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Retrouver sa place après la marginalisation

Jeudi 21.08.2025
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Sortir de la rue, reconstruire son estime, retrouver un rythme et du lien: l’insertion des personnes marginalisées suppose de traverser bien des épreuves avant d’imaginer une vie stable, reconnue et choisie.

Par Damien Quaglia, consultant, Eminda, Roche

Il est particulièrement difficile de retrouver une place dans la société après de nombreuses années passées sans activité professionnelle. Cela l’est d’autant plus lorsqu’on a connu la grande précarité et les affres de l’addiction. Certaines réalités liées à l’insertion des personnes durablement marginalisées restent mal comprises et les ressources généralement déployées insuffisamment connues. Afin d’éclairer ces enjeux, cet article partage des observations faites au fil des années, au sujet de l’évolution d’attitudes, de réflexions et d’émotions marquant le chemin de reconstruction des personnes en grande difficulté.

Addiction, ruptures, précarités: un terrain commun

Premier constat : les trajectoires de vie de ces personnes ont été émaillées par des souffrances importantes et le cumul des difficultés. Les conditions de vie, le manque de soutien des proches, des échecs, des deuils, des évènements traumatisants ou des carences affectives ont souvent entravé le développement des ressources personnelles nécessaires pour s’adapter aux exigences particulières de la société. La santé est d’ordinaire mauvaise, avec une prévalence importante de troubles psychiques s’accompagnant de la prise de nombreux médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères, produits de substitution aux opiacés…).

Ce groupe, bien que souvent perçu comme homogène, présente toutefois une diversité de parcours. Une minorité de personnes durablement marginalisées a en effet connu des débuts dans l’existence apparemment sans accrocs majeurs et peut même être issue des classes sociales supérieures. La démoralisation, le retrait social, la consommation de drogues ou d’alcool les ont pourtant menés à la même situation de désinsertion et de désaffiliation. Le sentiment d’échec et d’infériorité s’en trouve parfois accentué, notamment lorsque les proches évoluent dans des sphères sociales valorisées.

De manière générale, les tentatives pour s’insérer socialement et professionnellement ont également été difficiles avec, pour beaucoup, des formations non terminées et des emplois précaires. Pour d’autres, les périodes intenses de consommation de stupéfiants ou d’alcool ont alterné avec des séjours en cure de désintoxication. Certain·es parviennent à conserver un emploi durant quelques années, tout en consommant, jusqu’au moment où ce mode de vie devient intenable. La fatigue nerveuse ou un évènement déclencheur, tel un divorce, vient à bout d’une situation fragile. Ces personnes basculent alors du chômage à l’aide sociale. D’autres dépendent de l’aide sociale depuis toujours.

La lente remontée vers la reconstruction

Cependant, lorsque les problèmes de consommation s’améliorent, l’envie de s’insérer refait bien souvent surface. Les regrets au sujet des errements du passé émergent, la solitude devient pesante, et les questionnements sur le sens de la vie s’imposent. « Plus de famille, plus d’amis, plus d’argent, plus de dents, et tout le temps d’y penser » [1], disait Jacques Barsony, médecin des toxicomanes et des laissés-pour-compte à Toulouse.

Bien sûr, le tableau n’est pas toujours aussi catastrophique. Cependant, le constat est généralement dur. Le temps passe et lorsqu’on en prend finalement conscience, on remarque que bien des années ont été gâchées. La douleur peut alors être vive, devenant moteur d’un sursaut qui pousse à se remettre en mouvement et à aspirer, comme tant d’autres, à une forme de reconnaissance sociale. Néanmoins, lorsque cette envie de s’engager dans un processus d’insertion refait surface, on peut se sentir dépourvu. L’idée de retrouver une « normalité », devenue étrangère, attire autant qu’elle terrifie.

Le désir de s’insérer peut effectivement se raviver. Au début, il adviendra plutôt par intermittence, suivant les hauts et les bas encore très marqués en raison de la vulnérabilité émotionnelle. Les premières tentatives se solderont souvent par des échecs. La peur de passer à l’action, liée à une estime de soi particulièrement érodée, constitue l’un des freins majeurs. Malmenée depuis l’enfance, cette dernière diminue la capacité d’agir et laisse l’individu penser qu’il ou elle n’est pas suffisamment digne pour y arriver. Dans ces conditions, les personnes concernées peuvent également, sans en avoir même conscience, se livrer à l’auto-sabotage, juste avant une échéance importante, comme un stage, par crainte d’une nouvelle désillusion.

Les atteintes cognitives, la capacité à gérer le stress et la baisse d’endurance psychique et physique découlant des années « de galère » et de consommation s'ajoutent aux difficultés. L’aptitude à s’organiser, à s’auto-discipliner, à s’adapter à des environnements sociaux normés ou plus simplement à se lever le matin sont autant de compétences affaiblies. Une situation de logement précaire, des dettes, un entourage toujours consommateur ou jaloux freinent encore les efforts entrepris. L’ensemble de ces éléments mène souvent à l’abandon précoce de la démarche, parfois dès les premiers jours ou semaines. La quantité d’énergie à fournir doit être proportionnelle à l’ampleur de la désinsertion.

Les ressources d’une reprise possible

Pour les plus déterminé·es, la situation peut malgré tout s’améliorer, et ces personnes parviennent peu à peu à reprendre pied. Quelles forces de caractère, réflexions ou compétences ont permis d’inverser cette spirale négative ? Quelles difficultés ont dû être dépassées pour avoir la disponibilité de s’investir dans une activité ? Une rencontre ou un événement particulier est-il venu nourrir ce regain de motivation ? Comment ces personnes ont-elles réussi à tolérer l’échec ou la frustration, à persévérer ?

Si les réponses à ces questions sont spécifiques à chacun·e et à chaque situation de vie, des prises de conscience identiques, ainsi que des évolutions semblables dans les considérations à propos de soi et du monde, se dessinent. La patience apparaît comme l’une des conditions premières. Pour qui parvient à ne pas se montrer trop pressé·e, le temps qui passe peut représenter un allié qui soutient la reconstruction progressive et aide à modifier les perceptions limitantes.

Les premières désillusions suffisent à provoquer des rechutes ou des épisodes dépressifs chez celles et ceux, nombreux·ses, à vouloir aller trop vite, espérant rattraper le temps perdu et obtenir réparation sur une trajectoire de vie parsemée de souffrances et d’échecs. D’aucun·es ne parviennent tout simplement pas à effectuer les démarches nécessaires à l’insertion (stages, formation), préférant directement imaginer le « Grand soir », ou plutôt le grand projet qui réparera, comme par magie, cette estime de soi si durement touchée et répondra à ce besoin intense de reconnaissance.

Échouer dans ces projets trop ambitieux, mais qui tiennent à cœur peut pourtant devenir formateur, offrant l’opportunité de faire évoluer ses représentations. La confrontation avec la réalité contribuera sans doute à déployer une stratégie plus graduelle pour la tentative d’insertion suivante, ancrant la conviction qu’il s’agit d’y aller progressivement et ne pas viser d’emblée trop haut.

Décomposer les différentes étapes qui, l’une après l’autre, conduiront à la réalisation d’un nouveau projet de vie se révèle une stratégie payante. Chaque victoire contribue à renforcer une vision positive de l’avenir et augmente la confiance en soi. Chaque réussite construit la suivante et renforce le sentiment de satisfaction personnelle. D’un stage de quelques jours dans un environnement connu, on passera à un stage plus long, puis à une formation. Et en cas d’échec, on ne retombe pas « au plus bas », mais juste un étage en-dessous, puisqu’on aura déjà atteint des buts intermédiaires. Ce sera aussi l’occasion pour l’entourage de valoriser les progrès accomplis.

L’importance des compétences sociales et émotionnelles

Les environnement sociaux — entreprises, centres de formation, associations — exigent de se conformer à un environnement normé au risque d’y être exclu. Arriver à l’heure, accepter la critique, ne pas étaler sa vie privée, ou encore faire preuve de réciprocité sont des compétences sociales de base indispensables. Il est également essentiel d’être capable de se remettre en question si certains comportements sont jugés inadéquats. D’autant que le contexte actuel, tendu par des exigences de rentabilité accrues, laisse peu de place à l’erreur.

En outre, il s’agit d’apprendre à supporter les rejets, les portes closes, les tentatives qui échouent et les efforts vains, qui font pleinement partie du processus de « reconquête » de ses compétences. La capacité retrouvée à réguler ses émotions, à se maîtriser, à garder le cap conditionne la réussite. Il s’agit, coûte que coûte, de ne pas abandonner, car il y a toujours un résultat positif à la clé, même s’il est différent de ce qui avait été envisagé initialement. L’enjeu de l’insertion et de la suite de son processus d’accomplissement personnel se trouve en effet bien dans cette aptitude à gérer son monde intérieur composé d’attentes, de peurs, d’espoirs, de nouvelles contraintes à affronter et de découragements à surmonter. L’intelligence sociale et la capacité à réguler ses émotions sont, par conséquent, des éléments essentiels du succès. Même avec des vulnérabilités importantes au départ, un accompagnement adapté et des efforts soutenus aident à surpasser patiemment les obstacles.

Toutes les tentatives n’aboutissent pas, mais les réussites existent. Certaines personnes parviennent à retrouver un emploi stable et une vie sociale enrichissante, d’autres s’épanouissent dans des activités artistiques ou artisanales [2] ou dans l’engagement bénévole. Chaque trajectoire porte la trace d’une transformation : elle rappelle que l’insertion n’est pas un état, mais un processus.

[1] Barsony J. (2010) Lettre ouverte aux drogués & aux autres…s’il en reste. JBZ & Cie. Paris. (p.161)

[2] Nous avons pu remarquer que le fait d’avoir développé une attirance forte ou une passion dans un domaine spécifique est particulièrement mobilisateur.

Comment citer cet article ?

Damien Quaglia,«Retrouver sa place après la marginalisation», REISO, Revue d'information sociale, publié le 21 août 2025, https://www.reiso.org/document/14482

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