Go Top

Gérer les tensions en soutenant la diversité

Lundi 03.03.2025
stdClass Object ( [id] => 45 [asset_id] => 1139 [field_type] => textarea [name] => article_copyright [label] => Copyright [description] => [isfilter] => 0 [isadvfilter] => 0 [iscore] => 0 [issearch] => 1 [isadvsearch] => 0 [untranslatable] => 0 [formhidden] => 0 [valueseditable] => 0 [edithelp] => 2 [positions] => [published] => 1 [attribs] => {"use_ingroup":"0","allow_multiple":"0","add_position":"3","max_values":"0","required":"0","default_value":"","default_value_use":"0","validation":"RAW","auto_value":"0","auto_value_code":"fields;\r\nif ( !isset($F['fieldname01']) ) return array('fieldname01 field not found');\r\n\r\n$vals = array();\r\nforeach($F['fieldname01']->postdata as $i => $v)\r\n{\r\n $vals[$i] = 'Auto : ' . $v;\r\n}\r\n\r\nreturn $vals;","display_label_form":"1","label_form":"","no_acc_msg_form":"","use_html":"1","placeholder":"","maxlength":"","rows":"3","cols":"80","editor":"","width":"98%","height":"150px","show_buttons":"0","import_fv_remap_mode":"0","import_fv_remap":"","import_fv_ccode_mode":"0","import_fv_ccode":"parameters->get('some_param');\r\n\r\nforeach($values as $i => $v)\r\n{\r\n $values[$i] = 'Example ' . $i . ' : ' . $v;\r\n}\r\n\r\nreturn $values;","display_label":"1","show_acc_msg":"0","no_acc_msg":"","include_in_csv_export":"0","csv_strip_html":"0","viewlayout":"default","lang_filter_values":"0","encode_output":"0","clean_output":"0","cut_text_catview":"0","cut_text_length_catview":"200","cut_text_display_catview":"0","cut_text_display_btn_icon_catview":"icon-paragraph-center","cut_text_display_btn_text_catview":"...","prx_sfx_open_close_configs":"","remove_space":"0","pretext":"","posttext":"","separatorf":"1","opentag":"","closetag":"","trigger_onprepare_content":"0","trigger_plgs_incatview":"0","microdata_itemprop":"","useogp":"0","ogpusage":"1","ogpmaxlen":"300","display_label_filter":"2","display_filter_as":"1","display_label_filter_s":"2","display_filter_as_s":"1","editorarea_per_tab":"0","start_of_tabs_pattern":"","end_of_tabs_pattern":"","start_of_tab_pattern":"","end_of_tab_pattern":"","title_tab_pattern":"","force_beforetabs":"1","force_aftertabs":"1","allow_tabs_code_editing":"1"} [checked_out] => 0 [checked_out_time] => 0000-00-00 00:00:00 [access] => 1 [ordering] => 42 [has_access] => 1 [item_id] => 13784 [value] => Array ( [0] =>

© Melita / Adobe Stock

) [parameters] => Joomla\Registry\Registry Object ( [data:protected] => stdClass Object ( [use_ingroup] => 0 [allow_multiple] => 0 [add_position] => 3 [max_values] => 0 [required] => 0 [default_value] => [default_value_use] => 0 [validation] => RAW [auto_value] => 0 [auto_value_code] => fields; if ( !isset($F['fieldname01']) ) return array('fieldname01 field not found'); $vals = array(); foreach($F['fieldname01']->postdata as $i => $v) { $vals[$i] = 'Auto : ' . $v; } return $vals; [display_label_form] => 1 [label_form] => [no_acc_msg_form] => [use_html] => 1 [placeholder] => [maxlength] => [rows] => 3 [cols] => 80 [editor] => [width] => 98% [height] => 150px [show_buttons] => 0 [import_fv_remap_mode] => 0 [import_fv_remap] => [import_fv_ccode_mode] => 0 [import_fv_ccode] => parameters->get('some_param'); foreach($values as $i => $v) { $values[$i] = 'Example ' . $i . ' : ' . $v; } return $values; [display_label] => 1 [show_acc_msg] => 0 [no_acc_msg] => [include_in_csv_export] => 0 [csv_strip_html] => 0 [viewlayout] => default [lang_filter_values] => 0 [encode_output] => 0 [clean_output] => 0 [cut_text_catview] => 0 [cut_text_length_catview] => 200 [cut_text_display_catview] => 0 [cut_text_display_btn_icon_catview] => icon-paragraph-center [cut_text_display_btn_text_catview] => ... [prx_sfx_open_close_configs] => [remove_space] => 0 [pretext] => [posttext] => [separatorf] => 1 [opentag] => [closetag] => [trigger_onprepare_content] => 0 [trigger_plgs_incatview] => 0 [microdata_itemprop] => [useogp] => 0 [ogpusage] => 1 [ogpmaxlen] => 300 [display_label_filter] => 2 [display_filter_as] => 1 [display_label_filter_s] => 2 [display_filter_as_s] => 1 [editorarea_per_tab] => 0 [start_of_tabs_pattern] => [end_of_tabs_pattern] => [start_of_tab_pattern] => [end_of_tab_pattern] => [title_tab_pattern] => [force_beforetabs] => 1 [force_aftertabs] => 1 [allow_tabs_code_editing] => 1 ) [initialized:protected] => 1 [separator:protected] => . ) [display] =>

© Melita / Adobe Stock

[raw_values] => Array ( [0] =>

© Melita / Adobe Stock

) [basic_texts] => Array ( ) )

Pour régler des conflits liés à la diversité culturelle et religieuse, le modèle interculturel est une perspective d’intervention qui respecte les différences et préserve le vivre ensemble, dans une société contemporaine marquée par la diversité.

Par Claudio Bolzman, professeur honoraire, HES-SO Genève

La diversité ethnique, linguistique et religieuse est constitutive des sociétés contemporaines. Avec l’accentuation de la mondialisation, surtout à partir des années 1990, cette tendance s’est intensifiée et nous vivons dans des sociétés de plus en plus plurielles, au point que certains auteurs évoquent l’émergence d’une situation de superdiversité (Vertovec, 2007).

Dans toute société, la diversité culturelle et religieuse, mais également la diversité d’intérêts, les inégalités, et les discriminations peuvent amener à l’émergence de tensions et de conflits. L’un des enjeux est d’éviter que ces tensions et conflits, qui font partie de la vie en société, ne dérapent sous des formes d’intolérance, voire de violence. Le défi est que ces conflits soient plutôt régulés de manière pacifique et débouchent sur plus de respect, de droits, de pouvoir d’agir, de liberté, d’égalité et de reconnaissance pour chaque membre de la société.

De nombreuses questions se posent en effet concernant la place de la diversité culturelle et religieuse dans les sociétés européennes, y compris en lien avec des enjeux pratiques de la vie quotidienne. Ces questions concernent par exemple la mixité dans les activités sportives, les fêtes religieuses dans les écoles, les jours de congé dans la vie professionnelle, la place faite à la diversité dans les cimetières, le rapport au bruit, les relations entre les genres, le contenu des repas dans les cantines scolaires, ou encore, par exemple, le port des signes religieux distinctifs dans l’espace public.

Afin de tenter de répondre à ces questions très concrètes, ainsi qu’à bien d’autres, les sociétés contemporaines ont élaboré trois grands modèles de régulation des conflits et des tensions liés à la diversité culturelle et religieuse : l’assimilationniste, le multiculturel, et l’interculturel (Bolzman, 2023). Dans cet article, je tenterai de montrer de manière schématique les spécificités du modèle interculturel.

Valoriser le vivre ensemble

Le modèle interculturel vise à valoriser le vivre ensemble par la sensibilisation à des modes de vie divers, tout en mettant l’accent sur les ressemblances, les aspirations et les objectifs communs. En effet, dans ce modèle, la diversité fait pleinement partie de la vie sociale. Alors que la perspective assimilationniste intervient « pour le bien » des autres en vue d’effacer leurs différences considérées comme problématiques, que la perspective multiculturelle tend à ne pas « déranger les autres » au nom du droit à la différence, la perspective interculturelle vise à intervenir avec les autres. Dans cette dernière, on est conscient que l’on ne peut pas faire à la place des autres, que leur avis compte. En ce sens, c’est une perspective de la reconnaissance (Jovelin, 2020).

Si l’on se place du point de vue de l’intervention professionnelle, les personnes usagères ne sont pas des objets de l’action des autres. Elles existent pleinement en tant que sujets. Leurs points de vue sont à prendre au sérieux ; ce ne sont pas des perspectives enfantines ou aberrantes, comme dans l’assimilationnisme. Elles sont douées d’opinions, d’idées signifiantes qu’il s’agit de respecter et tenter de comprendre. Les professionnel·les ont besoin d’élaborer une démarche empathique, de tenter de se mettre à la place de l’autre, pour essayer de comprendre les logiques qui animent cette personne, dans ses propres circonstances. Comme les intervenant·es ne peuvent pas être des encyclopédies vivantes, leur méthode pour y parvenir est la décentration et le dialogue (Cohen-Emerique, 2015).

La décentration signifie être capable de prendre de la distance par rapport à son sens commun, à ses évidences, à ce qui va de soi, à ses habitudes mentales, à ses routines. Elle signifie aussi accepter une certaine déstabilisation et orienter son esprit vers une plus grande ouverture et créativité, mais également pouvoir distinguer ce qui relève des points de repère personnels et professionnels. En outre, si l’on accepte que chaque personne soit la plus grande experte de sa vie, c’est elle alors qui peut le mieux renseigner les professionnel·les sur ses valeurs, ses croyances, sa vision du monde. Chaque individu s’inscrit donc comme un·e partenaire indispensable, la source privilégiée des informations recherchées. Aux professionnel·les de se placer dans une position de dialogue qui favorise l’émergence de questions pertinentes, mais aussi de donner de soi. En effet, pour dialoguer, pour échanger, il faut être deux, et établir un rapport de respect mutuel et de confiance (Métraux, 2011).

Négociation et accommodements raisonnables

Cette posture est la clé pour arriver à des constructions communes à travers la négociation. Dans une négociation, on part de l’idée que tous les interlocuteurs et interlocutrices ont un point de vue respectable ou légitime, dans une situation de départ qui peut être tendue. Par exemple, dans une relation entre « bénéficiaires » et professionnel·les, les premiers peuvent défendre des intérêts, des valeurs qui leur tiennent à cœur. De leur côté, les professionnel·les ont aussi leur cadre légal, leurs mandats, leurs objectifs, leurs points de vue qu’ils et elles doivent faire connaitre et faire valoir dans une négociation.

La perspective interculturelle s’inspire des principes démocratiques en considérant que les deux parties ont des perspectives et des intérêts légitimes. L’objectif est de trouver des solutions acceptables — ou les moins mauvaises possibles — pour toutes les parties, en tenant compte du contexte et des ressources à disposition (Bolzman, 2019a ; 2023). Cela signifie que l’interculturel n’est pas toujours un long fleuve tranquille. En effet, une démarche participative, démocratique passe presque nécessairement par des moments de tension, de conflit (Manço, 2016). Cependant, le conflit, s’il trouve des canaux d’expression clairs et dans le cadre des règles bien délimitées, est le meilleur rempart contre les rancœurs et frustrations accumulées, ainsi que contre la violence.

En effet, à travers la négociation, qui peut être plus ou moins paisible ou conflictuelle, on peut arriver à ce qu’au Québec on appelle des « accommodements raisonnables ». Ceux-ci permettent de tenir compte des particularités de certaines minorités (par exemple dates des examens à l’école et calendrier religieux) dans un esprit d’interculturalité et d’égalité des droits, tout en veillant au maintien d’un cadre de vie commun à l’ensemble des habitant·es. L’idée d’un accommodement raisonnable est justement d’adapter les pratiques sociales à une plus grande diversité, tout en limitant la variabilité à ce que la société estime possible à un moment donné. L’accommodement peut signifier qu’on aménage ou qu’on transforme une pratique ou une règle générale de fonctionnement, ou que l’on accorde une exemption à une personne ou à un groupe se trouvant dans une situation de discrimination (Bolzman, 2019b ; Bolzman, 2023).

Sans cette volonté institutionnelle, ou de celles et ceux qui sont en position de pouvoir, de chercher des accommodements raisonnables, le risque est cependant que la négociation ne puisse avoir lieu et que les personnes minorisées ne soient pas entendues et soient prétéritées. C’est la principale limite du modèle interculturel. Car pour pouvoir trouver des solutions, il faut créer les conditions pour rendre la négociation possible. Une asymétrie trop importante dans les relations de pouvoir peut en effet bloquer le dialogue, à moins qu’un tiers ou des modes d’action collectives puissent rééquilibrer les relations et pousser à la médiation.  

S’affranchir des craintes liées à l’inconnu

Les tensions et conflits liés aux appartenances ethniques ou religieuses ne sont hélas pas nouveaux dans les sociétés européennes, tout comme ne le sont pas les violences qui peuvent en résulter. En effet, les préjugés, le racisme et la xénophobie sont toujours présents et peuvent entraîner des agressions et des discriminations à l’égard de celles et ceux que l’on désigne comme moins humain·es, moins civilisé·es, inférieur·es, trop différent·es. 

La démarche interculturelle offre la perspective de tenter de concilier la reconnaissance de la pluralité avec la nécessité de faire société avec les autres, quels qu’ils/elles soient. En fin de compte, nous sommes toutes et tous les autres de quelqu’un·e. Cette perspective correspond mieux à l’esprit de co-construction des sociétés démocratiques, mais aussi du travail social. Même si elle n’est pas exempte de tensions et d’obstacles, elle propose une méthode pour tenter de résoudre les inévitables problèmes liés au vivre ensemble et tenter de s’affranchir des craintes liées à l’inconnu.

Références

  • Bolzman, C. (2023). Face aux conflits liés à la diversité culturelle et religieuse : assimilationnisme, multiculturalisme et perspective interculturelle. In Karkun, A. & Jovelin, E. (Eds.) Vers une paix durable ? Une perspective interculturelle. Paris : Éditions du Cygne, 17-32.
  • Bolzman, C. (2019a). La figure de l’étranger et la perspective interculturelle : quelles articulations possibles ?, in Mekideche, T. et Tanon, F. (Eds.). L’interculturel, d’hier à demain. De la lente construction d’un champ épistémologique. Paris : L’Harmattan, 55-76.
  • Bolzman, C. (2019 b). Quelle inclusion des minorités ? Éléments de réflexion, modalités et exemples, in Dequire, A. F. & Toulotte, S. (Eds.). Le travail social à l’épreuve des minorités en Europe. Paris : L’Harmattan, 47-56.
  • Cohen-Emerique, M. (2015). Pour une approche interculturelle en travail social. Théories et pratiques. Paris : Presses de l’EHESP.
  • Jovelin, E. (dir.) (2002). Le travail social face à l’interculturalité. Comprendre les différences dans les pratiques d’accompagnement social. Paris : L’Harmattan.
  • Jovelin, E. (2020). Les mineurs isolés étrangers à la recherche de la reconnaissance, In C., Bolzman, E., Jovelin, C., Montgomery (dir.). Mineurs isolés, Mineurs migrants séparés de leurs parents). Paris : L’Harmattan, 67-104.
  • Karkun A., Costa Fernandez, E. (dir.) (2014). Développement social et interculturalité : un regard croisé. Paris : L’Harmattan.
  • Manço, A. (2016). Compétences interculturelles : entre droit à la diversité et nécessité de vivre ensemble. Service social dans le Monde, N° 3-4, 135-143.
  • Métraux, J. C. (2011). La migration comme métaphore. Paris : La Dispute.
  • Vertovec, S (2007). Super-diversity and its implications. Ethnic and Racial Studies, 30(6), 1024-1054.

Lire également :

Cet article appartient au dossier Solidarité et lien social

Comment citer cet article ?

Claudio Bolzman, «Gérer les tensions en soutenant la diversité», REISO, Revue d'information sociale, publié le 3 mars 2025, https://www.reiso.org/document/13784

L'affiche de la semaine

Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
Analytique
Matomo
Statistiques de visites du site