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Publication / Les erreurs de médication vues par les médias australiens

Jeudi 16.02.2012

Analyse du compte rendu des erreurs de médication dans les médias australiens

Hinchcliff R, Westbrook J, Greenfield D, Baysari M, Moldovan M, Braithwaite J : Analysis of Australian newspaper coverage of medication errors, International Journal for Quality in Health Care 2012, Vol. 24, 1-8

Chaque mois, la Fondation pour la sécurité des patients présente une étude scientifique récente consacrée à la sécurité des patients en donnant un aperçu de ses principaux résultats. Celui de février 2012 est consacré au traitement réservé aux erreurs de médication par les grands journaux australiens. Un traitement très différent de celui réservé aux erreurs chirurgicales… Et en Suisse ?

Le traitement par les médias de thèmes relatifs à la sécurité des patients est de nature à influer fortement sur le débat politique et sociétal et à modifier la perception de la population à cet égard. Il est de ce fait susceptible d’éveiller la compréhension des fournisseurs de prestations et des responsables de la politique sanitaire pour les préoccupations du public et d’exercer une pression sur eux pour qu’ils fassent passer au premier plan les questions de sécurité des patients.

Hinchcliff et al. ont étudié, dans les journaux, le reflet donné des erreurs de médication, analysant la fréquence des contributions sur le sujet et le contexte dans lequel elles paraissaient. Pour ce faire, ils ont sélectionné dans une banque de données, pour les années 2005 à 2010, les articles des dix journaux australiens affichant le plus fort tirage. Tous ceux qui contenaient le terme « erreur de médication » ou des formulations apparentées étaient évalués selon le type de compte rendu et le contexte, la mise en relation avec des publications académiques (p. ex. lien établi avec des résultats d’études scientifiques) ainsi que l’utilisation de citations littérales. Ils ont également pris note des causes indiquées pour les erreurs de médication et des solutions suggérées pour y remédier.

Entre 2005 et 2010, 92 articles de journaux au total traitaient d’erreurs de médication, le plus grand nombre ayant été enregistré en 2007 (27). La fréquence a ensuite diminué (20 en 2008 et 22 en 2009). Sur la totalité, 73 (79 %) étaient des nouvelles brèves (actualité) et 10 seulement apportaient des informations de fond ou analysaient la problématique. La sécurité de la médication faisait spécifiquement l’objet de 34 articles (37 %), tandis que dans les autres, ce sujet était placé dans le contexte élargi de la qualité et des problèmes du domaine de la santé. La plupart des articles se référaient à des rapports ou à des sources officielles et 4 seulement à des publications scientifiques, la majorité renvoyant à des statistiques sur la fréquence des erreurs de médication. A noter que la validité des données citées faisait dans de rares cas seulement (15) l’objet d’un commentaire critique. Les personnalités le plus souvent mentionnées en référence étaient des représentants de services étatiques (48 % de toutes les contributions) ou de groupes d’intérêt importants, p. ex. sociétés médicales (29 %), des collaborateurs d’institutions sanitaires (21 %) et des scientifiques (20 %). Etaient invoquées comme principales causes des erreurs de médication l’insuffisance des ressources dans les hôpitaux, l’inefficacité des systèmes internes de déclaration des erreurs et l’inadéquation des structures de direction. Les solutions le plus fréquemment suggérées étaient d’améliorer les systèmes de déclaration des erreurs, de modifier les processus de médication (introduction de codes-barres) et de renforcer la formation du personnel sanitaire. La plupart des affirmations relatives aux causes et aux solutions possibles concernaient le secteur hospitalier.

L’étude fournit une analyse intéressante de la présentation des questions de sécurité des patients dans les médias. Elle montre notamment que les erreurs spécifiques de médication sont très peu abordées dans les journaux australiens : sur cinq ans, 92 articles seulement évoquent cette question alors que durant le même laps de temps, on trouve dans un seul journal plus de 190 articles traitant d’erreurs chirurgicales. Une chance de sensibiliser le public est ainsi mal exploitée. Par rapport à d’autres thèmes de santé publique, les erreurs de médication n’ont qu’un faible écho dans les journaux. Il n’existe pour l’heure pas d’études comparables en Suisse ni dans les autres pays européens, ce qui est regrettable.

PD Dr D. Schwappach, MPH, directeur scientifique de la Fondation pour la sécurité des patients, professeur à l’Institut de médecine sociale et préventive (ISPM) de l’Université de Berne

Source : Fondation pour la sécurité des patients

Le rapport en ligne