Go Top

Inégalités mondiales: disparités documentées

Mercredi 22.06.2022

Une équipe de chercheur·euse·s s’est penchée sur la répartition des richesses sur la planète pays par pays, mais aussi en fonction du genre. Les résultats sont peu réjouissants.

2022 rapport inegalites mondiales 170

« Chaque année les gouvernements du monde entier publient les chiffres de la croissance économique, mais ceux-ci ne nous indiquent pas comment cette croissance est répartie au sein de la population, c’est-à-dire qui sont les bénéficiaires et les laissés-pour-compte des politiques économiques. » Voilà ce que l’on peut lire en introduction du « Rapport sur les inégalités mondiales 2022 ». Ce laboratoire des inégalités collabore avec des instituts de statistique, des administrations fiscales, des universités et des organisations internationales afin d’harmoniser, analyser et diffuser des données récoltées.

Ce texte résume les recherches effectuées par le World inequality Lab, soutenu par le programme des Nations unies pour le développement. Les données et analyses qu’il rassemble s’appuient sur les études menées ces quatre dernières années par plus d’une centaine de chercheurs et chercheuses basé·e·s sur tous les continents.

On apprend ainsi qu’en 2021, un adulte gagne en moyenne 16’700 euros par an et possède 72’900 euros de patrimoine. Ces moyennes masquent des disparités considérables, à la fois à l’intérieur des pays et entre eux. Actuellement, les 10% les plus riches de la planète captent 52% du revenu mondial, tandis que la moitié la plus pauvre n’en gagne que 8%.

La disparité entre les gains des plus riches et des plus pauvres est impressionnante. Tandis que les premiers gagnent, en moyenne, 87’200 euros par an, les seconds ne gagnent que 2’800 euros.

Les inégalités de richesse sont encore plus prononcées que les inégalités de revenus. La moitié la plus pauvre de la population mondiale est pratiquement dépourvue de patrimoine, puisqu’elle ne possède que 2% du total. À l’inverse, les 10% les plus riches en détiennent 76%. Le patrimoine moyen de la moitié la plus pauvre se monte à 2’900 euros par adulte, celui des 10% les plus riches à 550’900 euros par adulte.

Moyen-Orient et Afrique sont les régions du globe les moins égalitaires, alors que l’Europe est celle qui l’est le plus.

Une égalité de genre qui tarde à se réaliser

Que dire des disparités entre hommes et femmes ? Selon le rapport, l’écart de revenus entre les sexes reste très important. Dans un monde égalitaire, les femmes percevraient 50% de tous les revenus du travail. Depuis trente ans, les améliorations ont été très lentes au niveau mondial et les dynamiques fort différentes d’un pays à l’autre, puisque certains ont enregistré des progrès, pendant que d’autres voyaient se réduire la part des femmes. À titre de comparaison, en 1990, la part des revenus du travail perçue par les femmes avoisinait 30%. Aujourd’hui, elle se situe à moins de 35%.

Le rapport pointe aussi du doigt les écarts importants en matière de consommation de C02 : « Il y a de gros émetteurs dans les pays à revenus faibles ou moyens, et de petits émetteurs dans les pays riches. En Europe, la moitié la plus pauvre de la population émet environ cinq tonnes par an et par personne ; en Asie de l’Est, elle émet environ trois tonnes et en Amérique du Nord environ dix. Le contraste est criant avec les émissions des 10% les plus émetteurs de ces régions (29 tonnes en Europe, 39 en Asie de l’Est et 73 en Amérique du Nord) », lit-on.

Redistribuer les revenus pour répondre aux enjeux

Après avoir posé un tel constat, le rapport fournit une piste pour que les choses changent. Il conclut en écrivant ceci : « Dans notre scénario, nous trouvons que 1,6% du revenu mondial pourrait être ainsi prélevé et réinvesti dans l’éducation, la santé et la transition écologique. Notre rapport s’accompagne d’un outil de simulation en ligne qui permettra à tout un chacun de concevoir l’impôt sur la fortune de son choix, qu’il soit mondial ou régional. Soulignons d’emblée qu’il ne sera pas possible de répondre aux enjeux du XXIe siècle sans une importante redistribution des revenus et du patrimoine. »

(YT)

Voir la synthèse du rapport (en français)

Voir le site dédié au rapport