arpih Ecole supérieure, et Didier Fournier, responsable de filière du domaine social à l’Ecole supérieure en Valais concluent : «Comme toutes les filières ES, la formation de MSP est l’illustration des perspectives riches et variées qu’offre la formation professionnelle aux personnes au bénéfice d’un certificat fédéral de capacité (CFC).»
Le magazine donne aussi la parole à plusieurs MSP qui expliquent leur travail et leurs approches innovantes.
Du lundi 8 avril au vendredi 12 avril 2019, la Ligne de Cœur, l’émission radio du lundi au vendredi de 22 à 24h sur La Première animée par Jean-Marc Richard et Pauline Seiterle, se penche sur les inégalités sociales : terrain, enjeux et solutions.
Médecine à deux vitesses, subsides, prestations complémentaires, disparité des salaires entre hommes et femmes, obstacles scolaires, droit et accessibilité au logement, mobilité des personnes en situations de handicap, personnes victimes de discriminations raciales et de genre, etc. Autant de situations qui soulignent le risque d’être sujet à des inégalités.
Comment naissent ces inégalités ? Qu’est-ce qui les entretient ? Que disent-elles des Etats qui nous gouvernent ? Quelles sont leurs conséquences sur le plan personnel et à l’échelle collective ? En quoi ces différences de traitement menacent la cohésion sociale d’une société donnée ? Quelles alternatives citoyennes ou mesures gouvernementales se dessinent pour enrayer les facteurs d'inégalité?
Mieux cerner les inégalités sociales avec :
Si ce sujet vous interpelle, nʹhésitez pas à téléphoner au 021 653 70 70, à écrire ou à envoyer un SMS au 939. En parallèle à ce thème, l'émission reste ouverte à vos réflexions, à vos expériences et récits de vie.
La plateforme romande pour l’accueil de l’enfance, pro enfance, annonce la campagne 2019 «Les enfants dessinent l'avenir - Plus d'investissements dans l'encouragement et l'accueil des enfants dès la naissance». Elle est soutenue par le Réseau d'accueil extrafamilial, Kibesuisse, Pro Familia Suisse, la Fondation Pro Juventute.
Cette campagne commune demande la mise en place d'une politique publique de l'enfance cohérente et inclusive.
Journée d’action. Elle introduit également une Journée d'action suisse le 16 novembre 2019 à Lausanne. Parallèlement et tout au long de l'année, les acteurs locaux sont invités à organiser des événements afin de valoriser les pratiques de l'encouragement et de l'accueil de l'enfance et de susciter un effet de mobilisation pour la journée du 16 novembre. Il peut s'agir de portes ouvertes/échanges internes; d'une journée de formation/colloque/conférence; d'un article/exposition; d'un événement/action grand public/mobilisation. Le détail des initiatives locales sont à transmettre à .
Initiative parlementaire ? Cette démarche nationale souhaite aussi constituer une impulsion politique. Les démarches entreprises en vue de soutenir une initiative parlementaire fédérale dans cet objectif sont coordonnées par le Réseau d'accueil extrafamilial.
Site dédié. Le message national ainsi que les événements locaux sont disponibles sur le nouveau site internet trilingue
Cet ouvrage explore les dimensions cliniques et éthiques impliquées dans l’accompagnement institutionnel des personnes en situation de grande dépendance (physique, mentale et mixte), au plus près de l’expérience concrète des professionnels du secteur médico-social.
Comment construire une pratique favorisant un accompagnement propice au bien-être et à l’épanouissement de chacun ? Quels sont les écueils d’un système institué visant le délicat équilibre entre individualisation et vie en collectivité ?
Ces questions constituent le cœur de cet ouvrage qui explore différentes facettes de l’aventure institutionnelle dans ses dimensions tant éthiques que cliniques. L’entrée en institution, le quotidien de la dépendance physique et mentale, les projets de vie, le devenir de chacun, la vie affective et sexuelle, les défis institutionnels… Autant de thématiques dont l’abord permettra de dessiner une démarche concrète de concertation éthique au sein des établissements.
Les auteurs, psychologues expérimentés dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap et de dépendance, développent une approche intégrative mêlant différents courants de la psychologie contemporaine à des considérations éthiques héritées de la philosophie. L’esprit humaniste de leur démarche vise en premier lieu à favoriser un accompagnement institutionnel respectueux de chaque sujet dans sa singularité.
Pour aider, conseiller, informer et prévenir la maltraitance envers les personnes âgées auprès du public et des professionnel·le·s, la Suisse a désormais sa plateforme nationale, vieillessesansviolence.ch, une permanence téléphonique au 0848 00 13 13 et un mail
Etes-vous victime ou témoin de maltraitance envers une personne âgée ? Souhaitez-vous un conseil, de l’aide ? La plateforme nationale Vieillesse sans violence met en contact, dans toute la Suisse, les personnes âgées, leurs proches et toute personne concernée avec l’organisation spécialisée de leur région : alter ego pour la Suisse romande, Pro Senectute Ticino e Moesano pour le Tessin et UBA pour la Suisse alémanique.
En Suisse, la prise de conscience sur la maltraitance des personnes âgées date de la fin des années 90. Elle reste pourtant un thème tabou et les victimes n’osent pas en parler. Elle résulte en général d’une relation d’asymétrie qui ouvre la voie aux abus de confiance et aux abus de pouvoir. Ses conséquences sont lourdes sur la santé, la qualité de vie et la sécurité, allant parfois jusqu’à la mort. Différents types de maltraitance existent: psychologique (humiliations par exemple), financière (captation d’héritage), physique (coups), sexuelle (exposition à de la pornographie par exemple) et négligences (nourriture inadaptée).
Malgré les grandes variations dans les résultats d’études de prévalence réalisées en Europe et malgré l’absence de statistiques en Suisse, les estimations de l’OMS Région Europe (2011) montrent que, en moyenne, 20% des personnes de 60 ans et plus sont concernées. Cette proportion augmente à 25% pour les personnes âgées très dépendantes. Soit, pour la Suisse, plus de 300’000 personnes!
Les maltraitances ont lieu surtout à domicile (80% des cas), généralement de la part d’un membre de la famille (conjoint ou enfant adulte) ou de l’entourage proche (ami, voisin). Les principaux facteurs de risque sont variés: troubles cognitifs et démence, cohabitation, épuisement du proche aidant, isolement social, normes sociétales et culturelles (dont âgisme). Dans un cas sur cinq, la maltraitance a lieu en institution. Elle est alors souvent liée à des problèmes institutionnels: forte rotation du personnel, sous-dotation, manque d’encadrement et de formation.
Le silence des victimes s’explique par la honte ressentie, le sentiment de culpabilité, la peur des représailles, la crainte de ne pas être crues, la non identification de ce qu’elles vivent, la méconnaissance des ressources existantes et de la manière de les solliciter. De leur côté, les témoins sont aussi réticents à évoquer la maltraitance car ils craignent de se mêler de la vie privée d’autrui.
Conscientes de la nécessité de mener à l’échelle nationale la lutte contre la maltraitance envers les personnes âgées, les trois institutions alter ego, Pro Senectute Ticino e Moesano et UBA ont mis en place cette plateforme nationale de prévention, de conseil, et d’assistance rapide dans les situations de crise.
Les cantons, villes et organisations de la société civile s'engagent en faveur d'une aide sociale solide et équitable. Avec une Charte un site internet.
S’allier pour une aide sociale forte: la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS), l'Union des villes suisses, la Croix-Rouge suisse, la Société suisse d’utilité publique (SSUP) et d'autres organisations spécialisées ont lancé conjointement la «Charte Aide Sociale Suisse», le 29 mars 2019 à Zurich.
Les institutions s'engagent ainsi en faveur de l'aide sociale et de la coopération fédérale. Pour les organisations participantes, l'aide sociale constitue un élément clé de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, et représente un facteur indispensable à la stabilité sociale.
En signant la Charte, les organisations citées s'engagent en faveur du processus de calcul des prestations d’assistance. Les normes sont élaborées par la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS), avec le concours des cantons, villes et communes sur la base de données statistiques et scientifiques.
La Charte est ouverte à la signature d’autres organisations et, plus tard, des particuliers.
Lire aussi : Véréna Keller, «Les Suisses n’ont pas besoin d’aide sociale!», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 3 janvier 2019
Site Charte Aide Sociale Suisse
«L’aide sociale en bref», brochure de 20 pages en format pdf
En 2017 et 2018, la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse a étudié de manière approfondie l’influence de la numérisation sur les enfants et les jeunes. Elle a notamment mis l’accent sur les apprentissages nécessaires pour qu’ils puissent saisir les opportunités de leur environnement et du monde du travail, ainsi que sur la façon dont la numérisation affecte l’égalité des chances. Des enfants et des jeunes apportent également leurs points de vue et des exemples concrets viennent illustrer la thématique. Le rapport se termine par onze recommandations que la CFEJ adresse à la politique, à l’économie, à la formation, à la science et à la société.
Le nouveau rapport « Grandir à l’ère du numérique » se focalise sur les compétences dont les enfants et les jeunes ont besoin pour grandir, se former, travailler et participer à un monde numérisé. La publication réunit les analyses de vingt expert-e-s et présente un choix de projets du terrain menés avec des enfants et des jeunes. Elle se termine avec les recommandations de la Commission qui donnent des pistes pour une numérisation favorable aux jeunes générations.
Le Conseil d’éthique de la Fédération genevoise des établissement médico-sociaux (Fegems) a publié ses recommandations relatives à l’anticipation dans le projet d’accompagnement des résidant-e-s en EMS et à l’application des directives anticipées.
Le « Petit manuel d’anticipation en EMS » est un ouvrage didactique qui s’inscrit en marge d’autres démarches de planification et d’anticipation des soins actuellement en cours aux niveaux cantonal et national. Pour nombre de résidant-e-s, envisager une incapacité de discernement future est inconfortable, et pour les professionnel-le-s, informer et conseiller sur ces questions est souvent malaisé. De plus, l’établissement de directives anticipées est complexe et technique, en raison des exigences légales et des difficultés d’interprétation. Dès lors, l’ouvrage se veut un document de référence didactique, une aide à la décision, qui invite à une réflexion éthique et qui soit accessible et utile aux personnes concernées – résidant-e-s, proches et professionnel-le-s.
A l’instar des projets d’anticipation des soins, la démarche choisie par le Conseil d’éthique vise à favoriser l’autonomie et l’autodétermination des résidant-e-s. Elle privilégie la communication dans une relation de confiance et de partenariat entre résidant-e, proches et professionnel-le-s, pour envisager un accompagnement et des soins adéquats, qui respectent les préférences, les volontés et les valeurs de la personne, quelle que soit sa capacité de discernement.
La particularité de ce petit manuel réside dans son articulation entre des situations tirées de la pratique, analysées et commentées, des éléments théoriques et des messages-clés. Il est conçu de façon à favoriser les réflexions et les discussions critiques au sein des équipes professionnelles, accompagnées au besoin par les membres du Conseil d’éthique pour mieux s’approprier les notions et les principes de l’anticipation dans l’accompagnement des résidant-e-s. Source : Fegems
NDLR de REISO. Un guide remarquable! Les dix exemples explicites et clairement commentés cernent concrètement et montrent précisément les enjeux de l'accompagnement et le sens de certaines formulations, notamment la polysémie de la formule «acharnement thérapeutique».
Le manuel en version papier peut être commandé à
Depuis quelques années, dans l’Église catholique, c’est une avalanche de faits divers sordides et d’occultations d’abus sexuels. Certes, de tels abus ont toujours existé, le secret est une chape trop lourde à lever, ébranlant l’institution au passage. Les révélations ne font que commencer. Mais que des clercs et des évêques, des personnes en poste de responsabilité dans l’Église catholique aient pu être à ce point impliquées dans ce scandale à vaste échelle, est incompréhensible, mystérieux, étrange.
Cet ouvrage de réflexion veut jeter un peu de lumière sur ce qui ne devrait pas être, sur ce qui n’aurait jamais dû être toléré, et qui pourtant marque si profondément l’humanité, les sociétés, les religions, l’Église catholique.
Marie-Jo Thiel, en médecin, sait qu’on ne met pas de pansement sur des tissus nécrosés. Il faut nettoyer la plaie localement et examiner globalement par quoi et pourquoi cette nécrose est arrivée. Il n’en va pas autrement des abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique.
Un ouvrage de référence par une spécialiste de l’éthique.
Marie-Jo Thiel est médecin et professeur d’éthique à la Faculté de théologie catholique de l’Université Marc-Bloch de Strasbourg. En 2017, elle est nommée par le Pape François membre de l’académie Pontificale pour la Vie pour cinq ans. Elle a publié chez Bayard en 2013 Au nom de la dignité de l’être humain et Faites que je meure vivant (recension par Jean Martin dans la revue REISO).
De l’Ecole d’études sociales pour femmes à la Haute école de travail social – HES-SO Genève, quelles sont les continuités, quelles sont les ruptures qui ont façonné cet établissement ?
Ce projet pédagogique ambitieux fut mis en œuvre dans un contexte mouvementé à l’initiative d’acteurs et d’actrices issus des milieux protestants, universitaires et féministes. Il s’est déployé au cours du siècle en s’adaptant aux évolutions des réalités sociales et des sciences humaines, en s’ajustant à la demande sociale, aux mutations de l’Etat, et aux tensions inhérentes au travail social. Pour ce faire l’école a développé ses enseignements, sa gestion et ses relations avec d’autres institutions de formation.
A travers son histoire, c’est toute l’histoire de la formation, de l’action et de la politique sociales qui émerge.
Cette parution est discutée le jeudi 4 avril 2019 à 17h30, HETS, rue Jean-Violette 12bis.
La rencontre sera l’occasion de mettre en perspective les évolutions considérables intervenues dans le champ du travail social, les promesses et les dangers des temps qui viennent et, finalement, la valeur de l’autonomie actuelle des Hautes écoles sociales.
En savoir plus sur la soirée, sur le livre
Recension par Jean Martin
Patrice Franceschi est un écrivain français à la carrière mouvementée : aviateur, marin, aventurier dans des régions en guerre, défenseur de populations menacées. Il s’est intéressé aux sagesses d’ailleurs et publie les enseignements d’un maître japonais oublié – et virtuel – pour un « humanisme combattant ». La ligne générale est proche du stoïcisme, marquée par le devoir de vivre pour le bien commun et toujours travailler, notamment au service de autres (« le temps est votre bien le plus précieux sur terre »), d’être toujours « sur des routes ascendantes », d’être aux aguets, de s’éloigner des faussaires. Tout en étant autonome, en « demeurant son propre souverain. »
De quelques vertus
« Il est rare que le courage appelle le courage, mais la générosité appelle presque toujours la générosité. Donner peu c’est recevoir peu. Donne beaucoup c’est recevoir beaucoup. Toutefois, s’il vous arrive de donner beaucoup et de recevoir peu, n’en soyez pas blessés. L’ingrat est toujours à lui-même sa propre victime. »
« La vérité a un frère qui s’appelle le silence – c’est lui qui l’aide à naître. Et le mensonge a un allié qui s’appelle le bruit – c’est lui qui l’aide à se propager. Préservez le premier partout, combattez le second sans cesse. »
« Ne faites pas comme les grands esprits qui dissertent leur vie entière sur le bien et le mal et que l’on voit rarement accomplir le premier et éviter le second. »
« Qu’est-ce que l’ignorance ? Quelque chose de toujours préférable aux faux savoirs. »
Mener son existence
« Jusqu’à votre dernier souffle, ‘pensez pour agir droitement’.»
« Penser est la première tâche. Mais cela est dérisoire si la pensée ne mène pas à l’action et l’action à la pensée ? »
« N’écoutez pas les enseignements d’hier qui affirment que le corps n’est rien et que l’esprit est tout. N’écoutez pas davantage ceux qui prétendent que l’esprit peut attendre (…) Que votre corps soit aussi sec que votre esprit est aiguisé. »
« Pour triompher des épreuves, soyez comme les cerisiers en fleurs : une hache suffit à les abattre mais rien ne les trouble parce que les mille fleurs sont leur œuvre. »
« Faites-vous à l’idée qu’une vie entière peut se révéler insuffisante pour atteindre ces buts, et n’en soyez pas effrayés. Il faut être comme ces sages qui, pour voir pousser une chêne, s’assoient à son pied et attendent.»
« Observer la pluie qui tombe. Elle féconde la terre sans jamais rien demander pour elle, elle disparaît pour mieux renaître. Soyez à l’égal de la pluie : généreux. »
La vie et la mort
« Vivre entièrement et sans délai. Vivez au pas de charge – alors, vers la mort vous irez d’un pas tranquille (…) Quoi que vous fassiez, il faut laisser derrière vous le fruit de votre passage. A tout le moins, transmettre ce que vous avez reçu. »
« Deux peurs sont répandues à part égale parmi les hommes. La crainte de la mort est une angoisse devant l’inconnu et la peur de vivre est une paralysie. Pour conjurer l’une et l’autre, nous disposons d’un seul moyen : faire de chaque seconde une vie entière. »
« Ainsi donc, rien ni personne n’est à craindre, hors l’effroi de ne rien faire du peu de temps que la vie nous concède avant de nous l’ôter. »
« Vous devez vous demander à chacune de vos décisions : déciderais-je la même chose si ma vie n’avait pas de fin ? Et le plus souvent agir et penser comme si votre vie n’avait pas de fin. »
« Autre chose de plus net encore : il ne faut pas s’attarder à vivre. Pourquoi allonger indéfiniment son existence au-delà du jour où on n’est plus que l’ombre de soi-même ? N’est-ce pas là la limite ? ll faut vivre vite et partir à temps. »
Les choses sacrées
«‘Maître, nous vous écoutons mais vous êtes trop vague concernant les choses sacrées’. Réponse : N’écoutez pas les vieilles morales prétendant qu’elles ne peuvent surgir que des grandes idées de l’esprit. Le sacré dont je parle provient des choses simples. Donc, choisissez ce qui doit être sacré pour vous : votre famille ? L’art ? Votre pays ? Vous me dites alors : ‘ll n’y a là que des choses normales.’ Réponse : Dans notre éthique, le sacré ne provient pas des choses elles-mêmes mais de l’amour qu’on leur porte. Si vous aimez les choses au point de décider qu’elles valent de risquer votre vie pour elles, le sacré surgira. »
Et pour finir
« Le malheur selon nos anciens : tout ce que nous voulons et qui n’arrive pas, tout ce que nous ne voulons pas et qui arrive quand même. »
« Nous autres samouraïs modernes appelons ‘petit chaos’ la disparition progressive des libertés du quotidien. Le petit chaos s’ajoute au ‘grand chaos’ – la guerre de tous contre tous – comme s’emboîtent deux poupées russes. »
« La somme des connaissances est sans fin. Il est nécessaire de choisir entre ce qui doit être acquis et ce qui peut être délaissé Ce qui doit être acquis est tout ce qui vient au secours de l’esprit. Ce qui peut être délaissé est tout le reste. »
« Le bonheur n’est rien d’autre que l’adéquation constante entre ce que l’on pense et ce que l’on fait. Le reste vient ensuite. »
« Maître, quelle sera notre meilleure arme pour affronter les barbaries naissantes et celles à venir ? Ce sera la littérature comme arme de combat, et la poésie comme cuirasse de vie. »
Infirmité, invalidité, incapacité, handicap, situation de handicap… Le vocabulaire utilisé pour décrire une atteinte à la santé physique ou psychique n’est pas anodin. Il repose toujours sur une conception de ce qu’est la « normalité » et véhicule des explications différentes des écarts à cette dernière. Que l’accent soit mis sur des facteurs médicaux, individuels ou sociaux, ou encore sur leur interaction, il affecte la manière dont des êtres humains sont perçus. Si désormais certains termes sont bannis, parce que jugés stigmatisants, la hiérarchie sociale perdure entre personnes considérées ou non comme « normales ». Elle est toutefois contestée par de nouvelles approches scientifiques comme les études critiques sur le handicap (Critical Disability Studies) qui questionnent la « normalité », les présupposés qui la sous-tendent et proposent de la repenser.
L’objectif de ce livre est triple : il s’agit d’abord d’analyser le traitement social du handicap et de l’invalidité, ensuite de comprendre l’expérience qu’en font les personnes concernées, et enfin d’interroger ce qu’est cette « normalité » qui produit le handicap ou l’invalidité.
Avec les contributions de : Dan Goodley, Antonios Ktenidis, Anne Marcellini, Céline Perrin, Monika Piecek, Isabelle Probst, Jean-Pierre Tabin et Myriam Winance.
Face au régime d’austérité annoncé pour 2025 déjà, une pétition a été lancée par cinq organisations actives dans le domaine des addictions.