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Campagne d’information contre le harcèlement

Jeudi 13.06.2024

Une nouvelle campagne d’information vise à sensibiliser les 14-18 ans aux multiples formes que peut prendre le harcèlement au travers de douze capsules vidéo.

campagne prevention harcelement 14 18 ans ciao action innocence reiso 400capture d'écran © actioninnocence.org

Donner aux jeunes le pouvoir d’agir et de faire face, ou, a contrario, de prendre conscience de la portée de leurs propres actes : tel est le but d’une nouvelle campagne de prévention contre le harcèlement lancée par Action innocence et CIAO. Reposant sur douze capsules vidéo, cette initiative ambitionne de donner des clés aux 14-18 ans pour identifier des situations de harcèlement et définir ce que ces dernières ont de spécifique et de punissable. Le message déployé est également de réaffirmer qu’elles sont inacceptables et qu’il est important pour une victime de ne pas rester seule et de demander de l’aide.

Ces capsules seront diffusées progressivement sur les sites et les différents réseaux sociaux des deux organismes. La campagne abordera quatre thématiques, à commencer par le harcèlement de rue. Suivront en octobre la question du harcèlement sexuel au travail puis, en novembre, celle du mobbing. Les dernières vidéos seront dédiées, en janvier 2025, au (cyber)harcèlement-intimidations entre élèves.

Pour chaque phénomène, deux vidéos courtes présentent des témoignages. Dans le cas du harcèlement de rue, les organismes EyesUp et Vogay ont participé à la rédaction des scripts. Chaque témoignage est accompagné par des explications et l’éclairage d’un·e expert·e. Une vidéo supplémentaire fait le point en cherchant à définir le phénomène et les différentes formes qu’il peut prendre, en se référant au cadre légal et en apportant des conseils.

Le harcèlement de rue : un phénomène trop répandu

Lancée en 2019 en Suisse romande, l’application de l’association EyesUp encourage les cibles et témoins d’actes de harcèlement sexuel de les notifier anonymement. Selon le dernier rapport biennal [1], près de 1’000 signalements ont été enregistrés entre juin 2020 et juin 2022 et, dans 95% des cas, des femmes en étaient victimes. Les actes les plus courants sont les regards déplacés et objectivants, les sifflements et les commentaires sur le physique, les insultes et les commentaires sexuels. Le rapport d’EyesUp établit que « Plus de 100 signalements concernaient le fait d’avoir été suivi·e, 83 relevaient d’attouchements et 54 de propositions sexuelles. Les agressions physiques (48), les menaces de violences (38), l’exhibitionnisme (28) et les menaces de viol (16), sont également signalées. »

Certains publics se trouvent davantage visés par ce phénomène : « Une charge mentale est subie par les femmes et les membres de la communauté LGBTIQ+ lorsqu’ils ou elles circulent dans l’espace public, c’est totalement anormal. Mais on est en train de lever un tabou en parlant ouvertement de cette problématique. Reste que le cadre légal doit être adapté », constate Géraldine Dubuis, membre du comité d’EyesUp.

« Outre les violences dans l’espace public, on sait que les jeunes LGBTIQ+ sont cinq fois plus victimes de harcèlement-intimidation entre élèves que les jeunes hétérosexuel·les [2]. La violence est aussi décomplexée sur les réseaux sociaux, avec un impact direct sur la santé, notamment une augmentation de l’anxiété », précise Sara Blaser, co-secrétaire générale de Vogay. En 2023, selon les associations faîtières, 305 cas d’agressions haineuses ont été signalés à LGBTIQ-Helpline, soit deux fois plus qu’en 2022 [3].

Du (cyber)harcèlement au harcèlement de rue

Depuis 25 ans, Action Innocence est reconnue pour son engagement dans des thématiques liées au numérique. Toutefois, il est primordial d’inscrire le (cyber)harcèlement dans un contexte plus large. En effet, les pratiques numériques ne peuvent pas être traitées de manière isolée car elles sont une extension des interactions sociales et des expériences vécues dans le monde physique. La Fondation y répond en traitant le harcèlement de manière holistique. « Nos échanges avec les jeunes ont confirmé qu’ils/elles doivent faire face à de multiples formes de harcèlement, dans leur vie quotidienne et au travers de leurs pratiques numériques. Parce que notre organisme investit le terrain et s’ancre dans la réalité des jeunes, nous les soutenons là où elles et ils en ont besoin », précise Tiziana Bellucci, Directrice générale d’Action Innocence.

L’Association romande CIAO, responsable du site ciao.ch, observe que beaucoup de situations de harcèlement ne sont pas considérées comme telles et sont même banalisées. Comme le relève Laura Krenzi, responsable de projet, « il est important de sensibiliser les jeunes et leur montrer que même une situation qui pourrait paraître anecdotique peut contribuer à amener un sentiment d’insécurité pour la personne qui le vit ».

(Source : communiqué de presse)

Découvrir les vidéos

[1] Association EyesUp, Rapport biennal 2020-2022

[2] Lucia S, Stadelmann S, Amiguet M, Ribeaud D, Bize R. Enquêtes populationnelles sur la victimisation et la délinquance chez les jeunes dans les cantons de Vaud et Zurich. Les jeunes non exclusivement hétérosexuel-le-s : populations davantage exposées ? Lausanne, Institut universitaire de médecine sociale et préventive, 2017 (Raisons de santé 279).

[3] Rapport sur les crimes de haine anti-LGBTIQ en Suisse (17 mai 2024).

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