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Partager la culture, ouvrir le champ des possibles

Jeudi 09.12.2021
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En co-créant des projets culturels avec des publics souvent en marge, une association de médiation culturelle s’allie aux structures sociales afin d’encourager chacun·e à trouver sa part de citoyenneté dans un échange collectif.

Par Morgane Ischer et Iris Meierhans, médiatrices culturelles et co-fondatrices, Destination 27, Genève et Lausanne

A la croisée entre le social et la culture : c’est là que se situe Destination 27. L’association crée, en partenariat avec des structures sociales, des projets de médiation culturelle qui n’émanent généralement pas d’une programmation ou d’une œuvre, mais privilégient la co-construction avec les participant·e·s. Les considérant comme porteurs et porteuses de leur propre culture, Destination 27 identifie avec elles et eux leurs envies artistiques et culturelles. Elle attise leur curiosité pour ouvrir le champ des possibles et élabore des cheminements culturels exploratoires pour se rencontrer autour d’œuvres ou de projets artistiques.

Avec le projet Art Truck, par exemple, l’association propose à un groupe de se constituer commanditaire d’une exposition d’art contemporain, puis à en devenir les co-médiateur·trice·s [1]. Des rencontres régulières sur plusieurs mois permettent d’identifier les thématiques qui devraient être abordées par l’exposition, de cerner la sensibilité et les goûts artistiques des commanditaires. Par la suite, des œuvres sont sélectionnées parmi la collection de deux fonds d’art contemporain, le Fond d’art contemporain de la Ville de Genève et la Collection d’art de Lausanne. Les pièces choisies sont amenées aux participant·e·s et exposées dans un camion-musée – l’Art Truck – et sur les murs de l’institution sociale partenaire.

ArtTruck 400© Destination 27

Main dans la main avec les partenaires sociaux

Cette forte dimension collaborative nécessite évidemment une réelle implication des partenaires sociaux. Si Destination 27 apporte son savoir-faire en matière de médiation culturelle et son réseau artistique, elle ne peut rien faire sans les connaissances et les liens tissés avec les participant·e·s par les travailleurs et travailleuses social·e·s.

Destination27 ems terrassiere 170

Le premier voyage de l’Art Truck a eu lieu au printemps 2021 dans l’EMS de La Terrassière, à Genève. L’implication enthousiaste d’une animatrice a contribué à développer un dispositif individualisé adapté aux douze personnes âgées, à leurs troubles de mémoire, à l’accès limité à la parole de certain·e·s. Elle a également géré toute l’organisation qui perturbait le quotidien de la maison. Les douze aîné·e·s commanditaires ont ainsi pu participer activement à la co-construction de l’exposition.

Selon les dires du personnel de l’EMS, les résident·e·s se sont révélé·e·s sous un nouveau jour, se sont épanoui·e·s et se sont exprimé·e·s sur des sujets intimes. Le projet a aussi désacralisé l’art contemporain - autant pour les personnes âgées que pour le personnel de l’établissement. [2]

En général, les projets sont menés sur six à dix-huit mois. Afin de mobiliser des personnes sur la durée, il est important d’avoir des objectifs communs, tels que la création d’une exposition dans le cadre du projet Art Truck. Pour autant, si la détermination du but à atteindre est pertinente, la co-construction implique que le chemin pour y parvenir ne soit lui, pas défini. Avancer dans un certain flou est la condition d’un réel projet collaboratif, dans un processus ouvert aux prises de décision de chacun·e. Les ateliers se définissent d’une fois à l’autre, les dispositifs évoluent et s’adaptent à la réalité du terrain.

Cheminer sans connaître la destination

D’autres projets, appelés les Pérégrinations culturelles, s’affranchissent même de tout objectif concret prédéfini. Cheminer sans connaître sa destination exacte ne signifie pas pour autant n’avoir ni jalons, ni horizon. C’est alors la démarche qui devient la boussole du projet. Celle-ci est élaborée conjointement avec le partenaire social autour de la participation culturelle, du développement du sentiment de légitimité, de la valorisation des regards des participant·e·s sur le monde qui les entoure et de l’expression de chacun·e.

La trame générale de ces Pérégrinations culturelles est transposable aux diverses institutions sociales, car elle est suffisamment souple pour s’adapter à des réalités de terrain parfois extrêmement différentes. La première étape commence toujours par un échange autour de la culture, par un questionnement collectif sur le rapport à l’art et ce que les expériences artistiques procurent à chacun·e. Il s’agit ensuite de susciter la curiosité et attiser les désirs pour explorer différentes propositions et domaines artistiques en impliquant les participant·e·s dans les choix de sorties ou d’ateliers.

Par exemple, à l’Éveil, un atelier d’art-thérapie à Lausanne, le projet s’est créé autour d’un petit groupe d'individus en situation de grande précarité économique et sociale et de leurs envies de sorties culturelles. Il a ensuite été cherché à renforcer leur appropriation de ces pratiques et leur sentiment de légitimité à fréquenter ces lieux de manière individuelle.

Au centre pour personnes migrantes de la Roseraie, à Genève, un comité culturel a rapidement été constitué pour présélectionner des sorties et les soumettre au vote des dizaines de personnes fréquentant le lieu de manière libre, sans inscriptions. À Première Ligne, une association genevoise qui met un local d’injection à disposition [3], tout se passe dans la cour, où des ateliers participatifs sont proposés, parfois avec des artistes invité·e·s. Les usager·e·s y prennent part selon leur disponibilité du moment.

La dernière étape des Pérégrinations culturelles consiste, lorsque c’est possible, à trouver des dynamiques de groupe autonomes. Le but est d’ intégrer la participation culturelle dans le fonctionnement des structures sociales, afin que ces pratiques perdurent après la fin du projet.

Instituer une pratique démocratique

Travailler avec un groupe de participant·e·s, en favorisant le dialogue et l’échange sur des sujets aussi intimes que son propre rapport à la culture et au monde, tout en faisant attention que chacun·e puisse s’exprimer, trouver sa place et prenne confiance en la validité de son point de vue implique d’instituer une véritable pratique démocratique. Cela peut engendrer des tensions et des débats. Ces dissensus, frottements fertiles dans l’élaboration du projet commun, représentent un moteur de progression collective.

Les personnes impliquées dans les différents projets de Destination 27 ont pour point commun leur fréquentation d’une même institution sociale. Ils et·elles sont migrant·e·s, victimes de violence domestique, personnes âgées ou en situation de handicap mental… Cette caractéristique partagée n’en fait évidemment pas des groupes homogènes. Une grande hétérogénéité dans les points de vue, les goûts esthétiques et les envies ressort lors des échanges. Les médiateurs ou médiatrices culturel·le·s sont aussi traversé·e·s par des préjugés dont ils·elles doivent être conscient·e·s, afin de ne pas présumer des intérêts ou difficultés des personnes avec qui ils·elles travaillent.

Ouverture à toutes les propositions culturelles

Le credo de l’association est de considérer chacun·e comme porteur·euse de sa propre culture, s’appuyant sur une notion large et anthropologique de la culture (Déclaration de Fribourg sur les droits culturels de 2007). Ainsi, si les médiateur·trice·s disposent de leur propre bagage culturel, qui influence leur jugement sur la qualité des œuvres, ils et elles s’efforcent d’entendre toutes les propositions sans imposer de hiérarchie.

À titre d’exemple, une comédie romantique hollywoodienne avait été proposée par des participant·e·s. Elle avait gagné les faveurs de la majorité, alors que l’équipe de l’association aurait plutôt porté son choix sur un film considéré comme plus « intéressant ». Toutefois, la comédie a ouvert un débat inattendu sur le féminisme.

Ces situations restent une source perpétuelle d’interrogations. Les œuvres artistiques peuvent-elles toutes être mises sur le même plan ? Pour les médiateurs et médiatrices, être prêt·e·s à considérer toutes les propositions est une démarche nécessaire ; les participant·e·s, elles et eux, sont encouragé·e·s à mener des expériences artistiques qui ne leur sont pas familières. Cette posture favorise la création de nouveaux liens entre politique, culture et espace public grâce au partage du sensible.

Dans une approche collaborative, il pourrait surgir un risque d’instrumentaliser les participant·e·s afin de parvenir à un résultat, en particulier lorsqu’il y a un objectif de rendu artistique, telle qu’une date de vernissage pour une exposition ou l’inclusion d’un projet de médiation dans une programmation. Il est important d’en être conscient·e·s et de garder les participant·e·s au centre des préoccupations. L’association travaille de manière horizontale, en se mettant au service des objectifs des participant·e·s et en évitant à tout prix une posture transmissive. Cela permet d’échapper au rôle de « missionnaires de la culture ».

Carmen Mörsch (2009) dit que « la médiation culturelle rend possible des espaces pour une pratique culturelle résistante, au-delà des enclaves élitaires artistiques et des stratégies populistes de l’élargissement des publics. Des espaces dans lesquels se négocient en permanence ce que sont l’art et la culture, et pour qui, et pour quoi on peut les utiliser. La médiation culturelle, comprise de cette manière, est capable de transformer tous ceux qui sont ses partenaires : les institutions, les médiateurs, le public concerné, et l’art et la culture eux-mêmes ». Pour les médiateurs et médiatrices de Destination 27, ces propos résonnent au quotidien dans leurs activités, menées avec la conviction que les démarches participatives ouvrent de nouvelles perspectives...

Destination 27 : considérer d'autres possibles

L’association Destination 27 est née de la conviction d’un groupe de médiatrices culturelles que la participation culturelle aide à considérer d’autres possibles et peut offrir à chacun·e la chance de trouver sa place, son identité et sa part de citoyenneté dans un échange collectif.

Les médiateurs et médiatrices actives au sein de Destination 27 viennent d’horizons professionnels diversifiés : iels amènent une expérience artistique, pédagogique ou encore de travail social et ont travaillé dans des institutions culturelles touchant plusieurs domaines artistiques, de la littérature aux arts visuels en passant par le théâtre… Iels se retrouvent dans un engagement social fort autour du 27ème article de la Convention universelle des Droits Humains qui dit que « toute personne a le droit de prendre part à la vie culturelle de la communauté ».

Lien vers le site de Destination 27

Bibliographie

  • Mörsch C. (2009). Comment le public arrive-t-il à l’art ? In Passages no 51, p. 16.
  • Saada, S. (2011). Et si on partageait la culture ? Essai sur la médiation culturelle et le potentiel du spectateur. Toulouse : Editions de l’Attribut. p. 85

 

[1] Destination 27 recherche un partenaire social pour mener le projet Art Truck dans la région lausannoise. Lien pour en savoir plus

[2] Lien vers vidéo présentant le projet

[3] Le Quai 9

 


Lire également :

Thierry Scherer, «La participation culturelle, un enjeu démocratique»REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 27 septembre 2021

Cet article appartient au dossier Chaudron de culture

Comment citer cet article ?

Morgane Ischer et Iris Meierhans, «Partager la culture, ouvrir le champ des possibles», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 9 décembre 2021, https://www.reiso.org/document/8316

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