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Du suicide assisté à l’autodélivrance

Lundi 26.10.2009
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Un sondage réalisé en mars 2009 par l’Institut M.I.S. Trend montre que 75% des Suisses sont à favorables à l’aide au suicide. Marianne y était aussi favorable. Après des années de souffrance, elle a finalement passé à l’acte. Son mari témoigne.

Témoignage recueilli par Marylou Rey, rédactrice en chef de REISO

« Elle était d’une sensibilité extraordinaire. Son caractère enthousiaste m’a tout de suite enchanté. Marianne (prénom modifié) était sténo-dactylo dans le service où je venais d’être engagé. Elle adorait la musique classique et m’a initié à cet univers si riche. Elle avait 20 ans quand nous nous sommes connus, 21 ans quand nous nous sommes mariés. Elle avait parfois de violentes migraines. A l’époque, les aspirines la soulageaient.

Au fil des années, ses migraines se sont doublées de nausées et de douleurs dorsales. Elle a poursuivi son activité professionnelle mais avec de plus en plus de difficultés. En 1960, nous avions loué un chalet dans les Franches Montagnes. Le changement d’air lui faisait du bien mais l’altitude semblait augmenter ses maux de tête. Dans les années 80, une opération sur un nerf sympathique l’a soulagée durant trois ans environ, puis les douleurs permanentes se sont réinstallées. Quelques années plus tard, elle a subi deux importantes opérations de l’estomac. Malgré les médicaments, les douleurs lui laissaient peu de répit.

Marianne a été suivie par des centres spécialisés contre la douleur. De longues séries d’examens neurologiques, rhumatologiques, cardiaques n’ont rien détecté. Elle a essayé les massages, les bains et toutes les thérapies imaginables. Elle a coûté une fortune aux assurances. Un jour, à Neuchâtel, un médecin a mis un nom sur sa maladie : « fibromyalgie ». Mais ce diagnostic n’a rien changé. Seuls les anti-douleurs et la morphine soulagent ce syndrome qui, selon la définition officielle, associe les douleurs osseuses et musculaires à une fatigue chronique.

« Elle voyait son état se dégrader et sa dépendance aux médicaments augmenter. »

Elle avait cessé de travailler depuis longtemps quand j’ai pris ma retraite, en 1996. Notre situation financière nous aurait alors permis de faire des voyages, d’aller voir des spectacles, d’avoir une vie sociale normale. Mais son état de santé ne le lui permettait plus. L’inefficacité de sa longue lutte contre les douleurs était décourageante. Marianne voyait son état se dégrader, sa dépendance aux médicaments augmenter. Elle était effrayée à l’idée de « finir dans un EMS ». Cette année-là, c’était en 2001, elle a adhéré à Exit. Elle a décrit ses douleurs chroniques et expliqué qu’elle comptait sur l’association pour l’aider si sa situation s’aggravait, parce qu’elle ne pourrait en supporter davantage.

Son état a empiré et, trois ans plus tard, elle a repris contact. Mais Exit ne peut pas agir sans que le médecin traitant certifie l’irréversibilité de la maladie. Or le médecin de Marianne refusait. « Il y a toujours de l’espoir », disait-il. Ma femme en a été très affectée.

Elle était à bout. Elle pleurait souvent… Après des mois de calvaire, elle s’est adressée à un autre médecin qui était d’accord avec l’action d’Exit. Il lui a fait repasser tous les contrôles. Quand le neurologue l’a examinée, il a décrété qu’elle faisait une dépression et était « accro » aux médicaments. Il fallait donc la désintoxiquer. Au printemps 2006, elle est entrée à l’hôpital psycho-gériatrique. Pendant plus de deux mois, les médecins ont essayé de diminuer les anti-douleurs et testé de nouveaux anti-dépresseurs. Elle a affronté cette situation avec un courage fantastique. Son état physique s’est effectivement amélioré. Mais un soir, à l’hôpital, elle est tombée et s’est cassé le col du fémur.

Après la rééducation, elle a pu rentrer à la maison. Elle se déplaçait avec un déambulateur. C’était l’été 2006… Nous vivotions. Elle souffrait mais ne s’appesantissait pas sur son état. Je m’occupais d’elle du mieux que je pouvais, j’essayais de donner le change, je l’aidais dans les menus gestes quotidiens, préparais les repas. Nous avons obtenu l’aide des soins à domicile. Je sentais bien qu’elle n’en pouvait plus. A la fin de l’été, son état s’est dégradé. Elle a eu des douleurs insoutenables dans la hanche opérée, puis une forte grippe, puis une infection urinaire. Ses forces l’abandonnaient. Le médecin a alors admis qu’il n’était plus possible de prolonger ses souffrances. Lors d’un entretien avec deux représentants d’Exit, la date de l’intervention a été fixée au 6 novembre.

Les jours qui lui restaient à vivre, Marianne les a passés à organiser ses funérailles, à avertir ses amies de la date de sa délivrance. Elle n’avait jamais caché son intention à son entourage. J’ai réussi à ne pas craquer, j’ai fait comme si je maîtrisais la situation. Je gérais l’intendance, établissais les contacts avec les personnes qu’elle souhaitait voir une dernière fois. Nous avions des moments d’intimité mais nous parlions peu de sa décision. Un jour, je suis allé faire du ski de fond au Mollendruz et c’est là que j’ai réalisé que tout allait finir. Le soir même, j’ai pu lui confier mon désarroi. Elle m’a souri…

« Si j’avais laissé libre cours à mes émotions, je n’aurais pas tenu le coup. »

Les derniers jours n’ont rien eu à voir avec ce qui se passe dans les films ou au théâtre. Dans les tragédies, les personnages et la mise en scène savent montrer au bon moment les aspects poignants d’une situation. A la maison, nos occupations habituelles escamotaient le côté tragique de ce que nous vivions. Je crois d’ailleurs que si j’avais laissé libre cours aux émotions ou à la compassion, je n’aurais pas tenu le coup.

Notre dernière soirée n’a pas non plus eu cette dimension dramatique que l’on pourrait imaginer. Je lui ai lu un texte que j’avais écrit à l’avance car je savais que je ne parviendrais pas à parler spontanément. Je lui ai dit toute mon affection, ma reconnaissance immense pour ce qu’elle m’avait apporté et qu’elle resterait toujours dans mon cœur. On s’est embrassés. Elle était calme et apaisée. Nous n’avons pas vraiment parlé. Je crois que tout était dit. Elle allait enfin être délivrée. Elle a bien dormi. Le lendemain, les amies et les parents, qui nous avaient fidèlement entourés au fil des mois, sont venus lui dire un dernier adieu. Elle a téléphoné à une voisine qu’elle n’avait pas pu avertir plus tôt : « Aujourd’hui, enfin, je m’en vais. » Je crois que personne n’a fondu en larmes à ce moment-là.

Vers midi, Marianne et moi, le médecin, l’accompagnante d’Exit et notre filleule nous sommes retirés dans la chambre à coucher. Nous l’avons embrassée une dernière fois puis elle a bu la potion. Elle a toussoté un peu et, un instant après, elle a sombré dans l’inconscience. Le médecin a constaté la mort une demi-heure plus tard. Il y a eu ensuite les démarches officielles pour annoncer une mort non naturelle à la police et au médecin légiste.

Dans son agenda, elle avait écrit : « A midi, je serai dans la lumière. »

Après la cérémonie des funérailles, quand j’ai reçu ses cendres, j’ai pu verser mes premières larmes. Au fil des semaines, les souvenirs m’ont submergé. Au chagrin se sont peu à peu ajoutés les remords… Tous les événements s’étaient enchaînés les uns aux autres comme si les choses ne pouvaient pas se passer autrement. Aurais-je dû laisser libre cours à mes émotions ? Je ne lui ai pas demandé de renoncer à son projet. Aurais-je dû ? J’ai toujours respecté sa décision. On dit que j’ai été solide… Peut-être. Mais n’ai-je pas été dur ?

J’ai déménagé cinq mois plus tard. Tant d’objets quotidiens me font penser à elle. J’ai jeté les cartons de ses dossiers médicaux, mais j’ai gardé nos lettres de jeunes mariés, nos albums de photos. Et son agenda 2006. Elle avait écrit sous la date du 6 novembre : « A midi, je serai dans la lumière. » Je sais qu’elle a été délivrée de ses douleurs. Elle avait 69 ans. »

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