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«Le social constitue un élément important de la santé»

Vendredi 24.10.2025

La prise de conscience du lien entre atteintes à la santé et problématiques sociales gagne en importance. L’association professionnelle SAGES donne des impulsions dans le champ du travail social en lien avec la santé. Interview[1].

(Sozialinfo, Martin Heiniger) Ces dernières années, les questions de santé ont fait l’objet d’une attention accrue dans le domaine du travail social. SAGES[2] a-t-elle conféré de la visibilité à une thématique qui n’existait pas auparavant ?

friedli tom reiso 2025 170Tom Friedli © SAGES(Tom Friedli[3], SAGES) La création de SAGES a assurément changé la donne. À l’époque, au sein de l’Association suisse des services sociaux dans les hôpitaux, nous avions déjà quelques institutions membres qui travaillaient hors des hôpitaux, comme la Ligue contre le cancer. Nous savions depuis longtemps que, pour vraiment obtenir des résultats, il était nécessaire d’élargir la conception étroite du travail social dans le secteur hospitalier. De nombreuses travailleuses et travailleurs sociaux dans d’autres champs étaient confronté·es à des questions similaires, mais n’étaient pas représenté·es au sein de l’association. C’est pourquoi nous avons fondé SAGES, d’abord sous le nom de « Association suisse pour le travail social dans le domaine de la santé » puis, il y a environ deux ans, nous avons élargi notre sphère d’action au « travail social en lien avec la santé ».

La création de SAGES a permis au travail social dans le champ de la santé mais aussi en lien avec la santé d’être mieux entendus sur le plan politique. Nous pouvons donner des impulsions à de nouveaux projets et coopérer avec des organisations telles que Santé publique Suisse ou l’Alliance pour la santé en Suisse. En outre, nous avons deux fois par an un échange avec l’OFSP, et sommes en contact avec différents conseillers et conseillères nationales.

Le conseil social peut contribuer à pallier la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le corps médical.

straubhaar therese reiso 2025 170Therese Straubhaar © SAGES(Therese Straubhaar[4], SAGES) Aujourd’hui, davantage de travailleuses et travailleurs sociaux peuvent s’identifier à l’association professionnelle SAGES, non seulement les services sociaux hospitaliers, mais aussi les ligues de santé, les prestataires ambulatoires en général, ainsi que des organisations dans des domaines tels que la réadaptation, les dépendances ou la psychiatrie. Nous sommes aussi impliqué·es lorsqu’il s’agit, par exemple, d’optimiser les soins médicaux de proximité. Il y a également une meilleure prise de conscience que le conseil social peut contribuer à pallier la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le corps médical.

Le Trendmonitor de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) a montré que de plus en plus de client·es du travail social ont des problèmes psychiques. Peut-on dire que la santé est de plus en plus reconnue comme un thème transversal dans le travail social ?

(Tom Friedli) Au niveau politique, seulement en partie. Avec leurs logiques de financement différentes et leur répartition entre plusieurs directions dans les cantons, la division entre les services sociaux et les services de santé reste un obstacle majeur à la mise en place de soins intégrés. Il serait possible de penser autrement, comme le montrent les pays scandinaves où les soins intégrés ont une importance différente et où la distinction entre les services sociaux et les services de santé ne joue pas un rôle majeur. Je ne sais pas si c’est mieux dans tous les cas, mais cela faciliterait les choses aux interfaces qui nous concernent.

Au niveau du terrain, la situation est différente. Le secteur de la santé est aujourd’hui plus conscient du fait que de nombreuses patientes et patients sont également touché·es par des problèmes sociaux. De même, le secteur social reconnaît actuellement davantage que la santé constitue un facteur essentiel pour mener une vie épanouie. L’une des nouvelles approches importantes en matière de travail social, la théorie de l’intégration et de la conduite de sa vie, développée au cours des dernières décennies, chez nous à la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW), trouve son origine dans la psychiatrie et le secteur de la santé.

Les questions de santé restent sous-représentées dans la formation initiale et continue en travail social

(Therese Straubhaar) Il existe désormais davantage de recherches sur le lien entre santé et pauvreté, menées par exemple par des acteurs tels que la CSIAS ou les hautes écoles spécialisées. Hors du domaine social également, on prend de plus en plus conscience que la prévention et le dépistage précoce des maladies doivent tenir compte des aspects sociaux. Le dernier rapport de l’Observatoire suisse de la santé, qui accorde une place importante aux facteurs sociaux influençant la santé, en est un exemple. En revanche, les questions de santé restent sous-représentées dans la formation initiale et continue en travail social. En tant que chargée de cours dans un programme de bachelor, je constate que les liens entre cancer et travail social, par exemple, sont encore moins établis chez nous qu’en Allemagne.

Cette nouvelle perspective nécessite-t-elle une évolution de la conception de l’être humain ?

(Therese Straubhaar) Oui, du côté des professions et des disciplines qui s’occupent de l’aspect biopsychique de l’être humain, on observe une ouverture vers la compréhension du fait que le social constitue un élément important de la santé et de la maladie. Mais la conception du travail social a également évolué au cours des dix dernières années. Lorsque j’ai terminé mon mémoire de master, il y a sept ans, des termes tels que « diagnostic social » étaient considérés comme stigmatisants, trop axés sur la médecine et orientés vers les déficits. Aujourd’hui, je constate que mon entourage utilise ce terme de manière plus détendue, et là où j’enseigne il fait désormais partie du vocabulaire de base.

Y a-t-il un élément déclencheur identifiable à cette évolution ?

(Therese Straubhaar) Les hautes écoles spécialisées ont assurément apporté une contribution importante en organisant des rencontres consacrées au travail social clinique, donnant ainsi de la pertinence à ce thème.

(Tom Friedli) Le réseau international qui s’est constitué ces dernières années a également une grande importance. Nous sommes en contact avec des associations en Allemagne et en Autriche, avec des hautes écoles, ou encore avec le Centre européen pour le travail social clinique (ECCSW). Nous sommes présent·es dans divers groupes de travail et désormais coéditeurs de la revue germanophone Klinische Sozialarbeit. La conception fonctionnelle de la santé et de la maladie, qui s’est imposée au cours des vingt à trente dernières années, a probablement aussi contribué à faire reconnaître les liens entre la santé et le travail social.

La seconde partie de l’interview sera publiée la semaine prochaine.

(Propos recueillis par Martin Heiniger, SozialInfo)

Le 12 novembre à Olten, SAGES organise un congrès national bilingue consacré au thème « Travail social en lien avec la santé : des méthodologies au service de pratiques innovantes ». Les inscriptions ouvertes jusqu’au 4 novembre. Les abonné·es à REISO bénéficient du tarif spécial « membres des partenaires de coopération ».

[1] Cette interview a initialement été publiée le 16 octobre 2025, en allemand, sous le titre « Gesundheitsbezogene Soziale Arbeit gewinnt an Bedeutung » par SozialInfo avec qui REISO initie un partenariat rédactionnel. Traduction française : Deepl Pro. Révision de la traduction et édition : N. Berger.

[2] SAGES a été fondée en 2017 et compte plus de 150 organisations membres.

[3] Professeur en travail social clinique à la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse FHNW ; cofondateur et coprésident bénévole de SAGES

[4] Assistante sociale à la Ligue suisse contre le cancer ; chargée de cours externe à la FHNW ; coprésidente bénévole de SAGES

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