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Qui veut mon rein? Enquête sur les donneurs altruistes

Mercredi 04.05.2022

Donner son rein à un·e inconnu·e, juste pour la beauté du geste ? Ils et elles sont une poignée, en Suisse romande, à se porter volontraire chaque année, pour cette pratique interdite dans d'autres pays.

Recension par Jean Martin

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Francesca Sacco est une journaliste suisse qui suit les questions de santé et médecine. Dans Qui veut mon rein, elle se penche sur le sujet des donneurs altruistes, à savoir celles et ceux qui sont prêts à donner un rein à n'importe quel·le receveur·se compatible, à la première personne qui en a besoin, de manière non dirigée. Par solidarité humaine, pour lutter contre le manque d'organes, ou « pour avoir une fois fait quelque chose de bien dans sa vie ».

L’autrice détaille la situation de plusieurs pays, avec des indications chiffrées. Le don altruiste est rare en Suisse, un ou deux par an. Il est interdit en Allemagne, ainsi qu'en France, un pays qui montre des positions restrictives liées à la non-patrimonialité du corps humain, dont des éléments ne sauraient être partie à des relations de type contractuel.

Le fait que le don altruiste n’inclue aucun échange d'argent est une raison de réserve, notamment par crainte de paiements cachés. Certain·e·s considèrent d’autre part que ces donneur·se·s, prêt·e·s à un geste « autosacrificiel », pourraient être perturbé·e·s... Tout au long de l'ouvrage, les enjeux éthiques particuliers de ce don sont discutés, y compris avec un psychiatre.

Regard sur les dons croisés

Pour améliorer la qualité du matching entre donneur·se et receveur·se, les dons croisés de reins se sont beaucoup développés : au départ, entre deux paires de personnes qui ont des liens parentaux ou affectifs forts, mais où c'est le donneur de la paire A qui correspond le mieux au receveur de la paire B. Ce modèle a été élargi en mettant ensemble de multiples paires et donneur·se·s altruistes, d'abord aux Etats-Unis, puis ailleurs. Fransesca Sacco décrit l'association israélienne Matnat Chaim dont elle a interviewé plusieurs membres.

L’auteure a suivi un compatriote suisse, Albert, candidat au don altruiste depuis 2013 et qui a eu périodiquement des examens de contrôle y relatifs. Les étapes de sa trajectoire sont décrites au cours de plusieurs entretiens et les dernières lignes du livre sont un échange avec lui au lendemain du prélèvement de son rein, en 2021 : « Le chirurgien est venu me trouver. L'équipe de transplantation est enchantée, le rein était parfait, la greffe a bien pris. Nous avons tous gagné. »

Des récits de donneur·se·s altruistes d'autres pays sont présentés, avec leurs circonstances et motivations, et on trouve un chapitre « Portrait-robot du donneur altruiste ».

Cet ouvrage est plein d'informations, agréable à lire, et tout à fait intéressant pour qui suit les évolutions médicales et socio-éthiques.

 

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