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La transition du pays d’origine au pays d’accueil

Lundi 04.08.2014
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Comment les personnes migrantes s’acclimatent-elles à leur nouvelle vie ? Une étude analyse les transitions vécues et les ressources fournies par le dispositif d’intégration du canton de Neuchâtel pour faire face aux ruptures de la migration.

Par Nadia Lutz,  mémoire de Master en Psychologie et éducation, Université de Neuchâtel

La situation de migration comporte un certain nombre de défis pour les personnes migrantes. Elles doivent apprendre une nouvelle langue, comprendre le fonctionnement des institutions du pays d’accueil, intégrer de nouveaux réseaux sociaux et donner sens aux nouvelles expériences vécues. L’étude [1] résumée dans cet article cherche à comprendre les processus de développement qui permettent à la personne de retrouver un nouvel équilibre psychosocial au sein du pays d’accueil, à l’aide, notamment, de ressources puisées au sein du Programme d’intégration du canton de Neuchâtel [2].

Comprendre et accompagner les processus de transition

Dans un souci de compréhension de la manière dont un individu fait face à des ruptures, c’est-à-dire des événements qui le déstabilisent dans ses routines, la psychologie des transitions de Zittoun et Perret-Clermont [3] a élaboré un modèle théorique et méthodologique. Les auteurs s’intéressent à la manière dont l’individu utilise les éléments qu’il trouve dans son environnement culturel ou social (objets, personnes, activités, etc.) pour en faire des ressources qui lui permettent de mener à bien les processus de transition, tels que les remaniements identitaires, l’acquisition de connaissances et la construction de sens par rapport au vécu. Au travers d’un certain nombre d’études de cas, Zittoun [4] a également montré le rôle que pouvaient jouer des institutions de formation. C’est par ce modèle que notre étude de cas a abordé la question de l’insertion des migrants, en réalisant des interviews avec douze personnes qui fréquentent depuis plusieurs mois le programme [5] mis en place par le Service de la Cohésion multiculturelle du canton de Neuchâtel, dans le but de permettre aux migrants d’acquérir des connaissances linguistiques et civiques par la fréquentation de cours hebdomadaires, mais également de répondre aux questions d’ordre administratif, par le biais de consultations sociales. Les données d’interview avec les apprenants ont été complétées par trois entretiens avec les enseignants, par l’étude de documents officiels sur le dispositif édités par le Service, ainsi que par l’observation de 27 périodes de cours, afin de croiser les discours des divers acteurs en jeu.

Nos interviews montrent que les changements engendrés par la migration dans l’organisation de la vie quotidienne sont perçus comme problématiques (faisant rupture) à des degrés et sur des plans différents. Toutes les personnes interviewées relèvent toutefois la difficulté à apprendre le français et, par conséquent, à créer des contacts avec les Neuchâtelois et à trouver un emploi. Lorsque le manque de connaissances linguistiques entraîne la perte d’un certain statut social, avec l’impossibilité de trouver un travail en adéquation avec ses qualifications, par exemple, le sentiment de rupture est d’autant plus fort. Pour la plupart des personnes, la rupture est également présente sur le plan affectif, en raison de la distance avec les autres membres de leur famille ou les amis. Pour une partie d’entre elles seulement, l’entrée dans le système administratif et institutionnel suisse pose problème, de même que les différences au niveau des habitudes et du style de vie des Neuchâtelois.

Dans un premier temps, un nombre restreint de personnes issues du réseau familial ou du même pays d’origine se révèlent particulièrement importantes et fournissent des ressources indispensables pour s’orienter dans le nouveau pays (recherche d’appartements et de travail, questions administratives, etc.). Puis, chez certains, les réseaux se diversifient pour inclure des personnes appartenant à des groupes d’intérêt (communauté religieuse, associations artistiques, groupes d’amis, collègues de travail, etc.).

Vu la difficulté relevée par les personnes migrantes à entrer en contact avec les Neuchâtelois, les cours du Programme d’intégration sont pour beaucoup le seul endroit où ils rencontrent « des Suisses ». Ils jouent un rôle primordial dans la diversification des réseaux, puisqu’ils regroupent des personnes de plusieurs nationalités et donnent des conseils quant aux lieux où trouver des informations (bibliothèques, services et institutions diverses, etc.). L’entrée dans ces réseaux caractérisés par des liens dits faibles, c’est-à-dire par des relations avec des personnes qui ne sont que de simples connaissances, permet aux migrants d’avoir accès à une multitude de ressources indispensables à leur intégration dans le pays d’accueil. Selon la théorie sociologique des réseaux sociaux de Granovetter [6], c’est en effet au travers de ces liens que les personnes ont, par exemple, plus de chances de trouver du travail.

Les caractéristiques du dispositif d’intégration

Comme nous pouvions l’imaginer, toutes les personnes disent trouver dans les cours des ressources pour l’amélioration de la langue française, pour la connaissance des institutions suisses et pour enrichir leur réseau. Notre travail a toutefois montré que – pour les personnes vivant des ruptures multiples et n’ayant accès qu’à des réseaux de ressources limités, c’est-à-dire pour les personnes plus isolées – ces cours se révélaient primordiaux. Les ressources puisées sont alors utilisées sur des plans plus « privés », comme la prise de confiance en soi ou l’élaboration des émotions négatives suscitées par des situations de vie quotidienne dans le pays d’accueil par exemple.

Nos observations au sein même des cours, croisées avec le discours des enseignants et les récits des personnes migrantes, montrent que les processus de développement psychosocial peuvent être soutenus par le dispositif de formation, car il dispose des six caractéristiques décrites par la théorie des transitions, à savoir :

  1. Un cadre qui se pose en rupture par rapport au vécu précédent de la personne. La personne découvre un espace où elle se sent bien accueillie, respectée et où elle est jugée compétente, ce qui est en opposition avec la discrimination et d’autres situations émotionnellement stressantes vécues dans la première phase de l’immigration.
  2. Un cadre orienté vers l’extérieur. L’enseignement de connaissances linguistiques et sociales directement transférables aux situations quotidiennes, l’orientation vers d’autres lieux-ressources et la sensibilité de l’enseignant vis-à-vis des problématiques de chaque apprenant vont dans ce sens.
  3. Un cadre offrant un certain nombre d’éléments culturels transformables en ressources symboliques, et…
  4. … la validation de cet usage de ressources par un autrui significatif. Les thématiques en lien avec l’expérience d’insertion dans la société d’accueil ; les interventions des enseignants pour orienter les apprentissages ; l’attention aux différences de chacun, sont des éléments qui peuvent aider à une élaboration symbolique des problématiques liées à l’expérience de migration et contribuer ainsi à changer la représentation négative que les personnes avaient de leur vie dans le pays d’accueil.
  5. Un espace relationnel de qualité, par la mise en relation de personnes vivant la même situation et l’encouragement des échanges.
  6. Un cadre organisé de telle sorte à permettre aux participants de se tromper, de poser des questions sans peur d’être jugés, de « perdre du temps » et d’avancer à leur rythme. L’encouragement à l’entraide, à poser des questions, l’adaptation au rythme de chacun, la valorisation de la réussite, sont des éléments qui vont dans ce sens.

Ces caractéristiques permettent au Programme d’intégration d’assurer à la fois une fonction d’outillage et de médiation sémiotique, c’est-à-dire que non seulement il offre des outils pour agir concrètement sur les situations de vie quotidienne, mais il permet également de « penser le changement ». Le sens que les personnes attribuent aux situations vécues va radicalement changer au travers de la fréquentation des cours, et cela bien que leur situation matérielle ne soit pas toujours meilleure (par exemple pas de retour à l’emploi) : les personnes se sentent plus confiantes, elles peuvent imaginer un futur dans le pays d’accueil, ce qui signifie qu’un nouvel équilibre psychosocial a pu être atteint.

Trois témoignages

En se comparant à des compatriotes qui n’ont pas suivi de cours, Vanessa [7] relève son sentiment d’autonomie : « Je sais qu’il y a des gens de ma nationalité qui sont là depuis beaucoup d’années et pour aller au magasin ils ont besoin de quelqu’un qui va avec eux (…) parce que tous seuls ils ne se débrouillent pas ! Et ils me disent “Mais tu vas toute seule à Berne ou à Lucerne ?“ (…) C’est Mme Meyer (l’enseignante) qui nous a dit que c’était joli. »

Silvia exprime une grande déception envers ses premières expériences en Suisse, car elle s’est sentie discriminée : « Quand je suis arrivée ici, j’ai travaillé dans un hôtel, mais (…) quand tu commences à sentir de la discrimination : pas seulement pour la façon dont tu parles, mais aussi parce que les gens t’associent à certains (…) Mon pays n’est pas bien vu au dehors ! » Ce n’est qu’au travers des cours qu’elle acquière les outils qui lui permettent d’affronter avec plus d’assurance les situations négatives qu’elle a vécues : « J’aimerais bien faire tous les cours, parce que je ne me sens pas encore à 100% (…) pour comprendre le système, les formulaires (…) parce que je sens qu’il y a beaucoup de gens qui ne respectent pas la loi et ça m’énerve beaucoup ! Parce que je n’aime pas être exploitée, et parce que si tu te laisses exploiter c’est aussi une mauvaise image pour ton pays (…). Il faut que je sache bien les lois ! »

Avec la fréquentation des cours, Marianna a complètement changé sa représentation de la vie au pays d’accueil : « Je peux dire qu’avant je n’aimais pas Neuchâtel, parce que je me sentais mal, je ne connaissais personne. Mais depuis neuf mois, je me sens très bien : je connais du monde, je communique avec les gens, je n’ai plus de problèmes. Et tout ça grâce aux cours ! »

[1] Lutz Nadia (2010). Analyse psychosociale de la transition pays d’origine-pays d’accueil. Le cas d’adultes migrant fréquentant le Programme cantonal d’intégration à Neuchâtel. Direction : Tania Zittoun et Anne-Nelly Perret-Clermont, Université de Neuchâtel, Institut Psychologie et éducation. Paru dans Dossier de psychologie et éducation N°71, Octobre 2013, disponible en format pdf.

[2] Lien internet.

[3] Perret-Clermont, A.-N., & Zittoun, T. (2002). Esquisse d’une psychologie de la transition. Education Permanente, 1, 12-14.
Zittoun, T. (2006). Transitions. Development through symbolic resources. Greenwich : Information Age Publishing Inc.

[4] Zittoun, T. (2008). Learning through transitions : The role of institutions, European Journal of Psychology of Education, 23(2), 165-181.

[5] En 2004, le Forum suisse pour l’étude des migrations avait été mandaté par la Commission fédérale des étrangers pour effectuer une évaluation de dispositifs d’intégration similaires, qui existent dans diverses régions de Suisse. Sans vouloir reproduire une telle évaluation, notre étude de cas comporte quelques points communs. Kaya, B., & Akermann, C. (2004). Evaluation des mesures de la Commission fédérale des étrangers visant l’intégration des migrants en Suisse. Point fort 1 : communication linguistique. Neuchâtel : SFM.

[6] Granovetter, M.S. (1937). The strength of weak ties. American Journal of Sociology, 78(6), 1360-1380.

[7] Prénoms modifiés.

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