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Mai 2013 : détour dans les bibliothèques

Couverture_LobeLobe, Max
39 rue de Berne
Carouge : Zoé, 2013

A 16 ans, la mère de Dipita atterrit du Cameroun en Europe, où elle est brutalement plongée dans le monde de la prostitution. Depuis, elle se débrouille. Sa naïveté, sa générosité et sa beauté lui permettent de survivre, malgré un « camion de haine dans son ventre ».

Elle raconte sa vie à Dipita, qui aime autant l’écouter que lui couper la parole pour continuer l’histoire lui-même. Dipita aime aussi son oncle et sa manière de vitupérer à longueur de journée les huiles de son pays, même si c’est lui qui a jeté sa mère dans les filets des « Philantropes-Bienfaiteurs ». Dipita aime encore celles qu’il appelle « ses mères » ; elles participent à son éducation, aux commérages et aux réunions de l’AFP (association des filles des Pâquis) et elles accepteront de manière déconcertante que leur petit Dipita devienne comme ça.

Dans une langue haute en couleurs et inventive, le narrateur décrit avec finesse aussi bien la réalité des Africains sans papiers que les paradoxes et les souffrances d’un tout jeune homme noir et homosexuel.


 

Couverture_EyraudEyraud, Benoît
Protéger et rendre capable : la considération civile et sociale des personnes très vulnérables
Toulouse : Erès, 2012

Les sociétés démocratiques reposent sur le principe d’une égale capacité civile de tous les citoyens à décider et à agir pour eux-mêmes. Depuis quelques décennies, le nombre de personnes soumises à une réduction légale de cette capacité ne cesse d’augmenter : personnes âgées ou très précarisées, malades psychiques ou personnes handicapées. En France, ce sont plus de 800 000 personnes qui sont placées aujourd’hui sous le cadre juridique du droit tutélaire. Cette évolution est révélatrice des tensions entre les principes de liberté et de solidarité.

Comment assister une personne très vulnérable, la représenter, la protéger tout en respectant sa part d’autonomie ? Comment la rendre capable en prenant en compte son histoire biographique marquée par les injustices et les vulnérabilités ?

Pour répondre à ces questions, l’auteur a mené une enquête anthropologique de plusieurs années auprès de personnes protégées, de leurs proches et de professionnels. En mobilisant une grande diversité d’outils conceptuels et méthodologiques des sciences humaines, il analyse les paradoxes institutionnels et professionnels, ainsi que l’ambivalence des vécus, marqués par des sentiments de dégradation et de consolation.

Abordant de front les enjeux politiques et moraux posés par les idéaux d’autonomie personnelle et de souci de l’autre, Benoît Eyraud en éclaire les conditions relationnelles et juridiques en même temps qu’il dessine un horizon de la prise en considération civile et sociale des personnes très vulnérables.


 

Couverture_Huerre_RubiHuerre, Patrice & Rubi , Stéphanie
Adolescentes, les nouvelles rebelles
Montrouge : Bayard, 2013

Affrontements entre bandes de filles rivales, cas de cyber-harcèlement, « explosion » de la délinquance féminine : la violence des adolescentes occupe de plus en plus de place dans les médias. Signe que notre société tolère de moins en moins la violence, et encore moins celle des filles. Cependant, les comportements des adolescentes ont changé ces dernières années : elles semblent plus insolentes, plus agressives, elles s’alcoolisent davantage, adoptent une sexualité plus débridée… Elles sont devenues plus rebelles.

Le pédopsychiatre Patrice Huerre et Stéphanie Rubi, chercheure en sciences de l’éducation, se sont interrogés sur cette évolution qu’ils constatent dans la sphère familiale, scolaire et urbaine, et qui trouve un terrain de prédilection avec les nouvelles technologies. Leur réflexion, nourrie de leur expérience auprès des adolescentes, permet de décrypter et peut-être de prévenir, ces nouveaux comportements qui reflètent, bien souvent, des fragilités intimes, des dysfonctionnements sociaux, mais aussi l’instabilité des postures éducatives des adultes.


 

Couverture_BregeonBrégeon, Philippe
Parcours précaires : enquête sur la jeunesse déqualifiée
Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2013

Issu d’une enquête qualitative, cet ouvrage concerne les parcours socioprofessionnels de jeunes sortis depuis plusieurs années et sans diplôme du système scolaire. Il remet en cause d’emblée l’idée d’une progression linéaire de la précarité vers un emploi durable pour ces populations. La plupart de ces jeunes demeurent, de gré ou de force, confrontés à un marché de l’emploi qui leur est hostile. Le durcissement du contexte exige alors pour eux un effort d’élaboration du sens de leur parcours de plus en plus ardu.

Le cheminement de cet ouvrage concerne les processus d’entrée vers le marché de l’emploi. Comment s’orientent-ils au sortir du système scolaire ? Quelles représentations ont-ils du marché du travail et des entreprises ? Quelles sont les spécificités de ces univers de travail vers lesquels ils sont plus ou moins assignés ?

Entre chômage, multiplicité des emplois précaires, comment vivent-ils les passages et les allers retours d’un statut à un autre, dans cette hyper flexibilité ? Quelles ressources peuvent-ils trouver pour se maintenir dans cette quête de l’insertion professionnelle en amortissant le coût humain ? Quelles sont les conditions des trajectoires stagnantes et de celles ascendantes ?

L’ouvrage rend compte aussi des modes de collaboration avec les nombreuses institutions dédiées aux chômeurs. Entre recherche de considération, attente d’une « offre d’insertion » pour se qualifier professionnellement et hostilité quasi culturelle, comment se positionnent-ils ?

Il analyse l’accroissement du phénomène de porosité entre chômage des jeunes à bas niveaux de qualification et des affiliations plus ou moins justifiées à la catégorie de travailleur handicapé. Comment ces jeunes gèrent-ils cette affiliation ? Quels en sont les effets identitaires ?

Enfin, il rend compte de la diversité des modes de vie et des dynamiques relationnelles. Quelles sont leurs stratégies d’adaptation et pour quels résultats ? Qu’est-ce qui fait obstacle ou bien ressource ?


 

Couverture_DelReyDel Rey, Angélique
La tyrannie de l’évaluation
Paris : La Découverte, 2013

Dans la vie quotidienne de chacun, jeune ou moins jeune, cadre ou ouvrier, à l’école comme au travail, dans les organisations publiques et privées, au niveau des politiques publiques, etc., les évaluations se font de plus en plus pressantes, diffuses, continues. Rendre des comptes, être visible, mesurable et surtout compétitif devient l’injonction permanente, stressante et très peu mise en cause. Être évalué paraît généralement aller de soi, voire être désirable : « On m’évalue, donc je suis. » Or ces évaluations sont tout à fait paradoxales : au nom de la rétribution au mérite, elles dénient le mérite véritable et engendrent un climat délétère de concurrence et de sauve-qui-peut ; au nom de « plus d’efficacité », elles créent une forme inédite d’inefficacité ; au nom de l’objectivité, elles écrasent les différences, standardisent, normalisent.

De cette omniprésence de l’évaluation et de ses méfaits, ce livre propose une analyse originale, qui, au-delà de la critique, réfléchit aussi à des pistes alternatives en résonance avec une intuition largement répandue : la complexité de la vie sociale n’est pas respectée. Les nouvelles évaluations rendent unidimensionnelle une vie multiple, ignorent les conflits qui font le cœur de l’individu comme de la société et, surtout, prétendent être justes et efficaces en dehors de toute situation réelle, en dehors de toute territorialisation.

Une réflexion essentielle pour ne pas se soumettre à cette « évaluation qui tue ».


 

Couverture_RudyRudy, Simone
L’Asperger au féminin : comment favoriser l’autonomie des femmes atteintes du syndrome d’Asperger
Bruxelles : De Boeck, 2013

Un ouvrage écrit par une Aspergirl pour les Aspergirls…

Le syndrome d’Asperger est moins fréquemment diagnostiqué chez les filles que chez les garçons, et même une fois les symptômes identifiés, il est généralement difficile de bénéficier d’un soutien approprié. Les stratégies d’adaptation déployées par les femmes atteintes du syndrome d’Asperger quel que soit leur âge masquent souvent les difficultés, les déficits, les défis et l’immense solitude auxquels elles se trouvent confrontées.

Ce livre est essentiel pour les femmes de tous âges ayant reçu le diagnostic du syndrome d’Asperger mais aussi pour celles qui pensent en être atteintes. En s’aidant des témoignages de femmes Asperger et des réflexions de leur entourage, l’auteur ne manque pas d’identifier les combats récurrents et les domaines pour lesquels les Aspergirls ont besoin de soutien, d’informations et de conseils.

Rudy Simone évoque les différents aspects de la vie personnelle et professionnelle d’une Aspergirl, qu’il s’agisse des premiers reproches essuyés, du sentiment trop fréquent de culpabilité, des compétences particulières ou encore des relations amicales, des histoires d’amour et du mariage. L’emploi, la carrière, les rituels et routines sont autant de sujets abordés dans l’ouvrage, de même que la dépression, les effondrements émotionnels et le sentiment d’être incomprise des autres. Deux chapitres s’adressent aux parents afin de les aider à mieux comprendre les défis associés au Syndrome d’Asperger et à y réagir d’une façon positive. Pour finir, le livre propose une liste des principaux traits des filles avec Syndrome d’Asperger et les différences entre les femmes et les hommes Asperger.


 

Couverture_DoraisDorais, Michel
Ça arrive aussi aux garçons : l’abus sexuel au masculin
Paris : Payot, 2013

« Ne le dis à personne ». Telle est la menace que profère l’adulte ou l’adolescent à l’enfant dont il vient d’abuser. À son tour, au moment de divulguer son secret pour la première fois, le garçon reprendra les mêmes paroles. Témoignages à l’appui, ce livre, devenu un classique grâce à son humanité, son intelligence et sa clarté, propose un voyage au cœur de la vulnérabilité masculine. Il retrace les questions existentielles et les phases critiques que traversent les garçons victimes d’abus sexuels, décrit les stratégies qu’ils adoptent pour préserver leur intégrité et leur masculinité, propose des moyens d’aide et de prévention - et nous rappelle qu’un homme sur six a été sexuellement agressé durant son enfance ou son adolescence…


 

Couverture_Zribi_RichardSous la direction de Gérard Zribi et Jean-Tristan Richard
Polyhandicaps et handicaps graves à expression multiple : concepts, prises en charge, accompagnement, solutions
Rennes : Presses de EHESP, 2013

Depuis la fin des années 1980, l’accueil des personnes gravement handicapées et polyhandicapées s’est sensiblement amélioré, tant du point de vue du nombre d’établissements et de services créés que des méthodes de prise en charge. Des approches positives se sont installées durablement en France et dans plusieurs pays de l’Union européenne.

Néanmoins, des progrès importants restent à faire pour mieux répondre aux attentes des usagers et de leurs familles afin de favoriser l’exercice de leurs droits, de mettre en valeur les partenariats nécessaires et d’élaborer des réponses sociales correctes, diversifiées et en nombre suffisant.

Les contributions réunies ici émanent d’auteurs très différents de par leurs spécialités, leurs fonctions, leurs expériences ou leurs filiations théoriques. Loin de tout dogmatisme, leur objectif est de mieux faire connaître la population concernée, de présenter des pratiques variées, d’approfondir et de mutualiser les connaissances et de susciter la mise en œuvre des solutions les plus appropriées.


 

Couverture_AllardAllard, Christian
L’affectif et la protection de l’enfance
Issy-les-Moulineaux : ESF éd., 2013

Un enfant peut-il grandir en ne se sentant aimé que temporairement ou transitoirement ? Un enfant peut-il développer ses capacités intellectuelles, sociales, relationnelles en état d’insécurité affective ? Un adulte peut-il trouver sa place dans la société s’il n’a jamais su quelle était sa place quand il était enfant ?

En France, 140’000 enfants sont confiés à l’Aide sociale à l’enfance. Pour eux comme pour tous, l’amour ne suffit pas, mais comme pour tous, il doit être premier. Une éducation sans amour n’a aucun sens.

L’affect ouvre vers la raison. Spinoza est rejoint par Freud : par nos affects nous accédons à nous-mêmes ; par le pouvoir de nous comprendre, nous avançons sur la voie de la liberté ; par le travail de la raison, nous passons de la dépendance à l’autonomie.

Comment permettre à ces enfants abandonnés, maltraités, traumatisés - et donc avec des troubles du lien - de connaître cette route ? La dimension affective, les remettre sur le chemin de la vie, c’est le rôle de la famille d’accueil ; les aider à tisser le fil de leur pensée, celui des autres membres de l’équipe pluridisciplinaire.

Le placement familial se dévoile comme un formidable bijou de la clinique, et par là même, comme une incitation permanente à la réflexion. Qu’est-ce que l’humain ? Et que faut-il avoir reçu pour l’être devenu ?

L’auteur mobilise la philosophie et la psychanalyse pour éclairer sa pratique.

Ce livre s’adresse aux professionnels de la protection de l’enfance ainsi qu’à tout citoyen qui veut prendre sa part dans le lien social.


 

Couverture_BruchonBruchon, Yves
Handicap et citoyenneté : quand le handicap interroge le politique
Paris : L’Harmattan, 2013

Ni faire une histoire du handicap, ni prétendre donner des indications pour une bonne politique du handicap, nous voudrions juste donner quelques outils pour comprendre, voire commencer à remplir le programme de Julia Kristeva : « et si au lieu de parler précisément de le " prendre en charge ", le handicap nous aidait à réinventer le lien social ? »

Et pour cela : identifier ce qui, d’être trop évident, oblige à céder sur des exigences d’égalité et de justice sur la question du handicap, oblige à ne pas entendre dans tel ou tel énoncé (même de loi) ce que veulent dire des expressions telles que « égalité des droits », « égalité des chances », « participation sociale », « citoyenneté » au même niveau, avec les mêmes exigences que pour d’autres, y compris d’autres différences, minorités, exclus, etc.

La question du handicap est celle de la démocratie ; la question du handicap est, centralement, politique comme en témoigne le fonctionnement de la dialectique droits de l’homme - droits du citoyen dans la problématique du handicap.


 

Sélection effectuée parLoïc Diacon, Infothèque de la HETS Genève

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