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Depuis moins d’une année, l'Hôpital du Valais romand déploie des solutions d’intelligence artificielle pour l’aide au diagnostic. Cette avancée s’inscrit dans une transformation profonde des pratiques médicales en Suisse romande.
© image générée par IA par javier / Adobe StockDepuis le printemps 2024, le Centre Hospitalier du Valais romand utilise des outils d’intelligence artificielle basés sur le « deep learning » pour soutenir la pratique clinique quotidienne via une aide au diagnostic, notamment aux urgences et en radiologie. Cette intégration de l’IA, rapportée dans un article du blog de l’Hôpital du Valais [1], se concrétise à travers plusieurs applications, dont « BoneView » qui assiste les radiologues et les urgentistes, notamment dans la détection des fractures. Objectif final communiqué par l’institution valaisanne ? Améliorer l’expérience patient·e et minimiser les risques.
« Ensemble, l’intelligence artificielle et le médecin font mieux que le médecin tout seul », constate Abderrahmane Hedjoudje, médecin adjoint au Service d’Imagerie diagnostique & interventionnelle, après un peu moins d’une année d’utilisation des logiciels. Selon lui, les potentiels offerts par l’IA permettent « au radiologue d’aller plus loin qu’il aurait pu faire tout seul », représentant une aide notable au diagnostic. Toutefois, « les algorithmes ne remplacent en aucun cas un radiologue », précise-t-il.
Présente déjà depuis de nombreuses années en médecine — par exemple en dermatologie pour l’analyse des grains de beauté —, ces outils deviennent toujours plus performants grâce au « deep learning », soit la création de « réseaux de neurones [artificiels] intelligents qui permettent d’aller au-delà de certaines fonctions informatiques utilisées jusqu’à présent », détaille Abderrahmane Hedjoudje. En Valais, les processus déployés analysent les images médicales pour repérer les anomalies et effectuer des mesures précises, sans jamais se substituer aux praticien·nes. Par ailleurs, le médecin adjoint voit dans ces outils un important potentiel pédagogique : « Les algorithmes peuvent permettre de détecter des choses auxquelles des médecins débutant dans leur pratique n’auraient pas forcément pensé. »
Les Centres universitaires romands ont eux aussi intégré des outils d’IA à leur pratique médicale et y dédient désormais de nombreuses recherches. Au CHUV, par exemple, une recherche d’imagerie médicale assistée par l’IA est en cours [2], ainsi que sur les maladies de la moelle osseuse [3]. L’hôpital est également engagé dans un projet transfrontalier visant à améliorer la détection des urgences vitales grâce à l’intelligence artificielle lors des appels au 144 [4]. Au bout du lac, les chirurgien·nes des HUG utilisent des casques de réalité mixte offrant une vision précise de l’anatomie en temps réel. Dans La Matinale de la RTS, en février 2024, Philippe Bijlenga, neurochirurgien, comparait lui cette évolution à l’introduction du GPS dans l’aviation : une révolution dans la navigation chirurgicale [5].
Cette transformation numérique soulève toutefois des enjeux juridiques importants. Michel Jaccard, avocat spécialisé, relève la nécessité d’une analyse rigoureuse des systèmes d’IA et le respect des normes de protection des données. Dans un article publié par les HUG [6], il insiste sur l’importance de se former en matière d’IA, afin de « mieux appréhender les limites des systèmes d’IA et les biais possibles dans l’analyse effectuée, le cheminement probabiliste et les réponses fournies ».
(CROC)
Michel Jaccard participe à la 2e matinée interactive : Systèmes de soins et intelligence artificielle proposée en présentiel ou en ligne par les HUG le 24 janvier 2024. Entrée libre, sur inscription. En savoir plus
Pour aller plus loin, lire les articles « IA : un outil puissant au service de la santé » et « Intelligence artificielle : limiter les risques » paru en octobre 2022 dans Pulsations, le magazine des HUG.
[1] « L’intelligence artificielle : un compagnon précieux, aussi pour les médecins », blog de l’Hôpital du Valais, consulté le 13 janvier 2025
[2] « Une nouvelle technique d’IRM au CHUV : plus économique, confortable et durable », CHUV, consulté le 15 janvier 2025
[3] https://www.chuv.ch/fr/chuv-home/recherche/prix-et-distinctions-2025/prix-et-distinctions-2023/prix-sakk
[4] « L’intelligence artificielle au secours de la régulation des appels d'urgence », consulté le 15 janvier 2025
[5] « Quand l'intelligence artificielle redéfinit la chirurgie », consulté le 15 janvier 2025
[6] « Apprivoiser les aspects juridiques de l'IA dans les systèmes de soins; entretien avec Michel Jaccard, avocat », HUG, consulté le 15 janvier 2025