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Fiction, addictions, prévention ?

Lundi 30.05.2022

En avril, l’émission Tribu, sur RTS La Première, s’est penchée sur l’impact de la représentation des drogues, entre glamour et violence, dans les séries et autres films.

euphoria dependance tribu 400Capture d'écran / Euphoria

Le beau Dr House en prise à une consommation excessive d’anti-douleurs, le sulfureux Loup de Wall Street dont les narines sont constamment blanches et les personnages de Mad Men qui engloutissent verres de whisky sur verres de whisky dès le matin : voilà quelques exemples de fiction, parmi bien d’autres, où les substances addictives sont montrées, parfois même vantées, sans détour.

Ces représentations sont-elles problématiques ? Peuvent-elles induire les spectateur·trice·s à banaliser la consommation des drogues ? Il y a quelques semaines, l’émission Tribu de RTS La Première a posé la question à Jean-Félix Savary, secrétaire général du Groupement romand dʹétude des Addictions (GREA). Le spécialiste constate que les séries et autres films montrent de plus en plus la complexité des situations de dépendance auxquelles les personnages sont confrontés. Il trouve cela réjouissant et précise que moins on parle de ces thématiques, plus les problèmes se développent.

Un milieu violent et rebutant

Lorsque le journaliste questionne à propos de la série Euphoria, mettant en scène des lycéen·ne·s très glamour en prise avec des addictions, Jean-Félix Savary rassure : « Elle montre aussi la violence du marché de la drogue, les difficultés inhérentes à la consommation. En finalité, cela ne donne pas trop envie. »

L’émission aborde également la manière dont l’alcool est montré dans les films, parfois avec une minimisation de l’impact d’une forte consommation via des scènes où les verres se vident sans porter à conséquence sur l’état du·de la consommateur·trice. Même si ces représentations faussent la donne, elles contribuent à ouvrir le dialogue, voire de faire de la prévention. Jean-Félix Savary y croit. Par le biais d’une fiction, la famille peut être amenée à discuter de ces thèmes, qui ne sont pas forcément abordés de prime abord.

Le secrétaire général du GREA insiste sur le fait qu’une addiction n’est pas à confondre avec une consommation ponctuelle, même excessive, d’une substance : « L’addiction s’installe dans le temps, vous allez remplacer les relations sociales par des produits. Les drogues peuvent ainsi combler un manque chez certaines personnes. A court terme, cela peut apparaître comme une solution, mais pas à long terme. »

Bien qu’elles soient, elles aussi, à consommer avec modération pour éviter de devenir dépendant·e aux écrans, les fictions peuvent aider à montrer la complexité et — paradoxalement — la dure réalité des personnes aux prises avec une dépendance.

(Yseult Théraulaz)

Ecouter l’émission« L’addiction dans les fictions »

 

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