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Recension par Jean Martin / Magazine d’Helvetas sur l’envol numérique

Samedi 03.09.2016

L’envol du numérique

Magazine Partenaires, N° 225, août 2016, Helvetas Romandie, Châtelaine, dossier de 10 pages

Recension par Jean Martin, médecin de santé publique

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Helvetas consacre un numéro de son magazine à l’envol numérique. Le nombre de personnes utilisant un portable n’augmente nulle part aussi vite qu’en Afrique. Un interlocuteur du Mali : « On s’attendait à ce que ce soit la classe moyenne qui se jette sur ce moyen mais cela a été le fait des artisans, des vendeuses au marché, des conducteurs de camions. » En 2012-2013, lorsque des rebelles islamistes ont occupé le nord du pays, « des stations de radio ont été alimentées en informations [bien utiles] par des utilisateurs de mobile (…) Lors d’élections, c’est un outil de lutte important contre les fraudes électorales. » Il permet de faire circuler l’information malgré censure et répression.

Les autorités utilisent la téléphonie mobile pour renseigner les citoyens sur de multiples sujets, y compris dans des urgences comme l’épidémie d’Ebola. « La formation est aussi bouleversée. Ce qui nécessite souvent des années pour les manuels scolaires est réalisé en temps réel dans les médias électroniques. » Risque de clivage entre ceux qui en disposent et les autres ? « L’accès à l’informatique est bien plus large et profond que pour les anciennes technologies. En Afrique, 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, mais sept personnes sur dix ont un portable. » Incroyable mutation : le magazine rappelle que, dans les années 1970-1980, la communication entre la Suisse et les pays partenaires, pour Helvetas par exemple, se faisait par courrier postal ; aujourd’hui c’est un simple clic. Sont décrits des projets informatiques en Bosnie, un de formation et un autre de promotion du tourisme. Les échanges que permet l’électronique représentent un instrument précieux dans la sensibilisation à l’endroit de problèmes sociaux répandus comme les mauvais traitements infligés aux femmes – et dans la lutte et la prévention dans ces domaines.

En médecine, en épidémiologie et santé publique entre autres, le numérique fournit des moyens d’approcher et de comprendre la complexité mieux et tellement plus vite. Big Data permet le traitement de masses énormes de données, avec de multiples variables, mettant à jour des corrélations de façon inimaginable auparavant. La branche pharma n’est pas en reste : Novartis a décidé de soutenir la mise en place d’un réseau planétaire de données sur la santé et crée des applications pour téléphone portable pour les patients (1). De son côté, Bertrand Kiefer consacre un récent article aux questions liées à la recherche et met en garde : « A la suite de l’ensemble des sciences, et sans pitié pour les anciens pouvoirs, les données s’apprêtent à révolutionner la médecine. Mais ces données sont objet de trafics, de combines (…) Un changement de paradigme éthique devrait accompagner la médecine numérique. Il s’agit de considérer les données en santé récoltées dans la population comme faisant partie des ‘commons’ de l’humanité. Les ‘commons’, ce qui fait la valeur du monde et n’a pas de propriétaire. Tout cela est menacé » (2). C’est à l’évidence aujourd’hui un problème majeur : ce qui devrait être des patrimoines communs/partagés de l’humanité (y compris des générations à venir) est trop souvent mis en cause par des évolutions privatisantes, où tout devrait être lucratif.

1. Thöni Th. Novartis se lance dans la révolution Healthcare 4.0. 24 heures (Lausanne), 30 août 2016, p. 11.

2. Kiefer B. Le nouveau monde de la recherche clinique. Revue médicale suisse 2016, 12,1400.

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