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Publication / Heurs et malheurs de l’apprentissage en Suisse

Lundi 06.06.2016

Heurs et malheurs de l’apprentissage en Suisse

Nadia Lamamra et Gilles Moreau, Paris : Revue trimestrielle Formation Emploi, Revue française de sciences sociales, No 133, 2016, 250 pages.

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L’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP) s’est associé au Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) pour le dernier numéro de la revue française Formation Emploi. Le dossier porte sur la formation professionnelle suisse et plus particulièrement sur la formation initiale et ses défis.

Le modèle de la formation professionnelle suisse, fréquemment associé à la rhétorique du « miracle suisse », ne cesse de gagner en légitimité hors de ses frontières. Y est associé un faible taux de chômage des jeunes, une insertion professionnelle rapide et une bonne adéquation entre système de formation et système d’emplois. Au-delà de ces représentations, les recherches de terrain présentées dans ce numéro, tant romandes qu’alémaniques, visent à interroger le système à divers niveaux.

Deux tiers des jeunes s’engagent dans la formation professionnelle au sortir de l’école obligatoire et parmi elles et eux, près de 80% optent pour le système dit dual, qui alterne formation théorique en école professionnelle et formation pratique en entreprise. Les articles du présent numéro interrogent ce qui se cache derrière ces chiffres. Il ressort que les frontières sociales restent marquées en Suisse, les jeunes issus des classes supérieures se concentrant dans les filières académiques et étant sous-représentés dans le système dual et les écoles professionnelles à « temps plein ».

Les auteurs questionnent également l’une des particularités du système dual, à savoir le lien entre formation et marché du travail, qui laisse supposer une forte adéquation entre formation et emploi. Deux aspects sont mis en évidence : d’une part, les déséquilibres entre offres et demandes de formation (qualitatifs et/ou quantitatifs), et d’autre part, le fonctionnement du « marché » des places d’apprentissage reproduisant les logiques du marché du travail en termes de ségrégations, d’inégalités et de discriminations.

Les travaux proposent enfin une image nuancée de l’implication des entreprises dans le système. En effet, seule une entreprise sur trois forme des apprentis et il s’agit principalement de PME, avec une prédominance de micro et petites entreprises. Pour autant, certaines innovations, tels les « réseaux d’entreprises formatrices », permettent aux petites structures de partager les charges de recrutement, l’administration et le suivi des apprentis tout au long de leur formation professionnelle.

Vanté pour sa préparation adaptée au marché du travail, le système dual suisse est confronté aujourd’hui à de nouveaux défis. Les travaux portant sur le passage de la formation professionnelle à l’emploi révèlent d’importantes disparités. Selon le niveau de formation et le type de filière suivie – en système dual ou en école – les chances d’obtenir un emploi et de s’y maintenir varient.

Nadia Lamamra : sociologue, Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle, EHB IFFP IUFFP, Lausanne

Gilles Moreau : sociologue, Groupe de recherches et d’études sociologiques du Centre Ouest, GRESCO, Université de Poitiers

 

Formation emploi, Revue française de sciences sociales

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