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Recension par Jean Martin, médecin de santé publique

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Ce livre a d’abord pour moi une résonance personnelle, en présentant l’évolution intervenue dans les secours d’urgence aux malades et blessés (sur les routes, à leur domicile, à leur travail) dans le canton de Vaud au cours des soixante dernières années, sous l’égide du Service de la santé publique ; service dont j’ai été membre vingt-sept ans durant cette période, de 1976 et 2003. Sans avoir été principalement en charge du domaine en question, j’en ai suivi le développement - tout en participant, à une époque qu’on pourrait presque dire héroïque (fin des années 1970), à la formation de base de ceux qui œuvraient comme ambulanciers.

Cet ouvrage documenté retrace les développements sur les plans historique, politique, administratif, technique, de la formation et de la planification. Il donne aussi la parole à une vingtaine d’acteurs (ambulanciers, médecins, responsables hospitaliers et de services publics, chef de la base lausannoise de la Rega/GASS). On relèvera, selon les termes du médecin cantonal Karim Boubaker, que la responsabilité de l’ouvrage a été confiée « à la personne qui a le plus œuvré au sein des services de l’Etat pour que chaque citoyen puisse bénéficier de la prise en charge la plus efficiente possible, Georges Vittoz ».

On y trouve de nombreuses illustrations, documents des services publics et d’autres organisations, correspondances, éléments concernant les formations offertes, grilles d’évaluation des patients, tables montrant l’évolution du nombre d’interventions, photos. Dans l’avant-propos de Vincent Barras, directeur de l’Institut lausannois d’histoire de la médecine et de la santé publique : « Le sentiment de l’urgence guide la médecine depuis toujours. La nécessité de venir en aide, toutes affaires cessantes, à la personne en difficulté vitale s’est doublée de pratiques médico-sanitaires plus ou moins organisées. [Ici comme ailleurs,] mêmes hésitations et résistances, et tout à la fois même enthousiasme de quelques personnalités soucieuses du bien public (…) La mise en place décrite ici répond aussi à une nouveauté, l’émergence d’une société urbanisée, de plus en plus conditionnée par les installations techniques – alors qu’un éventail de situations inédites se déploie en quelques décennies (explosion démographique, risques industriels, accroissement du trafic mécanisé). Du coup, le récit de cette histoire ressemble bien souvent à une épopée. »

Au cours des décennies, l’évolution du rôle de l’Etat élargit et coordonne les initiatives prises au départ par d’autres (garagistes privés, Ville de Lausanne, Rega pour les hélicoptères par exemple). Progressivement, y compris par le biais d’interventions et décisions parlementaires, l’autorité publique cantonale assume un leadership sur le plan de l’organisation et du soutien financier. L’élargissement des compétences des ambulanciers, lié à une formation plus étoffée, instauré parallèlement à la médicalisation des interventions, constitue une évolution marquante.

Selon les auteurs : « Cette rétrospective est destinée à un large public. Elle doit également permettre au acteurs actuels de mieux cerner les raisons des différents choix qui ont été retenus et de mesurer les difficultés rencontrées ». 216 Et dans leur conclusion : Le développement des urgences préhospitalières a été « réalisé par étapes avec un cap : la réalisation de la chaine des urgences. Ceci par une politique transparente dans ses objectifs et ses coûts, dont les objectifs successifs sont confrontés à l’épreuve des faits. C’est surtout une politique qui associe étroitement l’Etat et tous ses partenaires. Dans ce système, personne n’a le pouvoir, mais tout le monde tire profit du résultat ». C’est bien là une manière de décrire comment le plus souvent, dans notre pays, évoluent le système de santé et ses diverses composantes.

Fondation Urgences Santé, Rue César Roux 31, 1005 Lausanne Site internet

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Le nouveau blog interactif bilingue français – allemand du portail suisse Philosophie.ch réunit les domaines de la philosophie et de la santé en un lieu commun. Le blog vise à donner un aperçu englobant des différentes thématiques et problématiques qui se posent à l’intersection de ces deux domaines. Son but consiste à donner la possibilité au grand public de discuter et de réfléchir à un thème de santé sous un angle philosophique. Chaque article traite d’une thématique spécifique et peut être commenté et discuté, ce qui permet aux lecteurs passionnés d’échanger leurs points de vue respectifs et d’étendre la réflexion au-delà de l’article à proprement parler. Les perspectives d’approche se veulent aussi nombreuses que surprenantes.

De plus, le bilinguisme permet de donner une vision étendue des recherches faites en ces domaines dans la mesure où le blog réunit des experts non seulement dans le monde francophone et germanophone en Suisse, mais également en France, au Canada et en Allemagne.

Philosophie et santé

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Dans cet ouvrage, trente experts livrent leurs connaissances et expériences à l’intention des professionnels.

Le livre est destiné à toutes les personnes intéressées de près ou de loin aux questions que pose l’exercice de la justice juvénile, notamment à tous les professionnels œuvrant dans la chaîne d’intervention de cette justice et confrontés à la réalité de jeunes gens et de jeunes filles qui se mettent en conflit avec la loi ou qui entrent en contact avec le système judiciaire, comme victimes et/ou témoins.

L’ouvrage ne donne pas de réponses toutes faites ni de recettes magiques mais renseigne sur le cadre normatif existant, qui donne une assise objective à toute intervention.

Il évoque les principales questions qui se posent dès le moment où les acteurs se mobilisent pour une action, voire pour une déjudiciarisation ; il essaie de fournir des exemples et des bonnes pratiques ; enfin il montre combien la formation est importante.

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Recension par Jean Martin, médecin de santé publique

Humour et réflexion approfondie sur l’expérience de vieillir

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Daniel Klein est un écrivain américain de la Côte Est, auteur de romans à suspense et d’ouvrages traitant de philosophie. Deux livres en particulier ont rencontré le succès : « Plato and a platypus walk into a bar » en 2007, et cette Balade avec Epicure, parue en anglais en 2012. L’auteur est né en 1939, nous sommes contemporains et c’est un ami du même âge qui m’a recommandé ce livre. Après lecture, je fais suivre cette recommandation.

Epicure recommande, quand l’âge est venu, de laisser derrière soi « la prison du monde du commerce, des affaires et de la politique », ce qui libère et permet de concentrer la réflexion sur d’autres sujets, souvent plus intimes – et de ne plus avoir peur du futur. A propos de ce que les gens âgés voudraient réaliser encore, l’auteur américain observe que « la nouveauté elle-même devient vieille. En visitant le douzième endroit dans le monde où il faut avoir été avant de mourir, voir de l’exotique est devenu moins attirant, vous en avez déjà vu onze fois. » Et de citer Oscar Wilde : « Dans ce monde, il n’y a que deux tragédies. L’une est de ne pas obtenir ce que l’on désire, l’autre est de l’obtenir. » Klein cite aussi Erik Erikson pour qui il s’agit « d’arriver à un sage sens d’accomplissement, de plénitude et à une acceptation sereine de soi-même, malgré les erreurs et faux pas faits sur la route. »

Se souvenir de ce que l’on a : « L’expérience accumulée au cours du temps, la maturité, est précisément ce dont une personne âgée dispose en abondance. Le truc est de ralentir, de manière que ce capital d’expérience puisse être contemplé et, plus que cela, savouré. » Entre autres sujets, Klein traite de sexualité et d’attachement conjugal. Mais aussi de la dépression et de l’ennui, facette fréquente de la vieillesse qui peut être combattue par le jeu (le simple jeu, pas le casino).

Il évoque aussi « le très grand age », temps de la grande dépendance où il n’est plus question de profiter de la vie, même à la manière d’Epicure. Mettre délibérément un terme à sa vie ? Il en débat en citant les auteurs, tels que le confucéen Mencius, Sénèque bien sûr et Montaigne, pour qui la condition que la vie « ait un sens » passe avant l’idée de la prolonger autant que possible. Il tend à être de l’avis de ces derniers et fait référence à la Hollande, pays de sa femme, où l’assistance au suicide est possible.

Klein, juif non pratiquant, parle d’aspiration à la transcendance et note que, dans plusieurs religions, la spiritualité de la personne âgée a une place particulière. « Je ne m’attends pas à voir la face de Dieu ou le paysage du paradis. Ce que je recherche, c’est quelque chose comme une compréhension sublime, un accord existentiel avec l’univers ; pas une chose, mais une expérience spirituelle. » Et, faisant référence à l’intérêt actuel pour la pratique dite de la pleine conscience (mindfulness) : « Peut-être que ma meilleure chance de trouver la réponse à mes aspirations est d’être ici et maintenant – pleinement ici et maintenant. »

Editions Michel Lafon

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Cette étude tente de dresser un premier état des lieux global du fonctionnement de la médecine de famille en Suisse en mettant en lumière ses forces et ses faiblesses à travers 56 indicateurs considérés comme prioritaires.

Quelques conclusions :
- La médecine de famille en Suisse est basée essentiellement sur un modèle médico-centré.
- D’importants efforts sont nécessaires afin d’assurer le renouvellement des forces de travail.
- La continuité relationnelle peut être qualifiée de bonne.
- Les coûts spécifiquement liés à la médecine de famille représentent seulement 8% de l’ensemble des coûts de la santé.

Le rapport intégral, Obsan Dossier 55, 171 pages. La synthèse, Obsan Bulletin 11/2016, 4 pages

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