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Faisant suite à une résolution sur ce thème, l’OMS publie une analyse des enjeux sanitaires, économiques et communautaires de l’isolement et propose des mesures pour favoriser le lien social dans une optique de santé publique.
© OMSLa Commission de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur le lien social a publié fin juin un rapport mondial qui révèle que la solitude touche une personne sur six dans le monde et a des répercussions considérables sur la santé et le bien-être. On estime que la solitude est à l’origine d’environ cent décès par heure, soit plus de 870’000 par an. La publication indique que des liens sociaux solides peuvent contribuer à un meilleur état de santé et à une plus grande longévité.
L’OMS définit le lien social comme se rapportant à la manière dont les personnes entrent en relation et interagissent les unes avec les autres. La solitude est décrite comme le sentiment douloureux qui résulte d’un écart entre les liens sociaux souhaités et réels, tandis que l’isolement social fait référence à l’absence objective de liens sociaux suffisants.
« À une époque où les possibilités de connexion sont infinies, de plus en plus de personnes se retrouvent isolées et seules », déclare le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Il insiste également sur les conséquences variées du phénomène : « Outre le lourd tribut que la solitude et l’isolement social infligent aux individus, aux familles et aux communautés, ces phénomènes, s’ils ne sont pas combattus, continueront de coûter des milliards de dollars à la société en termes de soins de santé, d’éducation et d’emploi. »
La solitude touche les personnes de tous âges, en particulier les jeunes et les personnes vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Entre 17% et 21% des personnes âgées de 13 à 29 ans déclarent se sentir seules, la proportion la plus élevée étant observée chez les adolescents et les adolescentes. Environ 24% des personnes vivant dans des pays à faible revenu indiquent qu’elles se sentent seules, soit deux fois plus que dans les pays à revenu élevé (environ 11%).
« Même dans un monde numériquement connecté, de nombreux jeunes se sentent seul·es. Alors que la technologie est en train de remodeler nos vies, nous devons veiller à ce qu’elle renforce les liens humains, plutôt que de les affaiblir. Notre rapport montre qu’il est indispensable d’intégrer le lien social dans toutes les politiques, que ce soit dans le domaine de l’accès au numérique, de la santé, de l’éducation ou de l’emploi », déclare Chido Mpemba, coprésidente de la Commission de l’OMS sur le lien social et conseillère auprès du président de l’Union africaine.
Bien que les données sur l’isolement social soient plus limitées, on estime que ce phénomène touche près d’une personne âgée sur trois et un·e adolescent·e sur quatre. Les personnes appartenant à certains groupes, comme les personnes handicapées, réfugiées ou les migrantes, les membres de la communauté LGBTQ+, les groupes autochtones ou les minorités ethniques, peuvent être victimes de discrimination ou se heurter à des obstacles supplémentaires qui entravent l’établissement de liens sociaux.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la solitude et à l’isolement social, dont une mauvaise santé, un faible niveau de revenu ou d’éducation, le fait de vivre seul·e, l’inadéquation des infrastructures communautaires et des politiques publiques ou encore les technologies numériques. Le rapport souligne la nécessité d’être attentif aux conséquences que peuvent avoir sur la santé mentale et le bien-être des jeunes un temps d’écran excessif ou des interactions négatives en ligne.
Le lien social peut avoir un effet protecteur sur la santé tout au long de la vie. Il peut atténuer les phénomènes inflammatoires, réduire le risque de problèmes de santé graves, améliorer la santé mentale et prévenir les décès prématurés. Il renforce également le tissu social, contribuant ainsi à rendre les communautés plus saines, plus sûres et plus prospères.
À l’inverse, la solitude et l’isolement social augmentent le risque d’accident vasculaire cérébral, de maladie cardiaque, de diabète, de déclin cognitif et de décès prématuré. Ils ont également une incidence sur la santé mentale, les personnes qui se sentent seules étant deux fois plus susceptibles de souffrir de dépression. La solitude peut également favoriser la survenue d’une anxiété et de pensées d’automutilation ou de suicide.
Ces effets s’étendent aux domaines de l’éducation et de l’emploi. Chez les adolescent·es qui se sentent seul·es, la probabilité d’obtenir des notes ou un niveau de qualification insuffisants est supérieure de 22%. Les adultes qui se sentent seul·es peuvent avoir plus de difficulté à trouver ou à conserver un emploi et risquent d’avoir des revenus plus faibles au fil du temps.
Au niveau communautaire, la solitude mine la cohésion sociale et coûte des milliards de dollars en perte de productivité et en soins de santé. Les communautés caractérisées par des liens sociaux forts ont tendance à être plus sûres, plus saines et plus résilientes, y compris face aux catastrophes.
Le rapport publié par la Commission de l’OMS sur le lien social propose une feuille de route pour une action mondiale axée sur cinq domaines clés : la politique, la recherche, les interventions, l’amélioration des méthodes de mesure (y compris l’élaboration d’un indice mondial du lien social) et la mobilisation du public, afin de faire évoluer les normes sociales et de stimuler un mouvement mondial en faveur du lien social.
Il existe des solutions à différents niveaux — national, communautaire et individuel — pour combattre la solitude et l’isolement social. Ces actions peuvent aller de la sensibilisation à la modification des politiques nationales en passant par le renforcement des infrastructures sociales (parcs, bibliothèques, cafés) et la prestation de soins psychologiques.
La plupart des personnes savent ce que c’est que de se sentir seul, et chacun·e peut contribuer à combattre ce problème par des gestes simples du quotidien : tendre la main à un·e ami·e dans le besoin, ranger son téléphone pour être pleinement présent lors d’une conversation, saluer un·e voisin·e, rejoindre un groupe local ou faire du bénévolat. En cas de difficulté plus grave, il est important de se renseigner sur le soutien et les services disponibles pour les personnes qui se sentent seules.
Contexte et ressources
Le lancement du rapport fait suite à la toute première résolution sur le lien social, adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2025, dans laquelle les États membres sont instamment invités à élaborer et à mettre en œuvre des politiques, des programmes et des stratégies fondés sur des données probantes à des fins de sensibilisation et en vue de favoriser un lien social positif pour la santé mentale et physique.
Lors de l’Assemblée mondiale de la Santé, l’OMS a également annoncé une nouvelle campagne intitulée « Knot Alone » visant à promouvoir le lien social pour améliorer la santé. Elle est visible sur les réseaux sociaux de l’OMS.
Dans ce même esprit, l’organisation a également lancé sur sa chaîne YouTube la « Social Connection Series », qui explore l’expérience vécue de la solitude et de l’isolement social.
(Source : communiqué de presse)
Consulter le résumé en français (langage clair, 10 pages, pdf) ou le rapport complet en anglais (236 pages, pdf)
REISO vous souhaite un bel été. Et si vous profitiez de ces journées pour lire (ou relire) les articles du dossier annuel «Solidarité et liens sociaux»?