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La recherche-action Jobsharing: une opportunité organisationnelle pour la gestion du temps de travail en hôpital réalisée par le Département Economie d’entreprise, santé et social [1] de la Haute école spécialisée du Tessin (SUPSI) a étudié comment soutenir l’introduction du jobsharing.
Par jobsharing, l’étude entend le partage d’un poste à plein temps entre deux personnes ou plus avec des activités interdépendantes et une responsabilité commune (Krone-Germann, de Chambrier, 2015 [2]). Comment procéder pour que ces emplois soient une réelle opportunité pour les médecins, femmes et hommes, et l’organisation ?
L’Ente Ospedaliero Cantonale (EOC), une institution autonome régie par le droit public qui gère les quatre hôpitaux régionaux non universitaires, l’Institut Oncologique et une clinique de réhabilitation, souhaitait un cadre général pour le jobsharing. Il devait être valable pour tous les médecins qu’elle emploie car leurs conditions de travail et leurs contrats sont gérés de façon unitaire et centralisée. L’EOC s’intéresse au jobsharing pour deux raisons. Premièrement, à cause d’une féminisation du corps médical et du renouvellement des générations, il s’est retrouvé face à une demande accrue d’autonomie dans la gestion du temps du travail afin de garantir une meilleure harmonisation entre les temps professionnels et les temps privés. Deuxièmement, l’introduction du Master en médecine humaine prévu pour 2017 au Tessin impose de trouver des arrangements, en particulier pour les médecins cadres, permettant de concilier leur présence à l'hôpital avec leur activité d'enseignement.
Pour comprendre si le jobsharing peut répondre aux attentes des médecins et de l’organisation, 37 médecins actifs dans différentes fonctions (médecins assistant-e, chef-fe de clinique, chef-fe de service, médecin chef-fe) et dans différentes spécialisations ont été interviewés sur leur perception de la gestion du temps de travail dans les services et la possibilité d’introduire un temps partiel ou jobsharing. De plus, trois focus group homogènes par fonction médicale et deux focus group avec des représentant-e-s des équipes en soins infirmiers ont été réalisés, étant donné que le jobsharing des médecins peut avoir des effets concrets sur tous les professionnels de la santé actifs dans les services.
La recherche, en donnant des indications concrètes, a souligné que le jobsharing déploie ses effets positifs pour le bien-être au travail, l’harmonisation de ce dernier avec les responsabilités familiales, la carrière et la qualité des soins, seulement si l’organisation est active dans l’introduction de cette modalité de travail en aménageant un cadre organisationnel favorable au partage d’un poste de travail et si le service n’est pas en sous-effectif.
Consulter le rapport de recherche
[1] Le team de recherche du Dipartimento economia aziendale, sanità e sociale DEASS était composée par: Danuscia Tschudi (cheffe de projet), Angelica Lepori, Spartaco Greppi, Carlo De Pietro, Roberto Raveglia e Anja Gafner. L’étude s’est développée sur une période de 16 mois grâce aux financements du Programme pour l’égalité des chances dans les HES du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation SEFRI et de l’EOC.
[2] KRONE-GERMANN I., DE CHAMBRIER A. (2015), Le jobsharing : deux expertises pour le prix d’une, consulté en ligne le 7 mars 2017.
L’approche par les pairs n’est pas nouvelle en Suisse. Elle est appliquée dans différents champs d’intervention et dans divers domaines. En santé sexuelle, cette approche s’est peu institutionnalisée en Suisse, malgré de nombreux projets pilotes et autres programmes.
Afin de proposer des références communes pour appuyer cette méthode, SANTÉ SEXUELLE Suisse a sorti un cadre de référence pour l’éducation par les pairs chez les jeunes.
La promotion d’une approche par les pairs par SANTÉ SEXUELLE Suisse est motivée par deux raisons principales:
Un dictionnaire impertinent de la vieillesse, certes, mais aussi amoureux de la vie. Les uns pourraient voir dans l’impertinence un relatif manque de respect… D’autres pourraient y saisir une manière de se rassurer par l’humour devant le caractère inéluctable d’une vieillesse redoutée. D’autres encore (et c’est le défi que relèvent les auteurs) veulent y trouver une manière de ne pas se soumettre à l’arbitraire technique, administratif, économique et gestionnaire quand il vient limiter l’exercice de la liberté des plus âgés de nos contemporains. C’est aussi, avec les mots, l’occasion de tenir une posture politique affirmée.
Nourri par une vingtaine d’auteurs, porté par l’association « EHPAD’côté - Les pas de côté », ce dictionnaire iconoclaste mène combat sur les mots pour dire le réel de la vieillesse, pour soutenir toutes les pratiques inventives, formuler des alternatives aux modèles de « prise en charge » des vieux qui espèrent être regardés plutôt comme une chance, au moment où, plus que jamais, ils demandent à être accompagnés, soignés, envisagés… comme égaux à tout autre.
Sous la direction de Michel Billé, sociologue ; Christian Gallopin, médecin, poète et philosophe ; Alain Jean, médecin généraliste ; Didier Martz, philosophe et chroniqueur radio ; José Polard, psychologue et psychanalyste.
Quelques définitions
BIEN VIEILLIR Vous en connaissez, vous, qui ont envie de vieillir mal, de finir mal ?
COMPLIANCE Un malade – ou un vieillard – compliant est un malade apprécié des soignants. C’est un bon malade, Il fait ce qu’on lui dit de faire là où on lui dit de le faire. Il accepte de plier et de ne pas penser. Bref, un con-pliant.
EHPAD [En France, abréviation pour Etablissement hébergeant des personnes âgées dépendantes, anciennement maison de retraite.] Ne pas confondre EHPAD et iPad, même si l’on cherche à équiper les premiers avec les seconds.
SEXE Le sexe dans le grand âge reste un sujet tabou. Toutefois, ce thème est fréquemment abordé lors de publications ou de colloques. Le sexe sert alors de cache-sexe, pour dissimuler le véritable sujet tabou du grand âge : la mort.
Un ouvrage pragmatique qui présente les pratiques évaluatives actuelles et innovantes réalisées en formation supérieure professionnalisante.
Ce guide est le fruit d’un projet d’innovation pédagogique déployé à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO). Co-écrit par une vingtaine d’experts de l’enseignement supérieur professionnalisant, ce livre est conçu comme un guide de référence permettant aux enseignants le développement et la valorisation de leurs pratiques d’évaluation des apprentissages étudiants. La variété des expériences pédagogiques invite à la rencontre intellectuelle et à l’enrichissement de sa propre pratique d’enseignement. De plus, des fiches techniques illustrent les démarches évaluatives et favorisent la mutualisation des ressources en pairs enseignants.
Valentine Roulin, infirmière spécialisée en soins intensifs pédiatriques et détentrice d’un master en sciences de l’éducation de l’Université de Genève, enseigne à la Haute Ecole de la Santé la Source, à Lausanne.
Anne-Claude Allin-Pfister, infirmière en soins généraux et détentrice d’un master en Sciences de l’éducation de l’Université de Genève et d’un DEA en Sciences de l’éducation de l’Université Lumières de Lyon 2, elle est doyenne des formations et directrice adjointe à l’Institut et Haute Ecole de la Santé La Source à Lausanne.
Comment s’orienter face aux multiples défis rencontrés en médecine, mais aussi dans la société ? Comment faire pour bien faire ? Par son ouvrage, le Dr Jean Martin, nous offre de partager ses réflexions. Ethicien engagé, ancien médecin cantonal vaudois, il se définit « d’extrême-centre, au nom de l’intérêt général ». Ses textes nous permettent d’explorer de nombreux thèmes actuels, reflétant notamment quelques rencontres et lectures qui l’ont touché, avec toujours en filigrane des valeurs humanistes.
Le patient. Différentes situations et stades de vie sont évoqués, mettant en avant l’importance du dialogue et du contact humain pour soigner, mais aussi pour vivre ensemble. Le patient est reconnu dans sa globalité, incluant sa dimension existentielle et son contexte de vie. Une constante dans les textes : le respect inconditionnel de l’être humain, si fragile et si différent qu’il puisse être. Ce respect s’ancre au quotidien par une sagesse pratique pour toute prise de décision. « Chaque situation doit être considérée pour elle-même dans ses différentes dimensions, avec la personne concernée, en dialogue avec les proches signifiants. » Un exemple : comment répondre à des parents qui refuseraient les tests de dépistage à la naissance, par le prélèvement d’une goutte de sang au talon du nouveau-né ? « Des mesures autoritaires sont inadéquates. Alors… écouter et dialoguer. »
L’éthique. Durant son activité, le Dr Jean Martin a observé l’émergence de nombreuses questions éthiques. Néanmoins, il constate que les questions auxquelles il était soumis lors de sa formation ne sont pas encore résolues et restent d’actualité, d’une gravité croissante. « Malgré la multiplication des comités d’éthique, on traite surtout de questions partielles, en ne trouvant pas le temps de consacrer assez d’attention aux questions ‘surplombantes’ de l’évolution de la biomédecine et de la société. » L’auteur invite à une évolution de l’éthique : « A la dérive où nous mène la ‘Petite éthique’ actuelle, se substituerait le choix collectif d’options mûrement débattues. […] Pourtant, sous peine de fin d’histoire, il faudra trouver les voies et moyens d’une ‘Grande éthique’ planétaire. »
La société. Pour le Dr Jean Martin, l’éthique devrait être au cœur de la société : elle va plus loin que la loi, par exemple, dans des situations légalement possibles mais éthiquement inacceptables. « Il ne serait pas bon de vouloir faire régler en détail par l’Etat tout ce qui se passe entre le professionnel et son malade : il y a des thèmes sur lesquels on pourrait (re)passer du droit à l’éthique. » Le bon sens et le souci constant de l’autre doivent rester au premier plan : « Les professionnels doivent se montrer dignes de la confiance que, cas échéant, on leur témoigne en renonçant à légiférer. […] Eviter d’élaborer des lois superflues demande une solide dose d’esprit et de compréhension civiques. »
La société ne se limite pas à notre environnement proche. Ayant débuté sa carrière dans l’humanitaire, l’auteur sait ouvrir sa réflexion sur une société globale. « Prendre la mesure des choses dans d’autres environnements ! » Le monde se complexifie : « intéressé depuis toujours à la marche du monde, je le vis aujourd’hui comme désemparé, ‘illisible‘ ». Il souhaite avant tout mettre en avant « la coexistence pacifique et respectueuse entre cultures, ethnies, religions et pour une convivialité, soulignant que la différence c’est intéressant et enrichissant ».
La Terre. Ouvrant le livre au-delà de la médecine, une autre ligne forte de l’auteur est son engagement pour la protection du climat. Une forme de respect envers les générations de demain.
Un livre de partage, de proposition et d’exercice à la prise de responsabilité au quotidien. Un regard bienveillant et profond sur notre société.
Comment l’autorité se manifeste-t-elle dans les pratiques de gestion de l’intervention sociale faisant l’objet de transformations autant au Québec qu’en Europe ? Cet ouvrage invite d’abord le lecteur à considérer les définitions de l’autorité, son histoire et ses figures de façon à en comprendre les enjeux et les processus structurant les relations de pouvoir en milieu professionnel.
Les effets psychosociologiques des rapports d’autorité sur les travaillleurs eux-mêmes sont analysés, ainsi que sur les diverses façons de réagir à l’autorité. A la fin de l’ouvrage, nous pouvons prendre connaissance d’une approche d’intervention à visée démocratique, inspirée des travaux de la sociopsychanalyse, afin de considérer une voie différente de celle de l’auto-autorité.
L’objectif de ce livre est d’offrir des pistes d’analyse aux enseignants, aux étudiants, aux intervenants et aux gestionnaires sur les enjeux de pouvoir auxquels le travail social est confronté afin qu’ils puissent y faire face autrement que par le seul affrontement ou la passivité.
Présentation et table ronde sur cet ouvrage : le lundi 30 octobre 2017, dès 18h, Tam Tam Café, Rue du Pré-Jérôme 8, Genève. Avec
L’addiction et la spiritualité apparaissent comme les deux faces d’une même monnaie. Elles font face à l’angoisse fondamentale de l’être humain. La première dans une logique d’autodestruction, la seconde dans une perspective de résilience. Fort de son expérience et nourri de références variées, Jacques Besson livre une réflexion susceptible d’aider notre époque malade de ses addictions à leur préférer la compassion.
L'auteur propose un voyage depuis l’aube de l’humanité jusqu’à l’épidémie addictive contemporaine, en compagnie des substances psychoactives. À partir d’une mise en perspective historique des pratiques culturelles liées à leur consommation, en s’appuyant à la fois sur sa propre expérience clinique en Suisse et sur sa lecture critique des penseurs qui ont abordé la question, l’auteur décrypte les causes et les effets de l’addiction sur le cerveau et sur l’inconscient, révélant en quoi elle est une pathologie du lien et du sens. Dans la lignée des dernières recherches neuroscientifiques sur la méditation et la prière (dans ce qui est devenu une nouvelle science : la neurothéologie), Jacques Besson explore les rapports de l’addiction avec la spiritualité, considérée comme un possible remède aux excès de notre époque.
C’est pourquoi le sous-titre de ce livre est « Spiritus contra Spiritum » : cette formule des alchimistes relevée par C. G. Jung, rappelant qu’en latin spiritus signifie à la fois l’esprit et l’alcool, et que la formule désigne en même temps la cause de la maladie (l’alcool attaquant l’esprit) et son traitement (l’esprit combattant l’alcoolisme).
Jacques Besson est addictologue, professeur ordinaire à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne, chef du Service de psychiatrie communautaire du CHUV. Il s’intéresse depuis plus de trente ans aux rapports entre psychanalyse et religion, et entre neurosciences et spiritualité.
Cette étude est le fruit d’une collaboration entre deux équipes : à l’Université de Lausanne, Faculté des sciences sociales et politiques, sous la direction du Prof. Dr. René Knüsel, et à la Haute école spécialisée de Lucerne, Travail social, conduite par le Prof. Dr. Jürgen Stremlow. Elle a été mandatée par la Fondation Info-Entraide Suisse qui chapeaute les 20 centres Info-Entraide de Suisse.
Raison d’être. L’entraide autogérée revêt à l’échelon de la société une grande importance largement sous-estimée à ce jour. Elle complète les systèmes de soins et de santé et contribue à la prévention et promotion des compétences en santé. On peut de plus la qualifier de promotrice de l’innovation (de nouveaux sujets) et de représentante critique des patients.
Quelques chiffres
Recommandations. Les professionnels et les membres des groupes interviewés sont d’avis que l’entraide est une approche complémentaire aux interventions des professionnels, mais qu’elle n’est pas assez promue pour l’instant par le milieu médical et le champ du social. Les groupes d’entraide autogérés sont en effet peu connus du grand public, des politicien-ne-s ou encore des professionnel-le-s du milieu socio-sanitaire. L’étude a ainsi élaboré une série de recommandations pour la promotion de l’entraide autogérée en Suisse sur trois plans : politique, prestataires et professionnels, recherche.
Mangez des fruits et des légumes ! Faites de l’exercice physique ! Arrêtez de fumer ! Arrêtez de boire de l’alcool ! Depuis plus de 30 ans, les campagnes de santé publique nous dictent notre vie quotidienne. Mais ces injonctions sont-elles efficaces ? L’accumulation de ces messages n’est-elle pas devenue contre-productive ? La bonne santé est-elle l’ennemie du plaisir ?
Pour le Dr Laurent Chambaud, la prévention ne doit pas rimer pas avec privation et injonction. Elle doit au contraire prendre en compte la notion plaisir. Le directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique défend des actions qui s'adressent à l'individu au plus près de son environnement. L’émulation, l’engagement sont, selon lui, les bons leviers d'une politique de réduction des risques.
En marge des conférences principales, une session parallèle m’a particulièrement intéressé, intitulée « Sterben ist (k)eine Kunst », ou Mourir est/n’est pas un art. Les responsables de deux institutions y ont présenté leurs pratiques en matière de soins palliatifs et de fin de vie. J’aimerais évoquer ici des éléments apportés par Theres Meierhofer, directrice de la Erlenhaus d’Engelbert (OW), qui est aussi membre du Groupe de travail Palliative Care de son canton[1]. Son institution héberge 50 résidents et doit assumer le décès, chaque année, de 40% d’entre eux environ, une proportion semblable à celles d’autres établissements.
La relation. L’action est basée sur la relation en tenant compte des ressources et intérêts de chacun et de la vie en commun dans la maison. L’équipe oeuvre avec le résident et ses proches conformément à une devise « En sécurité pendant la vie – en sécurité au moment de mourir ». L’équipe de Erlenhaus s’efforce par exemple de trouver, avec les patients, l’occasion de revisiter leur histoire, de parler de ce qu’ils ont vécu et de ce qu’ils vivent dans la maison. Avec les proches aussi, chaque fois que c’est possible. Ces échanges montrent, aux côtés d’autres moyens bien sûr, un effet bénéfique sur les symptômes.
Les rituels. Leur importance est centrale. Il n’est pas question, comme cela a pu être le cas dans le passé, de traiter une mort au sein du home de manière aussi discrète que possible, voire à la sauvette. « On sort par la grande porte », dit-elle, décrivant comment a été institué un cérémonial particulier à la sortie du cercueil de la maison, en présence du personnel. Une réunion a lieu aussi avec les résidents, pour parler du disparu et de ce que son départ suscite chez chacun·e.
Les proches. Beaucoup d’attention leur est portée. Theres Meierhofer a noté que cela permettait à l’équipe de moduler/adapter les contacts avec les proches de manière plus fine, en fonction par exemple de difficultés éventuelles connues au sein de telle famille, ce qui est évidemment plus malaisé à réaliser en milieu urbain. Au lendemain d'un décès, on leur offre le petit-déjeuner - on est dans une communauté rurale, avec sa vie locale et ses caractéristiques, où tout le monde se connait. Après les différentes phases de la prise en charge, il y a une rencontre de l’équipe où est discutée cette question : «Tout au long du séjour de ce résident, et particulièrement à la fin de sa vie, avons-nous fait juste ? »
La formation de base et continue en soins palliatifs de tous les acteurs est fondamentale. Elle est inspirée par le principe « Accompagner dans la vie et dans la fin de vie est notre activité centrale » (Kerngeschäft – core business). Formation où il s’agit de débattre de l’attention à l’autre ; d’apprécier et de prendre en compte des valeurs, les siennes et celles des autres ; d’attitudes professionnelles et personnelles. La dimension spirituelle y tient une place. Des journées de formation ont été organisées aussi pour le Conseil de fondation du home, où a également été traitée la question de l’assistance au suicide.
Le chef d’orchestre. Enfin, à propos de travail interdisciplinaire et des relations avec les résidents : ce qui se passe autour et avec un patient ressemble à la vie d’un orchestre, avec de multiples intervenants, chacun jouant sa partition. A cet égard, l’oratrice dit que, dans la mesure du possible, c’est le patient lui-même qui devrait être le chef d’orchestre pour ce qui le concerne, les professionnels ayant pour but de lui permettre de l’être. Défi interpelant !
[1] Relevons que, à plusieurs reprises, elle a fait référence aux Recommandations de Bigorio émanant d’un groupe d’experts de Palliative.ch. En format pdf
Le 6 septembre 2017, la Haute école de travail social Fribourg (HETS-FR) a organisé le colloque national «Sexualité et transactions sexuelles entre jeunes en Suisse: représentations, pratiques, enjeux et perspectives d’actions».
La conférence inaugurale de la journée a eu pour thème : «Des intérêts à porter le regard sur le caractère négocié des relations sexuelles contemporaines». Le conférencier, Philippe Combessie, est professeur et directeur de l’Unité de recherche en sociologie, philosophie et anthropologie politiques à l’Université Paris Nanterre. Cette conférence est disponible en ligne
La journée a permis de présenter la recherche «Sexe, relations… et toi ?» qui met en lumière le point de vue des jeunes sur leurs expériences sexuelles. Recherche menée par Annamaria Colombo, professeure ; Myrian Carbajal, professeure ; Marlene Carvalhosa Barbosa, collaboratrice scientifique ; Cédric Jacot, collaborateur scientifique ; Marc Tadorian, collaborateur scientifique.
La journée a été attentivement suivie par les quotidiens et les radios.
Le 6e Congrès du European Interprofessional Education & Network (EIPEN) s’est tenu du 6 au 8 septembre 2017, à l’Institut et Haute Ecole de la Santé La Source, à Lausanne. Il a eu pour thème la pratique de l’enseignement interprofessionnel dans le domaine social et la santé.
Une centaine de participants, venus des quatre coins du monde, se sont penchés sur la pratique et l’enseignement interprofessionnel dans la santé et le travail social. Les résultats des recherches et les observations sur le terrain montrent que le niveau et la qualité de la collaboration entre les différentes professions de la santé ont un impact indéniable sur la qualité des soins et la sécurité des patients. Une meilleure collaboration passe par des changements dans la conception et les représentations que chaque profession de la santé ou du social se fait des autres acteurs avec lesquels elle interagit.
Pour faire face aux défis socio-sanitaires d’aujourd’hui comme de demain, travailler la dimension interprofessionnelle sur le terrain ne suffit pas; elle doit être intégrée à la formation pour comprendre les activités et responsabilités des uns et des autres, et élaborer ensemble des plans d’interventions répondant aux besoins des patients. Ainsi pourront s’établir des synergies, émerger des réflexions et des pratiques dépassant la logique du niveau d’études ou les idées reçues. Les hautes écoles de santé et du travail social l’ont bien compris et ont renforcé leurs efforts dans ce sens-là.
Au terme de ces trois jours, l’EIPEN et ses partenaires sont très satisfaits des actions et des perspectives prometteuses que le Congrès a permis de dessiner.
Ces deux auteurs sont bien connus en Suisse romande. Bernard Crettaz, ancien conservateur au Musée d’ethnographie de Genève, a créé le concept de «Cafés mortels» où on échange informellement sur la mort. Il a animé une centaine de ces réunions et son idée a été reprise dans plusieurs pays. Jean-Pierre Fragnière, qui a enseigné la sociologie à l’Ecole d’études sociales et pédagogiques de Lausanne et à l’Université de Genève, a eu une intense activité d’éditeur depuis plus de trente ans. Les deux sont originaires du Valais, dans un milieu rural au cadre catholique strict.
A la retraite mais très actifs, ils écrivent sur la mort ; Crettaz enrichi par son expérience des Cafés mortels ; Fragnière notamment sur la base de son expérience personnelle de traitements anti-cancéreux et de transplantation qui lui a fait vivre une succession de périodes médicalement lourdes et de retours vers une santé relativement restaurée. C’est dire que, tout académique que soit leur parcours, les auteurs sont des explorateurs de la mort sur des plans très pratiques.
La société ancienne et la nouvelle. «Nous avons été élevés entre le catéchisme, le régent, voire le gendarme. Tout cela sous l’œil vigilant de la voisine occupée à assumer le contrôle social, l’efficace ancêtre de nos caméras modernes. On apprenait très tôt qui était habilité à définir les règles, à arbitrer les tensions et à trancher les conflits. […] La rapide fragilisation de ce système a ouvert des espaces béants au marché de la gestion des comportements et des prestations de soutien à la vie privée. Des cohortes de professionnels ont offert leurs services […] On observe une véritable marchandisation de la mort, sous de multiples formes. Parmi d’autres, les croque-morts en sont les éminents représentants. Ils ont pris la place des clergés.»
Deux types de cheminements sont évoqués. Crettaz se décrit comme vivant le vieillissement «par glissade», comme une descente de la pente sous le poids des ans: «Je me trouve très seul à l’heure où les faits me signifient que je suis vieux, lorsque des tremblements viennent gripper les gestes de la vie quotidienne, quand la sauce tache ma chemise, lorsque je me mets à jauger un appartement en fonction de l’accessibilité des toilettes.» Fragnière parle de lui et d’autres comme de survivants et décrit une «vie et mort en escalier», un «cache-cache avec la mort» avec des sursis. «Qui n’a pas un survivant dans son entourage ? Toutes ces personnes qui bénéficient de ces sursis se trouvent en situation d’apprentissage […] Chacun sait que dans l’escalier il existe la dernière marche.»
L'approche de la fin. «Sur les rivages de la fin, nous ressentons une forte invitation à desserrer les liens, à faire le vide, à laisser place aux interrogations. Nous devinons qu’il sera impossible d’échapper à l’hésitation et aux incertitudes.» La décision de s’en aller quand la vie devient trop lourde avec l’éventualité du suicide assisté est évoquée: «Pourtant, ils reviennent à la charge, tous ceux qui veulent nous inviter à souffrir en silence, à vivre notre déchéance jusqu’au bout. Ne pas succomber à la tentation de mettre fin au calvaire. Au nom de quel argument: il ne faut pas faire de peine à ceux qui restent.»
Pour chacun, ce livre apporte du grain à moudre, il fait se poser des questions, en particulier se demander si on ne devrait pas consacrer plus d’attention à la mort qui va venir. Cela est fait sans alarmisme/stridence ni «dirigisme», sur le mode du dialogue, fourmillant d’expériences et de sentiments personnels, intimes souvent. Un ouvrage proche de la vie pratique - et de la mort pratique, dans des pages relevant ce qu’il fau(drai)t préparer en vue de sa propre mort ou décrivant, parfois en détail, des démarches funéraires. Pour finir, cette parole de Sénèque:
Personne ne se soucie de bien vivre mais de vivre longtemps, alors que tous peuvent se donner le bonheur de bien vivre, aucun de vivre longtemps.
La seconde édition du Rapport social vaudois présente une vue d’ensemble de la situation socio-économique de la population cantonale, en portant une attention particulière sur la pauvreté et les populations vulnérables. Fondé sur l’observation de l’évolution de divers indicateurs au cours des dix dernières années, il mesure pour la première fois un taux de pauvreté à l’échelle du canton, ainsi que l’impact des aides sociales sur le revenu des ménages.
Ce rapport présente en détail les dispositifs de prévention et de lutte contre la pauvreté qui ont été mis en place. Dans les années à venir, le canton appuiera en priorité les mesures favorisant l’obtention d’une formation qualifiante, tels que les programmes FORJAD (jeunes adultes en difficultés) et FORMAD (adultes en difficulté), ainsi que l’insertion socio-professionnelle et l’accès au logement. Le rapport social permettra également au Conseil d’Etat de fonder son prochain programme de législature sur les problématiques émergentes comme les personnes de 50 ans et plus exclues du marché de l’emploi.
Sous le titre «La Suisse handicape. Nous montrons où et en quoi», Inclusion Handicap a tiré la sonnette d’alarme le 29 août 2017 à Genève. L’association a remis un rapport alternatif à celui établi par le Conseil fédéral en 2016 sur l’avancement de la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. La palette des obstacles est large. Citons-en quatre parmi d'autres:
La mise en œuvre systématique de la Convention nécessite une stratégie concrète, élaborée par la Confédération et les cantons de concert avec les organisations de personnes handicapées. Or à ce jour, pour Inclusion Handicap, une telle stratégie n’existe pas, autre réalité traitée de manière complaisante et incomplète dans le Rapport étatique publié par la Confédération en été 2016.
«Des mesures sont requises dans tous les domaines de la vie», a affirmé Pascale Bruderer, conseillère aux Etats et présidente d’Inclusion Handicap. «La volonté politique requise fait défaut. De plus, il est indispensable de garantir la participation sociale des personnes handicapées», a précisé Christian Lohr, conseiller national et vice-président de Pro Infirmis.
Les autorités entendent-elles l’enfant lors de son placement en institution ou lors d’une procédure de renvoi du père ou de la mère étrangère? Si ces deux situations sont délicates pour l’enfant, qui sera séparé de sa mère, de son père ou des deux, elles mettent aussi les autorités à l’épreuve. Cette étude bilingue porte sur la pratique des cantons en matière d’audition des enfants dans le droit civil (placement en institution ou en famille d’accueil) et dans le droit des étrangers (renvoi d’un parent).
Placement. Il en ressort que, dans les cantons de Berne, de Neuchâtel et de Fribourg, les enfants sont en principe entendus à partir de l’âge de 6 ans par les autorités de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA) avant un placement, en accord avec la jurisprudence du Tribunal fédéral. Quant aux enfants plus jeunes, ils participent à la procédure par l’entremise des services de protection. Des mesures sont cependant nécessaires pour mieux former les professionnel-le-s chargé-e-s de l’audition aux techniques d’interrogatoire adaptées aux enfants.
Renvoi d’un parent. En revanche, lors d’une procédure de renvoi d’un parent étranger, l’enfant est entendu dans un peu moins de la moitié des cantons. La majorité des offices de migration partent en effet du principe que l’intérêt de l’enfant est identique à celui du parent en passe d’être renvoyé. Un travail de sensibilisation et de formation aux droits de l’enfant se révèle donc indispensable pour les offices de migrations afin que l’enfant soit lui aussi considéré comme un sujet dans les procédures de renvoi.
Le Service dentaire scolaire du canton de Fribourg (SDS) s’est associé aux réalisateurs fribourgeois Samuel et Frédéric Guillaume, à la créatrice d’outils didactiques Anne Oberlin Perritaz et au chanteur Gaëtan pour développer un concept novateur dans le domaine de la prophylaxie.
Depuis la rentrée scolaire, un film, un kamishibai (théâtre de poche) et la chanson «Frotte tes quenottes» sont ainsi utilisés auprès des élèves de 4 à 8 ans. Les castors Tim et Léa représentent le fil rouge des différents supports et font passer sous une forme ludique des messages concernant en particulier l’hygiène dentaire, la santé des gencives, l’information sur le tartre, la salive et les bactéries et l’effet de certains aliments sur les dents. Les outils seront complétés ultérieurement pour intéresser un public cible plus âgé.
Cette boîte à outils est disponible dans les structures d’accueil et les écoles. Elle est aussi à disposition des dentistes privés, des parents et des enfants fribourgeois. Les communes qui se chargent elles-mêmes de la prophylaxie (Morat et environs) ont d’ores et déjà marqué un fort intérêt pour ces outils et des discussions sont en cours avec la Conférence suisse des cliniques dentaires scolaires pour une reprise du concept dans d’autres cantons.
La réalisation des outils a coûté 165 000 francs, majoritairement prise en charge par la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS). La Loterie Romande, la Société fribourgeoise des médecins dentistes (SSO-Fribourg), Promotion Santé Suisse, le club de service Kiwanis, section de Fribourg, l’entreprise Curaprox et la Confédération ont également soutenu le projet.
Note de la rédaction de REISO: Tant le film que la chanson sont très réussis et pleins de fantaisie. Sympa aussi que le canton de Fribourg envisage de mettre ce matériel à disposition d’autres cantons.
Henning Mankell, écrivain suédois connu pour ses romans policiers, est aussi un essayiste engagé, un auteur et directeur de théâtre. A 65 ans, en janvier 2014, on diagnostique chez lui un cancer métastatique qui l’emportera en octobre 2015. Alors il écrit, se promenant dans sa propre histoire et dans l’histoire du monde, décrivant notamment sa jeunesse modeste dans le nord de la Suède avec son père juge (sa mère les a quittés très tôt), évoquant aussi «la joie de vivre».
Déchets nucléaires. Mankell est un antinucléaire et son livre débute avec la recherche, en Finlande, d’un endroit où enfouir des déchets nucléaires pour cent mille ans au moins. «Nous savons que les civilisations ne font pas le ménage derrière elles. Mais aucune n’a jamais laissé des déchets mortellement dangereux durant des millénaires.» Tellement facile de prendre des risques avec la vie des autres.
L’annonce. «La femme médecin qui m’a fait l’annonce [d’un cancer sérieux et probablement incurable] a fait preuve d’art médical. Elle était bien préparée, s’exprimait clairement, a pris le temps de répondre à mes questions. Dans son cabinet, le temps n’existait plus - elle avait son temps pour moi, moi et personne d’autre. Tout s’était réduit à un point où il n’y avait plus d’avant ni d’après, rien que ce ‘maintenant’ indéfini.»
La maladie. «La vérité c’est que je rêve d’être l’heureuse exception. Que je réussirai à me débarrasser du cancer. Je sais cependant que ce n’est pas vrai. […] Je suis dans un labyrinthe qui n’a ni entrée ni sortie. Etre atteint d’une maladie grave, c’est être perdu à l’intérieur de son propre corps.»
Les amis. «Il m’est arrivé d’être surpris au cours de cette période. Des gens dont je pressentais qu’ils s’enfuiraient se sont révélés assez forts pour maintenir un contact fréquent tandis que d’autres, dont j’attendais davantage, ont disparu. Se sont fondus dans l’ombre du cancer. On n’a pas besoin de beaucoup d’amis. Mais ceux qu’on a, on doit pouvoir compter dessus.»
Les livres. «Quand j’ai réussi à me hisser hors du sable mouvant et à résister, mon principal outil a été les livres. Prendre un livre et m’y perdre a toujours été ma façon d’obtenir consolation ou, du moins, un peu de répit. […] Il me fallait une nouvelle fois décider à quoi j’allais consacrer ma vie. Cette courte vie bordée par deux éternités, deux grandes bouches d’ombre.»
Le monde. «Les hommes ont de tout temps commis des actions mauvaises. Je refuse cependant d’employer le mot ‘mal’. Je ne crois pas à l’existence du mal (...) La barbarie a toujours des traits humains, c’est ce qui la rend inhumaine.» Mankell a vécu entre la Suède et le Mozambique, où il dirigeait une troupe de théâtre au cours de deux décennies. Sur le fossé entre ici et là-bas: «Ceux qui vivent dans les marges extrêmes n’ont aucun choix. Se coucher dans la rue pour mourir n’est pas un choix. Nous avons tous les moyens nécessaires pour éradiquer la misère absolue et hisser l’ensemble des êtres humains [à un niveau de vie acceptable]. Nous choisissons de ne pas le faire. C’est un choix que je ne peux considérer autrement que criminel. Mais il n’existe pas de tribunal habilité à poursuivre…»
Un auteur humain et humaniste, un livre enrichissant.
La dignité humaine est-elle le concept pathétique utilisable à bien plaire pour dénoncer ce que notre subjectivité juge inacceptable, que l’on soit fervent opposant à l’avortement ou grand défenseur des droits des migrant-e-s? En d’autres mots, la notion de dignité humaine n’est-elle que la vitrine béatifiante que l’on offre à l’envi à nos convictions morales?
De fait, alors que c’est à la protection qu’il garantit aux plus vulnérables qu’on mesure la valeur qu’un Etat accorde à la dignité humaine, c’est justement là que la Suisse pèche. Encore et toujours.
Le cadre ainsi posé, l’auteur passe en revue les domaines dans lesquels le droit, en Suisse, au lieu d’empêcher et de pénaliser les atteintes à la dignité humaine des plus faibles, les encourage au contraire. Il évoque en particulier la situation des criminel·le·s de droit pénal, des bénéficiaires de l’aide sociale et des requérant·e·s d’asile débouté·e·s.
Ce texte est issu de la contribution orale d’Alex Sutter à la journée d’action «Wo Unrecht zu Recht wird/Quand l’injustice devient loi») à Zurich, le 18 mars 2017. Il a été publié en version longue (allemand) dans la Wochenzeitung (WOZ). Traduction et adaptation d’Isabelle Michaud, chargée de la version française de l'association humanrights.ch.
L’Institut universitaire de médecine sociale et préventive a réalisé cette enquête sur mandat du Département de la santé et des affaires sociales du canton de Vaud. Le Conseil d’Etat l’a adopté le 16 août 2017 (lire son rapport).
Quelques chiffres pour les EMS, dans lesquels les situations de violence sont plus fréquentes que dans les CMS:
Dans sa conclusion, «le Conseil d’Etat souhaite que les données collectées ainsi que les recommandations du rapport de l’IUMSP soient reprises par un groupe de travail conduit par le Service de la santé publique et qui associera des représentants de tous les acteurs concernés. Il aura pour tâche de construire un plan de mesures qui soit le plus largement accepté et qui ait les meilleures chances d’être traduit dans la pratique. La présentation de ces travaux est attendue pour la fin du premier semestre de l’année 2018.»
Deux Suisses sur trois se déclarent favorables à la légalisation du cannabis. Selon une enquête réalisée pour le Fachverband Sucht, le partenaire alémanique du Groupement romand d’études des addictions (GREA), toutes les régions linguistiques se prononcent pour une nouvelle approche.
© H. Zell / Wikimedia CommonsUne majorité des Suisses sont favorables à un assouplissement de la loi actuelle sur le cannabis. Toutefois, ils émettent des conditions. Ils sont 66% à se prononcer en faveur d’une levée de l’interdiction du cannabis pour autant que sa consommation reste proscrite pour les jeunes de moins de 18 ans. Dans les mêmes proportions, une levée de l’interdiction est envisageable du moment que les personnes qui prennent le volant s’abstiennent de consommer.
Par ailleurs, 64% des personnes sondées estiment qu’une levée de l’interdiction va de pair avec la mise en place d’une règlementation comme c’est le cas pour les cigarettes (interdiction de fumer dans les lieux publics, par exemple). Elles sont 62% à subordonner la levée d’une interdiction d’une vente du cannabis dans les pharmacies, ou dans des magasins spécialisés, par du personnel formé.
Par région linguistique, c’est le Tessin qui est le plus fervent défenseur d’une levée de l’interdiction : entre 75% (conditionnée à l’inscription de mises en garde) et 88% (du moment que l’interdiction demeure pour les moins de 18 ans) des personnes sondées y sont favorables. En Suisse romande, ce taux se situe entre 42% et 56% selon les mêmes conditions.
Dans le débat actuel sur la règlementation du cannabis, ces chiffres sont un appel et un signal fort aux politiques et aux autorités publiques fédérales et cantonales.
L’enquête téléphonique GFS a été réalisée sur mandat du Fachverband Sucht entre le 11 juillet et le 5 août 2017 auprès de 1’200 personnes âgées de plus de 18 ans. Source : GREA
Vente et consommation de cannabis, Dr Andrea Umbricht (dir.), GFS, Zurich, août 2017, 15 pages, en allemand
La campagne « Entendez-vous la vie ? » de Pro Senectute se poursuit. Un spot TV et des offres d’information et de cours invitent les personnes âgées atteintes d’une perte auditive à agir suffisamment tôt.
© NeurothPour les personnes âgées, avoir une bonne ouïe est primordial pour rester mobiles et participer à la vie sociale. Une étude du centre de compétence interdisciplinaire sur la vieillesse de la Haute école des sciences appliquées de Saint-Gall commandée par Pro Senectute révèle que près de la moitié des seniors atteints d’une perte auditive ne la traitent pas. Seule une petite partie porte régulièrement un appareil auditif. L’analyse montre également qu’il s’écoule en moyenne entre sept et dix ans entre les premiers soupçons et le traitement. Or, plus l’on repousse la prise en charge, plus il est difficile de trouver l’appareil auditif qui convient et de l’adapter correctement. Plus le temps passe, plus le cerveau oublie le sens des signaux acoustiques ; il ne parvient alors plus à interpréter les bruits.
Les partenaires de la campagne sont Neuroth, la Haute école des sciences appliquées de Saint- Gall ainsi que forom écoute.
L’aide sociale constitue le dernier filet du système de protection sociale suisse. Il existe en Suisse de nombreuses autres prestations sociales sous condition de ressources qui interviennent en amont de l’aide sociale et en réduisent les charges. De grandes différences sont toutefois observées entre les cantons en ce qui concerne le nombre et le type de ces prestations sociales.
Cette publication présente les prestations des cantons dans leur diversité, mais aussi dans leurs points communs ainsi que l’évolution de la législation ces dernières années. Elle comprend également le calcul des dépenses et des taux de bénéficiaires de l’aide sociale au sens large, tout comme les différences entre cantons en la matière et l’évolution des statistiques ces dernières années.
Pour mémoire, les catégories de prestation de l’aide sociale au sens large : aide sociale au sens strict, aides à la famille, aides aux personnes âgées et aux personnes invalides, aides au logement, aides aux chômeurs, avances sur pensions alimentaires, prestations complémentaires de l’AVS et l’AI.
ndlr: une synthèse remarquable
Ce film rassemble de nombreux témoignages qui sensibilisent aussi bien les proches aidants que les bénévoles ou les professionnel-le-s qui les accompagnent, à l’importance de prendre soin de soi et de solliciter à temps les soutiens spécifiques dont chacun-e a besoin. Il présente également des outils destinés aux proches aidants afin de mieux gérer leurs défis quotidiens personnels, rassemblés sur trois axes :
Car accompagner une personne vivant à domicile avec des troubles importants de la mémoire ou une démence est effectivement un défi. Les proches aidant·e·s qui s’engagent dans cet accompagnement font preuve d’une solidarité précieuse pour toute notre société. Mais beaucoup d’entre eux sont stressés, au point qu’à un moment ou à un autre ils s’approchent de l’épuisement. En apprenant à mieux gérer les situations difficiles du quotidien, il est possible de réduire le stress et de retrouver plus de confiance et de plaisir à accompagner une personne chère fragilisée par une démence.
Ce film d’information de 25 minutes a été réalisé dans le cadre du projet «Un programme psycho-éducatif pour soutenir les proches aidants de personnes âgées atteintes de démence vivant à domicile», mené par Sandrine Pihet, professeure à la HEdS-FR, soutenu par la Fondation Leenaards. Il présente les groupes de soutien pour les proches aidants organisés à Fribourg.
Cette somme substantielle décrit l’histoire riche et parfois mouvementée, en Suisse romande et avec des références internationales, des mouvements d’accompagnement et de soutien aux patients psychiques, dans un sens d’empowerment.
«Les associations dérangent... et c’est indispensable! Il leur appartient de mettre le doigt sur les failles et incohérences des systèmes médicaux et sociaux, de dénoncer les pratiques inacceptables. Mais elles devraient aussi permettre de rêver l’avenir», dit la juriste Béatrice Despland dans sa préface. Jeune médecin cantonal lors de la création du GRAAP, je peux confirmer qu’il a parfois dérangé… Nous avons eu des échanges vifs, notamment à propos de contention en psychiatrie (voir p. 108-113). Mais, avec l’autorité sanitaire au service de laquelle j’étais et avec les cadres psychiatriques, nous avons reconnu le caractère constructif et la volonté de partenariat des initiatives de l’association, y compris des actions «surprenantes» telles que l’ouverture d’un P’tit Magasin offrant des produits d’épicerie sur le site de l’Hôpital de Cery.
L’ouvrage s’ouvre sur le rappel de la mouvance anti-psychiatrique des années 1970, y compris la contestation vive, surtout à Genève, des électrochocs. Elle avait mené à la cessation de la pratique dans ce canton. A noter que, en 2017, cette méthode connaît une certaine réhabilitation.
La vaudoise Madeleine Pont, co-fondatrice du GRAAP, a été une force majeure dans ces développements. Travaillant dans les années 1970 pour Pro Mente Sana, elle a très tôt «le sentiment que les assistants sociaux ne touchent pas leur cible par le seul travail individuel avec les clients. Elle est convaincue qu’il faut responsabiliser les personnes concernées et qu’en groupe elles pourront résoudre elles-mêmes leurs difficultés.» Elle était pionnière mais cette vision s’est concrétisée.
Après vingt ans d’activités, le GRAAP a connu une période difficile, liée à un fonctionnement très (trop ?) démocratique compliquant beaucoup la gestion d’une association qui avait beaucoup grandi. C’est à ce moment-là, dit Madeleine Pont, que «j’entends parler de la sociocratie, méthode de gouvernance participative très précise. Et avoir le pouvoir sur… c’est être au service de.» Belle et juste formule ! Les problèmes ont pu être surmontés par la création d’une fondation aux côtés de l’association. «Cela ne s’est pas fait sans drames, départs et licenciements mais cette transformation était indispensable.»
Une section est consacrée à la place et aux rôles des proches des patients, considérés d’abord comme des «coupable» puis comme partenaires. Il est vrai qu’existait une certaine méfiance à leur égard. Témoignage : «Il y avait énormément de culpabilisation des familles dans les années 1980. Quand notre fille avait moins de 18 ans, oui, on était informé. Mais dès qu’elle a été majeure, ça a été fini.» Ces questions sont actuelles aujourd’hui encore avec les débats sur l’autonomie du patient, le secret médical et les intérêts compréhensibles des proches. Les associations d’action pour la santé psychique ont élaboré une Charte des proches, fruit des réflexions menées au cours d’ateliers citoyens et publiée en 2013, qui a représenté un pas important.
Dans les conclusions, lisez la contribution de Shirin Hatam, juriste à Pro Mente Sana, sur le nouveau droit de la protection de l’adulte entré en vigueur en 2013. Elle apporte des précisions importantes sur les apports de ce nouveau droit, ne ménageant pas certaines critiques, y compris son caractère pas assez nuancé, voire régressif, et interprété de manières diverses selon les cantons.
«Pour les associations de défense des droits [en matière de santé mentale], il est urgent qu’un changement profond s’opère, pour que d’autres compétences que les aptitudes professionnelles soient valorisées.» Est discutée la question du travail et l’importance qu’on lui accorde: «Peut-on pleinement exister, être épanoui, sans travail salarié?» La réponse des auteurs est clairement oui. Beaucoup de ce que les personnes font jour après jour, y compris le travail sur soi et sa maladie, est un vrai travail.
Dans les dernières pages, un point majeur : «Dans une société partagée entre les principes de la liberté individuelle et ceux du risque zéro, nos organisations doivent être en faveur d’une politique du risque mesuré en offrant de larges places à la créativité et à la co-construction. La focalisation actuelle sur le risque zéro se répercute gravement [négativement] sur les justiciables.»
En résumé: une lecture recommandée pour la présentation diversifiée de ces démarches pionnières et militantes de grande valeur, sur les plans médico-social et sociétal, depuis quelques décennies en Suisse romande.
L’ouvrage a été publié à l’occasion des 30 ans du Groupe d’accueil et d’action psychiatrique (GRAAP) vaudois, conjointement avec ses homologues fribourgeois et neuchâtelois. Présentation sur REISO