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(Ré)agir face à l’homophobie et la transphobie

Lundi 27.06.2022
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© Sharon McCutcheon / Unsplash

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Comment ces discriminations se déploient-elles dans les lieux de formation et quelles sont leurs répercussions? Comment (ré)agir face aux violences et au silence? Dans le Canton de Vaud, un plan d’action vise à répondre à ces questions.

Par Caroline Dayer, Déléguée cantonale aux questions d'homophobie et de transphobie dans les lieux de formation, Etat de Vaud

Les enjeux relatifs à l’homophobie et la transphobie s’inscrivent dans la prévention et la réduction des violences et des discriminations. Il s’agit également de promotion du respect et de la santé, de l’égalité et de la diversité. En parallèle à cette dynamique globale et transversale, il est nécessaire de se pencher sur les obstacles éprouvés par les personnes concernées et les spécificités de leurs parcours, tout en soulignant que chacun d’entre eux est singulier. Qu’en est-il en matière de santé publique ?

Plus de facteurs de risque et moins de facteurs de protection

Les personnes lesbienne, gay, bisexuelle, trans*, intersexe, queer ou en questionnement (LGBTIQ) [1] subissent davantage de violences. Les jeunes rapportent d’ailleurs fréquemment se sentir « en sécurité nulle part » (Dayer, 2012, 2013), particulièrement lorsque les facteurs de protection habituels font défaut (principalement les sphères scolaire, familiale et amicale).

Les élèves dont l’orientation affective et sexuelle n’est pas exclusivement hétéro sont davantage la cible de harcèlement-intimidation que leurs camarades. Le risque se révèle 5 fois plus élevé au secondaire I (Lucia et al., 2017), alors qu’au secondaire II (Udrisard et al., 2022), il est 4,5 fois plus grand pour les garçons non hétéro. Les filles non hétéro encourent, elles, 4 fois plus de risque d’agressions sexuelles. Les jeunes trans* rapportent une plus mauvaise santé générale que leurs camarades (36% versus 12%), des troubles psychosomatiques récurrents (82% versus 60%) et des symptômes dépressifs plus fréquents (67% versus 39%) (ibid.).

Pesant comme des épées de Damoclès au-dessus de la tête des personnes concernées, ces violences provoquent un stress constant et engendrent des conséquences en termes d’absentéisme et de décrochage scolaire. Elles ont des répercussions sur les processus de socialisation et les parcours de formation, sur l’estime de soi et la santé (notamment des taux de tentatives de suicide plus élevés). Leur omniprésence et leur prégnance péjorent les conditions d’apprentissage de l’ensemble des élèves ainsi que le climat scolaire global de l’école.

Quand être soi ne va pas de soi

Un·e élève sur six ne s’identifie pas comme hétéro (ibid.). Cela représente 100 personnes dans une école de 600 et signifie que très peu d’entre elles osent être elles-mêmes. Afin d’éviter violences et rejet, la plupart d’entre elles sont contraintes à se cacher et à « vivre dans le placard », ce qui les empêche d’exister et de développer leurs compétences.

Les violences tuent. Le silence tue. Le tabou et l’invisibilisation de ces questions empêchent la formulation à soi (coming in) et à autrui (les coming out). Ils poussent à devoir se construire sans supports d’identification et contre les injonctions sociétales, voire contre soi-même (violences intériorisées).

Dans ce processus, deux questions — « A qui parler ? » et « A qui s’identifier ? » — perdurent, emblématiques d’une socialisation en négatif (Dayer, 2016), dans le vide et dans la dévalorisation. Ainsi, pour les enfants, les jeunes ou les adultes LGBTIQ, « être soi ne va pas de soi » (Dayer, 2020). Être soi ne va pas non plus de soi en raison de l’inégalité des droits [2].

Approche transdisciplinaire de la triade sexe-genre-sexualité

Il est à relever que l’homophobie et la transphobie ne touchent pas uniquement les personnes concernées. Plus du tiers des élèves se définissant comme hétéro sont en effet la cible d’homophobie (Chamberland et al, 2013). Le spectre des violences de genre ratisse large. Celles et ceux qui ne se plient pas aux stéréotypes de genre subissent ainsi régulièrement du dénigrement et des mises à l’écart, des moqueries et des injures, traversant les préaux comme les réseaux sociaux.

Ce n’est donc pas, en soi, le sexe, le genre ou l’orientation affective et sexuelle qui est problématique. Ce sont les discriminations sexistes, homophobes et transphobes qui sont structurelles et œuvrent comme des systèmes (sexisme, cissexisme, hétérosexisme), s’imbriquant à d’autres discriminations, telles que le racisme, le validisme, ou le classisme par exemple. Aborder ces enjeux à travers la triade sexe-genre-sexualité (Dayer, 2014/2017) en se fondant sur une approche transdisciplinaire contribue non seulement à distinguer et à relier les différentes violences et discriminations qui s’y rapportent, mais également à la mobiliser comme vecteur de réflexion et d’action qui concerne toute personne.

A chaud et à froid, en individuel et en collectif

Montrer son désaccord et signifier son soutien

Pour lutter contre ces violences, il s’agit d’articuler action à froid et réaction à chaud (Dayer, 2017). Intervenir à chaud, c’est montrer son désaccord, sur le moment, face à l’homophobie et à la transphobie, au même titre que face à tout type de violence. Une réaction immédiate envoie un message clair, celui de refuser l’impunité. Surtout, cette posture exprime son soutien à la personne ciblée et rappelle le cadre, notamment légal. Pour ce faire, la prévention en amont se montre déterminante, tout comme la prise en charge des situations problématiques en aval et leur suivi.

Une telle posture consiste à contrecarrer la banalisation et la légitimation des violences, à éviter de les reconduire et de les encourager. Le meilleur facteur de prévention (à froid) face à ces phénomènes étant la cohésion entre les adultes, il s’agit de renforcer la culture professionnelle et la communauté éducative.

Visibiliser, accueillir et accompagner

En parallèle, cette ligne commune demande donc à être développée dans les pratiques quotidiennes, à travers la déconstruction des stéréotypes et la visibilisation de la diversité, en passant des langages aux images, des consignes aux exemples et des interactions aux projets.

Exprimer la possibilité de parler de ces thématiques et accueillir la parole créent un environnement plus serein. Lorsque qu’une personne se confie, le fait de la remercier de s’exprimer conforte sa démarche. Une première question, « Comment te sens-tu ? », permet de saisir le degré d’urgence de la situation. Une seconde, « De quoi as-tu besoin ? », vise à ne pas penser à sa place, tout en se basant sur son autodéfinition et en faisant preuve de proactivité.

Ce type d’échange offre aussi la possibilité de parler des ressources internes (professionnel·le·s formé·e·s par exemple) et externes (partenaires institutionnels ou réseau associatif notamment) vers lesquelles se tourner. Il ne s’agit ainsi pas uniquement de prévenir et d’intervenir, mais également de promouvoir des messages positifs et de souligner les leviers identifiés par les personnes concernées, de passer de l’individuel au collectif.

Cadres institutionnels et politiques publiques

En regard des violences, du silence et du manque de reconnaissance, le Canton de Vaud [3] a développé un plan d’action de prévention et de traitement de l’homophobie et de la transphobie dans les lieux de formation [4]. Fondé sur l’actualité des recherches scientifiques, il repose également sur différentes bases juridiques cantonales (dont le Règlement d’application de la loi sur l’enseignement obligatoire [5]), nationales et internationales, et sur les besoins des écoles [6]. Ce dispositif vise aussi à protéger l’intégrité des élèves et des professionnel·le·s LGBTIQ ainsi que des familles arc-en-ciel [7].

En regard des demandes récurrentes et grandissantes du terrain, une des mesures du plan d’action concerne l’accompagnement des élèves trans et non binaires (se référer notamment à Pullen Sansfaçon & Medico, 2021). Une directive [8] a donc été présentée dans le but de répondre aux questions régulièrement posées, d’éviter les inégalités de traitement et d’harmoniser les pratiques au niveau cantonal.

Une telle politique publique vise à faire en sorte que chaque personne, du primaire à l’enseignement supérieur, puisse apprendre et travailler dans un environnement non discriminatoire et soutenant.

Bibliographie

  • Chamberland Line, Richard Gabrielle & Bernier Michaël. (2013). Les violences homophobes et leurs impacts sur la persévérance scolaire des adolescent·e·s au Québec. Recherches et Educations, 8, 99-114.
  • Dayer Caroline. (2012). En quoi les discriminations nuisent-elles à la santé ? Mise en perspective de l’homophobie. Bulletin des médecins de Suisse, 93(13), 1-3. (2013). De la cour à la classe. Les violences de la matrice hétérosexiste. Recherches et Educations, 8, 115-130. (2014/2017). Sous les pavés, le genre. Hacker le sexisme. La Tour d’Aigues : Editions de l’Aube. (2016). Socialisation en négatif : des situations de vulnérabilité aux conditions d’apprentissage. Tréma Revue internationale en sciences de l’éducation et didactique, 46, 51-61. (2017). Le pouvoir de l’injure. Guide de prévention des violences et des discriminations. La Tour d’Aigues : Editions de l’Aube.
  • Lucia Sonia, Stadelmann Sophie, Amiguet Michaël, Ribeaud Denis & Bize Raphaël. (2017). Enquêtes populationnelles sur la victimisation et la délinquance chez les jeunes dans les cantons de Vaud et Zurich. Les jeunes non exclusivement hétérosexuel·le·s : populations davantage exposées ? Lausanne : Institut universitaire de médecine sociale et préventive (Raisons de santé 279).
  • Pullen Sansfaçon Annie & Medico Denise. (Dir.) (2021). Jeunes trans et non binaires : de l’accompagnement à l’affirmation. Montréal : Editions du remue-ménage.
  • Udrisard Robin, Stadelmann Sophie & Bize Raphaël. (2022). Des chiffres vaudois sur la victimisation des jeunes LGBT. Lausanne : Unisanté – Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Raisons de santé 329).

[1] Ces lettres se sont regroupées pour avancer vers l’égalité des droits et parce que ces personnes sont davantage la cible de violences et de discriminations, de stigmatisation et de rejet. Il ne s’agit pas de groupes homogènes — entre les lettres ou au sein des lettres — mais d’une variété de parcours, d’expériences et d’autodéfinitions. Dans ce sens, queer renvoie non seulement à la remise en question des constructions binaires relatives au sexe, au genre et à la sexualité mais souligne aussi la diversité et la fluidité des orientations affectives et sexuelles ainsi que des identités et expressions de genre.

[2] Pour en savoir plus sur la situation juridique, voir Rainbow Europe 2022.

[3] Par le biais du Département de la formation, de la culture et de la jeunesse (DFJC).

[4] Ce plan a été présenté le 17 mai 2021, dans le cadre de la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.

[5] https://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/formation/sante_scolaire/fichiers_pdf/RLEO.pdf

[6] Ces besoins résultent d’entretiens de recherche réalisés avec une variété de professionnel·le·s de la scolarité obligatoire et postobligatoire. Des entretiens ont aussi été menés avec des élèves de l’école vaudoise.

[7] Familles dans lesquelles au moins un des parents se considère comme LGBTIQ.

[8]Cette directive a été présentée le 13 décembre 2021.

Cet article appartient au dossier Intimité(S)

Comment citer cet article ?

Caroline Dayer, «(Ré)agir face à l’homophobie et la transphobie», REISO, Revue d'information sociale, publié le 27 juin 2022, https://www.reiso.org/document/9213

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