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Guérir grâce aux psychédéliques

Mercredi 28.06.2023

Dépression ou addictions peuvent se soigner avec du LSD ou d’autres drogues. Le corps médical s’y intéresse depuis maintenant plusieurs années.

therapie assistee psychedeliques lsd mdma psylocibine reiso 400© aitoff / PixabayCertaines drogues psychédéliques peuvent-elles soigner ? C’est le constat que le corps médical fait du LSD, du MDMA (principe actif de l’ecstasy) et de la psylocibine (présente dans certains champignons hallucinogènes), entre autres. Ces substances peuvent jouer un rôle important vers la guérison des dépressions pour lesquelles les traitements classiques n’ont pas été efficaces. On parle alors de psychothérapie assistée par psychédéliques. Interviewé dans l’émission de la RTS Temps présent [1] du 6 avril dernier, le professeur Daniele Zullino, chef du service d’addictologie aux Hôpitaux universitaires de Genève explique que des études internationales ont été menée et que : « On a les meilleures données pour le traitement des dépressions résistantes, de certains troubles anxieux (…) et des addictions. »

Comment ça marche ? Pour simplifier, le « trip » psychédélique proposé sous supervision médicale [2] permet au patient ou à la patiente de sortir de ses ruminations négatives habituelles. Cela opère une sorte de redémarrage du cerveau. « On sait que ces substances-là augmentent la capacité du cerveau à changer de structure et de fonctionnement », poursuit le médecin dans l’émission.

Dans son numéro d’avril [3], le Bulletin des médecins suisses confirme l’intérêt du corps médical pour ces psychédéliques. On peut y lire ceci : « La psilocybine, le DMT (le principe actif de l’ayahuasca), la kétamine, l’ibogaïne et la mescaline font l’objet d’un nombre croissant d’études pour le traitement de troubles psychiques tels que la dépression, le stress post-traumatique ou encore l’abus de substances. Une soixantaine d’essais cliniques sont en cours autour du monde pour la psilocybine (…), une trentaine pour la MDMA et une dizaine pour le LSD. »

En ce qui concerne le LSD, une étude menée par l’Université de Bâle a déjà démontré que deux doses, moyennes à fortes, administrées à des patient·e·s ont contribué à atténuer les symptômes de dépressions moyennes à sévères.

La Suisse est en avance sur les autres pays. Depuis 2014, l’Office fédéral de la santé publique délivre des autorisations exceptionnelles pour l’usage de ces substances dans le cadre de traitements médicaux.

Pour rappel, le LSD a été découvert par hasard par le chimiste Albert Hofmann en 1943. A l’époque, cette substance semblait déjà prometteuse mais son trop grand succès en tant que drogue récréative l’a totalement discréditée aux yeux de la recherche, jusqu’à en interdire l’usage.

(Yseult Théraulaz)

[1] « Dépression, addiction, guérir grâce aux hallucinogènes », Émission Temps présent, 2023, 48 minutes

[2] Relaté par l’émission Haute fréquence (RTS La Première, 19 juin 2023), le témoignage d’un homme suisse-romand met en garde contre les risques d’absorption d’ayahuasca sans supervision médicale. Écouter l’émission

[3] Daniel Saraga, « Ces drogues qui guérissent ». Bull Med Suisses. 2023;104(1415):10-13