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Écouter «en creux», ressentir «en plein»

Jeudi 24.06.2021
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Les praticien·ne·s en récits de vie donnent la parole à celles et ceux qui ne la prennent habituellement pas, et contribuent, souvent, à nourrir les relations entre les êtres. Une façon poétique de contribuer à de meilleurs liens sociaux.

Par Emmanuelle Ryser, Florence Hügi, Marie-Jo Varin et Hélène Cassignol, membres fondatrices du Collectif DIRE

Plus d’allumeurs de réverbères, plus d’opérateurs d’ascenseur : certains métiers ont disparu. D’autres sont encore à inventer : les statistiques [1] disent que 80% des métiers de 2030 n’existent pas encore. Entre ces deux extrêmes, il est une activité méconnue, mais pourtant bien définie comme un métier selon la définition du Robert : un travail déterminé, reconnu ou toléré par la société et dont on peut tirer ses moyens d’existence. Celui de praticien·ne en récits de vie.

Etre praticien·ne en récits de vie, c’est aborder une posture entre accompagnement et écriture, entre coaching et journalisme, pour prendre des professions connues. Cette position se veut décentrée et influente, ce qui contribue à mettre le focus sur la personne qui se raconte et à co-construire avec elle son récit. C’est un peu comme si tous deux étaient embarqués ensemble dans le même navire, et donc dans les mêmes tempêtes potentielles, à des postes différents. Dans ce métier, la curiosité devient une noble qualité, car elle questionne à la fois l’autre et aussi soi-même.

Dans la boîte à outils de la praticienne en récits de vie se côtoient aussi l’objectivité, le respect et l’honnêteté. Ces valeurs, étayées par la bienveillance et l’empathie, sont intimement liées à une « écoute active », ce qui n’est pas peu dire. Il s’agit de cette écoute sensible qui se fait également « en creux ». Elle permet de prendre en compte les réactions à ce qui est dévoilé, mais aussi les sensations, les émotions afin de les « utiliser » à bon escient. Une capacité, autrement dit, à « méta-écouter ». Cela inclut, bien entendu, des propositions de reformulation et de nouvelles questions d’approfondissement, quand elles s’avèrent pertinentes.

Consigner de petits riens et de grandes choses

La·e praticien·ne en récits de vie est personnellement impliqué·e dans le récit, autant que le raconteur ou la raconteuse. Son travail est d’écouter, de questionner et de relancer, tout en tendant l’oreille à ce qui se passe en lui ou en elle. C’est pour cette raison aussi qu’elle tient son propre carnet de bord. Elle ou il y consigne toutes sortes de petits riens ou de grandes choses qui serviront à l’écriture du récit proprement dit. Le·a professionnel·le prend des notes et enregistre les rencontres, avant de transcrire puis d’écrire, de relire et de réécrire. Il ou elle aime, souvent, à se définir comme un·e artisan·e de l’écoute et de l’écriture. Dans ce sens, ce métier se classe difficilement dans les secteurs traditionnellement définis. Peut-être faut-il parler de secteur quaternaire pour ce nouveau métier, qui relève à la fois du secteur primaire (collecte des ressources, ici le récit), du secondaire (transformation du récit en objet-livre) et du tertiaire (conseils, services et action sociale).

Pour affiner la définition, il s’agit de percevoir que ce métier demande autant de créativité que d’humilité. Il travaille contre l’oubli et pour donner la parole à celles et ceux dont ont dit parfois qu’ils et elles sont « anonymes » ou « sans-voix ». Ces histoires à petit « h » qui s’inscrivent dans l’Histoire officielle, avec un grand « H ».

Là réside aussi une dimension plus politique de ce métier, grâce auquel la parole est donnée à celles et ceux qui ne la prennent pas. Il leur devient possible de laisser leur propre empreinte à destination des générations futures. Ou alors de déposer des tranches de vie particulièrement marquantes, parfois pesantes, ce qui aide souvent à repartir plus léger·e pour la suite de sa vie. Il n’y a en effet pas d’âge pour se raconter. C’est la motivation et le sens donné à ce témoignage qui apporteront la direction à prendre. En résumé, le récit, ancré dans la rencontre et générateur de liens, donne le pouvoir d’agir sur sa vie : se raconter pour mieux la penser en créant du sens et des sens.

Une pratique émancipatrice

Fréquemment, les personnes qui se sont racontées se surprennent elles-mêmes du chemin parcouru. Les souvenirs émergent les uns des autres, des épisodes qu’on croyait oubliés remontent à la surface. Souvent, elles n’ont jamais eu l’occasion ni l’espace de se pencher sur les histoires qui, mises bout à bout, donnent naissance à LEUR histoire. Dégager un fil rouge au travers des valeurs défendues et qui ont influencé les prises de décision, trouver un autre angle de vue pour lire une situation ; relier des événements par ce qu’ils ont suscité de créations ou au contraire de manques, créer des ponts entre les générations ; faire le bilan, que ce soit d’une vie ou d’une crise sont autant de mises en mouvement possibles à travers l’expérience du récit de vie.

Proposé en EMS [2], par exemple, ce face à face permet de nourrir les relations entre le·a résident·e et sa famille, à qui est souvent destiné le récit. Cela peut également renforcer les liens entre le·a résident·e et les soignant·e·s, qui peuvent prendre connaissance du travail réalisé avec l’autorisation de l’aîné·e, ou encore entre le·a résident·e et lui ou elle-même. La personne âgée prend soudainement « de l’épaisseur ». Il ou elle n’est plus « que » la personne en manque d’autonomie, mais devient l’homme ou la femme qui a traversé une vie entière, avec tout que cela implique de savoirs, d’expériences, de ressources et d’envie de vivre.

Se raconter, c’est avant tout faire des choix, se créer l’opportunité de redéfinir ce qu’a été sa vie. Le choix de ce qui est dit, ou pas. Le choix des mots. Le choix des silences, des « oublis », ou au contraire le choix de ce qui est mis en lumière. A travers l’expérience du récit de vie, la personne qui se raconte a l’occasion de consolider, ou de redéfinir ce qui fait son identité. Il ne s’agit pas de modifier ce qui a été vécu, puisque c’est impossible, mais éventuellement de transformer le regard porté sur ce qui constitue son parcours. Dans ce sens, nul besoin d’attendre l’âge avancé pour tenter l’aventure. Chaque mise au point apporte son lot de bénéfices, que ce soit pour déposer une crise, pour transmettre, ou pour faire un bilan personnel. Tout·e praticien·ne en récit de vie porte en lui, en elle, l’intime conviction que chacun·e est porteur de savoirs, de connaissances, et est capable de (re)devenir auteur de sa vie, et ainsi d’évoluer.

Un métier fascinant et intriguant

Dans les échanges informels, la profession suscite beaucoup de curiosité. Les praticiennes en récits de vie ont toutes fait l’expérience de parler de leur métier et de se retrouver submergées par un flot de questions. Ce métier fascine et intrigue. Pour l’instant, il n’existe aucun titre officiel validé par la collectivité publique. Les professionnel·le·s, le plus souvent des femmes, se disent recueilleuses / artisanes / praticiennes de ou en récits de vie.

Le but premier du Collectif DIRE est de contribuer à la crédibilité de la profession en la faisant connaître et en améliorant, grâce à des échanges d’intervision, le professionnalisme de ses membres. Sa formation vise à transmettre les bases théoriques et pratiques des activités liées au récit de vie. Destinée aux professionnel·le·s des soins, de l’accompagnement, des activités socio-culturelles, de l’andragogie et de l’écriture, elle se conçoit comme un apport dans une pratique existante, ou une étape dans l’élaboration d’une nouvelle page professionnelle. Elle se veut concrète, tout en offrant un vaste espace de réflexion.

[1]A ce propos et pour aller plus loin, lire Le récit de vie de la personne âgée en institution, ouvrage collectif, Erès, 2019

[2] Rapport de 2017 de Dell et l’Institut pour le Futur, think tank californien.

Cet article appartient au dossier Chaudron de culture

Comment citer cet article ?

Emmanuelle Ryser, Florence Hügi, Marie-Jo Varin et Hélène Cassignol, « Écouter «en creux», ressentir «en plein» », REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 24 juin 2021, https://www.reiso.org/document/7583

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