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Ils se mobilisent pour l’avenir et la qualité de vie de leurs descendants. L’association « Grands-parents pour le climat » de Suisse romande, site internet, a été créée en 2014. L’impulsion est venue des rédacteurs de La Revue Durable, magazine basé à Fribourg. Le dérèglement climatique ne les touchera guère personnellement, ils ne seront plus là quand les plus désastreuses conséquences en seront concrétisées. Mais, porteurs d’une responsabilité intergénérationnelle, ils veulent que le monde de demain soit encore « vivable ». L’association a des homologues en France, Belgique, Norvège, Grande-Bretagne, au Canada et aux USA. Elle rappelle l’excellente formule (attribuée à une variété d’auteurs) :
Nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants.
Tiré de leur texte fondateur : « L’âge nous donne des droits, des places assises, des rabais, parfois même du respect. Face à l’urgence climatique, nous nous reconnaissons aussi des devoirs. Avec l’énergie [qu’ont encore de nombreux retraités], nous nous engageons en nous appuyant sur l’autorité scientifique des rapports du GIEC ». Lucidement, ils accordent un grand crédit aux rapports de ce Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat, dont les conclusions ne sont plus contestées que par quelques aveugles ou sourds.
L’association compte aujourd’hui quelque 400 membres. Elle comporte des groupes régionaux qui développent des actions locales, en plus des initiatives du comité romand. Des contacts sont établis avec des personnes et groupes ayant les mêmes préoccupations en Suisse alémanique.
La dernière assemblée générale, le 6 septembre 2017 à Delémont, à laquelle participaient une quarantaine de personnes, a donné une forte impression d’engagement, dans un esprit d’équipe, pour sensibiliser, faire bouger les lignes et produire des actions concrètes s’agissant du dérèglement climatique. L’association, entre autres choses, interpelle les autorités civiles, communales, cantonales, voire fédérales.
Une activité pour laquelle beaucoup d’efforts ont été consentis depuis des mois est la mise sur pied d’une conférence-type, de quelque 40 minutes, destinée à être présentée à des groupes de seniors et jeunes retraités appartenant à la classe d’âge des grands-parents, mais aussi bien entendu devant des audiences intéressées de toutes les autres classes d’âge.
Une intention forte des Grands-parents pour le climat est de développer des activités intergénérationnelles, conjuguant les contributions des enfants, des jeunes et des anciens. Quelques initiatives comme des rencontres et des pique-niques ont déjà été organisées. Il a été relevé cependant que cette « mixité » générationnelle n’est pas toujours aisée à obtenir. Même si un participant a assuré : « Depuis que je participe aux Grands-parents pour le climat, je ne suis plus le même avec mes petits-enfants !» Une idée à creuser consiste à approcher des organisations qui proposent aux parents des « anniversaires clés en main » pour les enfants, afin de les inciter à inclure un volet énergies renouvelables et climat dans leurs évènements.
Une réalisation originale à été présentée, qu’il faudrait multiplier : le Cyclotrain. Il s’agit de construire avec des matériaux de récupération une sorte de vélo sur lequel sont fixés un train miniature, des ampoules et d’autres agencements qu’on fait fonctionner en pédalant.
A été évoquée l’action des Aînées pour la protection du climat, qui ont lancé une action juridique, envoyée au Département de Doris Leuthardt, mettant en demeure le gouvernement de faire plus en matière de protection du climat, au motif que les femmes de plus de 70 ans souffrent de manière disproportionnée des effets nuisibles des pollutions et du réchauffement. Une délégation d’entre elles est allée présenter leurs buts et demandes devant les portes du World Economic Forum, à Davos en janvier 2017. Les Aînées elles aussi collaborent avec des initiatives semblables dans plusieurs pays d’Europe, entre autres pour annuler la décision de la Norvège d’autoriser des forages pétroliers dans l’Arctique.
Des contacts étroits sont entretenus avec l’Alliance climatique, qui regroupe au niveau suisse plus de septante organisations. Un de ses buts est d’appeler les banques, les caisses de pension, les autorités civiles et le public en général à désinvestir le secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). L’Alliance a fait circuler sur les places de plusieurs grandes villes de Suisse un nuage gonflable, noir et monumental, qui donnait l’occasion d’engager la discussion avec les passants et, au Directeur de l’Alliance Christian Lüthi, d’expliquer les progrès des actions entreprises. A titre personnel, les membres des Grands-parents pour le climat s’engagent vis-à-vis de leurs propres caisses de pension et agences bancaires pour promouvoir des placements climato-compatibles.
La réunion de septembre a été assortie d’un Forum sur la Stratégie énergétique de la Commune de Delémont, d’où découle un plan avec 19 démarches sectorielles. Mme Murielle Macchi-Berdat, membre du Conseil communal (exécutif), chargée du dicastère « Energie et eau » et députée, et M. Michel Hirtzlin, chef des Services industriels de la ville ont donné une impressionnante démonstration de ce que peut réaliser une collectivité locale, de 13’000 habitants dans le cas particulier, si la volonté politique et l’engagement des édiles sont là : une action à la fois dynamique et exemplaire.
Plusieurs démarches vont se concrétiser : ancrer le mouvement dans d’autres régions de Suisse romande, en particulier à l’aide de la conférence-type, et proposer sur le site un répertoire des évènements, activités, réunions en rapport avec le climat, l’environnement, le développement durable.
Dans l’actualité, les Grands-parents pour le climat ont participé le 9 septembre à la marche « Halte aux forages » à Noville. On se souvient que cette marche avait d’abord été bloquée, l’an dernier, par le syndic de la commune, décision que Tribunal cantonal avait ensuite invalidée. Ils seront présents au Festival Alternatiba, à Genève, le 16 septembre 2017, avec le Cyclotrain et la présentation inaugurale de leur conférence. En novembre 2017, une délégation se rendra en Belgique pour une rencontre internationale de Grands-parents.
L’association est aussi en contact étroit avec les responsables de La Revue Durable qui ont créé « Les Artisans de la Transition », organisation dont un objectif principal est de promouvoir les énergies renouvelable et développer la création et l’installation, sur le terrain, de structures appropriées.
Jean Martin