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Former pour outiller les travailleurs·ses sociaux·ales scolaires

Vendredi 18.07.2025

La Haute école de travail social de Fribourg lance un nouveau cycle de formations continues courtes en travail social scolaire. Interview de Quentin Pasqualino, maître d’enseignement HES et responsable de sa mise en place.

quentin pasqualino formation tss reiso 170Quentin Pasqualino © HETS-FR(REISO) L’école se trouve-t-elle aujourd’hui à ce point en difficulté qu’elle nécessite la présence de professionnel·les du travail social spécialisé·es ?

(Quentin Pasqualino) L’école a toujours eu une dimension éducative forte, assumée par les enseignant·es en plus de leurs fonctions d'instruction publique. Ce qui évolue aujourd’hui, c’est la complexité croissante de certaines situations individuelles et collectives. Celles-ci nécessitent un travail interprofessionnel, où chaque acteur·trice apporte sa lecture propre. Ainsi, le travail social scolaire permet d’apporter un autre regard sur les problématiques sociales, qui vient complémenter celui des enseignant·es et des autres professionnel·les présent·es dans l'école.

De quelles compétences professionnelles spécifiques doit être pourvu·e un·e travailleur·se social·e scolaire (TSS) ?

Des compétences d’intervention individuelle et collective, avec une capacité d’agir en autonomie, car le ou la TSS travaille souvent seul·e dans son établissement, contrairement aux équipes du travail social classique. Il ou elle doit également pouvoir s’appuyer sur des connaissances en matière de prévention et d’actions en faveur d'un climat scolaire positif et bienveillant.

Les enseignant·es et les TSS utilisent-ils et elles le même jargon professionnel ?

Ici se trouve l’un des enjeux : pour proposer des pistes de solution concrètes et réalistes, les TSS doivent disposer de notions en gestion de classe, afin de parler le même langage que les enseignant·es et travailler en complémentarité. Par ailleurs, la capacité à s’intégrer dans un environnement scolaire, à en comprendre les logiques, les contraintes ou la culture institutionnelle s’inscrit dans cette même nécessité.

Un·e TSS tient compte de la distinction entre enfant (dans sa globalité) et élève (dans l’école). (...) Il propose une approche systémique, en considérant à la fois les trajectoires individuelles des élèves et les dynamiques du système scolaire lui-même

Quels sont les atouts apportés par un·e TSS dans un établissement scolaire ?

Le positionnement professionnel d’un·e TSS tient compte de la distinction entre enfant (dans sa globalité) et élève (dans l’école), et s’efforce d’avoir une lecture adaptée de chaque situation. Il propose une approche systémique, en considérant à la fois les trajectoires individuelles des élèves et les dynamiques du système scolaire lui-même. Ainsi, il ou elle s’appuie sur des compétences d’analyse à l’échelle micro, méso et macro, pour intervenir auprès d’un·e élève, mais aussi pour prendre des initiatives et impulser des dynamiques dans l’établissement. Enfin, les aptitudes à travailler en réseau soutiennent la construction de ponts avec les familles, les partenaires et les structures locales. Le TSS se veut être un liant entre les nombreuses prestations existant au sein de l'école et en dehors.

Plus concrètement, quel rôle assume un·e TSS dans une classe par rapport aux élèves, aux enseignant·es, et à l’établissement ?

Ce·tte professionnel·le assure aux élèves un accompagnement individualisé, un lien de confiance, une écoute, et une posture différente de celle de l’enseignant·e. Par rapport aux enseignant·es, il ou elle s’inscrit comme un·e partenaire interdisciplinaire, avec qui réfléchir aux situations, co-construire des réponses et faciliter la coopération autour des élèves. Il ou elle devient une personne ressource pour l’établissement, qui participe à l’amélioration du climat scolaire, participe au développement de projets de l’école, et à la mise en lien entre les ressources internes et externes. Enfin, il ou elle s’inscrit comme intermédiaire avec les familles, contribuant à renforcer le lien école–parents, en tenant compte des contextes sociaux et culturels.

L’objectif est d’outiller de manière concrète les professionnel·les, quel que soit leur niveau d’intervention, à agir de manière cohérente, systémique et contextualisée

Le contexte d’apprentissage pour les élèves est-il forcément amélioré avec la présence d’un·e TSS dans une classe ?

Sa présence n’est évidemment pas une garantie en soi, mais en favorisant des relations plus sereines et un meilleur soutien global des élèves, elle peut en effet grandement contribuer à améliorer le contexte d’apprentissage. Toutefois, cela ne peut se produire que si le·a TSS est pensé dans l'établissement scolaire comme acteur·trice de prévention et de travail sur le climat scolaire, et pas uniquement en intervention sur des situations complexes. Autrement, on ne fait qu'ajouter un acteur supplémentaire qui vient morceler le suivi de l'élève et qui favorise le travail individuel au détriment de la réflexion systémique sur la classe et l'établissement scolaire. En d’autres termes, son rôle s’inscrit dans une logique de complémentarité professionnelle, au service des élèves et du fonctionnement global de l’établissement.

Votre formation vise les classes primaires de 1 à 8H. Pourtant, les cycles secondaires connaissent les mêmes besoins, non ?

Les défis du cycle d’orientation sont importants : adolescence, orientation, vulnérabilités, ruptures… Ils concernent pleinement les TSS, et c’est justement pourquoi certaines formations sont aussi destinées aux professionnel·les du secondaire. Les contenus proposés sont transversaux et adaptables à différents contextes scolaires, et la diversité des profils des participant·es enrichit fortement les échanges. De plus, le développement d’un groupe de travail TSS romand vise justement à construire des lignes directrices communes pour les professionnel·les et les institutions qui les engagent. Ce document servirait de repère, de balise, et de soutien au développement de la profession. Un travail est aussi en cours avec plusieurs partenaires pour définir un référentiel de compétences professionnelles, en vue d’un futur cycle de formation plus global en TSS.

Finalement, comment résumeriez-vous ces formations en une phrase ?

L’objectif est d’outiller de manière concrète les professionnel·les, quel que soit leur niveau d’intervention, à agir de manière cohérente, systémique et contextualisée.

(Propos recueillis par Céline Rochat)

Voir le flyer de la formation

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