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Le documentaire estonien Smoke Sauna Sisterhood lève le voile sur la force de guérison que représentent les cercles de paroles entre femmes. A voir au cinéma et en streaming.

smoke sauna sisterhood anna hints 2024 reiso 400© trigon-film

Par Céline Rochat

« Personne ne peut me retirer mon âme ». Au cœur de la forêt estonienne, nue dans un sauna chauffé au feu de bois, une femme narre l’épreuve du cancer qui a eu raison de son utérus, d’une partie de son sein également. Dans cette atmosphère sombre, surchauffée, d’autres femmes l’entourent, recueillent en silence ses larmes qui se mêlent aux perles de sueur, s’unissent autour de ses rires, lui caressant simplement le bras, la jambe. Des gestes de soutien qui valent mille mots et témoignent de la sororité qui règne dans ce lieu traditionnel de purification. Joie, peur, mort, liens familiaux, sexualité, amour… Telles des pulsions de vie — ressenties profondément dans les chants rythmés ouvrant le film —, les émotions et expériences de chacune touchent le cœur des autres, comme elles viennent résonner avec celui des spectatrices et spectateurs assis dans la salle de cinéma.

Smoke Sauna Sisterhood est le premier long métrage de la réalisatrice Anna Hints, qui a remporté le prix de la mise en scène au Sundance Film Festival 2023. Durant sept ans, elle a régulièrement plongé sa caméra dans l’un des 3'000 saunas à fumée que compte l’Estonie, où cette tradition séculaire est inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Fervente utilisatrice elle-même, participante de cercles de femmes, musicienne, elle livre là un film très personnel, donne une voix à celles que l’on n’entend jamais. À l’affiche de la saison de Ciné-Doc en ce mois de janvier en Suisse romande, cette réalisation intimiste a été nommée Meilleur film documentaire au Prix du cinéma européen 2023 et remporté le Rabinowitz & Joanne Grant Award for Social Justice au Hamptons International Film Festival (USA), entre autres.

Confidences au rythme de la nature

Alternant entre les gros plans des corps nus et suants à l’intérieur du sauna à fumée et les plans larges de la forêt et du lac jouxtant la cabane de bois, le film présente un esthétisme poétique rare dans un documentaire. On y voit le détail du corps des femmes, sans pudeur et sans exhibitionnisme, sans retouches non plus. Des femmes authentiques, non représentatives des injonctions sociétales pesant sur le corps féminin, qui confient notamment le poids des attentes à « être belle » posé sur leurs épaules par leur mère, leur grand-mère ou leur père. On y perçoit aussi la force que peut ressentir l'humain en communion avec la nature, qu'Anna Hints se plaît à magnifier dans ses prises de vue.

smoke sauna sisterhood 2 anna hints 2024 reiso

Comme ces « sœurs » assises les unes à côté des autres dans la plus grande simplicité, la spectatrice, le spectateur, recueille leurs histoires, parfois joyeuses mais surtout dramatiques. Elles parlent, mais elles chantent aussi, tapent, dansent, se lavent, se fouettent aux branches de bouleau. Attentives les unes aux autres, elles ouvrent leur cœur dans un espace sécure, protégé des hommes et de leur violence.

Au delà d'une soixantaine de minutes toutefois, le film finit par perdre en intensité pour laisser poindre un sentiment de longueur, pesant par instant. La puissance des confidences partagées par ces femmes et la beauté des paysages ne suffit pas à combler la lenteur et la répétition excessive de certains plans, comme le mouillage des cheveux reproduit à plusieurs reprises, ou la fumée sortant de la cabane en bois.

Si la coupe de certains de ces plans aurait sans doute permis au film de gagner en rythme pour le rendre encore plus poignant, il demeure que Smoke Sauna Sisterhood est un documentaire à montrer aux femmes, pour leur faire toucher du doigt la force de la sororité, la puissance de la parole partagée. Aux filles, pour les libérer des injonctions sociétales des canons de beauté et les encourager à accepter les corps féminins dans leur vraie nature. Et aux hommes, pour que ceux dont le mansplaining est le sport favori — relevons que malgré la thématique du film et un public très essentiellement féminin dans les salles de cinéma, certains hommes présents n’ont pu s’empêcher d’intervenir longuement dans les échanges suivant la projection, comme mardi soir (16 janvier) à Vevey — comprennent enfin que la parole des femmes a une valeur. Forte, authentique, puissante, et décuplée lorsque partagée dans la sororité.

Voir le film

*Echallens, Cinéma, jeudi 18 janvier, 20 h
Genève, cinémas du Grütli, 18 janv. (17 h 15), 19 janv. (16 h 15)
Bienne, Filmpodium, 18 janv. (19 h), 20 et 26 janv. (20 h 30), 29 janvier (18 h)
La Chaux-de-Fonds, du 18 au 23 janvier (18 h 15 ou 20 h selon date)
*Payerne, Les Apollo, vendredi 19 janvier, 18 h 15
Pully, CityClub, 19 janv. (19 h) et 21 janv. (20 h 30)
*Porrentruy, Cinémajoie, dimanche 21 janvier, 10 h 30
*Le Noirmont, Cinélucarne, dimanche 21 janvier, 17 h
*Martigny, cinéma Casino, mardi 23 janvier, 18 h
*Orbe, cinéma Urba, jeudi 25 janvier, 19 h 30
*Château-d’Oex, CinEden, dimanche 28 janvier, 10 h 30
*Ces séances sont suivies d’une discussion

Smoke Sauna Sisterhood est également disponible à la location sur les plateformes de streaming.

Une brochure de l'Institut national de recherche et de sécurité français met en garde contre les répercussions sur la santé de certaines postures passives adoptées pendant l’activité professionnelle.

brochure sante travail inrs reiso 170© INRSTout le monde le sait : bouger régulièrement contribue au maintien de la santé, tant physique que psychique. Cependant, même s’il est préférable de faire une heure de sport sur la pause de midi ou d’aller marcher en montagne le dimanche que de rester assis, cela ne suffit pas à lutter contre les effets néfastes de certaines postures sédentaires adoptées sur son lieu de travail.

L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) français [1] s’est saisi de cette thématique dans une brochure dédiée aux postures sur le lieu de travail. Ce document stipule que le maintien dans le temps et la durée journalière cumulée de la position assise, par exemple, ont des répercussions sur la santé des travailleur·euses. « (…) les bénéfices associés à la pratique d’une activité physique de loisirs régulières ne suffisent pas à compenser les effets délétères liés aux postures sédentaires au travail », peut-on lire dans le fascicule.

Dépenser très peu d’énergie et ne pas bouger pendant de longues heures, plusieurs jours de suite, n’est effectivement pas anodin pour l’organisme. Dans ces situations, ce dernier est soumis à un risque accru de développer un diabète de type 2 ou des pathologies cardiovasculaires. Les troubles musculo-squelettiques sont aussi plus présents, sans oublier les effets délétères sur la santé mentale.

Au vu des conséquences liées à la sédentarité professionnelle, les recommandations édictées par la brochure française visent une meilleure identification des risques liés à l’inactivité, au même titre que ceux induits par un travail trop physique, qui font déjà l’objet d’une surveillance de la part des entreprises.

Une fois les situations dûment identifiée, il en va de la responsabilité de l’employeur·euse de mettre en place des actions de prévention concrètes comme proposer de rompre régulièrement le maintien de la posture sédentaire ; limiter sa durée à cinq heures par jour ; organiser les activités de manière à varier les tâches afin de pouvoir se mettre debout et marcher régulièrement ; aménager les postes de travail afin de permettre de varier les positions (bureau qui se lève et s’abaisse), etc.

Les expert·es rappellent également qu’il n’existe pas de posture de travail idéale, l’essentiel est d’en changer régulièrement.

(Yseult Théraulaz)

[1] Les postures sédentaires au travail, INRS, 2022, 20 pages

Voir la brochure

Depuis le 1er janvier 2024, les familles d’accueil neuchâteloises peuvent être soutenues et accompagnées par la Croix-Rouge. « Cette prestation est une réelle carte de route pour les bénéficiaires », communique l’organisation.

Family at home relaxing on carpet© DepositphotosÊtre famille d’accueil, c’est offrir un environnement sécure à un enfant de 0 à 18 ans, lorsque la stabilité et le développement dans sa famille d’origine sont, de façon temporaire ou durable, entravés. Si fournir un toit et un espace de vie chaleureux est salutaire, être en mesure de répondre aux besoins psychiques, émotionnels et affectifs de l’enfant est essentiel, mais pas toujours évident. Depuis le début de 2024, la Croix-Rouge neuchâteloise propose un accompagnement complet afin de préparer au mieux le projet d’accueil, puis la réalité de ce dernier.

Une collaboration à la croisée des chemins

L’écoute et la collaboration des familles sont ainsi favorisées grâce à une collaboration étroite avec les instances de protection, les familles d’accueil, l’enfant ainsi que sa famille d’origine. Des séances de supervision individuelle avec des thérapeutes seront gratuitement mises à disposition lorsque cela est nécessaire.

De nouvelles compétences au service des familles

Une nouveauté appréciable est la possibilité de mobiliser les compétences interdisciplinaires de l’organisation, notamment des infirmières petite enfance, des assistant·es socio-éducatif·ves ou encore des professionnel·les en activité physique adaptée. Spécialiste reconnue dans le domaine du soutien à la parentalité, la Croix-Rouge neuchâteloise pourra répondre de manière encore plus précise aux besoins spécifiques des familles de notre canton.

La reprise de cette prestation garantira la continuité des services offerts jusqu’ici, notamment la recherche de familles d'accueil, des formations sur des thématiques riches et variées, ainsi que des rencontres conviviales permettant aux familles de partager leur expérience, se conseiller sur une réalité partagée et créer des liens. Le Service de protection de l’adulte et de la jeunesse gardera quant à lui la responsabilité du processus d’autorisation et du défraiement des familles.

(Source : communiqué de presse)

En savoir plus

En Suisse, la cyberadministration complique l’existence de 20% de la population. Accessible à chacun·e, le cours «Votre administration en ligne» soutient les personnes en difficulté avec la numérisation des prestations.

woman having headache with hands on temple. Copy space© Depositphotos

Une série d’ateliers pratiques pour répondre aux besoins grandissants d’une partie importante de la population : reconduit par l’OSEO Fribourg, le cours « Votre administration en ligne » accompagne les personnes désireuses de gagner en autonomie face au numérique.

Les premières éditions se sont soldées par un bilan très positif. Selon leurs témoignages, les participant·es ont gagné en confiance et sont désormais capables de mieux gérer leur quotidien. Ils et elles se savent en chemin dans un apprentissage qui nécessite du temps et appellent de leurs vœux la poursuite du cours.

Travailler sur des situations authentiques

Une nouvelle série de douze soirées en groupes de quatre à six personnes est prévue dès le 1er février 2024 à Fribourg, ainsi qu’à Bulle à partir du 12 mars 2024. Les participant·es travailleront sur leur propre matériel afin de favoriser les transferts de la salle de classe à la maison.

Ce cours s’adresse à toute personne de plus de 18 ans habitant le canton de Fribourg. La participation financière s’élève à 250 francs pour 24 heures de cours. Cette finance d'inscription peut toutefois être prise en charge via le chèque formation mis place par le Service de l’orientation professionnelle et de la formation des adultes (SOPFA). Le cours bénéficie également du soutien de la Confédération.

La cyberadministration : un facteur d’exclusion ?

En Suisse, la précarité numérique pèse déjà lourd : une personne sur cinq connaît des difficultés à commander une attestation de domicile en ligne, à remplir un formulaire pour inscrire son enfant à la cantine, à trouver des informations officielles (adresse, heures d’ouverture, numéro de tél.), ou à commander et payer en ligne. « La digitalisation de la société est extrêmement rapide. Au point que beaucoup n’arrivent plus à suivre et sont plus exposés à des risques tels que le chômage de longue durée, l’exclusion sociale ou les problèmes de santé », relève Joël Gavin, directeur de l’OSEO Fribourg.

En outre, présentée comme une amélioration des services aux citoyen·nes, la cyberadministration pourrait bien creuser le fossé entre celles et ceux qui la maîtrisent et les autres. Une étude de la Haute école de travail social Fribourg, menée en 2023, émet d’ailleurs l’hypothèse que la cyberadministration réduit l’accès aux droits et aux prestations plutôt qu’elle ne le facilite, à contrario de ce qu’annonce le discours officiel.

(Source : communiqué de presse)

Infos pratiques

Locaux de l’OSEO les jeudis de 17h à 19h,

  • Fribourg, du 1er février au 16 mai 2024
  • Bulle, du 12 mars au 11 juin 2024

Renseignements et inscription au cours : 026 347 15 77

www.oseo-fr.ch

Pour aller plus loin :

La revue Nature a publié en décembre dernier le résultat d’une étude qui met en avant le rôle important d’une hormone dans l’apparition de ce symptôme très désagréable, voire potentiellement grave.

nausees grossesse nature reiso 400© DepositphotosDes femmes souriantes, sportives, épanouies, mettant en avant leur ventre rebondi... L’image de magazine est parfois bien loin de la réalité de ce que vivent les futures mères, notamment pour celles dont la grossesse est entachée de forts épisodes de nausées.

Ces nausées peuvent devenir handicapantes si elles provoquent des vomissements et une perte de poids notable. Et lorsque mère et enfant se trouvent en danger, l’hospitalisation est inévitable. Certaines femmes doivent en effet être réhydratées, voire nourries par sonde. Selon une équipe de chercheurs et chercheuses internationales, 1 à 3% des femmes présentent une forme sévère de ce mal de grossesse.

Publiés dans la revue Nature [1], les résultats de l’étude menée par cette équipe réunissant des spécialistes anglais, américains et sri-lankais a mis en évidence l’importance de l’hormone GDF15. Elle est connue pour supprimer l’appétit, mais également pour induire nausées et vomissements. Les femmes ayant un niveau sanguin plus élevé de cette hormone s’avèrent plus susceptibles d’être malades. Cela étant, les différences ne sont pas notables entre les groupes de futures mères particulièrement nauséeuse et celles qui ne le sont pas.

Les scientifiques, en étudiant des personnes enregistrant un taux naturellement élevé de cette hormone, sont arrivé·es à la conclusion que ce qui évite la maladie de grossesse n’est pas la quantité de GDF15 pendant la gestation, mais davantage une prédisposition à des niveaux plus élevés de cette hormone hors grossesse. En d’autres termes, celles qui sont habituées a avoir plus de GDF15 dans le sang avant la conception seront moins malades.

Ces résultats donnent de l’espoir aux futures mamans. Une désensibilisation à la GDF15 avant la grossesse et le blocage de son action pourraient soulager celles qui ont vécus un premier trimestre (voire davantage) difficile et souhaitent agrandir la famille.

(Yseult Théraulaz)

Lire l’étude complète

[1]  Fejzo, M., Rocha, N., Cimino, I. et al. GDF15 linked to maternal risk of nausea and vomiting during pregnancy. Nature (2023). https://doi.org/10.1038/s41586-023-06921-9

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