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Recension par Dr Jean Martin, médecin de santé publique
« L’annonce d’une maladie grave est une situation intense : pour le patient bouleversé par la nouvelle, pour le médecin et pour l’entourage qui l’apprendra. Elle est scandaleuse car les mots, qui s’opposent habituellement à la violence, ici la portent ». Ce petit ouvrage rédigé par Martin Dumont, agrégé de philosophie, est susceptible d’intéresser vivement les médecins praticiens et les autres professionnels du domaine de la santé et du social. L’ambition du livre est de mieux procéder à ces annonces « non pas en simplifiant par magie mais en refusant d’en rester à l’idée que ‘de toute façon, il n’y a pas de bonne façon de faire’. » L’auteur analyse trois éventualités : l’annonce brutale (qui est une maltraitance), l’annonce escamotée, l’annonce ratée. Il rappelle Aristote affirmant que « le véritable courage ne doit céder ni à la témérité, qui mène à des risques déraisonnables, ni à l’excès de prudence qui fait sombrer dans la lâcheté ».
Du point de vue du patient. Se souvenir qu’une dimension du traumatisme de l’annonce réside dans le sentiment d’injustice qui s’éveille chez le patient, « auquel il faut s’efforcer d’apporter une réponse, ne serait-ce qu’en reconnaissant qu’il y a bien dans la maladie une forme d’injustice. » D’où, parmi d’autres raisons, l’importance de l’attention au patient, à la dimension d’empathie. Avec cette phrase de Simone Weil : « Les malheureux n’ont pas besoin d’autre chose en ce monde que d’êtres humains capables de faire attention à eux. Cette capacité est chose très rare, très difficile ; c’est presque un miracle. »
Et qu’en est-il de l’information par le malade à ses proches ? L’auteur rappelle que « les patients peuvent subir une stigmatisation du fait de leur maladie, ce qui les rend prudents, alors même que l’annonce à l’entourage permettrait de trouver du soutien, ou d’expliquer des symptômes socialement embarrassants. Les personnes avec un Alzheimer débutant sont parfois, une fois qu’elles en ont parlé, décrédibilisées aux yeux de l’entourage. » Il y a là, il est important de le noter, une problématique de type « coming out », qui ne se pose pas seulement dans des situations VIH/sida.
Le mensonge est une faute médicale. Martin Dumont fait une remarquable démonstration (la plus forte que je connaisse en français) du caractère inacceptable et injustifiable du mensonge dans la relation de soin (sous réserve de rares situations où il peut être admissible d’introduire un court délai dans une optique de préparation ou d’information par étapes). Ceux à qui on ment s’en rendent compte, sans oser le dire, et sont alors laissés à leurs incertitudes et à leur désarroi. Le médecin a une obligation de vérité. « Mentir consiste inéluctablement à amputer autrui d’une part de sa liberté. »
Après l’annonce. « S’efforcer que le patient retrouve, malgré l’annonce funeste, un rapport apaisé, aussi satisfaisant que possible, au temps qu’il vit. […] Il s’agit de renouer avec les autres, avec l’insertion de nos vies dans le cours immuable des saisons. » « Suite aux paroles difficiles de l’annonce, aux paroles consolatrices qui ont pu être prononcées, vient [aussi] le temps plus silencieux et plus objectif du soin. »
Depuis 10 ans, les Checkpoints assurent le dépistage et le suivi du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles (IST) auprès des hommes gays et bisexuels. Entre 2008 et 2012, parmi les tests VIH recensés par le questionnaire BERDA de l’OFSP, un quart des tests a été réalisé dans les Checkpoints, révélant 66% de l’ensemble des résultats positifs. Agir au profit d’une communauté particulièrement exposée démontre donc son efficacité, et c’est ce qui encourage aujourd’hui les Checkpoints à étendre leurs prestations médicales.
Les Checkpoints se sont aussi attachés à fournir des prestations adaptées. D’une part en introduisant les tests à résultats rapides, ce qui a permis de réduire fortement l’anxiété des patients. Et, d’autre part, en proposant un questionnaire que le patient remplit lui-même avant la consultation et qui permet d’orienter au mieux l’entretien et de fournir des conseils répondant à son mode de vie. Ce questionnaire a été repris par l’Office fédéral de la santé publique qui le propose désormais dans la plupart des centres de dépistage du VIH de Suisse (questionnaire BERDA).
Les Checkpoints ont enfin développé le BIG 5, une offre innovante permettant de faire baisser les coûts des analyses en regroupant le dépistage de 5 IST : VIH, hépatites, syphilis, gonorrhée, chlamydia.
L’étude en ligne
Ce guide traite tous les aspects fondamentaux de la gestion d’une organisation à but non lucratif. Il est conçu comme une boîte à outils de tous les jours des organismes romands et de toutes les personnes qui y assument des responsabilités. Par exemple la gestion des ressources humaines, la stratégie financière, la recherche de fonds, l’évaluation de projet, etc. Le guide a été conçu afin de lier de la manière la plus étroite possible réflexions stratégiques et conseils pratiques. Les lecteurs de cet ouvrage devraient donc profiter des conseils donnés pour pouvoir développer leurs compétences dans les OBNL où ils sont engagés.
La publication est proposée gratuitement à toute personne concernée grâce au financement d’un groupe de fondations et de donateurs suisses, entre autres la Loterie Romande, le Pour-cent Culturel Migros, la Fondation Arcanum et la Fondation Lombard Odier.
La plateforme web visant à présenter le savoir-faire des modérateurs dans les bus nocturnes genevois (les noctambus) est maintenant disponible sous l’adresse suivante :
L’association Noctambus a sollicité deux chercheuses du Centre de recherche (CERES) de la Haute école de travail social de Genève ainsi qu’un réalisateur indépendant pour visibiliser le savoir-faire de la modération, recherche financée par la Fondation Meyrinoise et la HETS. Après avoir filmé les modérateurs et réalisé des entretiens en les invitant à commenter leur propre film d’activité, cette recherche décrit finement comment les modérateurs construisent une certaine ambiance dans le bus, qui notamment favorise la participation des passagers.
L’équipe de recherche-intervention et de réalisation :
Lire l’article collectif sur cette recherche-action paru dans la revue REISO le 12 octobre 2015 : « Ils favorisent la quiétude dans les bus nocturnes »
Les rapporteurs spéciaux des Nations Unies pour les droits des personnes en situation de handicap ou en souffrance psychique ont publié un appel important à l’occasion de la Journée internationale de la santé mentale du 10 octobre.
Ils demandent aux gouvernements d’en finir avec les hospitalisations forcées et les traitements contraints dans les soins aux personnes avec trouble psychique, psychosocial ou développemental.
Ils rappellent que les personnes souffrant de troubles psychiques ou de handicap mental sont confrontées à la discrimination, la stigmatisation et la marginalisation. Les soins et les institutionnalisations forcées entament leurs droits humains et contreviennent gravement à la dignité humaine. Les traitements forcés devraient être considérés comme une torture. L’interdiction d’exercer les droits civiques devrait être abolie au plus tôt.
La communauté internationale devrait mettre un terme aux placements et aux traitements contraints. Il est urgent de respecter la dignité de chaque être humain, son autonomie et son droit à accepter ou refuser un traitement médical.
A l’occasion de la Journée internationale de la santé mentale, il importe d’élaborer de nouveaux modèles et pratiques médicales qui prennent en compte la dignité et l’intégrité des êtres humains.
Nous en appelons à tous les gouvernements et autorités pour qu’ils stoppent toute détention arbitraire, toute institutionnalisation forcée et toute médication imposée. L’autodétermination et les choix des personnes concernées doivent l’emporter en tout temps en assurant les services permettant cette autonomie.
Signalé à l’attention de REISO par Dr François Ferrero
Accueillir la plainte – L’expérience forte d’une aumônière hospitalière
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
Marion Muller-Colard est docteur en théologie de Strasbourg et a été aumônière d’hôpital à Mulhouse. Elle s’est intéressée à l’histoire biblique de Job, qui ne se regimbe pas contre ses malheurs. Elle met cette histoire en lien avec les personnes rencontrées professionnellement et que leur maladie rend amers, révoltés. Son livre suscite beaucoup d’intérêt, pas seulement dans les milieux chrétiens. Quelques extraits :
L’âge et la souffrance. « La grande vieillesse est souvent une disgrâce qui s’étire jusqu’à la mort sans se presser. On en vient à gaver d’existence des personnes qui ont atteint leur seuil de satiété. On n’imagine pas la peine qu’il y a à vivre sans appétit. Il faudrait pouvoir sortir de table. Au lieu de quoi on nous ligote à notre chaise et nous sommes condamnés à rester à un interminable repas. » « La souffrance physique a le diabolique pouvoir de nous rétracter en un point inaccessible. Diabolique car diabolos est celui qui sépare et la douleur nous sépare des autres et de nous-mêmes. » A noter qu’un auteur qui écrit cela pourrait aborder le thème du suicide assisté, mais ce n’est pas le cas.
La maladie d’un enfant, expérience fondatrice. Marion Muller a été marquée par la pneumopathie d’un de ses enfants, à l’âge de quelques mois, dont il a réchappé de justesse. Perte de sens : « Telle est la vraie lèpre qui ronge l’âme, dont des malades que j’ai rencontrés étaient atteints, dont je fus atteinte. A quoi peut donc servir d’avoir un cœur fonctionnel lorsqu’on est amputé du système d’idées et de valeurs révélant le sens de notre existence ? »
La sécurité des contrats ? Pasteure, l’auteure parle des relations des patients avec la Providence, avec Dieu ou avec la Justice. La croyance en une justice rétributive est souvent présente. Alors, si ce qui nous arrive ne correspond pas à ce que nous attendions, notre réaction de frustration, voire de colère, est de dire « Les choses n’ont pas été prévues ainsi, ce n’était pas dans le contrat. » Mais le fait est que : « Tout comme le bonheur, le malheur n’est simplement pas juste. » « J’ai vu bien des contrats rompus par la maladie. Ainsi, cet immigré portugais qui avait décidé de travailler dur en France le temps qu’il faudrait pour acheter une maison au pays. Il y était parvenu mais, six mois après sa retraite, un cancer déchirait en morceaux le contrat de sa vie. Ses yeux fouillaient les miens à la recherche d’une explication. Dans cette chambre, nous découvrions l’insondable vide de sens. »
Le travail d’aumônier. « Tout ce qui aide l’être humain à être au monde, je l’adopte. » « Le travail d’aumônier consiste en la fréquentation quotidienne de la Plainte. En m’aventurant dans le vaste territoire d’insécurité qu’est le milieu hospitalier, je savais que mon travail consisterait à me tenir en position d’accueil plutôt que de défense. » « Il n’existe pas de formation universitaire qui prépare à l’impuissance ». « On reconnaît ses amis à ce qu’ils savent supporter la présence palpable du malheur, sans fuir ni ouvrir la bouche en vaines consolations. » Et cela vaut pour les aumônier·ère·s, comme pour les autres.
Site internet Labor et Fides
Une équipe d’enseignants de la Faculté de droit a réalisé un MOOC proposant une introduction aux droits de l’homme. Le vif succès rencontré par ce cours lors de sa diffusion a conduit ses auteurs à le rendre disponible sous forme de DVD. Grâce au soutien du Centre de compétences pour la formation continue et à distance de l’Université de Genève, cette version du cours a été enrichie de nombreuses références et illustrations complémentaires.
Bulletin de commande en format pdf
Qui sont les quelques 30’000 personnes qui détiennent actuellement une admission provisoire en Suisse ? Quelles différences entre ce statut et l’asile ? À quelles restrictions sont soumis les titulaires de ce statut et avec quelles conséquences sur le plan humain ? Ce sont les questions auxquelles tente de répondre l’ODAE dans ce rapport fondé sur plusieurs cas concrets et témoignages récoltés dans les différents cantons romands.
Le constat est préoccupant. Les titulaires de permis F sont confrontés à des difficultés qui entravent leur intégration, même après plusieurs années de séjour en Suisse. Plus de la moitié des titulaires d’une admission provisoire résident en Suisse depuis plus de six ans. Par ailleurs, la majorité des levées d’admissions provisoires sont prononcées en raison de l’octroi d’un permis de séjour (permis B). Ainsi, malgré ce que laisse penser son intitulé, l’admission provisoire s’avère souvent durable et est dans la majorité des cas octroyée à des personnes qui resteront longtemps, voire définitivement en Suisse.
Comme le souligne Denise Efionayi-Mäder, Directrice adjointe du Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population (SFM) à Neuchâtel et auteure de la préface du rapport de l’ODAE romand : « Le cadre réglementaire de l’admission provisoire tend à piéger particulièrement les membres les plus vulnérables de la population concernée : une analyse récente des données du registre des étrangers montre qu’une proportion croissante de familles avec enfants mineurs, de femmes et de personnes âgées tendent à conserver cette mesure de substitution pendant plus de dix ans, sans véritable perspective de pouvoir obtenir un permis de séjour ».
D’invention philanthropique et faisant partie du paysage urbain depuis la fin du XIXe siècle, les jardins familiaux, appelés autrefois jardins « ouvriers », demeurent une réalité relativement peu documentée, alors même que les villes tendent à redécouvrir leur rapport à la nature.
À partir d’une enquête de terrain réalisée dans trois groupements en Suisse romande, ce livre nous fait pénétrer dans ce monde en donnant à voir les manières diverses dont leurs usagers s’approprient ces espaces. Ainsi, on découvre comment la question des pratiques de loisirs « productifs » vient rencontrer celle de l’alimentation et de l’autoconsommation, de la vie familiale, de l’habitat et des formes de sociabilités et de solidarités pratiques. Sans céder à la tentation du pittoresque, l’enquête témoigne également de certaines « rivalités » entre usagers, qui représentent autant de tentatives pour maintenir une certaine respectabilité populaire.
L’entrée par le jardin permet au final de revisiter l’approche sociologique des milieux populaires.
Un livre soutenu par le domaine Travail social de la HES-SO et par la Haute école de travail social Genève.
Les « compétences en matière de santé », appelées aussi « littératie en santé », selon la formule anglaise Health Literacy, désignent les capacités des individus à s’orienter dans le système de santé, à comprendre les informations des médecins ou à identifier les symptômes de maladies.
De nos jours, les personnes qui ne savent pas lire ou écrire trouvent mal leurs repères dans notre société. Dans le système de santé, les informations sont souvent complexes et difficiles d’accès pour le grand public. Le présent rapport récapitule la situation et souhaite sensibiliser un large public à l’importance de ces compétences en matière de santé. Les questions abordées :
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Dans Levante, la jeune Sofia est soutenue par ses coéquipières de volley pour mettre un terme à sa grossesse non-désirée, dans le Brésil de Bolsonaro. Un film inspirant à voir dès le 3 avril sur les écrans romands.