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Lecture / « Tous fous ? » L’influence de la pharma sur la psychiatrie

Samedi 27.04.2013

Tous fous ?

L’influence de l’industrie pharmaceutique sur la psychiatrie. De Jean-Claude St-Onge, Editions Ecosociété, Paris, 236 pages.

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Une personne en deuil souffrirait de « dépression majeure » si elle n’arrive pas à surmonter son chagrin après deux semaines. Une personne très timide serait atteinte de « phobie sociale » et un enfant qui conteste les adultes et les règles, serait taxé de « trouble oppositionnel avec provocation ». Sommes-nous tous devenus fous ?

En 60 ans, le nombre de troubles mentaux répertoriés dans le DSM, la « bible » des psychiatres, est passé de 60 à plus de 400 alors que la consommation de psychotropes a augmenté de 4 800 % aux États-Unis au cours des 26 dernières années. Or, cette épidémie de « maladies mentales » est très largement fabriquée, nous explique J.-Claude St-Onge dans cet essai sur l’influence démesurée de l’industrie pharmaceutique sur la psychiatrie.

Tous fous ? cible les thèses de la biopsychiatrie, selon lesquelles la détresse psychologique résulterait d’un déséquilibre chimique dans le cerveau, sans égard au contexte social et personnel des patients. L’auteur remet en question la prescription massive d’antidépresseurs et d’antipsychotiques aux effets sous-estimés et souvent dévastateurs : anxiété, pensées suicidaires, diabète, AVC, atrophie du cerveau…

Mais l’exploitation du mal-être est extrêmement lucrative et les compagnies pharmaceutiques sont prêtes à tout pour satisfaire l’appétit insatiable de leurs actionnaires : médicalisation des évènements courants de la vie, essais cliniques biaisés, corruption des médecins, intimidation des chercheurs… Même les amendes salées contre ces agissements ne les font pas reculer.

Jean-Claude St-Onge est professeur de philosophie à la retraite et docteur en socio-économie. Il a publié, chez Écosociété, L’imposture néolibérale (2000), Les dérives de l’industrie de la santé (2006) et L’envers de la pilule (2008). Ce dernier ouvrage a obtenu le prix Orange de l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec.

Editions Ecosociété