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Livre / « Gestes spéculatifs », ouvrage collectif

Mercredi 09.12.2015

Gestes spéculatifs

Didier DEBAISE et Isabelle STENGERS (éd.), Editions Les presses du réel, Dijon, 2015, 352 pages.

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Un ouvrage collectif, avec parmi les auteurs Claude de Jonckheere, Professeur honoraire à la HETS Genève, qui explore les conditions de possibilité de « gestes » spéculatifs et véritablement engagés, dans le contexte d’une mise en crise généralisée des modes de pensée de la modernité.

Au cours de la dernière décennie s’est produit en France un renouveau d’intérêt pour des penseurs qui se sont vus accoler l’épithète de « spéculatifs », tels que William James, Gabriel Tarde, Alfred North Whitehead et Etienne Souriau. Ce renouveau semble indissociable de la mise en crise généralisée des modes de pensée qui, d’une manière ou d’une autre, devaient leur autorité à une référence au progrès, à la rationalité, à l’universalité. Mise en crise redoutable car on ne se défait pas sans danger de ce qui a servi de boussole à la pensée euro-américaine depuis qu’il est question de modernité. Mise en crise nécessaire car ces modes de pensée sont sourds à la nouveauté effective de cette époque marquée par la menace du désordre climatique, le saccage systématique de la terre, la difficulté d’entendre les voix qui nous engagent à penser devant le lien fort entre la modernité et les ravages de la colonisation.

S’il faut parler de « gestes spéculatifs », c’est que la pensée spéculative est trop souvent définie comme purement théorique, abusivement abstraite, ou relevant tout simplement d’un imaginaire déconnecté de toute prise sur le réel. Elle est, telle que nous voudrions en hériter, affaire de gestes, d’engagements par et pour un possible, de virtualités situées. Le sens de tels engagements tient à leurs conséquences, à la modification de l’appréhension du présent qu’ils entraînent.

Editions les presses du réel