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Inégaux jusque dans la vieillesse

Jeudi 20.10.2016
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Des recherches ont étudié les conditions de vie et de santé dans la population de 65 ans et plus résidant en Suisse. Elles montrent que les inégalités subsistent et parfois s’amplifient. Elles constatent aussi des progrès réels.

Par Michel Oris, Centre interfacultaire de Gérontologie et d’Etude des Vulnérabilités et PRN LIVES, Université de Genève

Quelles sont les conditions de vie et de santé dans la population de 65 ans et plus résidante en Suisse ? Les progrès engrangés au cours des dernières décennies sont réels. Pour autant, les inégalités non seulement subsistent, mais elles sont aussi, paradoxalement, issues des avancées [1].

Il suffit de regarder une pyramide des âges de la population suisse pour prendre la mesure de son vieillissement, qui est en train de s’accélérer avec le passage à la retraite des générations abondantes du baby-boom. Se focaliser sur les 65 ans et plus fait ressortir deux constats : la croissance de cette population et le « vieillissement dans le vieillissement », la montée spectaculaire de ceux que l’on qualifie volontiers de « grands vieillards », les octogénaires et nonagénaires, voire centenaires. Si durant longtemps ces évolutions ont été dictées par la dénatalité, le recul des jeunes entraînant mécaniquement une augmentation de la proportion des autres groupes d’âges au sein de la population, depuis quelques décennies les gains d’espérance de vie interviennent eux aussi, tant ils ont été importants. Entre la fin du XIXe siècle et 2014, cet indicateur est passé de 43 ans à 85,2 pour les femmes, de 41 ans à 81 pour les hommes.

Les hypothèses contradictoires

Ces valeurs sont parmi les plus hautes observées au monde. Concrètement, elles signifient que de moins en moins, l’accès à la retraite et même au grand âge est réservé à une élite, que de plus en plus de personnes issues des milieux populaires peuvent eux aussi y arriver, créant une population de retraités plus hétérogène, plus diverse, donc plus inégale. Cependant, une hypothèse alternative situe les individus dans des cohortes de naissance, qui ont traversé l’histoire du XXe siècle, bénéficiant non seulement des progrès sanitaires qui ont soutenu la montée de l’espérance de vie, mais aussi du développement du système scolaire, de longues périodes de croissance économique et de plein emploi, de la mise en place, également, d’un état social, avec le premier puis le deuxième pilier, le tout résultant en une population âgée que, de plus en plus souvent, les médias décrivent comme favorisée, quand ils n’y comptent pas les millionnaires.

Ces visions contradictoires ont été au cœur du projet « Démocratisation de la vieillesse ? Progrès et inégalités en Suisse », qui s’est largement appuyé sur une vaste enquête réalisée en 2011-2012, couvrant quelque 3’500 personnes âgées de 65 à 103 ans, résidant dans cinq régions (Genève, le Valais central, les parties alémaniques du canton de Berne, les deux Bâle, ville et campagne, ainsi que le Tessin). Une procédure dite « proxy », consistant à interroger un proche ou un soignant, a permis d’intégrer quelque 500 individus affectés par des troubles cognitifs ou des problèmes physiques assez sérieux pour les empêcher de répondre eux-mêmes. Les résultats n’enjolivent donc pas la situation, ni les évolutions qui ont pu être mesurées dans deux des cinq régions étudiées, à Genève et dans le centre du Valais, où des enquêtes similaires ont été menées en 1979 et 1994. Pouvoir prendre de manière fine la mesure des changements qui se sont produits au cours des trois dernières décennies est une opportunité rare.

La pauvreté recule, les inégalités se transforment

A cet égard, les résultats documentent la réalité des progrès. La pauvreté a reculé parmi les 65 ans et plus. En 1979, 51% d’entre eux vivaient en dessous du seuil de pauvreté reconnu à cette époque ; en 2011-1012, ils restent 21% dans une telle situation, dans un des pays les plus riches au monde. La distribution des diplômes obtenus montre aussi une progression impressionnante du capital humain. La population âgée est bien mieux équipée qu’il y a 15 ou 30 ans pour discuter avec les institutions socio-sanitaires, le corps médical, etc. Elle est aussi en meilleure santé physique, mieux et plus longtemps autonome, ou à défaut « fragile » mais encore apte et soucieuse de se débrouiller. Même parmi les personnes de 90 ans et plus, la proportion de femmes et d’hommes vivant dans la dépendance représente une minorité. De manière révélatrice, lorsque l’on interroge la subjectivité et que l’on demande aux individus eux-mêmes d’évaluer leur bien-être, la satisfaction qu’ils ressentent de leur vie, les moyennes sont élevées.

Mais les moyennes sont trompeuses ! Des études plus fines montrent que les inégalités sociales pèsent, et même qu’elles se sont accentuées au fil du temps, au moins du point de vue de la santé, qui tourmente plus les petites gens que les aisés, en leur vieillesse.

Nous avons voulu comprendre ce résultat en déconstruisant l’idée que la vieillesse soit un âge spécifique mais en la situant dans la continuité du parcours de vie. Pour ce faire, l’enquête réalisée en 2011-1012, appelée « Vivre-Leben-Vivere » ou VLV, a inclus un outil innovant : des calendriers, qui commençaient à l’année de naissance du participant et qui s’étalaient jusqu’au moment de leur interview. A travers cet outil, les personnes ont bien voulu nous raconter leur vie familiale, professionnelle et résidentielle. Grâce à lui, nous avons pu étudier comment les inégalités se construisent à travers des trajectoires individuelles qui sont elles-mêmes inscrites dans les structures sociales et économiques. Chacun est à l’origine membre d’une génération, d’un groupe de personnes nées dans les mêmes années et qui ont traversé l’histoire durant bien des décennies, pour aujourd’hui vieillir en Suisse. Leurs destinées documentent des phénomènes que nous qualifions de polarisation, car ils opposent les gagnants et les perdants, les bénéficiaires des progrès et ceux qui, du berceau à la pension, ont accumulé les pénalités, les désavantages. C’est clairement ce qui a affecté les personnes à bas niveau d’éducation qui n’ont pu saisir les opportunités d’une économie en croissance presque continue. Dans ces générations, ce fut aussi le cas de nombreuses femmes, discriminées dans l’accès à l’éducation durant leur enfance, puis reléguées dans leur cuisine à l’âge adulte. Le filtre de l’état social a été particulièrement important à cet égard, car le système suisse de pension a en quelque sorte véhiculé ces inégalités jusque dans la vieillesse.

La piste de la participation sociale

Ces conclusions ont bien sûr une tonalité sombre, mais pas désespérée. Si une personne de 65 ans et plus sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté défini par la Conférence suisse des institutions d’action sociale, ils seraient en fait plus d’un tiers, de l’ordre de 35 à 36%, sans les aides sociales (surtout les prestations complémentaires). Ce constat est ambigu, nous en sommes conscients, mais la réduction de la sur-pauvreté des femmes veuves montre plus clairement que le système social peut être réformé positivement, encore que les dernières décisions du parlement pourraient remettre en cause ce résultat.

La lecture par les parcours de vie est elle aussi susceptible de pousser à la renonciation : que faire, en la vieillesse, avec des inégalités construites tout au long de l’existence ? Ce point est illustré par une récente étude [2] sur les performances cognitives. Il en ressort que la peur des maladies neurodégénératives est une des grandes angoisses du vieillissement. Cette recherche confirme les injustices sociales et leur mise en place à travers l’école puis le travail, mais montre aussi que la participation sociale et les activités peuvent apporter un réel bénéfice aux petites gens, qui contribuent notablement au maintien de leur bien-être. A cet égard, même si la recherche scientifique ne peut générer des recettes simples, il est crucial qu’elle puisse documenter et inspirer le travail de terrain.

[1] Ce bref texte résume la conférence donnée à Lausanne le 24 octobre 2016 dans le cadre de l’université des seniors Connaissance 3.

[2] Ihle, Andreas, Oris, Michel, Fagot, Delphine, Baeriswyl, Marie, Guichard, Eduardo, Kliegel, Matthias (2015), The association of leisure activities in middle adulthood with cognitive performance in old age : The moderating role of educational level, Gerontology. DOI : 10.1159/000381311.

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