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Se confronter à la mort et l’apprivoiser

Jeudi 24.10.2013
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Les étudiants en médecine sont confrontés au corps mort dans leurs cours de dissection. Cette expérience particulière est au cœur de la réflexion menée dans le livre collectif intitulé « La mort : une inconnue à apprivoiser ».

Par Jean Martin, ancien médecin cantonal vaudois, membre de la Commission nationale d’éthique

Le projet « Doctors & Death » de l’Association des étudiants en médecine de Suisse (SWIMSA) s’intéresse à ce qui se passe autour de la mort dans le monde de la santé. Des réflexions et ateliers ont été développés dans ce cadre par des groupes d’étudiants de Berne et Lausanne. Le groupe lausannois vient de publier un livre attrayant de 132 pages [1]. Il ne compte pas moins de vingt-deux chapitres, courts, écrits par des auteurs venus de tous les horizons : des étudiants, des infirmières, une aumônière d’hôpital, une variété de huit médecins de disciplines et âges divers, des responsables d’enseignement d’anatomie et de sciences sociales et un professeur d’histoire de la médecine [2].

On lit dans l’introduction : « Confrontés au corps mort par les séances de dissection, nous avons compris que ce n’était que la première marche d’un face à face avec la mort qui nous accompagnera tout au long de notre expérience médicale. Rester seul face à ces expériences n’est pas la solution aux interrogations devant ces territoires inconnus. C’est pourquoi nous avons sollicité différentes personnes pour qu’elles partagent avec nous leurs vécus. »

Le vécu de la dissection par les étudiants

« Quand nous avons dû commencer la dissection d’un corps entier, ma priorité n’a pas été de me précipiter dans l’action, mais de remercier la personne ici présente. Je n’arrivais pas à me dire que ce n’était qu’un cadavre. J’ai donc murmuré ‘merci monsieur’ et j’ai incisé du menton au sternum. »

« Il a fallu s’approcher de notre table de dissection. C’était un peu comme faire connaissance avec quelqu’un, en l’occurrence notre cadavre. On l’a observé en entier, comme pour l’apprivoiser. »

La place de la dissection dans la formation

Un responsable du cursus des études en médecine : « Force est de constater que l’enseignement de l’anatomie évolue : le développement fulgurant des techniques d’imagerie, l’apparition des technologies de simulation, tout cela oblige à réfléchir à la place qu’occupera à l’avenir l’enseignement de sciences de base dans le curriculum. » L’auteur conclut toutefois que « il y a dans l’enseignement des sciences fondamentales, y compris l’anatomie, une étape de formation de l’esprit indispensable ». Plusieurs auteurs relèvent un rôle de rituel initiatique des séances de dissection : « Entrée dans ces circonstances liées aux médecins qui en font des gens ‘différents’, avec leurs prérogatives spécifiques. Filiation séculaire avec ceux qui ont voulu savoir comment le corps humain est ‘fabriqué’ ». Un mot que l’on retrouve justement dans l’œuvre majeure de Vésale intitulée De humani corporis fabrica.

Les interactions entre malades et soignants/aidants

Cet ouvrage pose ainsi des interrogations fondamentales sur l’évolution nécessaire des attitudes au sein du corps médical et plus généralement dans la société. Une responsable de gériatrie : « La mort reste-t-elle indéfiniment un échec de la médecine ? Ou son acceptation et l’accompagnement du malade jusqu’à sa fin font-ils partie intégrante du projet thérapeutique que l’on construit avec lui ? » Durant leurs études et le début de leur activité médicale, la mort n’avait jamais été présentée comme faisant partie d’un projet de soins. « Je souhaiterais qu’on m’ait parlé de la mort de mes futurs malades. » Souvent encore aujourd’hui, « on n’en parle pas, d’un commun accord tacite entre médecin et malade. Pourtant les malades y pensent souvent. »

Une recherche sociologique auprès de bénévoles souligne : « Incontestablement, la confrontation aux patients mourants peut être l’occasion d’un échange, mais elle repose sur une base paradoxale : elle allie une forme d’empathie, d’une part, et d’altérité irréductible, d’autre part. L’un reste et l’autre part. »

Un étudiant, à propos d’un médecin suivant des patients sidéens : « Il nous a demandé combien d’entre nous s’étaient intéressés à l’anamnèse spirituelle de nos patients. Le silence gêné de l’assemblée en disait long sur la réponse. » Le même auteur, plus loin : « Comment pouvons-nous décider aujourd’hui qu’il est temps de laisser s’en aller nos patients ou nos proches ? Un médecin-chef disait des mourants ‘Il ne faut pas leur voler leur mort’- dans un monde où la médecine apporte de plus en plus de solutions pour prolonger la vie mais oublie peut-être de reconnaître ses limites à cause de sa soif de maîtrise. Importance pour le médecin d’accepter un non-savoir et un laisser-être respectueux de l’être intime des sujets. »

La mort dans la société

Un médecin de service d’urgences précise : « De nos jours, s’il est demandé au médecin de repousser les limites de l’existence humaine, ce à quoi il est largement formé, est-il pour autant préparé à assumer ce rôle de passeur, au sens mythologique du terme, que la société lui attribue de manière implicite ? » Cette question est effectivement centrale. Avec une citation d’un texte évoquant le « rapport entre les mourants et les bien-portants, progressivement déplacé au point de ne plus concerner que le seul corps médical (…), la mort a été repoussée dans les coulisses de la scène sociale ».

La perspective historique permet elle aussi d’éclairer le sujet sous un autre angle. « Le théâtre de la mort, qui s’est médicalisé au fil des deux derniers siècles au point qu’on a pu parler de confiscation de la mort par la médecine, est aujourd’hui marqué par la multiplication des acteurs. Ethiciens, politiciens, citoyens, etc. disputent plus que jamais à la médecine son droit exclusif d’intervention et d’expertise sur la mort. » Et deux questions importantes, parmi d’autres, se posent alors : « Dans quelle mesure par exemple faut-il comparer l’histoire des institutions de naissance (maternité, professions de l’obstétrique, procréation médicalement assistée) avec celle des institutions de mort (dissection, morgue, professions thanatologiques) ? » « Dans quelle mesure une thanatologie au sens strict du terme peut-elle prétendre au même statut épistémologique que la biologie, vu l’asymétrie fondamentale de leurs objets ? »

[1] « La mort : une inconnue à apprivoiser », Marc-Antoine Bornet, Arnaud Bakaric, Sophie Masmejan et Sophie Kasser (dir. publ.), Lausanne : Editions Favre, 2013, 132 pages.

[2] NDLR : les coordinateurs de l’ouvrage ont demandé que les recensions sur internet ne mentionnent pas les auteurs de citations choisies afin que des phrases hors contexte ne se répandent pas sur la toile.