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Dans son premier bulletin de l’année, l’Académie suisse des sciences médicales s’intéresse à l’apport de l’intelligence artificielle (IA) dans la pratique de la médecine, et plus particulièrement en oncologie.

Medicine doctor touching electronic medical record on tablet. DNA. Digital healthcare and network connection on hologram modern virtual screen interface, medical technology and futuristic concept.© ipopba / Adobe Stock

« ll existe (...) des domaines de la médecine dans lesquels le besoin d’assistance par l’IA pour le traitement des données est déjà élevé, et où les capacités humaines ne suffisent plus. » Ces propos d’Andreas Wicki, de l’Université de Zurich, figurent dans un article publié dans le premier bulletin de l’année de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM). L’oncologue y décrypte les apports actuels de l’intelligence artificielle à la pratique de la médecine, notamment là où de nombreuses données doivent être traitées, à l’image de la radiologie et de la génétique, en plus de l’oncologie.

Détaillant d’abord les développements scientifiques engendrant une explosion des données disponibles en cancérologie, le professeur estime que « sans IA, nous ne pourrons pas progresser dans ce domaine à une vitesse raisonnable. Nous devons réfléchir aux instruments d’IA les plus utiles, parmi la palette disponible, pour développer peu à peu des modèles prédictifs qui permettent de prendre des décisions thérapeutiques basées sur des données et des règles. » Puis de mentionner les défis à relever : « Quel que soit l’usage fait de l’IA en oncologie, nous devons prouver par des méthodes scientifiques robustes que son utilisation améliore le sort des patient.e.s atteint.e.s d’un cancer ».

Si le traitement à proposer à un·e personne malade sera toujours plus personnalisé grâce à l’aide de l’IA, il n’est aujourd’hui pas question de laisser à une machine quelque aspect thérapeutique décisionnel. Andrea Wicki précise : « En ce qui concerne le choix thérapeutique, je me suis (...) toujours imaginé que nous allions passer de directives rigides, établies à partir d’études particulières pour toute une population de patient.e.s, à des prédictions dynamiques, basées sur des études et des données, et conçues pour chaque patient.e de manière individuelle. »

Un cadre et des normes pour l’utilisation de l’IA

Le deuxième article de ce bulletin qui aborde la thématique présente ce que le Swiss Personalized Health Network (SPHN) a mis en place pour constituer une « base solide pour les développements émergents de l’IA dans le domaine de la recherche et des soins médicaux ». Ce texte attire notamment l’attention du lectorat sur le fait que « la qualité des modèles d’IA et la pertinence de leurs résultats ne sont que le reflet de la qualité des données mises à disposition de l’algorithme pour son entraînement. »

FInalement, dans son édito, Henri Bounameaux, président de l’ASSM, insiste sur la nécessité de s’emparer des questions et défis liés à l’IA, quels que soient les termes choisis par certain·es pour décrire l’outil (intelligence augmentée plutôt qu’artificielle). Une réflexion sur l'usage de ces machines est aujourd’hui impérative, « ne fût-ce que pour désarmer les craintes de ceux qui anticipent la prise de pouvoir des robots sur l’homme. » L’ancien doyen de la faculté de médecine de l’Université de Genève conclut par un constat général : « L’IA sera ce que nous en ferons. Une évolution avec ses aspects positifs comme (...) en oncologie, et négatifs comme son impact sur l’environnement, son intrusion dans la sphère privée et les risques avérés de son utilisation criminelle (...) »

(Céline Rochat)

Voir le bulletin de l'ASSM 01/2024 contenant l'article « L’intelligence artificielle en oncologie: son potentiel pour le choix des thérapies »

Dès septembre à Lausanne, les infirmier·ères HES pourront se former au métier de sage-femme à temps partiel, en quatre ans, tout en exerçant une activité professionnelle. Cette offre vise à lutter contre la pénurie de main-d’œuvre.

In the Hospital Close-up Shot of Professional Midwives work Assisted by Obstetricians. In Modern Delivery Woman Pushes to Give Birth© Gorodenkoff / Adobe Stock

Dès la rentrée prochaine, en septembre 2024, un nouveau cursus s’ouvrira à la Haute École de Santé Vaud (HESAV). Calqué sur les exigences développées pour l’obtention du Bachelor of Science HES-SO sage-femme, ce parcours de formation inédit pour cette profession offrira davantage de flexibilité aux étudiant·es dans leur parcours de formation.

Actuellement, la formation Bachelor HES sage-femme est dispensée à temps plein en deux ans dans le cadre d’un programme en « voie seconde ». Cela signifie qu’il faut avoir obtenu au préalable un Bachelor HES en soins infirmiers. Si les prérequis restent les mêmes, cette nouvelle offre est soutenue par le Canton de Vaud et s’inscrit dans son objectif de lutte contre la pénurie de personnel de santé, qui touche aussi la profession de sage-femme. Le programme vise des personnes dont les contraintes financières ou les responsabilités familiales ne leur permettent pas de suivre le programme à temps plein. Il offre une opportunité nouvelle de mener de front études et vie professionnelle ou familiale tout en s’orientant vers ce domaine professionnel spécifique.

Des réflexions sont également en cours pour ouvrir un cursus à temps partiel pour les Soins infirmiers dès la rentrée 2025. « Avec cette flexibilisation des études, nous voulons ainsi faciliter l’accessibilité de la formation pour contribuer à lutter contre la pénurie du personnel soignant » précise Carole Wyser, Directrice générale de la Haute école. À noter que la Haute école de santé Valais vient d’annoncer le lancement, également pour la rentrée de septembre 2024, un cursus d’études infirmières à temps partiel. Les étudiant·es obtiendront leur Bachelor en quatre ans et demi.

Une formation de pointe

Les approches développées à l’HESAV pendant le cursus articulent théorie de pointe et pratique en situation : analyse de cas concrets, approche par problèmes, raisonnement clinique, simulation avec des patient·es jouant un rôle ou des mannequins de pointe, réalisation de projets scientifiques. Sept stages pratiques de quatre à sept semaines jalonnent le cursus de formation, ce qui permet aux futur·es sages-femmes de découvrir et de pratiquer des consultations prénatales, des accouchements, des hospitalisations pour des grossesses à risques, ainsi que des soins post-partum, que ce soit en contexte hospitalier ou en exercice indépendant.

(CROC avec communiqué de presse)

 


Lire également :

« Se former aux soins infirmiers à temps partiel », REISO, Revue d'information sociale et santé publique, publié le 8 mars 2024

Le double handicap sensoriel de la surdicécité pose des défis dans presque tous les domaines du quotidien. L'aide d'assistant·es en communication contribue à préserver la qualité de vie.

surdicecite ucba formation reiso 400© Depositphotos

Par Tina Aeschbach, cheffe du centre de compétence en surdicécité acquise, UCBA

La surdicécité est une forme de handicap peu connue du grand public, qui touche actuellement environ 57'000 personnes en Suisse [1]. Le fait d'être limité dans ses capacités tant visuelles qu'auditives représente un obstacle à l'utilisation de la stratégie de compensation qui permet à une personne en situation de déficience auditive de compenser l'ouïe par la vue et à une personne en situation de handicap visuel de compenser la vue par l'ouïe.

Ce double handicap sensoriel confronte donc ces personnes à diverses difficultés, petites et grandes. Ainsi, une personne malentendante-malvoyante ne pourra peut-être pas choisir la lecture labiale comme forme de communication de substitution, étant donné qu’elle ne distingue pas clairement le visage de son interlocuteur. Pour que l'échange réussisse, aussi bien la personne concernée que son entourage doivent apprendre de nouvelles formes de communication, adaptées aux besoins individuels de cette personne. La surdicécité ne peut ainsi pas être considérée isolément puisqu'elle a un impact décisif sur l’interaction sociale. De ce fait, elle inclut et implique aussi toujours l’entourage.

Défis posés par la surdicécité

Les personnes atteintes de surdicécité sont confrontées à des défis particuliers dans de nombreux domaines de la vie quotidienne. Comme l’illustre l’exemple précédent, la communication avec autrui peut être compliquée. La personne concernée ne percevant pas suffisamment les informations visuelles et auditives, l’orientation et la mobilité s’en trouvent également entravées. Une autre difficulté constitue l’accès à l’information : souvent, les conditions permettant à la personne de bien s’informer ne sont pas réunies.

Pour réduire ou contourner ces barrières, les personnes malentendantes-malvoyantes développent des stratégies, apprennent à utiliser des moyens auxiliaires ou recourent au soutien de leur entourage.

L’assistance en communication fait partie des prestations professionnelles mises à la disposition des clientes et clients des sept services spécialisés en surdicécité de l’UCBA, présents dans toute la Suisse. Sur demande, une ou un assistant en communication (AsCom) accepte un mandat dans un cadre clairement défini et l’exécute, moyennant des honoraires.

Tâches des assistant·es en communication

L’assistante ou l’assistant en communication accompagne les personnes en situation de surdicécité pour régler des tâches importantes, professionnelles ou courantes, ou pour participer à la vie sociale ou culturelle. Chaque mandat implique en général la maîtrise d’une forme de communication pour pouvoir échanger avec un tiers. Les activités principales de l'assistante ou l’assistant en communication sont :

  • Assurer la communication interpersonnelle, ce qui ne se limite pas à de l’interprétation
  • Effectuer des recherches thématiques
  • Faciliter l’accès à l’information en général (et en particulier dans la réalisation de tâches administratives, d’activités culturelles et de loisirs)
  • Assurer la transmission d'informations préliminaires, d'informations sur l'environnement, la sauvegarde et le suivi (la vérification) de l'information
  • Prodiguer un soutien à la mobilité et un accompagnement en lien avec l'assistance en situation de communication et / ou l’accès à l’information

Les AsCom peuvent être mandaté·es, par exemple, pour accompagner un individu en situation de surdicécité à un cours, à une réunion de famille ou de travail, à une conférence, à une visite guidée ou à une consultation médicale ou thérapeutique. Ils et elles peuvent également être chargé·es d’effectuer une recherche sur internet, d’écrire des procès-verbaux ou d’aider à accomplir des tâches administratives.

Formation d’assistance en communication

La nature et la fréquence de l'aide souhaitée varient en fonction du type de surdicécité et suivant les personnes. Afin de permettre l'autodétermination et de répondre aux besoins des personnes concernées, l'UCBA a créé une formation spécifique d'assistance en communication.

Les participant·es à la formation apprennent ce qu’est la surdicécité. Elles et ils sont sensibilisé·es aux effets de ce handicap au quotidien sur les personnes concernées et leur entourage. L’un des points forts constitue d’une part l’accompagnement de la cliente ou du client concerné par une personne voyante, c’est-à-dire comment la ou le guider et, d’autre part, la familiarisation avec les différentes formes de communication. De plus, les participant·es s’exercent à décrire l’environnement afin de faciliter l’accès à l’information et de promouvoir la participation des personnes concernées à la société. Ils apprennent également à adapter la communication écrite aux besoins de celles et ceux qu'ils accompagnent. D’autres aspects importants de la formation portent sur les questions éthiques, ainsi que sur la promotion de la responsabilisation. Un stage doit aussi être effectué. Il permet aux futur·es AsCom de mettre en pratique les compétences acquises dans l’accompagnement des personnes en situation de surdicécité et d’engranger de l’expérience sur le terrain. Le stage est organisé par l'UCBA.

Conformément au « Règlement concernant les mandats d’assistance en communication » de l’UCBA, les AsCom sont rémunéré·es à l’heure. En Suisse romande, l’UCBA est en passe de renforcer et de développer le système d’assistance en communication. Il s’agit d’une activité accessoire dont la nature et la fréquence dépendent des besoins des mandant·es. Elle peut donc varier considérablement.

Informations complémentaires

La formation d'assistance en communication dure vingt jours. Elle se compose de cinq modules qui se terminent chacun par une preuve d'acquisition de compétences. A la fin de la formation, un certificat d'assistante ou assistant en communication UCBA est remis aux participant·es. La prochaine formation débutera en septembre 2024, à Lausanne. Une séance d'information se déroulera le jeudi 25 avril 2024 à l'UCBA, à Lausanne.

La formation d’assistance en communication de l’UCBA assure une solide qualification pratique qui permet de soutenir les personnes en situation de surdicécité. Ouverte à des personnes entendantes et sourdes, elle n’exige aucune connaissance préalable. En cas d’intérêt, merci de consulter les liens suivants :

[1] Estimation de l'Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA)

Un ouvrage collectif s’interroge sur les normes morales qui guident l’intervention sociale contemporaine, en se basant sur des recherches sociologiques menées dans différents domaines et contextes nationaux.

jean pierre tabin hetsl 170© HETSL(REISO) Jean-Pierre Tabin, l’ouvrage que vous avez contribué à diriger porte sur « la nouvelle morale de l’intervention sociale ». Sur quoi se base cette « nouvelle morale » ?

(Jean-Pierre Tabin) À l’origine, la politique sociale reposait sur la charité et la compassion. Elle s’appuie aujourd’hui sur de nouvelles normes morales qui se réfèrent parfois au bien commun, parfois à la justice sociale, ou encore à la réduction des inégalités, à la dignité, etc. À partir de ce constat, la question que nous nous posons dans ce livre est de savoir comment ces nouvelles normes morales sont appropriées ou réinterprétées par le personnel du travail social et de l’intervention sociale.

Au terme des recherches contenues dans ce recueil, quels sont les nouveaux défis auxquels l’intervention sociale doit faire face ?

Les analyses proposées dans les quatorze chapitres de ce livre montrent que les personnes en charge de l’intervention sociale ne sont pas toujours en accord avec les normes morales imposées, ni entre elles, ni sur le plan de la légalité, ni avec les institutions pour lesquelles elles travaillent. Les chapitres documentent plusieurs défis : l’impossibilité d’effectuer un travail en adéquation avec les normes morales de l’institution qui les mandate, l’existence de normes contradictoires, ou de normes en opposition avec les valeurs du travail social, etc.

Les politiques sociales à éviter sont celles qui remettent en question le sens du travail effectué, obligent à des bricolages individuels ou collectifs.

Les textes compilés dans ce livre sont issus de recherches menées dans des contextes nationaux très diversifiés. S’il fallait retenir les points forts de l’une ou l’autre politique pour créer une « politique sociale idéale », quels éléments prendriez-vous où ?

Les contextes sont variés, puisque les recherches non seulement se déroulent dans des contextes nationaux différents (France, Suisse, Canada, Maroc), mais encore dans des domaines très différents de l’intervention sociale (vieillesse, enfance, sans-abrisme, services scolaires, chômage, etc.). Les politiques sociales à éviter sont celles qui remettent en question le sens du travail effectué, obligent à des bricolages individuels ou collectifs, parfois en marge de la légalité, et conduisent à l’épuisement professionnel faute de pouvoir penser l’action de manière cohérente.

Vous concluez la présentation de cet ouvrage par l’affirmation : « ce livre invite à ne pas conclure trop vite sur l’émergence d’une nouvelle morale de l’intervention sociale, mais à prendre en compte les tensions normatives et les dilemmes pratiques qu’elle rencontre aujourd’hui. » Quels sont les éléments à lever pour qu’émerge cette nouvelle morale de l’intervention sociale ?

Il paraît plus précis de s’interroger sur les normes morales en tension et leurs métamorphoses, ainsi que sur les rapports de domination qui font que certaines s’imposent au détriment d’autres. Lorsque ces normes entrent en contradiction avec la pratique, il y a des tensions. La non-prise en compte des normes morales des publics concernés est un autre problème qu’il faudrait reconnaître, car c’est une dépossession de la capacité individuelle à décider quel est son propre intérêt.

(Propos recueillis par Céline Rochat)

 « La nouvelle morale de l’intervention sociale et ses apories ». Maryse Bresson, Yvette Molina, Jean-Pierre Tabin (dir). L’Harmattan, 2024, 252 pages

La Haute école de santé Valais lance une formation à temps partiel en soins infirmiers. Cette nouveauté vise à faciliter la conciliation entre vie privée, études et vie professionnelle durant la formation.

Nurse, Student, Education.© Depositphotos

Avec l’objectif d’attirer plus d’étudiantes et d’étudiants en soins infirmiers, le programme à temps partiel en soins infirmiers proposé par la Haute école de Santé Valais cherche à relever le défi de l’augmentation du nombre de soignantes et soignants compte tenu des besoins de relève en personnel dans le système de santé valaisan et suisse. Découlant de la mise en œuvre de l’initiative « Pour des soins infirmiers forts », cette formation débutera en septembre 2024 à Sion (à Viège pour le cursus en allemand).

Dans ce cursus de quatre ans et demi, les scénarios pédagogiques sont adaptés de manière innovante : le pourcentage de temps dédié à la formation est de 60% sur trois jours par semaine (un jour en présentiel, un jour à distance, un jour de stage pratique). Les 40% restants permettent d’exercer librement une activité professionnelle ou privée.

Les personnes de plus de 25 ans titulaires d’un CFC du domaine de la santé mais qui ne disposent pas d’une Maturité ou d’un titre équivalent pourront bénéficier d’une procédure d’admission sur dossier revisitée. Cette procédure sera condensée sur le semestre de printemps et permettra ainsi d’accéder, en cas d’évaluation positive, au Bachelor en Soins infirmiers dès la rentrée d’automne. Les personnes ne disposant pas d’un CFC du domaine de la santé pourront également bénéficier de cette procédure en vue d’une admission en Modules complémentaires santé, à condition qu’elles s’engagent, par la suite, à suivre leur formation bachelor en Soins infirmiers en Valais.

Un bilan de compétences sera élaboré de manière individuelle dans le cadre d’un atelier conduit en groupe durant trois jours répartis sur trois mois. Ce bilan servira à évaluer si les acquis d’expérience et les compétences correspondent au niveau d’une maturité qui est exigé pour suivre la formation de Bachelor. Les frais de cette admission sur dossier seront pris en charge par le Département de l’économie et de la formation. Le délai d’inscription pour les admissions sur dossier est fixé au 27 mars.

(Source : communiqué de presse)

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