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Jeunes à l’aide sociale : quel accès à la culture ?

Jeudi 30.04.2015
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Les jeunes adultes sont les plus grands consommateurs de pratiques culturelles. A Bienne, comment font ceux qui bénéficient de l’aide sociale pour accéder à la culture et dépasser les obstacles tant financiers que psycho-sociaux ?

 Par Aline Chételat, bachelor en travail social à la HETS Fribourg

La culture recouvre un large concept. Ses pratiques se décrivent comme « l’ensemble des activités de consommation ou de participation liées à la vie intellectuelle et artistique, qui engagent des dispositions esthétiques et participent à la définition des styles de vie » [1]. Elles entrent généralement dans la catégorie des loisirs. Bien des formes de cultures coexistent : la culture populaire, la culture savante autrefois associée aux nantis, la culture de masse, la culture numérique, etc. Ces deux dernières caractérisent l’univers des jeunes adultes qui se connectent à Internet de manière fréquente et assidue [2].

Un jeune sur quinze à l’aide sociale

Le sujet de cet article découle du travail de Bachelor mené auprès de personnes de 18 à 29 ans, bénéficiaires de l’aide sociale depuis au moins un an et habitant la ville de Bienne [3]. Six hommes et une femme ont confié leur réalité de vie en termes d’accès aux pratiques culturelles. Ils ressentent du bien-être grâce à la culture et ses pratiques. Diverses et variées, elles représentent un moteur pour avancer dans la vie, favorisent le partage d’émotions, de vécus, de normes et de valeurs. Les jeunes y affirment leur identité et y établissent des liens sociaux.

D’après l’Office fédéral de la statistique, un jeune sur quinze dans les villes dépend de l’aide sociale [4]. Ces personnes vivent alors avec le minimum vital qui ne permet pas de dépenses extraordinaires. La part de leur forfait d’entretien destinée à la culture et aux loisirs se réduit à quelques dizaines de francs car l’essentiel de l’aide couvre les dépenses de base telle que la nourriture, le logement ou les habits en cas de nécessité.

Les jeunes interviewés expriment parfois un besoin accru de reconnaissance, une tendance à perdre confiance en eux et à éprouver des sentiments d’anxiété et d’échec face aux difficultés vécues dans leur insertion socioprofessionnelle. Leur statut de bénéficiaires de l’aide sociale les marginalisent. Parallèlement, leur âge les met statistiquement dans la catégorie des plus grands consommateurs de pratiques culturelles.

Les inégalités et les freins spécifiques

Dans les années 80 déjà, les enquêtes sur l’accès à ces pratiques a montré de fortes inégalités sociales. D’après Romainville & Poncin, les freins se classent en trois catégories. La première concerne les conditions matérielles. Il s’agit du manque d’argent, de temps et de l’insuffisance d’informations sur l’offre. La deuxième catégorie rassemble les obstacles socioculturels, c’est-à-dire l’absence ou le manque de connaissances antérieures et de formation. Enfin, la troisième catégorie regroupe les freins dits psychologiques. Il s’agit du manque de confiance en soi, du manque de motivation ou du sentiment d’inaptitude [5].

Ces trois sortes de freins correspondent à la réalité de vie des personnes de l’étude. La majorité des obstacles qu’ils rencontrent sont effectivement d’ordre économique. Ainsi, il leur arrive fréquemment de s’interdire une activité telle que le cinéma. Seul un jeune sur trois ne se sent pas freiné par les finances car il pratique davantage d’activités gratuites par exemple. Il s’agit en général de ceux qui, enfants, ont bénéficié de stimulus dans leur contexte familial, scolaire ou social. Leur capital culturel développé et une bonne connaissance de l’offre leur permettent de surpasser l’obstacle économique alors que les deux tiers restant expriment une incapacité à dépasser ce problème.

Même si les difficultés financières dominent, les jeunes à l’aide sociale mentionnent de nombreux obstacles psychologiques dans leur accès aux pratiques culturelles. Il s’agit du manque de motivation, du manque de confiance en soi, du manque d’initiative dû à leur isolement et de la priorité qui les préoccupe, la quête d’un emploi. Ces freins apparaissent comme spécifiques du statut de bénéficiaire de l’aide sociale. A l’inverse, pour deux des personnes rencontrées, bénéficier de l’aide sociale comporte également un côté positif : elles s’épanouissent mieux car un cadre sécurisant leur garantit les besoins de base tels que la nourriture et le logement. Enfin, d’autres obstacles moins liés au statut de bénéficiaires de l’aide sociale sont apparus lors des entretiens. Il s’agit de l’origine socioculturelle, du manque de compétences artistiques, du regard des autres et du lieu de l’activité.

Quant aux éléments favorisant l’accès, Donnat en donne une liste : un bon niveau d’étude, un réseau social étoffé, des revenus financiers corrects, un logement à proximité de l’offre et une familiarité antérieure avec le monde de l’art [6]. A Bienne, le discours des jeunes adultes va dans le même sens. A leurs yeux, plusieurs facteurs facilitent concrètement l’accès aux pratiques culturelles : vivre en ville, avoir un bon entourage, être ouvert d’esprit, parler plusieurs langues et bénéficier de temps libre.

Musique, films, expos, musées, concerts, sorties…

Les activités culturelles sont pratiquées quotidiennement et occupent une place de choix dans leur vie. Les jeunes interviewés consomment surtout les médias de masse, les plus accessibles. Le cinéma, les concerts et les sorties entre amis sont également très prisées. Pour eux, ces activités offrent une ouverture d’esprit, une mise en confiance, un apprentissage, une distraction, un divertissement, une relaxation. Elles ont de plus une fonction intégrative.

  • L’accès concret. Les personnes se sentent bien informées sur l’offre culturelle biennoise. Elles connaissent les infrastructures telles que les cinémas ou les musées ainsi que les événements phares de la ville comme le festival du film. Les informations qu’elles ont de l’offre proviennent des affiches en ville, d’internet et du bouche-à-oreille.
  • L’accès symbolique. Le capital culturel, concept de Bourdieu [7], peut s’acquérir par la transmission familiale, par l’acquisition de biens ou par les titres scolaires. A travers cette recherche, j’ai pu constater que le capital culturel a un impact dans l’accès aux pratiques. Lorsqu’un jeune a un capital étoffé, son accès en est facilité et il pratique plus d’activités que les autres. Cette situation va également de pair avec un haut niveau de curiosité qui semble le pousser à découvrir toujours plus de nouvelles pratiques. Notons que les trois personnes dont le capital est le plus développé correspondent au modèle « omnivore » selon Peterson [8]. Cela signifie qu’elles vont avoir un grand nombre d’activités et dans plusieurs domaines. Elles consomment autant de médias de masse que de visites d’instituts culturels ou de pratiques artistiques en amateurs. Pour les trois jeunes adultes dont le capital est plutôt restreint, ils se rapprochent du modèle « univore » et se montrent plus exclusifs dans leurs pratiques et dans leurs habitudes.
  • L’accès stratégique. Au vu des obstacles que les jeunes interviewés rencontrent dans l’accès aux activités, ils mettent en place différentes stratégies pour évoluer dans ce contexte. La plus utilisée est le réseau social. Par leur entourage, ils vont économiser de l’argent en se faisant inviter à un événement, partager les frais des activités, bénéficier du matériel d’autrui tels que des livres et rechercher leur présence afin de se stimuler. Ces modalités n’ont rien de surprenant car la sociabilité est caractéristique de l’univers culturel de cette tranche d’âge [9].

Les jeunes adultes rencontrés mettent également en place des « combines personnelles ». Elles sont propres à chacun mais partagent un point commun : la créativité. Il s’agit par exemple de s’organiser pour bénéficier de promotions, de vendre des objets privés, de travailler en échangeant des compétences professionnelles contre l’accès à une prestation artisitique, d’utiliser l’ordinateur pour la musique ou le cinéma, de se restreindre dans le quotidien et d’avoir de la patience pour acquérir un bien culturel après les autres, lorsqu’il coûtera moins cher.

Ne pas penser qu’il n’y a pas d’argent…

Bien que les jeunes interviewés soient bénéficiaires de l’aide sociale, ils pratiquent tous des activités culturelles. Leurs possibilités d’accès demeurent parfois limitées et ils doivent mettre en place des stratégies originales pour y accéder. Mais ils le font pour l’intérêt, l’apprentissage, la découverte, la décompression, la prise de plaisir ou la sensation de liberté. D’autres raisons caractérisent davantage leur situation de bénéficiaires de l’aide sociale : combler un vide produit par la non-activité, ne pas rester à la maison et ne pas penser qu’il n’y a pas d’argent. Le sens que ces jeunes donnent à leurs pratiques est alors double : découvrir et apprendre tout en étant bien et en oubliant pendant un temps leur quotidien difficile.

[1] Coulangeon, Ph., Sociologie des pratiques culturelles, Paris, La Découverte, 2010, pp. 3-4.

[2] Octobre, S., Pratiques culturelles chez les jeunes et institutions de transmission : un choc de cultures ? Culture – Prospective, 2009-1. Récupéré en format pdf en ligne.

[3] Chételat, A., Comment les jeunes adultes bénéficiaires de l’aide sociale accèdent-elles et accèdent-ils aux pratiques culturelles ?, Givisiez, Haute Ecole de travail social – HETS – Fribourg, 2015.

[4] OFS, Statistique suisse de l’aide sociale, 2004. Dans CSIAS, Manque de formation et chômage des jeunes adultes. Proposition pour une stratégie intégrée pour combattre le risque de pauvreté des jeunes adultes, Berne, 2007, p. 2. Récupéré en format pdf sur le site du canton de Fribourg.

[5] Romainville, C. & Poncin, M., Culture, et vous ? Dossier d’information sur le droit à l’épanouissement culturel, Bruxelles, Culture et Démocratie, 2009. Récupéré sur le site internet Culture et Démocratie.

[6] Donnat, O., La stratification sociale des pratiques culturelles et son évolution 1973-1997. Revue française de sociologie, vol. 40, n°40/1, 1999, pp. 111-119. Récupéré sur cette page du site internet Persée.

[7] Bourdieu, P., Les trois états du capital culturel. Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 30, 1979b, pp. 3-6. Récupéré sur cette page du site internet Persée.

[8] Peterson, R., Le passage à des goûts omnivores : notions, faits et perspectives. Sociologie et sociétés, vol. 36, n°1, 2004, pp. 145-164.

[9] Pronovost, G., Temps sociaux et pratiques culturelles, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université du Québec, 2005.

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