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Le récit de pratique, un outil professionnel

Jeudi 26.06.2025
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Écrire pour penser: comment les récits de pratique viennent-ils soutenir le processus de professionnalisation des praticien·nes en travail social? Réflexion.

Par Francis Loser, professeur, et Stéphane Michaud, maître d’enseignement, Haute école de travail social, Genève

D’aucun·es pensent que les professionnel·les en travail social n’écrivent pas. C’est oublier un peu vite tous les écrits sous forme de prises de notes, de synthèses, de rapports au juge, ou de rapports d’activité qu’elles et ils doivent produire dans le cadre de leurs fonctions. Reconnaissons toutefois que si ces écrits témoignent de leur expertise professionnelle, ils ne rendent qu’imparfaitement compte de leur activité qui, comme pour tous les autres métiers de l’humain, ne se résume pas à l’action (exécution d’un mandat, formulation d’objectifs de suivi des bénéficiaires, évaluation, etc.), mais constitue une aventure humaine, dans laquelle s’entrecroisent des composantes affectives, corporelles, réflexives et normatives.

De fait, l’expertise des travailleuses et travailleurs sociaux procède de compétences qui sont de l’ordre du tour de main, du tact, de la « débrouille au quotidien » (Vrancken, 2012), de la « créativité de l’agir » (Joas, 2008) et autres « arts de faire » (de Certeau, 1980) leur permettant d’intervenir en situation. Et ce savoir pratique, relevant avant tout de compétences incorporées et routinisées au fil des situations, est en grande partie implicite. D’où la difficulté, pour les praticien·nes, de poser des mots sur leur pratique en dehors d’une narration détaillée de leur action de terrain.

Pourtant, mettre en récit sa pratique autorise une réactivation des situations, avec leur déroulement et l’ensemble des interactions interindividuelles survenues en cours d’intervention. Ce processus réactive aussi l’ensemble des gestes accomplis, des pensées et autres associations d’idées qui les ont orientées, ainsi que la succession d’émotions et sensations éprouvées durant l’action. ll s’agit ici moins de rendre compte de la pratique au sens de la justifier, mais de la conter, de la narrer pour lui donner corps afin de l’interroger et de lui donner sens.

Répondre au besoin de raconter des histoires

L’importance que revêtent les récits professionnels est une question qui a été approfondie dans le cadre d’un ouvrage collectif intitulé Écrire pour penser : Du récit professionnel à la réflexivité. Dans cet ouvrage, les co-auteurs et co-autrices [1] essaient de montrer que le détour par les récits de pratiques constitue une approche bien appropriée en termes de réflexion et de perfectionnement professionnel.

D’une part, toute intervention professionnelle se déroule un peu à la manière d’une histoire. Elle se construit au fil des interactions, entre différent·es protagonistes engagé·es dans une même aventure. D’autre part, tout récit de pratique coïncide avec le besoin des êtres humains de raconter des histoires, celles qu’ils vivent et celles qui leur arrivent. Dans leur ouvrage L’homo fabulator, Jean Molino et Raphaël Lafhail-Molino (2003), respectivement romancier et professeur de littérature, notent que les récits produisent des mondes ou « quasi-mondes » dans lesquels nous nous immergeons lorsque nous lisons, regardons un film ou assistons à une production théâtrale. Et si les récits remplissent nos vies, nos vies sont elles aussi tissées de récits, ce qu’a bien mis en évidence Paul Ricœur (1985) en soulignant que l’histoire d’une vie ne cesse d’être refigurée par toutes les histoires véridiques ou fictives qu’un sujet raconte sur lui-même.

Au-delà des récits individuels, il y a tout lieu de considérer la dimension sociale des récits qui fondent les religions, alimentent les grandes idéologies qui orientent la marche du monde (communisme, capitalisme, etc.), voire émaillent la vie politique dont le story telling fait et défait les carrières. Cette puissance de représentation et de symbolisation que contient le récit amène l’historien Johann Chapoutot (2021) à appréhender l’histoire humaine comme un Grand Récit. À l’instar de toute autre narration, celui-ci opère par « le langage qui se saisit du “réel” et qui l’informe, qui lui donne forme, à tel point que l’on puisse douter que le réel existe en dehors de lui tant on le vit on le pense à travers les catégories du langage » (Ibid., p. 15).

Pour revenir à la pratique professionnelle en travail social, il convient de relever qu’elle constitue certes une activité spécifique, mais également pareille à toutes les autres activités humaines. À ce titre, les récits des praticien·nes ne dérogent pas au schéma narratif classique, qui se décline sous la forme d’une intrigue, avec son contexte, avec ses acteurs et actrices engagées dans une succession de tribulations et de rebondissements jusqu’au dénouement.

Écrire pour penser : Du récit professionnel à la réflexivité s’attelle à montrer que les récits professionnels qui font appel au style narratif ont l’avantage de libérer la parole. Et au-delà des faits remémorés, ces récits mettent en évidence la complexité de l’intervention dont la trame est tissée par de multiples fils relevant de l’ordre du relationnel, de l’intime, du social, ou de l’institutionnel. En plaçant des mots sur leur pratique, les intervenant·es évoquent leur engagement auprès des bénéficiaires, activité d’une grande complexité, située au cœur de dilemmes éthiques, à la lisière entre normes et singularité, entre prescriptions et créativité, dans laquelle s’entrecroisent pêle-mêle émotions, sensations, gestuelles, paroles et réflexion.

Étape essentielle pour penser sa pratique

Si les analyses de pratiques débutent toujours par des récits, l’inverse est aussi vrai. En narrant leur pratique, les praticien·nes peuvent rejouer l’action en situation. Ils et elles ont ici l’opportunité de la revivre avec tout l’engagement qu’elle a nécessité, avec toute l’inventivité et les stratégies qu’elle a appelées, avec tous les temps de réflexion qu’elle a obligés pour adapter leur posture et mieux profiler leur intervention auprès des bénéficiaires et autres partenaires.

Ainsi, mettre en récit sa manière d’agir constitue, pour les praticien·nes, une démarche propice à une réflexion distanciée qui passe par un processus en plusieurs étapes. La remémoration par la mise en mots fonctionne comme une étape préliminaire indispensable pour appréhender leur pratique, mais insuffisante car le récit n’est que le réfléchissement de l’action. Pour opérer un pas de côté par rapport à leur pratique, les professionnel·se doivent de poursuivre le processus engagé en s’attelant à l’analyse des interactions et enjeux repérés dans le récit.

Écrire pour éclairer les enjeux

La mise en mots de la pratique constitue pour les praticien·es en travail social un exercice peu aisé. Les situations singulières suivies dans leur quotidien, tout comme leur pratique, relève pour une large part de l’indicible. Aussi, recourir au récit, forme d’écrit universel qui remonte à la nuit des temps, constitue pour elles et eux une judicieuse manière de rendre compte de leur expertise en éclairant les complexes méandres de leur activité professionnelle avec leurs enjeux opératoires, conceptuels et éthiques.

Un ouvrage en forme de projet collectif

Écrire pour penser : Du récit professionnel à la réflexivité est un recueil de cinq récits de pratique rédigés par des étudiant·es et professionnel·les en travail social. À chaque fois, les textes sont prolongés par des réflexions de formateurs·trices sous forme de rebonds et certains d’entre eux font même l’objet de plusieurs allers et retours.

Le projet de cette écriture collective est issu d’une expérience qui a débuté lors d’un enseignement d’écriture développé dans le cadre de la HETS de Genève. À l’origine, ce cours a été conçu comme un espace pour aider les étudiant·es à dédramatiser leur rapport à l’écrit en les emmenant à jouer avec les mots, les phrases et les textes. Au fil des ans, il est apparu que cette forme de jeu d’écriture présentait des vertus cardinales pour la construction de la professionnalité, tant en formation de base qu’en formation continue.

Bibliographie

  • Chapoutot, J. (2021), Le Grand Récit : Introduction à l’histoire de notre temps, Paris : PUF.
  • De Certeau, M. (1990). L’invention du quotidien, 1. Arts de faire, Paris : Gallimard.
  • Joas, H., La créativité de l’agir, Paris : Les Éditions du Cerf, 2008.
  • Loser, F. Michaud, S. (2023), Écrire pour penser : Du récit professionnel à la réflexivité. Genève : Éditions ies/Haute école de travail social, Collection Pratiques.
  • Molino, J., Lafhail-Molino, R. (2003). Homo Fabulator. Théorie et analyse du récit, Montréal : Leméac/Actes Sud.
  • Ricœur, P. (1985), Temps et Récit, III : Le temps raconté. Paris : Seuil.
  • Vrancken, D. (2012), Le travail social serait-il devenu une profession ? Quand la « prudence » s’invite au cœur d’un vieux débat. Pensée plurielle, 2 (30-31), p. 27-36.

[1] Les auteurs de cet article ont dirigé la publication de cet ouvrage.

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Comment citer cet article ?

Francis Loser et Stéphane Michaud, «Le récit de pratique, un outil professionnel», REISO, Revue d'information sociale, publié le 26 juin 2025, https://www.reiso.org/document/13268

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