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Comment comprendre la récidive délinquante des mineurs ? Qu’est-ce qui la rend possible ? Pourquoi certains jeunes dits « récidivistes » sont-ils si imperméables à l’intervention socioéducative qui leur est proposée, voire imposée ? En somme, par quels processus certains jeunes restent-ils dans une dynamique délictueuse ? L’auteure propose d’approcher cette thématique en partant d’un postulat fort : les parcours de vie se construisent et, dans ce sens, les parcours de récidive sont une construction biographique personnelle inscrite dans le social. L’étude de la récidive devient ainsi l’étude d’une construction biographique.
A partir d’une enquête menée auprès de jeunes placés pénalement dans des établissements suisses pour mineurs et jeunes adultes, cet ouvrage révèle une double facette génératrice de l’ancrage dans un parcours de récidive délinquante : une expérience de désaffiliation et de souffrance sociale commune et la mobilisation d’une forme d’agir spécifique pour faire face à l’adversité : l’agir émancipatoire. Dans cet ouvrage destiné aux chercheurs, aux praticiens et de manière plus générale à qui souhaite mener une réflexion poussée sur la récidive des mineurs, l’auteure invite le lecteur à comprendre le parcours de ces jeunes, ni victimes, ni coupables, mais à la fois acteurs et captifs.
Géraldine Duvanel Aouida est enseignante-chercheuse au Domaine Sociologie, politiques sociales et travail social de l’Université de Fribourg en Suisse. Après une expérience de travail en éducation spécialisée dans des foyers pour jeunes en difficultés sociales, elle a réalisé un doctorat en pédagogie spécialisée dont l’objet était lié aux préoccupations rencontrées sur le terrain. Ses principales activités d’enseignement et de recherche adoptent un regard socio-anthropologique et portent sur la jeunesse contemporaine.
Lire son article : « Rester délinquant juvénile : une logique de survie », REISO, Revue d’information sociale, 8 février 2016
Site internet Editions Academia
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
Christian-Nils Robert est professeur honoraire de droit pénal à l’Université de Genève. Son livre montre le combat, dès les années 1970, contre les idées reçues, et pour une bonne part importées dans la foulée de la « Guerre à la drogue » décrétée par Richard Nixon. Celles et ceux qui ont été impliqués alors dans les questions relatives aux drogues et à la toxicomanie y retrouveront de vifs souvenirs.
C.-N. Robert a notamment observé les dégâts qu’occasionnait la prohibition alors qu’il était directeur du Service genevois de protection de la jeunesse - prohibition renforcée en Suisse depuis un arrêt du Tribunal fédéral de 1969. Son livre regroupe, sans modifications, ses écrits au cours de quatre décennies sur la politique de la drogue. Le moins qu’on puisse dire est que cela donne à réfléchir sur la lenteur de l’évolution des attitudes et prescriptions légales ; lenteur aussi à voir et admettre la réalité. Ceci dit sans minimiser l’action pionnière de la Suisse, sous l’égide de Ruth Dreifuss en particulier, dans la mise en œuvre de la politique dite des quatre piliers : prévention, répression, thérapie et réduction des risques. De manière intéressante, l’auteur met en parallèle de chaque article repris des citations du rapport récent de la « Global Commission on Drug Policy » [1] .
A l’heure où rares sont ceux qui défendent encore une doctrine prohibitionniste qui échoue depuis un demi-siècle, et où la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues a pris depuis des années des positions ouvertes et éclairées, on pourrait dire que cet ouvrage a un caractère historique, de témoignage d’engagement. Mais il est bon, primo, de relever que Robert a eu largement raison avant les autres et, secundo, de se remémorer les funestes enchaînements et rigidités qui marquent cette histoire – le blocage de démarches pragmatiques par un arbitraire doctrinal éloigné de la réalité.
L’ouvrage bénéficie d’une préface de la journaliste Sylvie Arsever. Elle évoque la « montée en puissance d’un droit pénal tentaculaire, érigé en rempart des valeurs sociales et morales - une prolifération tumorale, une inflation punitive ». Son espoir est mitigé de voir la raison s’imposer rapidement. « Les effets pervers de la prohibition, dénoncés dans les pages qui suivent, sont si apparents que peu les contestent. [Mais] l’imaginaire mondial, hanté par le martyrologue des tombés au combat contre les mafias et les cartels, continue à lier la drogue et le crime. » L’Assemblée générale de l’ONU consacrée à ce thème en avril 2016 à New York a en effet conclut sur des résultats très modestes.
Site internet Editions Georg
Un changement d’échelle d’analyse majeur s’est opéré à la fin des années 70 avec les processus de mondialisation et d’individualisation de nos sociétés. Les peurs eschatologiques présentes jusqu’alors ont été supplantées par des peurs centrées sur de nouvelles valeurs engendrées par cette transformation et métamorphose sociétale : l’économie, le travail, les technologies et les intérêts individuels immédiats. Ces référentiels « dogmatiques », culturels et identitaires ont tracé les nouveaux sillons de nos peurs contemporaines : peur de perdre son emploi, peur du chômage, peur de la précarité, peur de l’incertitude, peur de l’avenir, peur de l’Autre, peur de ne pas être performant, etc.
Simultanément à ces peurs, le plus souvent combinées entre elles et faisant système, des maux comme la fatigue, l’usure, le burn out, le stress, le mobbing, etc., sont exprimés par nombre de salariés et sont de plus en plus associés à certains modèles de gestion du travail récemment implantés au sein des organisations, tant privées que publiques. Un lien de cause à effet entre ce nouveau management, ces maux et ces peurs au travail, peut-il être établi ?
Psychologues, philosophes, historiens, anthropologues ou sociologues autant de regards disciplinaires se sont joints à cet ouvrage collectif pour réfléchir sur cette thématique et apporter des éléments d’éclairage.
Ce numéro traite des luttes féministes autour des reconfigurations d’une « morale sexuelle contemporaine » qui s’efforce, au-delà des normes religieuses traditionnelles, de définir les comportements convenables, acceptables, légitimes, valorisés, ou au contraire répréhensibles ou stigmatisés.
À travers des objets divers comme la contraception, la prostitution, la SlutWalk (souvent traduit par Marche des salopes), le consentement des patientes en gynécologie, la régulation des naissances dans le mariage catholique, ce numéro analyse comment les divers discours féministes proposent des normes sexuelles alternatives pour réguler les sexualités.
Les études de cas abordent des mobilisations anciennes et nouvelles, intra et extra-européennes.
« J’oubie, c’est grave Docteur ? »
Les résumés en format word
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
« L’histoire de la violence sexuelle remonte aux origines de l’humanité, il a pourtant fallu attendre [jusqu’à récemment] pour que les victimes, en très grande majorité des femmes ou des fillettes, voient leur statut de victimes puis leur souffrance psychologique davantage reconnus. (…) On se heurte au mur du silence des victimes ; moins de la moitié d’entre elles parlent de leur agression et seulement 10% osent porter plainte ; elles continuent trop souvent à endosser la culpabilité du viol (…) C’est pourquoi il est très important de laisser une large place à leur parole. »
Florence Thibaut, professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’Hôpital Cochin, Paris, dresse un état des lieux et donne un aperçu historique, des définitions, des indications du registre anthropo-sociologique, puis un panorama de la violence sexuelle en termes chiffrés. Elle analyse les raisons qui font que les victimes restent si souvent muettes et que les professionnels ne déclarent pas systématiquement les situations. Elle présente également une typologie des agresseurs et des diverses paraphilies (anciennement dites perversions).
L’auteure aborde ensuite la pratique : quand faut-il penser à une agression, chez un enfant, un adolescent ? Le point de vue des victimes est suivi au fil de leurs réactions psychologiques, immédiates et à long terme, et à leur prise en charge par diverses méthodes. L’ouvrage termine avec la législation et les aspects judiciaires, le renforcement récent des droits de l’enfant et de sa protection, l’aide aux victimes et la prévention, y compris l’identification précoce des situations à risque et la problématique internet. Plusieurs annexes complètent l’information pratique, sur les modalités de signalement, le secret médical auquel il peut être dérogé, l’examen médical et le recueil des preuves. Soulignons l’importance des certificats médicaux, qui doivent rapporter aussi fidèlement que possible les paroles de la victime (entre guillemets), mais ne doivent faire état par ailleurs que de faits objectivement constatés. Plusieurs points à garder aussi à l’esprit :
Pédophilie. « Dans la plupart des cas, les signes sont indirects et très peu spécifiques. Ce qui doit alerter, c’est une modification importante du comportement de l’enfant, dans son milieu familial ou scolaire, ne pouvant être expliquée par un évènement identifiable. » Thibaut aborde aussi la question de la crédibilité de l’enfant.
Soin et justice. « Le thérapeute ne peut pas faire l’impasse sur l’importance, sur le plan symbolique et dans la réalité, de la réparation judiciaire. Il est nécessaire dans la prise en charge de se référer à la loi, sans jamais se substituer à la justice. La justice ne s’attache qu’aux éléments factuels, la médecine en revanche se doit de considérer, au-delà des faits, l’immense souffrance de la personne. »
La parole. « Difficile pour la victime de faire un choix, sachant que se taire ou parler peut aboutir à la même conséquence : la mort sociale. » Pour l’inceste, des auteurs parlent d’assassinat psychique. On sait la difficulté écrasante, en cas d’inceste, de briser ce « secret entre nous » (abuseur dixit), vu comme une trahison…
Les pistes d’intervention. 1) Mettre en place des centres pluridisciplinaires spécialisés dans l’accueil et l’examen (pôles de référence) ; c’est heureusement un domaine où des progrès visibles sont réalisés, sous l’égide de la médecine légale souvent. 2) « Les soins apportés aux agresseurs sexuels eux-mêmes sont un élément clef dans la réduction du nombre d’abus. » La formation dans ce but d’équipes compétentes permettra de limiter les récidives (un tel centre s’ouvre à Lausanne au printemps 2016). 3) Un rappel qui devrait aller de soi : « Il est très important, pour prévenir, de renforcer les programmes d’éducation sexuelle, et d’insister sur la nécessité d’un consentement entre partenaires lors d’une relation. »
En résumé, un ouvrage présentant, sous une forme aisément compréhensible et maniable, l’essentiel des informations utiles sur une problématique majeure et les manières de l’identifier, de la prendre en charge et, dans toute la mesure du possible, de la prévenir.
Les professionnel-les du travail social jouent un rôle important dans la recherche d’une consultation adéquate pour les victimes de discrimination.
Afin de les soutenir dans leur démarche, AvenirSocial et le Service de lutte contre le racisme de la Confédération ont élaboré ensemble un guide pratique.
Il contient des informations, des liens et des adresses.
Le guide en format pdf
L’étude nurses at work : parcours professionnels des infirmières/infirmiers au cours des 40 dernières années en Suisse
Dans une grande étude réalisée dans les trois régions du pays, il a été demandé aux professionnels de santé quelles étaient les raisons qui les poussaient à rester dans la profession ou au contraire à quitter le secteur de la santé. Ce bulletin décrit l’approche et présente les principaux résultats.
Lire aussi : « Les professionnels de la santé : sorties de leur profession », Michael Lobsiger, Wolfram Kägi, Laila Burla, Obsan Bulletin 7/2016, 4 pages (en format pdf). Une part importante de professionnels de la santé quitte leur profession. C’est une des conclusions de ce bulletin qui présente les résultats partiels de l’analyse du relevé structurel du personnel de santé.
L’étude en format pdf
Le nombre croissant de personnes âgées en perte d’autonomie, le mode de vie indépendant de la génération vieillissante des baby-boomers, le développement de nouvelles formes d’habitat et la tendance de plus en plus marquée pour des offres intégrées entre les fournisseurs de prestations ambulatoires et stationnaires exigent de nouvelles solutions globales dans les soins aux personnes âgées.
L’association faîtière nationale CURAVIVA Suisse a ainsi développé le modèle d’habitat et de soins 2030 pour les personnes âgées (80+). Ce modèle constitue une vision de l’avenir des personnes âgées, selon laquelle elles devront pouvoir mener une vie autonome malgré la dépendance aux soins, dans l’environnement de leur choix.
Selon ce modèle, les institutions médico-sociales pour personnes âgées sont des entreprises de services décentralisées et orientées dans l’espace social, permettant aux personnes âgées de continuer à vivre de manière autonome dans l’environnement qu’elles privilégient. Dans cette idée, la personne âgée demeurera « au cœur de la vie », avec l’entier de son réseau social, et bénéficiera des prestations nécessaires, adaptées à ses besoins individuels.
Cette analyse se termine sur quatre pistes de changements :
Source : Curaviva
Télécharger Modèle d’habitat Curaviva en format pdf
En principe, parmi les tâches professionnelles de l’infirmière figure l’application des ordonnances médicales.
En adoptant ce titre provocateur, Colette Gaudin veut souligner la nécessité pour tout un chacun de prendre le temps de parler, d’échanger, de garder sa capacité à s’étonner du surgissement de la vie ou au scandale inattendu de la mort.
Après avoir découvert les « Cafés mortels » organisés par le sociologue Bernard Crettaz, Colette Gaudin a voulu témoigner. Pour elle, il faut parler de la mort pour choisir sa vie. « Alors, et si on se redonnait de l’espace pour échanger avec nos propres mots, dans nos familles, avec notre entourage, en société, sans s’en remettre uniquement à des spécialistes et attendre un mode d’emploi, une prescription ? »
Colette Gaudin est infirmière en santé communautaire en Valais. Elle s’est spécialisée en soins palliatifs à Rive-Neuve.
Les structures dites intermédiaires, telles que les structures d’accueil de jour et de nuit ou les appartements avec encadrement médico-social, gagnent en importance dans la prise en charge des personnes âgées fragilisées ou dépendantes. Ce rapport, réalisé par Ecoplan sur mandat de l’Obsan, établit pour la première fois un bilan chiffré des structures existantes en Suisse. Basé principalement sur une enquête auprès des cantons, il présente l’offre et le recours aux structures intermédiaires et fournit d’autres informations importantes, concernant par exemple leur financement et les organismes responsables. Il ouvre ainsi la voie à une meilleure couverture statistique de ce domaine.
Le dossier en format pdf
Cet ouvrage est né d’un constat : quel que soit le domaine d’intervention – thérapeutique, éducatif ou pédagogique –, il existe une démarche, une méthodologie de travail, un processus communs. Même si les champs professionnels sont différents, le processus d’aide reste, globalement, le même.
L’auteur, enseignant spécialisé, présente ici une démarche, le projet personnel d’intervention, permettant aux professionnels de l’aide de développer des outils méthodologiques garantissant une meilleure efficacité de l’intervention. Il dégage de nombreuses pistes pertinentes pour tous les professionnels engagés dans l’accompagnement des personnes en difficulté – adultes ou enfants. Pour élaborer ce processus d’aide, Pierre Vianin s’est appuyé sur de nombreuses approches théoriques. L’ouvrage s’adresse aussi bien aux enseignants qu’aux thérapeutes, soignants, éducateurs, logopédistes, psychologues ou parents.
Comme l’auteur est enseignant spécialisé, les exemples illustrant le processus d’aide concernent les élèves en difficulté d’apprentissage. Mais la démarche proposée s’est nourrie et enrichie de nombreuses approches connexes. Par conséquent, le processus d’aide développé ici peut inspirer tous les professionnels dont le travail consiste à apporter une aide à des personnes en difficulté.
Site internet De Boeck
Les associations LGBT nationales et romandes réagissent suite aux propos du Conseiller d’Etat Oskar Freysinger : les discriminations homophobes et transphobes en milieu scolaire ne sont pas du fantasme.
Malgré 40 élèves qui s’y étaient inscrit.e.s, un atelier intitulé « A quoi servent les injures ? Entre sexisme et homophobie » prévu au Collège des Creusets à Sion a été finalement annulé. Il y avait été réalisé l’année passée avec succès par l’association les Indociles. Le 20 avril 2016, contacté à ce sujet par l’émission « Forum » de la RTS, Oskar Freysinger, Conseiller d’Etat valaisan, a tenu des propos irresponsables et dangereux de la part d’un Conseiller d’Etat en charge du Département de la Formation et de la Sécurité. Il a nié l’existence des discriminations homophobes ou transphobes, tout en tenant lui-même des propos homophobes en taxant les personnes LGBT, dont des élèves dont il a la charge, de malades.
Les jeunes lesbiennes, gay, bisexuel.le.s ou trans* (LGBT) ont à faire face à l’homophobie et à la transphobie dans les cadres scolaire, social et familial. Les données de l’étude nationale « Santé Gaie » menée par l’association Dialogai et l’Université de Zurich en 2011 montrent que le risque de tentatives de suicide est 2 à 5 plus élevé chez les jeunes LGBT que chez les jeunes hétérosexuel.le.s à cause de l’homophobie et de la transphobie. 50% des tentatives de suicide de ces jeunes se produisent avant qu’ils/elles n’atteignent l’âge de 20 ans. 50% des jeunes LGBT de moins de 25 ans disent avoir été victimes, au cours des 12 derniers mois, d’au moins une forme de violence (agressions verbales et physiques, harcèlement sexuel), y compris dans le contexte scolaire. Ils/elles n’ont pas, ou rarement, la possibilité de se tourner vers leur famille, vers leurs ami.e.s ou vers l’école pour trouver du soutien et ne savent donc pas à qui s’adresser. Ces manifestations d’homophobie et de transphobie dans l’éducation ont des conséquences graves sur leur parcours scolaire : absentéisme ; décrochage scolaire, changement fréquent d’établissement et échec scolaire. De nombreux témoignages de jeunes, d’enseignant.e.s mais également de professionnel.le.s de la santé, en Valais ou ailleurs, montrent que la réalité est toute autre que celle dépeinte par Oskar Freysinger.
L’homophobie et la transphobie n’affectent en outre pas que les jeunes LGBT : tout.e élève dont l’expression de genre ne correspond pas aux normes genrées stéréotypées ou dont la conduite pourra être perçue comme différente (par exemple un garçon jugé trop « efféminé » qui prend des cours de danse ou une fille jugée trop « masculine » qui joue au foot). Les élèves peuvent aussi grandir dans une famille arc-en-ciel, une famille où au moins l’un des parents se définit comme lesbienne, gay, bisexuel.e ou transgrenre. Enfin, ils et elles peuvent avoir dans leur entourage proche (oncle/tante, cousin/cousine, ami.e, etc.) une personne qui se définit comme LGBT. L’homophobie et la transphobie et leurs conséquences en milieu scolaire constituent ainsi un réel problème d’égalité d’accès à l’éducation et un problème de santé publique dont il est nécessaire de prendre la mesure et contre lequel il est nécessaire d’agir.
L’école n’a pas uniquement le rôle d’apprendre à écrire ou calculer. En accord avec le Plan d’Etudes Romand et les principes de l’UNESCO, la prévention de l’homophobie et de la transphobie s’inscrit dans un contexte plus général de lutte contre les discriminations, d’apprentissage du mieux vivre-ensemble et d’éducation citoyenne. En effet, aménager un climat d’éducation et un quotidien exempts d’homophobie et de transphobie, avec l’aide de toutes les actrices et acteurs du monde de l’éducation, est bénéfique pour l’ensemble des élèves. Le contexte scolaire a le devoir de garantir pour l’ensemble des élèves des espaces d’éducation sécures et qui favorisent les apprentissages.
Caroline Dayer, docteure et enseignante à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation de l’Université de Genève – experte des discriminations dont le sexisme, l’homophobie et la transphobie -, a rappelé à Oskar Freysinger dans « Forum » du 20 avril 2016, à juste titre, que « décider d’annuler cet atelier est une décision homophobe institutionnelle ». Les associations LGBT nationales et romandes appellent le Conseiller d’Etat à ne plus tenir des propos homophobes et à cesser de nier que l’homophobie et la transphobie font des ravages, y compris au sein des écoles valaisannes. Elles appellent le Conseiller d’Etat et le Département de la Formation et de la Sécurité à mettre en place une réelle politique publique de prévention et de lutte contre l’homophobie et la transphobie dans les établissements scolaires valaisans, pour enfin offrir un espace d’éducation favorable et sain pour l’ensemble des élèves, indépendamment de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Source : Association faîtière Familles arc-en-ciel, Organisation suisse des lesbiennes LOS, Pink Cross – Fédération suisse des gays, Transgender Network Switzerland, Association Alpagai, Fédération genevoise des associations LGBT, Association Les Indociles, Association Juragai, Association Lago, Association Lilith, Association VoGay
Recension par Dr Jean Martin, médecin de santé publique
Médecin de réadaptation fonctionnelle, Elisabeth Zucman s’est engagée durant quarante-cinq ans auprès de personnes polyhandicapées et de leurs familles et s’est acquis à cet égard une belle légitimité. Dans cet ouvrage, elle a rassemblé les textes de 14 auteurs : sept femmes et sept hommes (Français surtout et un Belge) ; huit médecins, dont un psychiatre, quatre psychologues, un sociologue ; et une personne de 46 ans, tétraplégique depuis 30 ans, dont le témoignage est marquant et très instructif - le seul qui parvienne depuis « l’autre côté », celui des patients. A noter l’importance de la contribution principale de la directrice de publication (un quart du livre).
Une grande partie du propos est consacré aux principes et modalités de prise en soin de personnes souvent dites « incurables », enfants, adultes et personnes âgées, à tout ce qui peut être fait pour leur qualité de vie. Les soins palliatifs y trouvent aussi une large place. Plus avant, E. Zucman se préoccupe de l’évolution en France des pratiques en fin de vie, en rapport avec la loi Leonetti de 2005 (dont elle souligne comme d’autres qu’elle a été très insuffisamment mise en œuvre) et sa révision de 2015.
Certaines ambivalences sont mises en évidence. Ainsi, la seule manière admise de faire advenir la mort, en situation terminale, est l’arrêt d’hydratation et d’alimentation (AHA). Cette pratique peut entraîner de longues agonies, difficiles à vivre pour toutes les personnes concernées. Faut-il refuser catégoriquement d’envisager, pour éviter ces situations et comme cela peut se faire dans des pays voisins, un geste mettant un terme à cette agonie ? On invoque l’interdit de tuer, mais sans débattre de ce que cet interdit a de théorique. En effet, objectivement, ces limites sont aujourd’hui floues et il est transgressé en pratique - la moitié environ des décès en hôpital sont liés à une décision médicale (sans compter les euthanasies qui ne disent pas leur nom).
Des auteurs ne cachent pas leur malaise à l’endroit de l’affirmation du droit strict du patient à l’auto-détermination. On sait la tension (légitime, à gérer de façon nuancée) entre autonomie du malade et compassion des soignants. Mais le lecteur de tendance « bio-éthico-libérale » est lui-même mal à l’aise quand l’empathie pour le malade tend à limiter sa faculté de décider. E. Zucman estime que les textes d’application des lois évoquées devraient inclure « la constitution d’un ‘conseil de fin de vie’, rassemblant autour du patient deux médecins, un ou deux proches, la personne de confiance cas échéant, un ou deux représentants des soignants et un ‘référent de fin de vie’ ». Est-il judicieux d’envisager, dans tous les cas, un tel aréopage de « sachants » ? Car tout de même, certaines situations sont claires, et ces comités peuvent avoir un effet déresponsabilisant pour leurs membres. On peine à ne pas y voir un manque de confiance à l’endroit des malades qui ne sauraient pas décider de ce qui est bon pour. A notre sens, la tendance à vouloir des dispositifs replaçant des experts au premier plan et remettant en cause la capacité de discernement de « l’autre » doit sérieusement être questionnée.
Quand on dit « les dix années d’application de la loi Leonetti ont amené les médecins à mesurer l’extrême difficulté qu’ils rencontrent à apprécier la volonté des patients en fin de vie », on n’est pas loin de laisser entendre que cette difficulté autoriserait à la mettre de côté, alors qu’il convient plutôt de mettre en place les conditions de l’émergence majeure et responsable de cette volonté, sans interférence indue.
Après avoir été longtemps réservée à la seule école obligatoire, la réflexion relative à une meilleure prise en compte des réalités des élèves à besoins éducatifs spécifiques se développe actuellement également au sein de l’enseignement postobligatoire, voire au-delà.
Dans cette publication, le concept de la compensation des désavantages au secondaire II est soumis au regard de neuf auteurs, chercheurs ou acteurs sur le terrain. Ensemble, ils en dessinent les contours, en détaillent les bases légales, en interrogent les limites et analysent sa pratique.
Les éléments présentés sont complétés par des témoignages d’élèves concernés. Wissam, Lisa, Marion et d’autres encore nous parlent de leur vécu scolaire, de leurs attentes, des difficultés rencontrées et de leurs réussites.
Site internet CSPS
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
Laurent Degos est un hématologue et immunologue parisien. Après d’autres ouvrages, il publie un essai bref sur les enjeux actuels de bioéthique, regroupés en quatre parties :
Dans cet ouvrage ramassé, il aborde les défis actuels pour la pratique biomédicale qui demandent des appréciations sociétales et soulèvent la question d’élaborations juridiques. Il les met dans leur contexte et indique des options possibles, le plus souvent sans porter de jugement ni donner de réponse. Cette manière d’aborder les enjeux pourra surprendre le lecteur qui serait venu trouver des solutions. Mais elle permet, et c’est essentiel aujourd’hui, d’ouvrir l’esprit aux avancées impressionnantes des sciences et des techniques et de proposer des moyens de les apprécier, sans à chaque fois formuler une conclusion qui pourra s’avérer rapidement obsolète. Degos note que son ouvrage contient les éléments utiles aux élèves de classe terminale pour leur cours d’éducation civique, juridique et sociale. Si il évite ainsi l’écueil de donner des conseils de façon paternaliste, peut-être aurait-il pu néanmoins tracer un ou quelques chemins d’élaboration du thème.
Sur les tensions entre santé publique et santé individuelle, l’auteur cite le Comité consultatif national d’éthique : « Le progrès médical s’est souvent fondé sur des rapports bénéfices /risques initialement asymétriques (…) La société dans son ensemble doit être consciente que l’exigence de la recherche peut conduire à privilégier parfois les intérêts de la communauté. » Degos relève que les pesées d’intérêts sont particulièrement ardues dans les situations qu’il appelle « sauts technologiques ».
Sa conclusion est interpelante. « L’espèce humaine est riche de sa diversité, qui lui permet de survivre face à tout type d’agression, riche de sa vulnérabilité, qui permet de révéler sa solidarité. L’homogénéité signe sa mort. Le rejet du vulnérable et du fragile amène l’humanité à la barbarie. Le désir de la normalité et la quête d’un transhumanisme sont deux grandes tentations, rendues envisageables par la science, mais aussi deux impasses ». Beau programme de réflexion éthique, au moment où congrès et revues spécialisées sont pleins d’envolées trans- ou post-humanistes ! Dans la pratique quotidienne, beaucoup d’efforts de la médecine tendent à assurer que les enfants qui naissent soient aussi bien (parfaits ?) que possible. Qui arrêtera ce train ? Peut-on et faut-il l’arrêter ou contrôler sa direction et sa vitesse ?
Le vécu au travail façonne-t-il aujourd’hui les représentations sociopolitiques des individus ? L’enquête qualitative menée au sein de trois groupes professionnels montre que les activités professionnelles alimentent les jugements portés sur la société et la politique. Les ingénieurs conçoivent la hiérarchie sociale et les choix politiques à l’aune de leur formation scientifique, axée vers la technique ou le management. Les agriculteurs se démarquent plus ou moins des loyautés politiques locales selon le type d’agriculture qu’ils privilégient pour assurer leur futur. En politique comme dans leur profession, les DRH valorisent une position de surplomb synthétisant des points de vue antagonistes. Comparant ces « ethos professionnels », l’ouvrage relativise les constats de la dissolution des appartenances professionnelles et de l’individualisation des opinions. Il examine les modalités d’organisation du travail et de la concurrence, les trajectoires et les réseaux de sociabilités pour saisir les logiques de production des opinions propres à chaque groupe et leurs différenciations internes.
Auteurs/editeurs
Site internet Seismo
Pain pour le prochain et Action de Carême étudient combien d’entreprises suisses disposent aujourd’hui d’une politique de droits humains qui s’applique à leurs filiales et à leurs fournisseurs.
Quelques résultats sont intéressants à souligner :
L’étude en format pdf
La statistique suisse de l’aide sociale, avec les données de 2014, englobe désormais 10 années d’observation. Le taux d’aide sociale est aujourd’hui de 3.2%, comme il y a dix ans.
Les groupes risquant le plus de dépendre de l’aide sociale ont peu changé depuis 2005 : les enfants, les personnes de nationalité étrangère, les familles monoparentales et les personnes divorcées demeurent les plus exposés. Le risque de dépendre de l’aide sociale a aussi augmenté de 1,9% à 2,7% entre 2005 et 2014 chez les personnes de 55 ans et plus. Le nombre des dossiers concernant une personne s’est aussi fortement accru (de près de 70’000 en 2005 à 96’000 en 2014).
La corrélation entre le recours à l’aide sociale et un faible niveau de formation s’est accentuée ces dix dernières années.
La répartition géographique du taux d’aide sociale en 2014 montre que ce taux est plus élevé dans les régions urbaines. Cela tient, d’une part, aux disparités cantonales concernant les prestations d’aide sociale en amont de l’aide sociale économique. D’autre part, la structure de la population et le tissu économique de la région ont une influence sur l’ampleur de l’aide sociale.
L’étude en format pdf
Quels sont les meilleurs et les pires endroits sur la planète pour les femmes au travail ? Ce graphique interactif permet d’évaluer une trentaine de pays, notamment ceux de l’OCDE et la Suisse, sur les inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail en fonction d’une dizaine d’indicateurs : l’écart salarial, la participation des femmes dans les conseils d’administration, les congés maternité et paternité, les frais de garde des enfants, etc.
L’originalité de ce graphique réside dans la possibilité pour les internautes de pondérer chaque indicateur sur une échelle de 0 à 100%. Selon les priorités de chacun en matière d’égalité de genre sur le marché du travail, le classement des pays pourra ainsi sensiblement varier.
Avec la pondération standard des critères, ce sont les pays nordiques – Islande, Norvège, Suède et Finlande – qui obtiennent le meilleur score d’égalité de traitement. La Suisse arrive en queue de classement et occupe la dernière place des pays de l’OCDE. Le graphique permet également de connaître les résultats détaillés de chaque pays concernant les 10 indicateurs.
Un outil à la fois ludique et instructif qui souligne à nouveau les efforts que la Suisse peut encore fournir pour améliorer l’intégration des femmes sur le marché du travail.
Le graphique interactif en ligne
Dans ce numéro, plusieurs articles à signaler dans le dossier « Optimisation de la protection sociale » :
Sur ce même thème, lire aussi l’article de Daniela Wagnières « L’encouragement précoce pour TOUS les enfants » , REISO, Revue d’information sociale, 16 mai 2013.
Sécurité sociale en ligne
Avec les résumés des interventions de :
Les résumés en format word
L’Hospice général et la commune d’Anières publient un ouvrage qui reflète le quotidien vécu par les migrants au centre d’hébergement collectif d’Anières.
Le livre réunit des photographies réalisées durant plus d’une année auprès des migrants par la photographe Alison McCauley avec des témoignages recueillis par Valentine Sergo lors d’un atelier d’écriture.
Textes et photographies témoignent avec force du parcours des migrants et de leur vie quotidienne au centre d’Anières et plus généralement à Genève : des souvenirs douloureux mais aussi des envies et des rêves qui témoignent de la force de vie et de la capacité de l’être humain à surmonter les épreuves.
Alison McCauley : « J’ai vécu, pendant dix ans, près du centre d’hébergement collectif d’Anières. Je voyais les requérants d’asile lorsqu’ils attendaient à l’arrêt de bus près du centre. Ils avaient souvent l’air découragé et déconnecté de leur environnement. Je voulais en savoir plus sur eux et sur ce qui les avait conduits à fuir leur pays d’origine. »
Valentine Sergo : « Aujourd’hui, face aux pays qui ferment leurs frontières aux migrants et aux murs qui s’érigent, il me semble plus que nécessaire de donner à entendre la voix de ces personnes qui, comme n’importe quel être humain sur cette Terre, aspirent juste à un peu de paix, de sécurité, de dignité et de bienveillance. »
Commande en ligne
Les CGSS contiennent des études scientifiques, de la jurisprudence, de la documentation et des annonces. Ils portent essentiellement sur le droit suisse, le droit européen et le droit international de la sécurité sociale, en combinant des approches théoriques et pratiques. Ils ont aussi une ouverture vers l’Europe centrale.
Ont contribué à ce numéro :
Commande : Université de Genève, Katia.Metral (at) unige.ch, 022 379 84 38
Jeunes précaires, jeunes en difficulté, jeunes à problèmes. Les formulations reviennent à l’envi dans les discours médiatiques et les prises de position politiques. Mais en quoi les conditions contemporaines du passage à l’âge adulte sont-elles susceptibles de rendre ce dernier problématique et en faire un problème social ?
En quoi l’allongement contemporain de cette période de latence et le brouillement des cycles de vie dans les trajectoires biographiques contribuent-ils à rendre socialement délicat ce moment de l’existence ? En quoi les dynamiques du marché du travail, malgré les mesures d’insertion déployées en sa direction, rendent-elles l’accès à l’emploi problématique pour la jeunesse et enferment-elles certaines catégories d’entre elles dans une forme de « précariat » institutionnalisé ? En quoi les préoccupations sociétales sur la crise économique et sur la difficulté à profiler un environnement clair et stable participent-elles à redoubler l’incertitude des jeunes sur leur présent et leur avenir ? En quoi les politiques de la jeunesse, aussi nombreuses que contrastées, parviennent-elles à atteindre leur double objectif d’intégration et de participation sociales pour contrer les effets délétères de la précarisation des jeunes ?
Les auteur-e-s :
Ángel Belzunegui, Géraldine Duvanel Aouida, Henri Eckert, Martin Goyette, Gérard Mauger, Imed Melitti, Thomas Sauvadet, Damir Skenderovic, Marc-Henry Soulet, Eguzki Urteaga, Francesc Valls et Martine Zwick Monney.
Site internet Academic Press Fribourg, collection Res Socialis
Face au régime d’austérité annoncé pour 2025 déjà, une pétition a été lancée par cinq organisations actives dans le domaine des addictions.