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Le vieillissement de la population nécessite le développement de logements adaptés aux besoins des seniors. Pour imaginer ces lieux de vie, une journée participative proposée par le senior-lab a fait le point.
Par Keren Bagnoud et Rafael Fink, senior-labLes statistiques de l'Office fédéral de la santé publique estiment qu'à l’horizon 2050, plus d'un quart de la population aura dépassé les 65 ans, et plus de 10% de cette population atteindra les 80 ans [2]. Face à cette réalité démographique, les entreprises, organisations, associations et collectivités publiques se trouvent dans l'obligation d'anticiper l'évolution des besoins en termes d’habitat et de relever les défis majeurs posés par le vieillissement croissant de la population.
Pour répondre aux besoins hétérogènes et évolutifs d’une société vieillissante qui souhaite rester à domicile le plus longtemps possible, les espaces de vie doivent être repensés et adaptés. Adaptations architecturales, domotiques, téléassistance, services de proximité, habitats collectifs sont de plus en plus étudiés et testés pour permettre à chacun·e de choisir librement où il ou elle souhaite habiter et vieillir de façon autonome. Pour enrichir le débat et imaginer ensemble les logements de demain, le senior-lab a organisé [3] une journée de conférences et d’ateliers participatifs dédiée à l’habitat des seniors.
Cette rencontre a donné l’opportunité à plus de 120 professionnel·les, retraité·es et étudiant·es de tous horizons de prendre part aux débats et aux réflexions soulevées.Des expert·es en architecture, accessibilité et technologies se sont succédé·es pour partager leurs études, leurs visions et leurs missions. Des exemples concrets tels que les Maisons de Pra Roman [4], ou encore le parcours inspirant de la coopérative d'habitation « Zuhause Zum Bilersee » [5], ont également enrichi le programme de la journée.
L'événement a permis au senior-lab de mettre en avant sa méthodologie participative, en créant un espace d'échanges et de dialogue autour de trois thématiques essentielles pour l'habitat de demain : les technologies dites intelligentes comme la biotélévigilance et la domotique, les adaptations architecturales des espaces de vie, et les offres d'habitat favorisant l'autonomie et le vivre ensemble.
Des ateliers participatifs, dans lesquels chacune de ces thématiques a été abordée par l'une des trois Hautes écoles fondatrices du senior-lab (La Source, l’HEIG-VD et l’ECAL), ont favorisé la participation active de tous les acteurs et actrices présent·es dans une dynamique d’intelligence collective. Ces ateliers ont contribué à mettre en lumière les divers points de vue, expériences, expertises, idées et aspirations d'un public hétérogène, composé pour moitié de seniors, public au cœur des enjeux abordés lors de cette journée.
Au cours des ateliers, les participant·es ont souligné l'importance de préserver les interactions humaines face à l'avancée des technologies, plaidant pour des solutions qui favorisent le lien social. Les solutions technologiques peuvent soutenir le maintien à domicile, mais elles doivent être conçues de façon à supporter la relation humaine, non à la substituer. Il est également ressorti la nécessité d’équiper les nouveaux logements avec des solutions de téléassistance intelligentes qui peuvent être activées et personnalisées en fonction du processus de vieillissement de la personne qui y vit.
Concernant les adaptations architecturales, plusieurs participant·es ont souligné l’importance de disposer d’espaces communs faciles d’accès et d’utilisation, comme des espaces sans marches ou d’autres barrières architecturales, des portes légères, de grands ascenseurs, des lumières automatiques ou un accès facilité aux buanderies. Un consensus s'est dégagé sur la nécessité de soutiens financiers publics pour développer des espaces intergénérationnels répondant aux normes d'accessibilité universelle.
Quant aux offres d'habitat favorisant l'autonomie et la cohésion sociale, les participant·es ont pointé du doigt le coût élevé des appartements adaptés et ont exprimé le besoin crucial de développer des alternatives hybrides conciliant intimité et vie collective. Les seniors doivent également être mieux informé·es de l’offre de logement existante, de façon à pouvoir anticiper les changements de lieu de vie. Afin de favoriser la cohésion sociale, la présence d’une conciergerie sociale et le développement d’événements, comme la fête des voisin·es, sont à encourager.
Pour approfondir la réflexion, le senior-lab sollicite actuellement sa communauté, composée de seniors, professionnel·les, associations, collectivités publiques, entreprises et Hautes écoles [6], afin d'évaluer l'intérêt de créer une plateforme romande dédiée à l'habitat senior. Une telle plateforme contribuerait notamment à faire remonter les besoins des personnes concernées auprès des acteurs et actrices impliqué·es et créer des synergies pour développer des projets communs en faveur de la qualité de vie des personnes âgées.
[1] Le senior-lab est une plateforme interdisciplinaire fondée par l’Institut et Haute Ecole de la Santé La Source, la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud et l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (HES-SO))
[2] Vieillissement de la population | Office fédéral de la statistique & Scénarios pour la Suisse | Office fédéral de la statistique
[3] Cette journée s’est déroulée le 5 décembre 2023. Voir la page de l’événement (contient la synthèse des ateliers et les présentations de cette journée).
[4] Structure de 61 appartements protégés, répartis en huit immeubles, destinée aux seniors « physiquement, psychiquement et financièrement autonomes », située sur les hauts de Lausanne. En savoir plus
[6] Si vous souhaitez contribuer à cette démarche, ainsi que pour en savoir plus sur le senior lab, rendez-vous sur le site du senior-lab.
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