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Trisomie à la télé: quelle image, quel impact?

Lundi 13.07.2020
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La télévision est un important vecteur pour la représentation des groupes sociaux, dont celui des personnes dites handicapées. Quels reflets donne-t-elle de la relation de notre société avec le handicap ? Etude en Suisse romande.

Par Clara Berner, master en Sciences du sport, Université de Lausanne

Dans nos sociétés contemporaines, les médias constituent un riche domaine d’étude pour les sciences sociales. Les supports médiatiques, et la télévision en particulier, sont des vecteurs importants pour la conception et la diffusion des représentations sociales, dont celles des personnes dites handicapées. L’analyse des productions audiovisuelles, en plus de renseigner sur l’image véhiculée des groupes sociaux, donne également des informations sur les rapports sociaux. En se basant sur la méthodologie d’analyse d’Eric Macé [1], l’étude des mises en scène ainsi que des occultations et des invisibilisations met en lumière les rapports de domination et leurs possibles conséquences.

A la télévision, les personnes dites handicapées sont généralement sous-représentées, particulièrement celles présentant une déficience intellectuelle [2]. Ce constat donne déjà une information quant à la place qui leur est accordée dans la société. Les personnes porteuses de trisomie 21 (T21) sont couramment considérées par le grand public comme les figures de la «déficience intellectuelle». Ce constat posé, il semble intéressant d’étudier comment cette population est représentée à la télévision suisse.

La recherche [3] présentée dans cet article a été menée à partir des productions audiovisuelles de la Radio Télévision Suisse (RTS). Elle a eu pour but d’étudier les mises en scène en activité physique des personnes atteintes de T21. Au total, seize émissions, diffusées entre 1986 et 2017 et dans lesquelles apparaissait au moins une personne porteuse de T21 en activité physique, ont été recensées dans les archives numérisées de la RTS et sélectionnées pour former le corpus. Les informations audiovisuelles ont été transcrites en données textuelles analysables, afin de qualifier toutes les situations présentées sur la base de la nomenclature du modèle conceptuel de processus de production du handicap de Patrick Fougeyrollas [4], dont notamment celles de «situation de handicap», définie comme une réduction totale ou partielle de la réalisation des habitudes de vie (activités courantes et/ou rôles sociaux) et son contraire, la «situation de participation sociale».

Les portraits types

Dans la majorité des émissions, les mises en scène des personnes atteintes de T21 produisent des portraits plutôt positifs et favorables. Au niveau de la participation sociale, deux contextes opposés sont généralement dressés pour cette population. Les émissions donnent rarement des personnages porteurs de T21 dans des situations de handicap, soit des situations de désavantage social, causées par un environnement humain «rejetant». La représentation principale est, à l’inverse, celle de personnes en situation de participation sociale, parfois avec des pairs dits handicapés et plus souvent, pour certains jeunes, avec des individus «valides».

Une différence de mise en scène entre les adultes et les enfants a été observée. Effectivement, les enfants porteurs de T21 sont surreprésentés par rapport aux adultes, notamment grâce à des durées de reportage beaucoup plus importantes. De plus, les jeunes, en interaction avec des «valides», sont présentés comme socialement compétents et plus adaptés. Selon Alain Giami [5], les représentations sociales des adultes ayant des déficiences intellectuelles sont plus négatives, car ils sont généralement perçus comme définitivement limités. A l’inverse, les représentations des enfants, dont l’évolution des capacités est jugée possible, sont plus positives et généralement préférées dans les mises en scène télévisuelles.

Une occultation de la différence 

Certains sujets sont partiellement occultés des émissions étudiées. Sur l’ensemble, peu de séquences mettent en scène des regroupements de pairs dits handicapés. Les références au milieu institutionnel (ateliers protégés, écoles ou classes spécialisées) sont faibles, peu approfondies, voire même connotées négativement. C’est le cas dans une émission où les parents d’un jeune atteint de T21, après avoir été écarté de l’école ordinaire, refusent de le placer en école spécialisée, parce qu’il est «capable de mieux». Le modèle d’intégration avec des individus «valides» est clairement valorisé pour les personnes porteuses de T21.

Le portrait prédominant est donc celui de personnages jeunes en situation de pleine participation sociale, notamment illustrée par le suivi d’une scolarité ordinaire. L’intégration scolaire est présentée uniquement sous la forme individuelle, ce qui reflète une tendance réelle en Suisse. Cette préférence à mettre en scène et à favoriser ce genre d’intégration s’explique probablement par une volonté de normalisation, plus marquée que lors d’une intégration collective. En effet, lors d’une intégration individuelle, la responsabilité d’adaptation est mise sur l’individu, alors que lorsqu’elle est collective, l’environnement humain doit alors s’ajuster. « Cette logique d’intégration individuelle s’appuie sur les processus de normalisation et d’assimilation qui conduisent, dans le droit fil de la logique de la réadaptation, à la disparition de la différence » [6].

Des portraits trop positifs ?

Cette propension à proposer des représentations particulièrement positives a déjà été observée dans d’autres études, notamment celle de Jost (2011). « Or, outre le fait de véhiculer une image inadéquate du handicap auprès du public, ce type d’exemple exagérément positifs (intégration, réussite malgré la déficience), aurait pour résultat d’augmenter la pression sur le sujet, et ferait ainsi plus de mal à la personne handicapée que le pendant imagé négatif » [7]. De plus, la diffusion de représentations trop positives peut propager, dans la population générale, l’idée qu’aucune modification ne doit être entreprise dans la société, afin d’améliorer le traitement et l’inclusion des personnes atteintes de T21.

Ces représentations reflètent également une volonté sociale de normalisation et d’uniformisation. La mise en scène de ces intégrations exemplaires n’est autre que celle du modèle normatif vers lequel devrait tendre toute personne porteuse de trisomie. A la RTS, s’adapter et performer dans le milieu ordinaire, devenir «comme tout le monde» reste malheureusement une des seules propositions médiatiques de valorisation pour cette population. N’y a-t-il pas de possibilité de mettre en scène et de célébrer la différence ? La télévision française amène avec sa série «Vestiaires» [8] une potentielle solution, en proposant avec humour une présentation décomplexée et valorisée de toutes les déficiences.

[1] Macé, E. (2006). La société et son double. Une journée ordinaire de télévision. (318). Paris : Armand Colin.

[2] Grossetête M. & Marchetti D. (2012). La médiatisation des handicap(é)s en France. L’exemple des programmes des chaînes de télévision, Rapport de recherche Mire-Drees-Cnsa. <halshs-00859988>.

[3] Berner, C. (2018). Les représentations télévisuelles des personnes atteintes de trisomie 21. Étude des mises en scène en activité physique dans les productions audiovisuelles de la RTS. Mémoire de master en Sciences du sport sous la direction de la professeure Anne Marcellini. 70 p. Université de Lausanne. En ligne

[4] Fougeyrollas, P. (2002). L’évolution conceptuelle internationale dans le champ du handicap : enjeux socio-politiques et contributions québécoises. Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé, 4(2). doi 10.4000/pistes.3663

[5] Giami, A., Assouly-Piquet, C. & Berthier, F. (1998). La figure fondamentale du handicap : représentations et figures fantasmatiques. Paris : Recherche mire-geral.

[6] Marcellini, A. (2019). Production, reproduction et déconstruction du handicap et de la normalité dans la modernité tardive. In Tabin, J.P., Piecek, M., Perrin, C. & Probst, I. Repenser la normalité. Perspectives critiques sur le handicap. (135). Lormont : Le bord de l’eau. p. 23.

[7] Jost, M. (2011). Représentations visuelles du handicap et représentations sociales. Schweizerische Zeitschrift für Heilpädagogik, 1. 10-16. p. 14. Accès en ligne

[8] La série «Vestiaires», diffusée depuis 2001 sur France 2, est réalisée par des personnes dites handicapées et met en scène des acteurs ayant des déficiences. Tous les épisodes sont disponible sur la page Youtube

Comment citer cet article ?

Clara Berner, «Trisomie à la télé: quelle image, quel impact?», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 13 juillet 2020, https://www.reiso.org/document/6144