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Accès aux droits: un outil social sous la loupe 

Mercredi 05.11.2025

À Genève, une étude menée par la HETS et l’Université analyse les effets, les limites et les usages du Bureau d’information sociale, deux ans après sa mise en place pour lutter contre le non-recours. 

bureau info sociale actu reiso 2025 400© Hospice général

Le Bureau d’Information sociale (BiS) a été mis sur pied afin de faciliter l’accès aux droits sociaux et de lutter contre le non-recours à Genève. Son évaluation, conduite conjointement par l’Université de Genève et la Haute école de travail social, met en lumière la complexité du rôle de ce type de structure dans la lutte contre le non-recours aux droits sociaux.  

Conçu comme un dispositif généraliste reposant sur l’information sociale et la coopération interinstitutionnelle, le BiS propose une intervention accessible à bas seuil (permanence, anonymat, informalité). Cette structure se distingue aussi des autres institutions sociales cantonales par sa dimension proactive (structure visant à amener l’information au public), permettant d’agir au moment opportun, notamment dans les situations d’urgence ou lors de la constitution de dossiers. 

L’analyse de la composition sociodémographique des usagers du BiS met en évidence une forte proportion de citoyens suisses ou titulaires d’un permis B, de personnes diplômées du secondaire ou du tertiaire, ainsi que de ménages disposant de revenus supérieurs à 2'000 francs. Ce qui suggère une difficulté à atteindre les populations avec d’autres statuts de séjour ou avec des qualifications et des revenus inférieurs, mais aussi que des populations relativement bien insérées sont confrontées à des difficultés d’accès aux droits. 

En termes d’efficacité, l’évaluation fait apparaître que 42,8% des bénéficiaires trouvent une utilité directe à leur visite au BiS (résolution concrète de problème) et 41,9% une utilité symbolique (écoute, reconnaissance, sentiment d’être pris au sérieux même si le problème n’est pas résolu). 15,2% n’en perçoivent pas d’utilité particulière. Si cette structure remplit sa mission d’information et d’orientation de ses usagères et usagers, son effet direct sur la résolution des situations est ainsi limité.  

L’analyse de l’expérience de ses bénéficiaires met en évidence différentes stratégies d’usage du BIS dans leurs trajectoires d’accès aux droits : première porte d’entrée dans le système, solution alternative de contact avec les institutions cantonales ou espace d’accumulation d’information. Elle révèle aussi les différents mécanismes par lesquels l’intervention du bureau peut se montrer effective, ainsi que les limites de ces interventions. Les effets symboliques et relationnels de son intervention apparaissent les plus significatifs : le BiS se profile ici comme un potentiel levier de « remoralisation », un point d’appui pour la confiance institutionnelle et pourrait aussi devenir un poste d’observation des carences du dispositif cantonal d’aide. Il se révèle aussi efficace dans sa capacité à agir en tant qu’intermédiaire entre des services cantonaux et leurs bénéficiaires. 

En conclusion, le BiS remplit sa mission d’accueil, d’information et d’orientation de ses usagères et usagers, tout en favorisant la visibilité du système social genevois. Son effet est manifeste dans la médiation administrative et la remobilisation de certains publics, mais se révèle limité pour la résolution durable des problèmes. Le rapport propose des pistes d’amélioration dans le cadre de différentes stratégies possibles de réorientation de la structure, notamment en vue d’améliorer sa capacité à atteindre les publics les plus précarisés. 

(Source : HETS Genève) 

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