Un pont entre science et société
© Nina/peopleimages.com / Adobe Stock
Portant sur des besoins réels, utilisant les savoirs des parties prenantes pour produire avec elles des connaissances renouvelées, les recherches collaboratives consolident un dialogue entre science et société que René Knüsel a contribué à enrichir.
Par Marie-Claire Rey-Baeriswyl, ancienne professeure ordinaire, Haute école de travail social (HES-SO), Fribourg
Cet article fait partie d’un dossier de dix articles, publié en collaboration entre REISO et l’Institut des sciences sociales (ISS) de l’Université de Lausanne. Celui-ci rend hommage au sociologue René Knüsel, professeur ordinaire en sociologie des politiques et de l’action sociale, de 2004 jusqu’à sa retraite en 2020. Ce corpus est articulé en trois sections : 1) Regards sociologiques sur l’État et ses politiques sociales, 2) Modèles d’interventions inclusifs et 3) Actions concrètes sur le terrain.
Coordinateurs de ce dossier, André Berchtold, professeur associé à l’ISS, et Jacques-Antoine Gauthier, maître d’enseignement et de recherche, ont ainsi « proposé à quelques ancien·ne·s collègues, au court comme au long cours, de prolonger encore un peu le cheminement commun » avec René Knüsel. « Il en est issu cet ensemble de réflexions parlant moins de travail que d’êtres humains, mais mettant toujours en avant une passion commune pour la justice et la discussion. » L'ensemble du dossier est publié conjointement sur REISO et dans un livre.
Parmi les stratégies scientifiques d’intervention dans la société, les recherches collaboratives occupent une place particulière. Elles sont réalisées dans des domaines disciplinaires variés, dont le travail social [1]. Leurs caractéristiques propres, leur complexité, permettent de comprendre les liens spécifiques qu’elles développent entre science et société. Dans les domaines de l’action sociale, elles favorisent notamment la prise en compte de populations mises en marge et l’inclusion d’acteurs multiples [2], mais aussi la mutation des organisations et des politiques, ainsi que la compréhension renouvelée de problématiques sociales.
Reconnaître la complémentarité des savoirs
Malgré la multitude de dénominations [3] qui renvoient à des spécificités diverses, les recherches collaboratives sont d’abord des recherches qualitatives. Elles relèvent de paradigmes interprétatif et critique, constructiviste [4], systémique [5] et, pour certaines, d’une philosophie politique [6]. Elles sont pour la plupart inductives [7], elles favorisent l’intersubjectivité [8] et l’approche plurielle des réalités à étudier et à transformer.
Dans la perspective de telles recherches, la production d’un savoir légitime ne relève pas du monopole scientifique [9]. Elles visent plutôt la démocratisation de la production de connaissances [10] : « la science naît dans la discussion (…) il est indispensable de créer des cadres appropriés pour cette discussion » [11]. Ici, les savoirs d’action et les savoirs scientifiques ne sont pas hiérarchisés, ils dialoguent. En reconnaissant leur pluralité et leur complémentarité [12], [13], ce type de recherche permet la production d’un savoir générique, développe la réflexivité critique et le pouvoir d’agir des concerné·e·s.
Certaines recherches contribuent à diminuer les inégalités épistémiques [14] ou à réduire l’asymétrie [15] entre savoirs techniques et expertises d’usages [16], à collectiviser et prendre en compte les savoirs d’expérience, individuels. Elles reconnaissent « (…) le potentiel heuristique de l’expérience et de l’action » [17]. Le savoir et l’action peuvent être réunis et « Le savoir est inclus dans la pratique quotidienne et (…) la reconnaissance mutuelle du savoir peut permettre la production d’un savoir collectif » [18].
De multiples objectifs inscrits dans trois visées
Les recherches collaboratives articulent à la fois une visée scientifique (production de connaissances), transformatrice (changements notamment social, organisationnel, politique) et formative [19], [20] (logique de co-construction, de communauté de recherche, d’apprentissage collectif). Dans le champ social, elles mettent « (…) à contribution des expertises différentes pour construire un savoir qui ne pourrait être le même s’il n’était conçu que par des chercheurs ou des praticiens. » [21] ; elles mutualisent les perspectives des différents acteurs pour, par exemple, analyser l’émergence d’une nouvelle question de société, développer et piloter des politiques ou des projets innovants, comprendre des situations de vie extrêmes [22], optimiser des pratiques, évaluer de manière participative, transformer des logiques d’intervention avec les destinataires, accompagner le développement d’institutions en impliquant les professionnel·le·s [23].
Collaboration permanente avec les acteurs impliqués
Comme les recherches collaboratives privilégient une approche participative basée sur l’idée que la science naît dans la discussion, elles s’appuient sur le travail conjoint des acteurs concernés [24], contributions d’individus et de collectifs considérés comme sujets et non objets d’étude. Elles favorisent des formes variées de coopération [25] entre scientifiques, actrices et acteurs sociaux, au travers de démarches collectives [26], interactives, coconstruites.
Elles se distinguent par l’association et l’implication d’acteurs multiples, dont le nombre, la diversité, les fonctions, les statuts et le pouvoir (personnes décideuses, destinataires, groupes porteurs), les types d’implication et le degré de participation [27] (largeur [28] — profondeur [29], moments — prise [30] sur le processus même [31]) varient. Ces recherches font face à divers enjeux [32] en raison de leur fort degré d’indétermination, de l’interinfluence des processus menés [33] et des intérêts différenciés, parfois divergents des actrices et acteurs [34] (populations, territoires, intervenant·e·s, scientifiques, organisations, milieu associatif, administrations et autorités politiques, groupes sociaux et collectifs, ayants droit, voire, en travail social, publics et clientèles vulnérables, groupes stigmatisés, dominés).
Les logiques d’action, les référentiels et les expériences propres à chacun de ces acteurs engendrent des rapports spécifiques à l’objet en travail. Dans ce type de recherches, « C’est un modèle relevant de la philosophie de la démocratie et de la transformation sociale, qui met l’accent (…) sur le « commun », sur l’imbrication entre vécu, action et pensée, sur différentes formes d’hybridation, sur la multiplicité des positions de sujet. » [35]. L’objet d’étude est ainsi approché avec les acteurs et actrices concernées, co-instruit et effectué [36], dans un processus de traduction [37]. Les recherches collaboratives développent notamment la réflexivité critique et le pouvoir d’agir des personnes engagées.
Formes variées de coopération
En conséquence, les recherches collaboratives se distinguent par la nature de la collaboration entre scientifiques et personnes actrices [38]. Loin d’une position asymétrique [39] classique, une position impliquée, des relations horizontales [40] et de confiance mutuelle qui se veulent égalitaires, des relations d’équivalence [41] sont recherchées et développées dans un processus d’apprentissage et de croissance. Les actrices et acteurs partagent un double rôle de chercheur ou chercheuse et d’agent·e de changement. Ensemble, elles et ils constituent une communauté de recherche [42], un espace tiers [43] d’hybridation des savoirs, des communautés de « pairs hétérogènes » [44].
La posture [45] des scientifiques impliqué·e·s change et leur rôle devient hybride, multidimensionnel [46] (médiation [47], facilitation, expertise méthodologique, tiers·e externe). Considéré·e·s comme des partenaires [48], elles et ils assument, conjointement avec les actrices et acteurs, « la responsabilité de mener à bien l’élaboration des connaissances fondamentales en liaison avec la poursuite du succès d’un projet » [49].
Processus cycliques, dynamiques et formateurs
Toute recherche collaborative se conduit comme une démarche itérative. Elle conjugue les processus, scientifique et interactif, qui se conditionnent mutuellement [50]. Elle progresse dans une dynamique de circularité [51] par phases interdépendantes, dans une temporalité non linéaire [52]. Elle requiert une logique conceptuelle et méthodologique faite d’inventivité, de flexibilité, de récurrence.
Cette dynamique cyclique facilite un processus [53] collectif d’adaptation, d’apprentissage [54], d’expérimentation et d’évaluation permanente. Elle permet d’introduire en continu les enseignements produits [55] ou d’alterner des phases de production de connaissances et des phases d’action.
Méthodologies adaptées et novatrices
Les recherches collaboratives prennent particulièrement en compte les caractéristiques et besoins des acteurs. Des méthodes [56] et des instruments adaptés sont développés, lesquels soutiennent [57] tant le processus partenarial, facilitant leur implication (modalités d’accès, de mobilisation, de communications, de gestion de débats, de concertation, de prise de décision) que le processus scientifique de co-réflexion et de co-production. L’innovation, la rigueur éthique et la souplesse [58] caractérisent ces processus, permettant d’assurer leur compatibilité avec les logiques, les ressources des acteurs, embarqués dans des dispositifs de collaboration définis en commun.
De nombreuses garanties et précautions [59] éthiques et méthodologiques s’avèrent d’autant plus nécessaires quand des personnes en situation de vulnérabilité ou discriminées sont partenaires [60]. En travail social, les recherches collaboratives s’inspirent souvent, du point de vue méthodologique, d’intervention et de pratiques communautaires, de dispositifs participatifs largement éprouvés, ainsi que des « principes méthodologiques visant à favoriser le débat et la résolution de problèmes communs [61] ».
Thèmes de société, besoins réels et questions
Parce que les recherches collaboratives sont ancrées dans les milieux de vie, les organisations, les territoires où les problématiques émergent, elles portent sur des besoins réels et s’intéressent aux questionnements des acteurs concernés et aux situations singulières.
Elles prennent place dans les dynamiques institutionnelles, économiques, sociales et politiques des contextes d’émergence. Elles évoluent, conditionnées par ces réalités et leur complexité. Elles sont la plupart du temps initiées sur demande, négociées avec les acteurs et actrices concernées qui confrontent leurs intérêts et dévoilent leurs enjeux spécifiques (scientifiques, sociaux, politiques ou institutionnels) variés.
Dans les domaines de l’action sociale, elles peuvent toucher des thématiques multiples et variées, allant de l’inclusion numérique à la qualité de vie, en passant par la protection de l’enfance ou de l’adulte, l’intégration ou l’insertion sociale et professionnelle [62]. Les motifs incitant à solliciter une recherche collaborative sont nombreux : mise en place d’une nouvelle politique sociale de manière participative, extension d’un projet pilote en impliquant les destinataires, volonté d’identifier les besoins d’un groupe social en mobilisant son expertise d’usage, développement organisationnel en croisant les perspectives des secteurs.
Transferts vers la société et avancées dans les connaissances
Du fait de leurs multiples finalités, les recherches collaboratives engendrent des productions qui peuvent à la fois enrichir la communauté scientifique, se traduire en orientations d’action et d’organisation [63] et induire de la transformation — notamment sociale. Les transferts se veulent directs et contextualisés, les résultats sont élaborés avec les parties prenantes de manière à permettre une réelle appropriation.
Pour ce faire, le retour effectué auprès des personnes actrices concernées prend des formes très diverses, accessibles, parfois innovantes (sites internet, bande dessinée, mémento, vidéo, film), adaptées, obligeant à repenser l’écriture scientifique et les stratégies de valorisations des recherches. En parallèle, ces recherches font également l’objet de publications classiques, de valorisations et de diffusions dans le monde académique.
Processus aussi important que le contenu
Ainsi, les recherches collaboratives constituent des espaces de collaboration innovants entre science et société [64], faisant dialoguer les mondes politique, institutionnel, citoyen, académique. Elles représentent des opportunités de mettre en œuvre, de manière temporaire, expérimentale, un modèle alternatif de rapports sociaux, de gouvernances organisationnelles. Avec elles, les processus de production de la recherche sont aussi importants que ses contenus [65].
En coproduisant des savoirs à propos de questions de société, elles peuvent rendre visibles des groupes sociaux « affaiblis par une disqualification sociale » [66] et contribuer à des mutations politiques, sociétales et institutionnelles [67]. Hybridant les référentiels, elles facilitent la constitution de connaissances renouvelées. Actrices et acteurs contribuent à l’élaboration de savoirs qui les concernent [68] : en les invitant à « produire du savoir » [69], ces personnes donnent une légitimité à leurs expériences et expressions, consolidant, pour certaines d’entre elles, l’exercice de leurs droits [70] voire leur émancipation [71].
Parce qu’elles sollicitent des savoirs expérientiels [72], ces recherches explorent des objets d’étude pensés par et avec les personnes concernées, dans des perspectives plurielles. Elles bonifient ainsi les démarches scientifiques de multiples manières : celles-ci sont mieux à même d’élaborer des questions de recherche avec pertinence (dépassant préconceptions académiques ou pressions politiques), d’approfondir des thèmes ignorés ou insuffisamment peu traités, de recueillir des données fiables de première main, de procéder à des analyses collectives [73] et mieux contextualisées.
Elles permettent également l’identification « (…) de nouveaux sujets de recherche et leur priorisation dans un ordre différent de celui établi ordinairement par les chercheurs » [74]. Enfin, elles sont aussi aptes à produire des résultats transférables, un savoir « sur mesure » [75], des réponses politiques, institutionnelles, associatives, plus adaptées à des réalités mieux connues.
Dans le domaine social, elles renforcent l’efficacité sociale de la recherche par la compréhension plurielle des problématiques, faisant dialoguer des référentiels multiples. Parce qu’elles prennent mieux en compte les savoirs collectivisés, elles posent parfois de nouvelles questions éthiques et déontologiques, développent une « compréhension aboutie des enjeux relatifs aux situations étudiées, du point de vue des populations directement concernées (…) évitant ainsi (…) de participer ou de contribuer sans le voir à de possibles situations d’oppression, ou d’aggraver d’éventualités inégalités sociales » [76]. Elles font émerger d’autres perspectives explicatives, alternatives, des questions sociales, les reliant aux conditions structurelles et politiques, montrant par exemple comment les populations exclues vivent et comprennent les processus de disqualification, mettant en lumière les ressources qu’elles mobilisent pour en sortir.
Les recherches collaboratives questionnent ainsi l’acte politique [77] que peut constituer la production du savoir [78]. Par le « contre-projet scientifique » [79] qu’elles représentent, elles contribuent, à leur mesure, à développer une science impliquée et impliquante, vivifiant la place et la fonction de la science dans et pour la société.
[1] Mentionnons également, par exemple, l’urbanisme et le développement durable, l’agronomie, la santé, la pédagogie et l’éducation ou encore la culture.
[2] Collectifs, groupes sociaux, territoires.
[3] Notamment recherche-action, recherche-action collaborative ou participative, recherche-intervention, recherche coopérative, recherche partenariale, ainsi que diverses formes d’évaluations participatives. Voir l’essai de typologie : Bonny, Y., in Gillet A., Tremblay, D.-G. (sous la dir.), (2017), Les recherches partenariales et collaboratives, PUQ, 25-44.
D’autres encore relatives aux recherches-action : Barbier, J.— M. (1996), Savoirs théoriques et savoirs d’action. Paris, France : Presse Universitaire de France, PUF : 51 ; Goyette, G., Lessard-Hébert, M. (1987). La recherche-action, ses fonctions, ses fondements et ses instrumentations. Montréal : PUQ : 23-104 ; Lavoie L., Marquis, D., & Laurin, P. (2008), La recherche-action : théorie et pratique : manuel d’autoformation. Québec, Canada : Presses de l’Université du Québec : 69-94 ; Gonzalez-Laporte, C., 2014. Recherche-action participative, collaborative, intervention... Quelles explicitations ? https://hal.univ-grenoble-alpes.fr/file/index/docid/1022115/filename/Recherche-action_participative_collaborative_intervention._Quelles_explicitations.pdf
[4] « Pour la position constructiviste, la connaissance scientifique n’est par définition que construction, le rapport au réel ne se situe pas dans une problématique de validation d’hypothèses auxquelles celle-ci confère le statut de propositions vraies, mais comme “boucles de contrôle” qui permettent de s’assurer que les hypothèses expriment des représentations plausibles, vraisemblables, des relations de l’homme “au monde” ». Liu, M. (1992), Singularités et ruptures introduites par la recherche-action dans le champ de la connaissance, In Revue internationale de systémique, Vol 6, no. 4, 1992, 460.
[5] Avenier, M.— J. (1992), Recherche-action et épistémologies constructivistes, modélisation systémique et organisations socio-économiques complexes : quelques boucles étranges » fécondes. In Revue internationale de systémique, Vol 6, no. 4, 410.
[6] « La recherche-action coopérative relève d’une épistémologie et d’une philosophie politiques, où la théorie de la connaissance s’inscrit à l’intérieur d’une théorie de la démocratie et de l’action politiquement impliquée ». Bonny, Y. (2014), La recherche-action et la question de l’institution, Forum, Actualisation de la recherche-action et pertinence de la praxéologie, 6.
[7] « La position inductive affirme le rapport de la connaissance scientifique à un réel qui n’est pas le réel du seul phénomène étudié, mais à un réel qui correspond au phénomène et au dispositif de l’étude (qu’il ne faut pas réduire à la seule subjectivité du ou de la scientifique) ». Liu, 1992 : op. cit.
[8] Pour produire une connaissance « socio construite » : Bourassa, B., & Boudjaou, M. (2013). Des recherches collaboratives en sciences humaines et sociales. Enjeux, modalités et limites. Québec, Canada : Presses université de Laval.
[9] Paturel, D. (2014), Recherche en travail social : les approches participatives. Nîmes, France, Champ Social Éditions, 39.
[10] Jaeger in Paturel, D. (2014) 80.
[11] Paturel, D., in Jaeger, M. (2014), Conférence de consensus, le travail social et la recherche. Dunod, Paris, 110.
[12] Godrie, B., (2017) Rapports égalitaires dans la production des savoirs scientifiques. Vie Sociale, vol. 4, n°20, https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2017-4-page-99.htm : 107
[13] Voir aussi Baron, in Anadon M. (2007), La recherche participative. Québec, Canada : PUQ, Multiples regards, 139.
[14] cf. Godrie B., Dos Santos M., 2017, DOI https://doi.org/10.7202/1042804ar
[15] Lyet, P. (2014), Renouveler les pratiques de construction des savoirs dans les « recherches collectives », Le sociographe, n°5, 90.
[16] Gardien, E., approfondit les apports des savoirs expérientiels à la recherche en sciences humaines et sociales. In (2017), Renouveler les pratiques de construction des savoirs dans les « recherches collectives », Le sociographe, n°5.
[17] Bourassa, B., & Boudjaou, M. (2013) 17.
[18] Offredi, cité par Lavoie, L., Marquis, D., & Laurin, P. (2008) 31.
[19] Goyette, G., Lessard-Hébert, M., (1987) 23-104, qui précisent également les fonctions.
[20] Pour certaines « la sollicitation de la réflexivité des participants ressort invariablement comme la voie de développement professionnel privilégiée » Morissette, J., Pagoni, M., Pepin, M., (2017). De la cohérence épistémologique de la posture collaborative. Phronesis, 6, 1-7. https://doi.org/10.3917/phron.061.0002 https://www.cairn.info/revue-phronesis-2017-1-page-1.htm
[21] Couture, C., Bednarz, N., Barry, S., in Anadon, M. (2007) 209.
[22] (tels des vécus de pauvreté, de rétablissement en santé mentale, des expériences de sortie du travail du sexe, de parentalité en situation de toxicomanie, etc.), difficilement concevables pour qui ne les vit pas.
[23] Lavoie et als (2008) 36.
[24] « C’est aussi une création démocratique où tous les participants de la nouvelle forme ont leur mot à dire dans leur avenir commun ». Liu, (1992) 456.
[25] Des dérives de cet idéal collaboratif existent : voir Godrie, B., (2017) 112.
[26] Engagement dans une relation de collaboration-concertation. In Lavoie et als (2008) 101-102.
[27] La participation est « moyen de créer les conditions du changement, à partir de l’implication des différents acteurs, fondée sur la reconnaissance du rôle des acteurs dans la production de la réalité et de leur capacité à la transformer ». Bernoux, J.— F. (2004), L’évaluation participative au service du développement social. Paris, France, Dunod, 42.
[28] Largeur de la participation : nombre et types de personnes actrices différentes (variété des participant-e-s + proportion de représentant·e·s de chaque groupe de personnes actrices).
[29] Profondeur de la participation : diversité des formes et des degrés de participation, de contributions.
[30] Degré de contrôle sur la conduite de la recherche (gouvernance par les chercheurs et chercheuses, gestion par les personnes actrices concernées).
[31] La participation coopérative peut mener à la cogestion. Morin cité par Lavoie et als (2008) 26.
[32] La littérature thématise largement ces enjeux, internes ou externes (épistémiques, éthiques, déontologiques, méthodologiques, politiques ou financiers), tels que la reconnaissance scientifique, la validation et la nature des savoirs produits, les conditions d’équité, les formes d’écriture et l’accessibilité des connaissances produites.
[33] La production de connaissances, la structuration des étapes, l’accompagnement des acteurs embarqués… Bourassa, B., & Boudjaou, M. (2013) 25.
[34] Legros, V., « Pour conjuguer les intérêts professionnels », Recherche et formation, 58/2008, http://journals.openedition.org/rechercheformation/699
[35] Bonny, Y., (2014) 8.
[36] Barbier, J.-M. (1996) 87.
[37] Audoux, C. Gillet, A., « Recherche partenariale et co-construction de savoirs entre chercheurs et acteurs : l’épreuve de la traduction », Revue Interventions économiques, 43 | 2011, URL : http://interventionseconomiques.revues.org/1347
[38] Bonny, Y., (2015), Les recherches partenariales participatives : Ce que chercher veut dire. In Les chercheurs ignorants, Les recherches-actions collaboratives : Une révolution de la connaissance, Presses de l’EHESP, 36-43.
[39] Voir Lyet, P., (2014) 99.
[40] « Une collaboration où les statuts de chacun sont moins importants que leur projet commun de comprendre, de résoudre et de transmettre ». Rullac, S., https://recherche-action.ch/debats/Pages/Scientificit%C3%A9%20en%20questions.aspx
[41] Coenen, H. (2001), Recherche-action : rapports entre chercheurs et acteurs. Revue internationale de psychosociologie, VII, 19-32 : 20. https://doi.org/10.3917/rips.016.0019https://www.cairn.info/revue-internationale-de-psychosociologie-2001-16-page-19.htm
[42] Paturel, D., in Jaeger, M. (2014) 109.
[43] Lyet, P. (2011), Traduction, transaction sociale et tiers intermédiaire dans les processus de collaboration de chercheurs et de praticiens dans le cadre de recherches-actions. Pensée plurielle, (3), 62.
[44] Lyet, P. in Jaeger, M. (2014) 105.
[45] Bourassa, B. & Boudjaou, M., (2013) 34-46.
[46] Lavoie et als, (2008) 147-148.
[47] Morrissette, J. (2013). Recherche-action et recherche collaborative : quel rapport aux savoirs et à la production de savoirs ? Nouvelles pratiques sociales, 25(2) : 45. https://doi.org/10.7202/1020820ar et Couture, C., Bednarz, N., Barry, S., in Anadon, M. (2007) 214-217.
[48] Alary, J. (1988). Solidarités : pratiques de recherche-action et de prise en charge par le milieu. Montréal, Canada, Boréal, 162.
[49] Liu, M., (1997) 185.
[50] Rey-Baeriswyl, M.-C., https://recherche-action.ch/debats/Pages/Processus%20et%20circularit%C3%A9.aspx
[51] Goyette, G., Lessard-Hébert, M., (1987) 168 ; Barbier, R., (1996) 60 ; Lavoie, et als, (2008) 77-83 + 135.
[52] Goyette, G., Lessard-Hébert, M., (1987) 158-163.
[53] Renaud, L., Modélisation du processus de la recherche participative : 39, https://id.erudit.org/iderudit/1073806ar
[54] Lavoie, (2008) 101-105 + 126-159.
[55] Lavoie, L., Marquis, D., Laurin, P., (2008) 25-43
[56] Voir par exemple, https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/projetthese/chapter/methodes-de-recherche-participative-recherche-action-et-sciences-citoyennes/
[57] « La R-A utilise les instruments courants de la recherche en sciences sociales, mais en adapte et en invente de nouveaux ». Barbier, 1996 : 37.
[58] Morrissette, J. (2013). Recherche-action et recherche collaborative : quel rapport aux savoirs et à la production de savoirs ? Nouvelles pratiques sociales, 25(2), 40. https://doi.org/10.7202/1020820ar
[59] Notamment : s’assurer de l’adhésion (accord explicite), du sentiment de compétences ; assumer l’intégrité scientifique (anonymisation, gestion des données sensibles, vérifier qu’aucun processus de recherche ne porte préjudice, mettre en place les soutiens requis ; empêcher toute instrumentalisation) ; etc.
[60] En effet, la participation des personnes en difficulté dans une recherche rencontre des obstacles. Jaeger, M., L’implication des HUC (habitants — usagers — citoyens) dans la recherche, 2017/4 no. 20, https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2017-4-page-11.htm
[61] Petiau, A., (2022), de la prise de paroles à l’émancipation des usagers, Recherches participatives en intervention sociale, Presses de l’EHESP : 19.
[62] Citons encore la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, l’insécurité alimentaire, les situations de handicaps, la santé mentale, la gouvernance institutionnelle ou les besoins sociaux de destinataires de prestations (jeunes sourd·e·s, personnes cérébrolésées ou concernées par les maladies chroniques…)
[63] Bonny, Y., Les recherches partenariales participatives : Ce que chercher veut dire, in Les recherches-actions collaboratives : Une révolution de la connaissance, Presses de l’EHESP, (2015) 36.
[64] Voir le site internet suisse www.recherche-action.ch (conçu par M.-C. Rey-Baeriswyl & B. Vatron-Steiner de la HETS-FR) qui s’adresse à tout type de public (politique, professionnel, citoyen, académique, etc.) ; il se veut une plateforme numérique, évolutive valorisant les recherches collaboratives de différents domaines sous différentes perspectives. Il met en lumière les formes variées, les enjeux multiples, les logiques d’actrices et acteurs des recherches-action et en présentent de nombreuses ; il offre des outils multiples pour les conduire (instruments, méthodes, bibliographies, etc.) ; il les met en discussion au travers de nombreux articles relevant des questions critiques.
[65] Lyet, P., Paturel, D., (2012), pour dépasser les oppositions entre une recherche en, dans ou sur le travail social : une science-action en travail social. De Boeck Supérieur | « Pensée plurielle » 2012/2 n° 30-31 : 262-263. https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2012-2-page-255.htm
[66] Payet, J.-P., (2011), l’enquête sociologique et les acteurs faibles, SociologieS, la recherche en actes, https://doi.org/10.4000/sociologies.3629
[67] La mise en lumière des vécus des personnes proches aidantes permet de développer des services appropriés ; de nouvelles représentations de la maladie psychique émergent grâce à la prise de parole des personnes concernées questionnant les visions normatives de la santé mentale ; l’identification des compétences des enfants travailleurs et travailleuses de rue renversent une image préconçue et modifie les programmes de protection de l’enfance, etc.
[68] Anadon, M., (2007) 4.
[69] « D’une part, elle (la recherche impliquant des clientèles) reconnaîtrait un rôle socialement valorisant de producteur de savoir à des personnes qui vivent des injustices et de la stigmatisation et, d’autre part, elle permettrait de produire des connaissances qui ne participent pas aux situations d’oppression qu’elles vivent » Godrie, B., (2017). Rapports égalitaires dans la production des savoirs scientifique. Vie Sociale, vol. 4, n°20, https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2017-4-page-99.htm, 103
[70] « La recherche-action participative vise essentiellement à œuvrer ensemble, toutes expertises confondues (savoirs investis et institués), à mieux comprendre une problématique. Et ce, en cherchant à répondre à quatre droits inscrits au cœur même de sa démarche : le droit de parole, le droit de produire, le droit de penser et le droit de Cité ». Gélineau, L., Dupéré, S., Autonomie alimentaire et recherche participative, le pouvoir d’agir, in revue du CREMIS, printemps 2014, vol. 7, no.1, 40.
[71] Morrissette, J. (2013) 47.
[72] Gardien, E. (2017). Qu’apportent les savoirs expérientiels à la recherche en sciences humaines et sociales. Vie Sociale, vol. 4, n°20, 31-44. https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2017-4-page-31.htm
[73] « Ce processus vise une compréhension élargie du phénomène à l’étude, voire l’émergence de méta-connaissances (…) ». Gélineau, L., & Morency-Carrier, M.-C., Initiation collective à l’analyse qualitative à l’aide d’une recherche-formation, in recherches qualitatives — Hors-série — numéro 19 — pp. 52-73. Apprendre la recherche qualitative. ISSN 1715-8702 - http://www.recherche-qualitative.qc.ca/revue.
[74] Godrie, B., (2017) 107-108.
[75] « (…) Conçu comme un savoir d’interface entre les raisons pratiques et théoriques », Couture, C., Bednarz, N., Barry, S., in Anadon, M. (2007) 218
[76] Gardien, E. (2017) 42.
[77] Frega, R. (2013). L’épistémologie des dominés. Ed. de Minuit, Critique, no. 799, 981. https://doi.org/10.3917/criti.799.0978
[78] Lyet, P., (2014) 99-100.
[79] Rullac, S. (2019).
Précédemment paru dans ce dossier :
- Marion Repetti, «La solidarité au cœur de la cohésion sociale», REISO, Revue d'information sociale, publié le 28 septembre 2023
- Lucile Franz et Maëlle Meigniez, «Pour une sociologie des politiques sociales», REISO, Revue d'information sociale, publié le 25 septembre 2023
- Jean-Pierre Tabin, «Aux origines de l’État social en Suisse», REISO, Revue d'information sociale, publié le 21 septembre 2023
Votre avis nous intéresse
Comment citer cet article ?
Marie-Claire Rey-Baeriswyl, «Un pont entre science et société», REISO, Revue d'information sociale, publié le 2 octobre 2023, https://www.reiso.org/document/11380