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Le philosophe français Laurent Ravez signe l’un des premiers livres en français dans un domaine particulièrement questionné par la pandémie. A mettre entre les mains de tou·te·s les professionnel·le·s de santé et des politiques.
Recension par Jean Martin
Laurent Ravez est un philosophe de l'Université de Namur, très actif en (bio)éthique. Il publie Introduction à l’éthique de la santé publique, un des premiers ouvrages en français dans le domaine traité, d'intérêt très actuel par temps de pandémie Covid.
Après avoir brossé un tableau de ce qu'est la santé publique, il consacre des pages nécessaires au thème fondamental des déterminants sociaux de la santé (p.79 ss.). Dans la foulée, il s’intéresse au scandale multidimensionnel de l’aggravation des inégalités dans le monde entier, au sein des pays et entre les pays (voir aussi « Maladies de la pauvreté » - dès p. 221).
Ravez discute les grandes théories éthiques : utilitarisme, déontologisme, éthique des droits humains, éthique minimaliste, communautariste, des vertus. Sa dernière partie traite de l'éthique dans le domaine des maladies infectieuses, sujet classique depuis des siècles. Si, dès les années 1980, tous les enjeux liés au VIH/sida ont été particulièrement marquants, c'est maintenant le Covid-19 qui est au cœur des réflexions en la matière. Il importe toutefois de se ne pas oublier d'autres défis contemporains de grande importance, tels que l’usage de substances, le tabac et l’alcool ou les dérèglements écologiques.
Au plus proche des événements actuels, le philosophe relève que : « La santé publique requière souvent des efforts collectifs qui risquent d'être perçus comme les avatars d'un paternalisme sanitaire » (p.75). Ou quand l’éthique sociale fait face à l’éthique individuelle… Le fait est que la légitimité du paternalisme (entendu ici en termes objectifs) reste un élément essentiel, qui soulève de nombreuses questions, telle que : quel droit d'interdire aux fumeurs de fumer dans certaines circonstances ? A cet égard, la démonstration des effets nuisibles du tabagisme passif a apporté un fort soutien à la prévention. Ravez poursuit : « Pourquoi interdit-on de rouler à moto sans casque ? Pour protéger des inconscients ? Pour éviter des frais à la communauté en cas d'accident ? Probablement. Mais ce genre de mesures coercitives pourraient également être le reflet d'une responsabilité morale collective d'éviter des souffrances et des décès » (p. 15). Et de relever que, bien entendu, si des moyens coercitifs doivent être envisagés, il s'agit de choisir les moins contraignants.
L'auteur souligne encore que, à côté de ses dimensions descriptives et de recherche à large échelle, la santé publique et son éthique ont vocation à défendre la cause d'une meilleure santé, de plaidoyer.
Cette Introduction à l’éthique de la santé publique est un livre bien informé, structuré, de lecture aisée. Il aborde l'essentiel de ce que les professionnel·le·s de santé, ainsi que leurs supérieur·e·s institutionnel·le·s et politiques, devraient savoir et comprendre. Tant il est vrai que, malgré le regain d'actualité que lui donne la pandémie, la santé publique et ses potentialités n'ont pas la place qu'elles requièrent.
« Introduction à l'éthique de la santé publique », Laurent Ravez, Montpellier : Ed. Sauramps Médical, 2020, 262 pages.
Les reports de traitements liés à la pandémie soulèvent des questions éthiques. L’Académie suisse des sciences médicales souhaite sensibiliser les professionnel·le·s de la santé et les autorités à cette problématique.
Dans des situations de pénurie exceptionnelle des ressources, il importe d’utiliser les ressources humaines et matérielles à disposition de manière à éviter le triage des patient·e·s pour les traitements indispensables à la survie, tels que les opérations urgentes ou les soins intensifs. Pour ce faire, les traitements planifiables sont reportés. Toutefois, comme le précisent les directives de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM), la postériorisation des traitements constitue, elle aussi, une forme de triage.
Plus cette situation se prolonge, plus il est difficile d’évaluer si les ressources disponibles doivent être affectées à des traitements de soins intensifs ou à des traitements planifiables mais urgents. La décision de reporter des traitements indiqués requiert une justification médico-éthique, car elle peut avoir de lourdes répercussions sur la santé des personnes concernées.
Indépendamment de la pandémie, la planification des traitements fait partie du quotidien des hôpitaux et des processus bien établis existent. En cas de pénurie exceptionnelle des ressources, il est particulièrement important que ces processus soient redéfinis de manière à ce que les principes de protection de la vie, en particulier ceux portant sur la qualité de vie acceptable, l’équité et la protection contre la discrimination, soient respectés, même dans une situation tendue.
Une postériorisation non coordonnée et non réfléchie risque d’aller à l’encontre du principe fondamental de l’équité. Des procédures équitables et transparentes sont nécessaires pour garantir que les traitements, dont le report réduit considérablement l'espérance de vie et/ou est lié à un risque d'atteinte grave à la santé, soient effectués en priorité.
Dans sa prise de position, la Commission centrale d’éthique (CCE) formule des principes éthiques et rappelle des critères procéduraux pour le report des traitements. Elle souhaite contribuer à une prise de conscience éthique et lancer un large débat sur cette thématique. La CCE est prête à apporter son expertise médico-éthique si les processus de postériorisation font l'objet d'une discussion approfondie dans les milieux spécialisés.
(Source : ASSM)
L’ouvrage « Finalités et usages de la formation professionnelle ? » propose un décryptage des enjeux politiques et économiques de la formation professionnelle, ainsi que de son rapport à l’emploi.
Quelles sont les attentes et les finalités d’une formation professionnelle de type CFC ? Quels sont ses écueils, quelles lignes de tension subsistent dans cette filière ? Ces questions, et bien d’autres, sont abordées dans l’ouvrage paru aux éditions Antipodes, Finalités et usages de la formation professionnelle.
S’inscrivant dans des contextes historiques et variés, les différents chapitres proposent des regards croisés et interdisciplinaires sur cette filière de formation. Ils passent en revue non seulement le modèle de CFC suisse, mais aussi le CAP (certificat d’aptitude professionnelle) et le BEP (brevet d’études professionnelles) français et encore le modèle espagnol.
Destiné aux chercheur·euse·s tout comme aux acteur·trice·s de terrain, le livre porte une attention particulière aux parcours de formation ainsi qu’aux rapports à l’emploi et à l’insertion.
(Source : éditions Antipodes)
« Finalités et usages de la formation professionnelle ; Apprendre un métier, trouver un emploi, poursuivre ses études ? », Nadia Lamamra, Morgane Kuehni et Séverine Rey (dir.), éditions Antipodes, 2021, 295 pages
A l’occasion de la Fête nationale indienne, la directrice de la HETS Genève, Joëlle Libois, a été récompensée pour son travail et ses publications en lien avec le pays d’Asie du Sud.
© HETS Genève
Le 26 janvier, à l'occasion de la célébration de la fête nationale indienne et du 75ème anniversaire de l'Indépendance de l'Inde, Joëlle Libois, directrice de la HETS Genève, a été honorée pour sa contribution et ses travaux en lien avec ce pays.
Au cours de la cérémonie, qui s'est déroulée à la India House à Chambésy en présence de représentants de la communauté indienne de Genève, Madame Libois a reçu un châle traditionnel des mains du représentant permanent de l'Inde auprès des Nations Unies à Genève, Indra Mani Pandey.
Passionnée par ce pays depuis de longues années, Joëlle Libois a notamment fondé en 1999 l'association Surya-Geneva, qui promeut des projets sociaux-éducatifs en Inde et encourage les échanges culturels entre l’Inde et la Suisse. En particulier, la structure Shantosha Nanban à Pondichéry accueille plus de soixante enfants orphelins ou abandonnés par leurs familles. Sans cette association reconnue par les autorités locales, ils ne pourraient que difficilement survivre aux très rudes conditions de vie de la rue.
Cette distinction coïncide avec la parution aux Editions ies du livre Présences de Tagore. Eveil au monde et action communautaire, dont Joëlle Libois est l'autrice. A l’aube de l’indépendance de l’Inde, Rabindranath Tagore, poète indien, s’est engagé à travers sa prose, l’éducation et l’action communautaire à soutenir les populations rurales les plus défavorisées.
Dépassant les frontières, refusant toutes les formes de discriminations, Tagore est un précurseur du travail social en Inde. Son approche à la fois poétique et virulente, locale et globale, artistique et socioéconomique nous entraîne dans des contrées peu connues, voire originales du travail social, qui s’articulent étonnamment aux enjeux actuels de la précarité, des discriminations, du repli sur soi, de la consommation effrénée.
(Source : HETS Genève)
Dans le livre Après moi..., l’autrice Daniela Ciccarone-Bianchi parle sans tabou de son cancer et de son combat de vingt ans contre cette maladie. Bouleversant, mais sans pathos.
Elle s’appelle Daniela Ciccarone-Bianchi et son premier cancer, logé dans son sein droit, lui a été diagnostiqué alors qu’elle n’avait que 37 ans. C’était en 2001. Cette épreuve a poussé cette infirmière à prendre la plume pour raconter son combat, ses moments de désarroi et de bonheur, sa vie bouleversée par ce diagnostic funeste.
Après moi... [1] est donc le témoignage de toutes ces années passées à lutter contre une maladie qui deviendra chronique. « …par nécessité, par besoin, j’ai pris la plume et j’ai entamé ce fameux carnet de route. Il a été pour moi une forme de psychanalyse, un baume contre les blessures du corps et de l’esprit », écrit Daniela Ciccarone-Bianchi.
Loin de plonger le·la lecteur·trice dans une récit funeste et empreint de pathos, l’ouvrage relate les états d’âme d’une femme à l’esprit vif et au moral d’acier. Il évoque les examens subis, les diagnostics annoncés, mais aussi tous ces moments qui rendent la vie belle et précieuse. L’autrice parle des repas de famille, des fous rires, mais aussi des traitements aux effet secondaires lourds, des antidépresseurs indispensables pour surmonter l’insurmontable. La présence d’un mari aimant et d’une famille unie ont permis à Daniela Ciccarone-Bianchi de garder optimiste et joie de vivre, même si certains moments de grands désarroi sont également racontés sans ambages.
Touchant, bouleversant et écrit sans chichi, Après-moi... reste un hymne à la vie, bien que son autrice soit décédée en octobre 2021, juste avant sa parution et un mois après la naissance de sa petite-fille.
(YT)
[1] « Après moi... », Daniela Ciccarone-Bianchi, Editions Favre, 232 pages
Un groupe d’expert·e·s français s’est penché sur l’impact négatif des images véhiculées sur internet. Il met en garde contre certaines dérives.
© deepkhicher / Pixabay
Un corps mince et musclé, tout le temps et à tout âge. Voilà ce que l’on trouve sur les réseaux sociaux, où le narcissisme des un·e·s et les connaissances de Photoshop des autres permettent de ne montrer que des images de silhouettes parfaites. Une sorte de norme à atteindre à tout prix, alors même qu’un grand nombre de photos sont trafiquées, retouchées, améliorées. Sur le net, rares sont en effet les star à publier des clichés d’elles au réveil (certaines l’ont fait toutefois, pour déjouer ce phénomène) et encore plus rares sont les quidam à afficher leurs pectoraux chancelants ou leurs fessiers mous.
Pourtant, le mythe au corps parfait adulé par Instagram et les autres médias ne reste pas sans conséquences. Un groupe d’expert·e·s français, parmi lesquel·le·s des professeur·e·s d’université en psychologie ou en comportement des consommations, s’est penché sur ce phénomène dangereux.[1] L’article qu’il a publié sur le site The Conversion explique : « De nombreux travaux ont montré que les médias traditionnels (…) véhiculent de fortes pressions incitant à essayer d’atteindre des idéaux corporels idéalisés et parfois irréalistes (…). Les images du corps qu’ils diffusent, inatteignables (…), mènent à l’internalisation de l’idéal mince et musclé (…). »
De ces idéaux découle une insatisfaction qui poussent certaines personnes à développer des troubles alimentaires ou des comportements excessifs. Cesser de manger, se nourrir de manière compulsive puis se faire vomir, se lancer sans préparation dans une activité physique soutenue sont autant de comportements néfastes pour la santé.
Et ce n’est pas tout, selon les expert·e·s : « L’insatisfaction corporelle peut aussi mener à des comportements à risques visant à modifier d’autres dimensions de l’apparence, en ayant recours par exemple à la chirurgie esthétique (peu soumise à la surveillance médicale), ou à des produits dangereux. »
Pour éviter de se laisser envahir par des images irréalistes, les experts recommandent de limiter l’exposition aux réseaux sociaux ou d’y chercher des contenus en lien avec des valeurs positives, telles que l’écologie ou la culture. Contourner les contenus affublés du fameux #summerbody, qui a fleuri au printemps passé, est aussi une façon simple de ne pas sombrer dans l’insatisfaction. Enfin, exercer sa pensée critique et surtout s’accepter tel que l’on est. Chaque individu a un corps qui lui est propre et qui, contrairement aux photos retouchées, est bien réel.
[1] Flaudias, Valentin et al. « Anorexie, boulimie… Comment les médias sociaux participent au développement de troubles alimentaires », The Conversation, publié le 14 octobre 2021
Trois questions à Francis Loser, enseignant-chercheur émérite à la Haute école en travail social à Genève et auteur de La médiation artistique en travail social. Enjeux et pratiques en atelier d'expression et de création
(REISO) Votre livre [1] est le fruit d’une recherche sur le terrain lors de trois types d’ateliers, un auprès de personnes aux prises avec des problèmes d’addiction à l’alcool, un avec des seniors et un dernier dans un centre de rencontre et d’expression créatrice. Il explique que la médiation n’est pas tant un outil thérapeutique, mais davantage une expérience esthétique. Qu’entendez-vous par là ?
(Francis Loser) De nos jours, on a tendance à penser qu’il faut guérir les personnes en souffrance et l’aspect thérapeutique de la médiation artistique prend le dessus. Lors de mes recherches, j’ai pu constater à quel point nous avons tous tendance à voir le monde de façon binaire : d’un côté le corps, de l’autre l’esprit ; d’un côté la nature, de l’autre la culture. Il faut cesser d’opposer le corps et l’esprit et revenir au sensible de la vie. La médiation artistique relève d’une expérience esthétique qui permet de concilier corps, émotions et cognition. Esthésie veut dire sentir. Les personnes qui souffrent, mais aussi les seniors se coupent souvent de leurs émotions et de leur sensibilité.
Selon vous, la maladie ne serait finalement qu’un blocage des émotions et sensations ?
Oui, en quelque sorte. Les personnes malades sont bloquées dans un processus de vie. Il faut alors leur permettre de se remettre en mouvement : déplier le corps, pour déplier l’esprit. La médiation artistique leur offre ainsi un chemin vers leur sensibilité. Il n’est pas utile de faire plein de projets pour se sentir vivant, il suffit de réintensifier la part de vivant qui sommeille en chacun de nous.
Comment des ateliers de création artistiques peuvent-ils aider à se reconnecter avec cette part de vivant ?
En créant quelque chose, la personne n’est pas uniquement spectatrice. Elle se laisse ainsi émerveiller par le produit qu’elle a fabriqué et découvre qu’elle possède des ressources dont elle n’avait pas forcément conscience. Par ailleurs, les participant·e·s de ces ateliers, bien que concentré·e·s sur ce qu’ils·elles font, partagent un moment agréable qui brise leur solitude. S’instaure alors un dialogue. La parole vient naturellement sans que cela tourne en interrogatoire comme cela peut arriver lors des entretiens. Ils·elles vivent une expérience globale, artistique, mais aussi thérapeutique, dans le sens de prendre soin de soi.
(YT)
[1] La médiation artistique en travail social, Enjeux et pratiques en atelier d’expression et de création, Francis Loser, Ed. Ies, 2021, 288 pages.
Cette dépendance touche de plus en plus de femmes, souvent davantage stigmatisées que les hommes. Un documentaire retrace le parcours de cinq personnes qui sont parvenues à s’en sortir.
capture d'écran © playRTS
Elles s’appellent Ariane, Stacy, Sylvie, Michèle, Isabelle et parlent à visage découvert de leur maladie, l’alcoolisme, dans un documentaire français diffusé sur la RTS. En Suisse, cette dépendance touche 15,9% de la population [1], dont 11,1% de femmes. Si les dommages pour la santé sont semblables que l’on soit un homme ou une femme, l’abus d’alcool ne se vit pas de la même façon pour les deux sexes.
Les témoignages recueillis dans le film « Alcool au féminin » [2] parlent de honte, de solitude, de consommation en cachette, de déni. Là où les hommes auront tendance à se laisser aller à trop boire avec leurs amis, lors de sorties ; les femmes se cachent, dissimulent.
L’alcool au féminin est encore tabou et le film cherche à le briser en donnant la parole à celles qui ont réussi à vaincre leur maladie. Ariane admet qu’elle planquait les bouteilles dans le landau de son enfant. Isabelle tricotait des pulls aux larges manches pour y dissimuler des flacons. Michèle, elle, évoque sa consommation de bière en pleine nuit, seule dans sa cuisine.
Le documentaire est entrecoupé d’échanges avec Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et addictologue. Les abus sexuels, les violences, les troubles alimentaires font partie des épreuves qui poussent souvent les femmes à tomber dans la dépendance à l’alcool. La médecin explique : « Le risque de devenir alcoolique est multiplié par 36 en cas d’agression sexuelle. » Le perfectionnisme, le sens du sacrifice sont des traits de caractères qui poussent également certaines à vider les bouteilles pour fuir le poids du quotidien. Comme l’explique Ariane : « Prendre de l’alcool me permettait de me mettre dans la ouate. »
Ces cinq femmes aux parcours très différents s’en sont sorties en prenant conscience du mal qu’elles s’infligeaient. Michèle s’est mise à bricoler plutôt que de picoler. Stacy a commencé le pole dance et a mis fin à une relation amoureuse toxique, Sylvie s’est engagée dans des associations d’aide et a renoué des liens solides avec son fils adoptif ; Isabelle « retricote sa vie, maille par maille »… Chacune a trouvé la force et le courage d’affronter la maladie et de retrouver le goût de la vie, bien loin de celui de l’éthanol.
(YT)
[1] https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home/zahlen-und-statistiken/zahlen-fakten-zu-sucht/zahlen-fakten-zu-alkohol.html
L’ouvrage du psychiatre lausannois Nicolas de Coulon propose des stratégies d’interventions thérapeutiques lors de situations urgentes. La nouvelle édition est désormais disponible.
Comment intervenir lorsqu’un individu se trouve dans une situation de crise, un moment difficile qui rompt son équilibre psychique ? Quelle est la définition d’une telle crise ? Comment les équipes soignantes doivent-elles l’appréhender pour venir en aide aux patient·e·s ? Ce sont là quelques-unes des questions qui trouvent leurs réponses dans l’ouvrage du psychiatre lausannois Nicolas de Coulon : La crise, stratégies d’intervention thérapeutique en psychiatrie [1].
Cette nouvelle édition, revue et augmentée, s’adresse aux psychiatres, psychothérapeutes, infirmier·e·s en psychiatrie et aux différent·e·s soignant·s susceptibles d’intervenir en situations urgentes et lors de cas difficiles.
Ces moments de vie difficiles ne sont pas à considérer comme une fatalité. « Toute crise peut provoquer ou révéler un trouble psychique ; en même temps, elle indique des chemins de guérison. La crise psychologique offre ainsi une véritable opportunité de changement », peut-on lire dans l’ouvrage du psychiatre lausannois.
A travers des cas concrets, l’auteur explique les différentes étapes de prise en charge : de la prise de contact, au début de l’intervention, puis à l’organisation du traitement et à la fin de ce dernier. Il passe en revue différentes stratégies thérapeutiques : les approches corporelles, tels que les massages, la relaxation, les enveloppements humides ; le travail en équipe des soignant·e·s ; celui avec l’entourage ; entre autres.
Le livre de Nicolas de Coulon constitue un véritable manuel pour les soins psychiques aigus, proches de l’urgence.
(CP/YT)
[1] «La crise, stratégies d’intervention thérapeutique en psychiatrie», Nicolas de Coulon, Ed. Antipodes, 2021, 309 pages