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Insomnie: penser être éveillé alors que l’on dort est courant

Vendredi 06.06.2025

Une recherche suggère que la perception du sommeil et de l’éveil, ainsi que les systèmes de régulation s’y rapportant sont souvent intacts chez les personnes atteintes de troubles de l’insomnie.

troubles sommeil insomnie etude hug reiso 400© Image by freepikLe sommeil est essentiel pour la santé. Or, les troubles de l’insomnie touchent environ 5 à 10% de la population adulte. Étonnamment, malgré une plainte subjective de mauvaise qualité ou de durée insuffisante du sommeil, les mesures objectives ne révèlent souvent pas d’altérations du sommeil pertinentes.

Publiée dans la revue Scientific Reports, une recherche menée par les Hôpitaux universitaires de Genève, l’Université de Genève et les Services psychiatriques universitaires de Berne à l’Université de Berne avait pour objectif de provoquer des réveils délibérés en série et de les étudier dans un laboratoire du sommeil. Elle a porté sur 30 personnes saines et 30 patient·es atteint·es de troubles de l’insomnie.

Systèmes de régulation intacts

Après deux nuits d’adaptation et de collecte de données, les participant·es des deux groupes ont été réveillés jusqu’à douze fois, lors d’une troisième nuit consacrée aux expérimentations, pendant leur phase de sommeil lent (NREM) à l’aide d’un bracelet vibrant. On leur a alors demandé, par le biais d’un entretien automatisé, s’ils et elles dormaient ou étaient éveillés au moment du stimulus.

Dans environ la moitié des cas, les personnes des deux groupes ont déclaré qu’elles dormaient, tandis que l’autre moitié ont déclaré qu’elles étaient éveillées. L’activité cérébrale à haute fréquence pendant le sommeil, considérée comme un indice d’éveil, a quant à elle été associée à la perception d’éveil dans les deux groupes. Bien que les patient·es insomniaques aient souffert subjectivement d’un mauvais sommeil pendant de nombreuses années, les paramètres objectifs et leur perception du sommeil et de l’éveil n’ont pas différé de manière significative de ceux des participant·es en bonne santé.

Sommeil ou éveil ? Pas si binaire

Ces résultats renforcent le concept émergent de la persistance physiologique d’une activité semblable à l’éveil durant le sommeil (continuum sommeil-éveil) qui dépasse le concept traditionnel d’une frontière stricte entre le sommeil et l’éveil. Ils consolident également d’autres études selon lesquelles la régulation du sommeil et de l’éveil serait souvent intacte chez les personnes atteintes de troubles de l’insomnie. Ces plaintes semblent plutôt se développer au fil du temps sous l’effet de mécanismes cognitifs, émotionnels et comportementaux persistants, qui doivent encore être approfondis.

Ces résultats ont des implications potentielles sur les concepts mêmes de l’insomnie et de la régulation du sommeil et de l’éveil, ainsi que sur les développements futurs en matière de traitement. De nombreux patients et patientes, après exclusion de troubles organiques spécifiques du sommeil ou d’autres troubles, peuvent apprendre à améliorer leurs problèmes de sommeil grâce à la thérapie cognitivo-comportementale pour l’insomnie (TCC-I), le traitement de première ligne actuel. La pharmacothérapie peut être proposée pour un traitement à court terme, mais elle présente des risques d’effets secondaires, de tolérance et de dépendance. D’autres études sont en cours sur le concept de continuum sommeil-éveil et la mise en œuvre plus large de la TCC-I.

(Source : communiqué de presse)

Lire les résultats détaillés de la recherche dans la revue Scientific Reports.